Jérôme Soffo Simo, un As du cinéma d’animation au Cameroun

[Digital Business Africa] – Jérôme Soffo Simo ou « Solf » (pour les intimes)  a gravi les échelons du dessin artistique au point de s’imposer comme la valeur sûre du cinéma d’animation au Cameroun.  Assis sur une chaise en rotin dont il caresse de temps en temps le bras gauche dans son bureau situé au quartier Nsimeyong à Yaoundé, Jérôme SOFFO semble totalement absorbé par l’écran de son ordinateur qui lui projette les rayons de la matérialisation de son imagination fertile.

Après une longue journée de travail, il marque une pause pour dévoiler sa vie, son enfance, son parcours et surtout sa passion pour la peinture et le dessin artistique. Cet originaire de Bahouan dans la région de l’Ouest exerce depuis plus d’une décennie comme graphiste, réalisateur et développeur.

S’il ne nous raconte pas beaucoup son enfance passée à Mbalmayo dans la région du Centre, il égrène cependant avec beaucoup d’entrain un chapelet de projets réalisés à venir. Le géant du dessin animé au Cameroun se souvient qu’enfant, il consacrait déjà au moins une heure par jour au dessin.

Il rêvait de percer les mystères des dessins animés japonais

Jérôme Soffo Simo

Il rêvait également de percer les mystères des dessins animés japonais. C’est ainsi qu’il est admis à l’Institut de Formation Artistique du collège Nina, puis, plus tard, en faculté des arts lettres et sciences humaines de l’Université de Yaoundé I.

Après un passage éclair en « arts plastiques » et  à l’institut Don Bosco de la ville aux sept collines où il acquiert les rudiments de l’animation, il décroche un contrat de formateur à la société Theligence International.

Mais, sa soif de découvrir des choses nouvelles et son envie de promouvoir le cinéma d’animation l’amènent à se mettre à son propre compte et à se consacrer essentiellement à cet art nouveau.

L’artiste réalise sa grande entrée dans le monde des réalisateurs confirmés en 2012 au festival « Écrans Noirs ». Il y est couronné de la distinction du meilleur réalisateur de dessins animés avec son court métrage intitulé « Baobab : Les deux jeunes gens ».

Cet événement marque le début d’une ascension sans cesse impressionnante de celui qui, jadis, se passionnait pour les animations Manga, notamment Dragon Ball de Akira Toriyama. Il dévorait les épisodes de ces productions asiatiques les uns après les autres.

Des awards et festivals

Jérôme Soffo Simo

En octobre 2012, il reçoit l’Award du film d’animation à la SILLICON VALLEY AFRICAN FILM FESTIVAL. Cette reconnaissance a davantage attisé sa volonté de « stimuler la créativité des jeunes africains à travers le cinéma d’animation ». Ce leit-motiv constitue le socle de son association dénommée Tous’anim. Cette dernière porte le festival CANIMAF (Cinéma d’Animation Africain) dont la troisième édition s’est tenue les 17, 18 et 19 octobre 2019 à l’Institut Français de Yaoundé. 

Pour faire vivre les grands moments de cette « fête du cinéma d’animation en Afrique »,  le robuste de 189 cm rabat son plan de travail et nous balade, les yeux pleins d’étoiles,  à travers la galerie de son ordinateur. Il savoure avec nous les photos des trois dernières éditions de l’unique festival du film d’animation organisé au Cameroun et au bout de la balade, il lance avec une satisfaction à peine voilée « J’aime ces moments. Ils font ma fierté.»

Le festival de l’association Tous’anim n’est pourtant pas la seule source de fierté de Jérôme SOFFO. Il parle également, avec autant d’assurance, de sa participation au Festival d’Annecy en France en 2018. Il y a été l’un des émissaires de son pays avec le projet Enamfilm de Pierre Bizo.

D’un festival à un autre, les ailes de « Solf » le conduisent à la quatrième édition du Bilili BD festival en décembre 2019 au Centre Culturel Français du Congo. Pour parvenir à de telles réalisations en moins d’une dizaine d’années, l’artiste a dû consentir à d’énormes sacrifices, tant son travail au quotidien est difficile.

De lourds investissements en temps et en énergie

Jérôme Soffo Simo

Parmi les compromis fait par « Tonton », il parle de lourds investissements en temps et en énergie. « Dans ma famille, quelques personnes dont ma mère continuent de m’appeler Tonton. C’est mon petit nom d’enfance. On me l’a donné parce qu’à cette période de ma vie j’affichais déjà la détermination d’un adulte », dit-il.

Sans grand soutien financier, il a quand même réussi à moderniser ce qu’il fait. Il écrit des scénarios, dessine, découpe, monte et passe à la post-production intégralement avec son ordinateur. Quand il ne s’agit pas d’animations publicitaires, les productions de Jérôme, des courts métrages, abordent des sujets du quotidien de l’ensemble des Camerounais.

Il y dénonce les violences en milieu scolaire, le délitement de l’autorité parentale et  l’incivisme entre autres. Il reconnaît qu’il a appris avec beaucoup de difficultés les secrets des story-boards et du découpage technique.    

Jérôme Soffo Simo

L’infatigable réalisateur travaille en ce moment sur un projet qui consiste à créer des personnages et des univers artistiques pour un conte. « C’est du lourd ! », nous lance-t-il. Ça sera peut-être un autre chef d’œuvre dans cet univers de plus en plus grandissant du dessin animé au Cameroun.

Jérôme révèle que les artistes plasticiens s’intéressent davantage au cinéma d’animation. Seulement, il souligne pour le déplorer la mauvaise qualité des productions. « Les gars travaillent. Mais, il y a encore du chemin à parcourir. C’est pour cette raison que nous ne baisserons pas les bras », assure-t-il.

Par Alain Brice Talla Defo (Stg)

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