Julien Chongwang: « J’ai quitté Le Quotidien de l’Economie par souci d’apprendre toujours davantage »

Approché par TIC Mag, l’ancien rédacteur en Chef de Le Quotidien de l’Economie explique les raisons de son départ, et nous ouvre les portes de son nouveau bureau.
Vous venez de quitter la tête de la rédaction de “Le Quotidien de l’Economie” pour rejoindre le site Internet spécialisé SciDev.Net. Comment comprendre votre départ? La nécessité de partir ou l’envie d’avoir une nouvelle expérience?
J’ai quitté la tête de la rédaction du Quotidien de l’Economie par souci d’apprendre toujours davantage ; car, je me suis promis de ne jamais laisser passer l’occasion d’accumuler des connaissances supplémentaires dans ce métier de journaliste que j’ai rêvé de pratiquer depuis ma plus tendre enfance, alors que je n’allais même pas encore à l’école. En effet, pour ce qui est de la presse écrite, je n’ai fait jusque-là que la version papier que j’ai pratiquée pendant 13 ans. Quand l’opportunité s’est donc présentée d’avoir une expérience dans la presse en ligne, je me suis dit que c’était une occasion de faire plus ample connaissance avec cette autre déclinaison de la presse écrite qui a ses spécificités et ses réalités, et qui est en pleine expansion actuellement. Certes, dans un cas comme dans l’autre, l’on a affaire à la presse écrite ; mais, à y voir de près, il y a des éléments de démarcation de la presse écrite en ligne par rapport à la presse écrite en version papier. C’est donc là qu’il faut trouver la motivation principale de ma décision de quitter la rédaction du Quotidien de l’Economie. Donc, pas question d’une simple nécessité de partir ; auquel cas j’aurais quitté cette rédaction bien plus tôt.
 
 
Pouvez-vous nous expliquer en quoi consiste votre travail au sein de la rédaction de ce site Internet?
Il faut au préalable souligner que SciDev.Net est un portail consacré à la publication d’informations scientifiques en vue de favoriser l’émergence des pays en développement. Question de les encourager à s’approprier la recherche scientifique et ses résultats pour accélérer leur processus de développement. Cet organe de presse en ligne dont le siège est à Londres (Angleterre) publie en plusieurs éditions, sept au total, s’adressant aux principales régions du monde où l’on trouve les pays pauvres (Afrique, Orient, Asie et Amérique latine). Il y a ainsi une édition mondiale en anglais, une édition en espagnol pour l’Amérique latine, une édition en anglais pour l’Asie du sud et le Pacifique, une édition en arabe pour le Proche et le Moyen Orient, une édition en anglais pour l’Afrique subsaharienne anglophone et une édition en français pour l’Afrique subsaharienne francophone. Je suis en service dans cette dernière édition dont les bureaux se trouvent à Dakar au Sénégal. J’y occupe les fonctions de rédacteur en chef adjoint et mon travail consiste à assister le coordonnateur régional du bureau qui est aussi le rédacteur en chef. Notamment dans le traitement du flux d’articles qui nous viennent des correspondants qui se trouvent dans la plupart des pays de l’Afrique subsaharienne. Bien entendu, j’écris aussi des articles et je réalise des éléments multimédias pour notre site dont l’adresse est www.scidev.net/fr
 
 
Vous trainez une longue carrière dans la presse écrite, notamment dans le traitement des sujets liés au développement, quelle différence en termes de visibilité (notamment pour le Cameroun), le site SciDev.Net vous offre-t-il, par rapport au journal que vous avez contribué à créer?
SciDev.Net m’offre surtout la possibilité d’explorer un autre pan du journalisme spécialisé, à savoir le journalisme scientifique. Je précise que j’ai déjà connu jusqu’ici deux expériences en journalisme spécialisé. La première a eu lieu entre 2006 et 2011 du temps où je travaillais pour le quotidien La Nouvelle Expression paraissant à Douala. Je me suis consacré alors pendant ces cinq années au journalisme judiciaire ; en faisant un compte rendu quotidien des audiences des différents procès de l’Opération Epervier se déroulant dans les juridictions de la capitale économique du Cameroun. La seconde expérience a eu lieu entre 2011 et 2015 au Quotidien de l’Economie où je me suis consacré pendant plus de trois ans (2011 – 2015) au traitement quasi-exclusif de l’information économique. Donc, SciDev.Net me donne l’opportunité d’une spécialisation nouvelle et me permet d’entrer en contact avec d’autres sources d’informations que je n’avais pas beaucoup côtoyées jusque-là : en l’occurrence les chercheurs et les inventeurs disséminés un peu partout sur le continent, et même en dehors. Ces acteurs de l’ombre sont responsables de chaque pas que l’humanité marque dans son évolution ou dans son développement. Ce sont eux qui sont à l’origine des médicaments que nous utilisons tous les jours ; ce sont eux qui mettent au point de nouveaux appareils électroniques ou informatiques toujours plus performants que nous exploitons à longueur de journée; ce sont eux qui élaborent de nouvelles variétés de semences de maïs ou de haricot qui résistent aux parasites et donnent une plus grande production, réduisant par ricochet l’insécurité alimentaire, etc. C’est particulièrement exaltant de faire connaître ces prouesses en se disant que quelque part sur le continent, dans nos villes ou dans nos villages, des gens peuvent en tirer des leçons pour améliorer leur quotidien.
 
Votre entrée dans le monde des TIC nous rappelle le combat actuel qui oppose le journal papier au journal en ligne. Comment analysez-vous l’avenir de ces deux supports ?
Pour ma part, le débat sur la compétition entre presse écrite et presse cybernétique mérite bien d’être mené parce que chaque échange d’idées a l’avantage de permettre de voir plus clair dans une situation ou dans un sujet donné. Toutefois, je regrette que dans ce débat, la majorité des intervenants aient déjà programmé la disparition de la presse écrite en version papier. Personnellement, je m’inscris en faux contre cette lecture. Pour moi, la presse écrite traditionnelle (version papier) ne va pas disparaître malgré la montée, il est vrai fulgurante, de la presse en ligne. D’abord parce que l’histoire de la presse nous rappelle qu’aucun type de média n’en a jamais tué un autre. Ancêtre du journalisme, la presse écrite était déjà programmée pour mourir à l’apparition de la radio. Il n’en a rien été. Elle était de nouveau programmée pour disparaitre avec la radio quand fut inventée la télévision. Il n’en a rien été non plus. Je suis intimement convaincu que le développement vertigineux de la presse en ligne ne va pas, elle non plus, sceller le sort de la presse écrite traditionnelle. Le journal en version papier offre une flexibilité qu’on n’a pas avec les autres types de médias. Elle ne coûte pas cher, elle peut se lire dans toute les positions, sa consultation est plus aisée que la presse en ligne, etc. Et puis, si l’on admet que la presse écrite doit disparaître du fait d’Internet, il faut aussi admettre que le livre et l’imprimerie vont aussi disparaître, ainsi que la télévision et la radio qui se regardent ou s’écoutent aussi par Internet. A mes yeux, cela ne se produira pas.
Une chose est cependant certaine : l’Internet bouscule et va continuer à bousculer les positions des autres médias, en en particulier de la presse écrite. Certains journaux d’ici ou d’ailleurs ont déjà disparu de ce fait. Il ne faut pas du tout s’en inquiéter parce que ce n’est pas l’apanage de la presse écrite ou de la presse tout court. Sur tous les marchés en effet, les entreprises ou les produits qui ne peuvent pas s’ajuster pour faire face à l’arrivée de nouveaux concurrents finissent toujours par jeter l’éponge. Donc, face à la percée de la presse en ligne, la presse écrite papier a juste besoin de s’ajuster pour continuer d’exister. Et l’on voit beaucoup de journaux aujourd’hui mettre en place une complémentarité entre les deux types de médias. C’est ainsi que sur le site Internet de certaines publications, l’on invite le visiteur à lire les détails de certaines informations dans la version papier, et vice versa. Voilà un exemple d’ajustement, et il y en a beaucoup d’autres, qui me fait dire que la presse écrite traditionnelle sera toujours là.
Propos recueillis par Frégist BERTRAND

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