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2Africa, l’inquiétant projet de Facebook d’encercler l’Afrique avec un câble Internet de 37 000 km

[Digital Business Africa] – Après avoir échoué à connecter le continent africain via satellite, le réseau social américain Facebook revient à la charge avec le même projet, mais cette fois par câble Internet. Le géant américain va en effet déployer un câble sous-marin de 37 000 km qui devra entourer entièrement le continent africain. D’après Facebook, il devra permettre de fournir un accès Internet plus rapide à 16 pays africains, dont le Sénégal, la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Gabon, le Congo, la RD Congo, l’Afrique du Sud, Madagascar ou Djibouti.

Une tentative de plus pour le réseau social de mettre sa plateforme de médias sociaux à la disposition de la jeune population africaine. Pour ce nouveau projet, Facebook dit s’être associé avec d’autres entreprises de télécommunications. « Une fois achevée, cette nouvelle route offrira la capacité et la fiabilité Internet dont l’Afrique a tant besoin. Il complétera une demande de capacité en rapide augmentation au Moyen-Orient et soutiendra la croissance de la 4G, de la 5G et de l’accès à large bande pour des centaines de millions de personnes », déclare Facebook dans une note. Selon le réseau social, l’infrastructure sera prête d’utilisation d’ici à 2024.

Si le réseau social annonce ce projet comme étant ‘‘bénéfique’’ pour l’Afrique, et qui viendra offrir une « capacité et la fiabilité Internet dont l’Afrique a tant besoin », il convient tout de même de s’interroger sur l’enjeu de ce projet pour l’Afrique, notamment pour ce qui est de ce qui concerne l’utilisation des données qui trafiqueront via ce canal.

Interrogé sur cet aspect, Ibrahima Ba, de Facebook, promet qu’il y aura “une séparation physique du trafic. Le trafic de Facebook passera uniquement sur la fibre optique de Facebook. Comme le trafic des autres opérateurs sera indépendant. Il n’y a pas vraiment de risque nouveau en termes de sécurité, d’autant que les données seront cryptées sur la fibre optique”.

Une promesse face à laquelle plusieurs organisations de défense des droits sont sceptiques. Parmi elles, l’ONG Internet Sans Frontières pour qui ‘‘ce projet de câble pourrait être exploité à des fins d’intelligence économique ou même politique”. Pour Qemal Affagnon il serait important, voir primordial pour les pays africains d’imposer “un contrôle social des données qui transitent’’. Il ajoute : ‘‘Il faudrait pouvoir réguler ce bien commun que constituent les câbles sous-marins à fibre optique”.

Pour l’instant, Facebook n’a pas dévoilé le coût de ce projet. Cependant, à en croire Bloomberg, celui-ci se situe dans les 820 millions de livres sterling, soit 1 milliard de dollars. Il convient donc de s’interroger : Facebook débourse-t-il 1 milliard de dollars simplement pour faire plaisir aux Africains ?

Ecrit par Jephté TCHEMEDIE

Afrique : Facebook ferme des centaines de pages en raison de soupçons d’infox

[Digital Business Africa] – Le réseau social américain Facebook a annoncé avoir fermé 446 pages et 96 groupes administrés sur sa plateforme par UReputation, une société tunisienne de marketing digital appartenant à l’homme d’affaires franco-tunisien Lotfi Bel Hadj. D’après Facebook, ces groupes et pages tentaient d’influencer les élections en Afrique francophone par le billet d’infox.

Dans un communiqué, Facebook affirme que « des groupes ont créé une audience de façon “trompeuse” en abordant des sujets attrayants, comme “le tourisme, les liens avec la diaspora” et récemment sur “la lutte contre le coronavirus“, avant de changer de ton et se lancer dans la propagande politique ». On apprend de Facebook que ces pages bénéficiaient d’une réelle audience, et touchaient environ quatre millions d’internautes au total.

Parmi les pages les plus populaires, on peut citer Maghreb Info, Guinées Actu, Revue Afrique, L’Observateur togolais ou Le Moronien, toutes lancées par URreputation. Dans les faits, le laboratoire de recherche américain Digital Forensic Research lab affirme que les publications, dont des sondages trompeurs, soutenaient le président comorien Azali Assoumani, l’ex-président ivoirien Henri Konan Bédié, en campagne pour les élections d’octobre, le magnat tunisien des médias Nabil Karoui, candidat battu à la présidentielle fin 2019, ou encore le président togolais Faure Gnassingbé, réélu en février.

Ecrit par Jephté TCHEMEDIE

Le groupe français Orange redistribue les cartes autour de Stéphane Richard [les nouveaux et ceux qui mutent]

[Digital Business Africa] – Le groupe français de télécommunications Orange a décidé de repenser son organisation en adaptant son comité exécutif après cette période de crise sanitaire d’une ampleur inédite. Une nouvelle équipe engagée autour de Stéphane Richard, le PDG, a été annoncé par le groupe ce 12 juin 2020. Pour le groupe, il s’agit d’accélérer la mise en œuvre de son plan stratégique.

A compter du 1er septembre 2020, les évolutions suivantes sont prévues :

  • Ramon Fernandez, directeur général délégué, sera directeur Finances, Performance et Développement ; dans un contexte de crise économique mondiale, il sera chargé de préserver la solidité financière du Groupe tout en menant à bien de nouveaux projets structurants pour l’avenir d’Orange.
  • Gervais Pellissier, directeur général délégué, deviendra directeur des ressources humaines et de la transformation du Groupe ; il sera notamment chargé de définir « l’entreprise de demain » et de relever le défi des compétences.
  • Marie-Noëlle Jégo-Laveissière, directrice générale adjointe, prendra en charge la supervision des activités opérationnelles d’Orange en Europe (hors France) face aux enjeux du déploiement de la 5G et la Fibre;
  • Michaël Trabbia sera Chief Technology and Innovation Officer du Groupe, et intégrera donc  le Comité Exécutif. Il dirigera la division Technology & Global Innovation, il aura pour mission de préparer le Groupe à tirer activement parti des grandes transformations technologiques comme l’IA, la data, la 5G et faire d’Orange un acteur majeur des nouveaux écosystèmes d’innovation.
    Un nouveau CEO d’Orange Belgique sera nommé d’ici la fin du mois de juin.
  • Béatrice Mandine, sera Directrice exécutive de la Communication, de la Marque et de l’Engagement. Elle aura notamment pour mission d’accélérer la stratégie de marque engagée et de piloter la Raison d’Etre du Groupe.
  • Elizabeth Tchoungui sera directrice exécutive RSE, Diversité et Solidarité du Groupe. Elle supervisera notamment la politique de Responsabilité Sociale d’Orange dans le cadre des objectifs du plan Stratégique Engage2025. Elle assurera également la présidence déléguée de la Fondation Orange.

Conservent leurs fonctions actuelles au sein du comité exécutif:

  • Fabienne Dulac, Directrice Générale Adjointe et CEO d’Orange France ;
  • Paul de Leusse, Directeur Général adjoint en charge des services financiers mobiles et directeur général d’Orange Bank ;
  • Jérôme Barré, CEO d’Orange Wholesale & International Networks (WIN)
  • Hugues Foulon, Directeur exécutif de la Stratégie et des activités de cyber-sécurité
  • Nicolas Guérin, Directeur exécutif, Secrétaire Général du Groupe.
  • Alioune Ndiaye, CEO d’Orange Middle East & Africa (OMEA) ;
  • Helmut Reisinger, CEO d’Orange Business Services (OBS) ;

Par ailleurs, Jean-François Fallacher, actuellement CEO d’Orange Pologne, deviendra CEO d’Orange Espagne, membre associé du Comité Exécutif. Un nouveau CEO d’Orange Pologne sera nommé d’ici la fin du mois de juin.

Enfin, Jérémie Dutray, se voit confier, au-delà de ses fonctions actuelles de Directeur Financier Adjoint, la responsabilité de mener à bien la transformation du modèle de gestion opérationnelle de nos infrastructures mobiles, annoncée dans le plan stratégique Engage2025.

Pour Stéphane Richard, la crise sanitaire mondiale, qui cède le pas à une crise économique majeure, a montré la solidité du Groupe. D’après lui, les réseaux ont tenu face à des surcharges inédites. « Nous avons su nous adapter en quelques jours, grâce à une mobilisation sans faille de chacun. Notre performance économique sera nécessairement impactée par le choc que nous subissons, mais nos équilibres financiers seront préservés. Fruit d’années de gestion rigoureuse et du choix d’investissements sélectifs, nous avons la maitrise de notre avenir.

La période qui s’ouvre comporte certes des incertitudes, mais aussi à n’en pas douter de réelles opportunités, que ce soit à travers l’accélération de la digitalisation de nos sociétés, les progrès technologiques (5G, virtualisation, cloud, edge), les mouvements propres à notre secteur des télécoms », a indiqué le PDG.

Stéphane Richard estime que le groupe doit activement se préparer à détecter et saisir les opportunités. « Il nous faut accélérer, raccourcir nos temps de réaction et de décision, tirer toutes les conséquences du changement sans doute profond que l’épidémie mondiale va amener. Notre plan Engage2025 conserve toute sa pertinence mais, à la lumière de la crise, il nous faut gagner en agilité, en flexibilité, en dynamisme dans l’exécution. Nombreux sont les défis qui nous attendent. Pour les relever, une équipe renouvelée sera mise en place à compter du 1er septembre à mes côtés », affirme-t-il.

Par Digital Business Africa

Le futur digital du Kenya pourrait s’assombrir avec les contenus numériques bientôt taxés

[Digital Business Africa] – En 2018, les utilisateurs Ougandais de Facebook, Twitter et WhatsApp ont fait l’amer constat qu’ils devaient dorénavant payer une taxe de 200 shillings par jour avant d’avoir accès aux réseaux sociaux. A travers la prise de cette décision, l’objectif affiché par le pouvoir de Kampala était de lutter contre les fausses rumeurs et les mensonges.

Depuis l’entrée en vigueur de cette décision, d’autres pays africains ont emboité le pas à l’Ouganda. En effet, après la Zambie, le Kenya souhaite procéder à l’adoption d’une nouvelle réglementation sur les contenus en provenance du net. 

Le projet Kenyan entend implémenter une taxe sur la valeur ajoutée qui s’applique au téléchargement des applications et autres contenus numériques. Pour l’heure, l’Autorité fiscale du Kenya a pris le soin de solliciter l’avis du grand public. Il convient cependant de dire que si cette mesure est adoptée, l’accès à Internet deviendra plus cher dans ce pays d’Afrique de l’Est qui inspire le monde entier pour ses prouesses technologiques.

En effet, sur le continent Africain, le Kenya fait partie des pays qui ont effectué ce que de nombreux spécialistes des télécoms appellent un saut de grenouille. De fait, le pays est passé directement à l’utilisation du téléphone portable, sans recourir au développement massif des lignes téléphoniques fixes comme les pays industrialisés.

Par la suite, le Kenya en a profité pour gagner une longueur d’avance, y compris sur l’Occident grâce au légendaire portefeuille électronique M-PESA.

Si l’influence de l’innovation technologique est grande au Kenya, le futur digital de ce pays pourrait toutefois s’assombrir. Il se pourrait en effet que les vidéos, les logiciels, les podcasts et autres contenus disponibles en téléchargement sur le web deviennent des sources de recettes fiscales pour l’Etat Kenyan. 

Dans l’immédiat, le projet est toujours en cours d’élaboration.  Son aboutissement n’est cependant pas exclu car le recours aux télécoms dans la recherche du cash-flow est grandissant sur le continent.

 En RDC, les autorités congolaises ont procédé par exemple à la promulgation du décret n°20/005 du 9 mars 2020 portant sur la certification des appareils mobiles. A travers ce décret, Il est demandé à tout utilisateur d’un téléphone mobile en RDC de payer, via son opérateur téléphonique, une taxe de 1 dollar USD pour les appareils mobiles 2G et  7  dollars USD pour les appareils mobiles 3G, 4G .  

Il s’agit d’une manne financière que le régulateur Congolais souhaite obtenir afin de faire face au manque de moyens auxquels il est confronté. Même son de cloche au Kenya car la mesure en gestation serait une réponse aux difficultés économiques que rencontre le gouvernement depuis le début de la pandémie du COVID-19.

Cette traque aux niches fiscales fait malheureusement craindre le pire. En  RDC, il s’agit de la sixième taxe qui se rajoute aux cinq premières taxes prélevées depuis février 2012 et qui vise encore une fois à générer des revenus afin de soutenir l’action du régulateur Congolais.

Par ailleurs, cette nouvelle taxe risque d’entraîner une augmentation du coût d’utilisation des appareils mobiles en RDC. Au Congo, certains consommateurs estiment que le secteur des télécoms est déjà soumis à une forte pression fiscale. Ces derniers craignent par conséquent que cette mesure affecte leur portefeuille, déjà surtaxé avec la perception de la taxe des accises sur Internet et celle de 40% du prix du téléphone par la douane.

Au Bénin, le gouvernement qui a organisé une campagne politique exclusivement médiatique cette année, s’empressa deux ans plus tôt de pousser l’agence de régulation des communications électroniques et de la poste à revoir la grille de tarification internet à la hausse. Pourtant au même titre que le gouvernement congolais, le gouvernement béninois entend faire la promotion du numérique à travers son plan d’action politique. 

En république du Bénin, certains observateurs de la scène politique estiment que la hausse des tarifs internet participe du désir du gouvernement de taire les critiques sur les réseaux sociaux. Or, à l’image des Maliens, de nombreux Béninois ont reçu des messages du gouvernement sur les réseaux sociaux durant la campagne politique exclusivement médiatique cette année.

Lors des élections présidentielles de 2018 au Mali par exemple, la startup Quintly qui propose un outil d’analyse statistique spécialisé dans les données sociales et en particulier provenant des pages Facebook, a mené une étude sur les habitudes des mobinautes maliens de janvier 2018 à Avril 2018. S’il est possible de se réjouir du fait qu’on peut diffuser sur Internet des spots de campagne, l’utilisation des réseaux sociaux favorise la manipulation des opinions politiques.

Le Cameroun a ainsi fait appel à Facebook afin de lutter contre les fausses informations en prélude aux élections du 07 octobre 2018. A l’ère de la communication politique digitale, il est également possible de recourir aux techniques de marketing individualisé.

En général, ces techniques permettent de cibler le comportement des électeurs lors d’une campagne exclusivement médiatique. En 2017 par exemple, l’élection organisée par le Kenya avait été qualifiée par Hillary  Clinton de projet Cambridge Analytica. Durant la campagne qui précéda le vote, les kenyans ont reçu sur leurs téléphones un flot abondant de rumeurs, de photomontages, de faux articles de presse et  de faux reportages.

Selon certaines sources, l’entreprise Britannique continuerait de se servir des données issues de l’utilisation de Facebook afin  de faire prospérer ses activités dans de nouveaux  pays.  

Ces dernières années, certains pays ont aussi procédé à la mise en place de la biométrie pour enregistrer les votants. Toutefois, la modernisation des documents ayant trait à l’identité des votants soulèvent de nombreux enjeux.

A titre d’exemple, le traitement d’une photo biométrique permet d’inférer une vingtaine de conditions médicales.   A l’échelle mondiale, ces précieuses informations attirent la convoitise des sociétés pharmaceutiques qui sont prêtes à payer de fortes sommes pour les acquérir. Dans le contexte de crise actuelle, marqué par la Covid-19, les fausses informations et plusieurs revendications sociales, il reste à savoir si la nouvelle taxe kenyane sera adoptée.

Par Dr Qemal Affagnon*

 *Dr Qemal Affagnon, est le responsable Afrique de  l’Ouest  de l’ONG de défense des droits numériques, Internet Sans Frontières. Dans le cadre de ses travaux de recherche, il a publié plusieurs articles académiques sur la multifonctionnalité de l’Internet et des réseaux sociaux dans la pratique de la religion.  Il est également spécialiste en stratégie de lutte contre les coupures internet, la cybercriminalité et l’éducation aux médias  sociaux. En sa  qualité d’expert électoral, il a observé des scrutins électoraux en RDC, en Afrique du Sud et au  Mozambique.

Protection des données personnelles au Cameroun : approches de réglementation nationale et d’intégration internationale

[Digital Business Africa] – La législation et la réglementation de la protection des données à caractère personnel, initialement consacrées à la protection des droits de l’homme et de la vie privée, a aujourd’hui une prégnance considérable en matière financière, économique, sécuritaire, en raison de la valeur que lesdites données ont prise dans le marché y dédié, et des usages que l’on en fait désormais. Ainsi, de la vie privée et des droits fondamentaux, il est dorénavant aussi question de protectionnisme économique, de sûreté de l’Etat, de sécurité publique et même de patrimonialisation.

Au-delà de la définition de la donnée à caractère personnel (A), il est opportun d’en décrire les contextes de son développement (B), les grands systèmes et les nouvelles orientations de sa protection (C), et l’approche pour sa réglementation efficiente (D).

  1. DEFINITION DE LA DONNEE A CARACTERE PERSONNEL

Au plan conceptuel, deux définitions de la donnée à caractère personnel peuvent être utilisées ici : celle de l’Union Africain[1] et celle de l’Union Européenne.

Pour l’Union Africaine, la donnée à caractère personnel est définie comme « toute information relative à une personne physique identifiée ou identifiable directement ou indirectement, par référence à un numéro d’identification ou à un ou plusieurs éléments, propres à son identité physique, physiologique, mentale, économique, culturelle et sociale ».

L’Union Européenne[2], quant à elle, définit la donnée à caractère personnel comme suit :

«Aux fins du présent règlement, on entend par :

1) «données à caractère personnel», toute information se rapportant à une personne physique identifiée ou identifiable (ci-après dénommée «personne concernée»); est réputée être une «personne physique identifiable» une personne physique qui peut être identifiée, directement ou indirectement, notamment par référence à un identifiant, tel qu’un nom, un numéro d’identification, des données de localisation, un identifiant en ligne, ou à un ou plusieurs éléments spécifiques propres à son identité physique, physiologique, génétique, psychique, économique, culturelle ou sociale (…) ».

  • LES CONTEXTES DU DEVELOPPEMENT DES DONNEES A CARACTERE PERSONNEL

L’on peut évoquer les contextes économiques internationaux et nationaux, sécuritaires et juridiques.

B.1. Contexte économique international du marché de la donnée numérique à caractère personnel

Sur le plan économique, en 2019, le marché des données à caractère personnel, encore appelé Big Data,devrait représenter un chiffre d’affaires de plus de 200 milliards de dollars américains, 117 600 milliards de F CFA, avec une croissance annuelle de 11,7% [3].

Dans le Rapport sur l’économie numérique[4], consacré aux incidences de l’émergence de l’économie numérique sur les pays en développement, du point de vue de la création et de la captation de valeur, Mukhisa Kituyi, Secrétaire général de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement met en évidence le fait que les données numériques sont l’un des deux principaux facteurs de création de valeur à l’ère du numérique, à côté de l’essor des plateformes. Autrement dit, l’expansion de l’économie numérique repose, entre autres, sur les données numériques, ce d’autant que ladite économie, le même rapport le précise, « n’est pas caractérisée par le traditionnel clivage Nord-Sud. Elle est invariablement dominée par un pays développé et un pays en développement : les États-Unis et la Chine ».

B.2. Potentiel du marché camerounais de la donnée numérique à caractère personnel et des technologies de l’information et de la communication

En ce qui concerne le Cameroun, la circulation des données numériques s’opère essentiellement dans les circuits des communications électroniques, qui en constituent aussi le principal marché d’utilisation. Ainsi, au vu des statistiques de l’Agence de Régulation des Télécommunications[5], les abonnés des réseaux mobiles au Cameroun a atteint 19,7 millions d’unités en 2017. La même étude fait aussi état de bonnes performances, parmi lesquelles : une croissance du chiffre d’affaires du secteur de 3,21% pour s’établir à 596.133 milliards F CFA hors taxes, soit une hausse de 18,55 milliards F CFA en un an ; une progression haussière du taux de pénétration des services liés aux nouvelles technologies de l’information et de la communication, estimé à 87,46%, et en progression de 1,82 point par rapport à 2016 (85,64%) ; l’accroissement de 2,39% du nombre d’abonnés Internet, soit environ 193 487 nouveaux abonnés en une année, pour s’établir à 8,27millions d’abonnés ; la connexion régulière à internet d’une proportion de 35,64% de la population nationale, soit plus de trois Camerounais sur 10. Les données à caractère personnel d’une personne physique être estimé à environ 100 dollars américains, soit environ 58 800  F CFA[6]. Lesdites données basiques sont : nom et prénom, adresse postale, email, expérience professionnelle, localisation, date de naissance, historique de navigation Internet. En considération du nombre d’abonnés des services de communications électroniques, le marché camerounais des données à caractère personnel pourrait être estimé à environ 1 158 360 000 000 de F CFA. Ce potentiel est bien plus grand en raison de la possibilité que représente pour les prestataires camerounais de réaliser des prestations de traitement des données des autres pays, au cas où la législation et la réglementation le permettent.    

En ce qui concerne le Document de Stratégie pour la Croissance et l’emploi (DSCE), il en ressort que, pour le Cameroun, le défi dans le secteur des services sera un développement du secteur des services orienté vers l’utilisation intensive des TIC et des technopoles afin que le pays devienne un exportateur net de services. ». A cet effet, en référence de ce DSCE, parmi les filières identifiées, il y a la filière Technologies de l’Information et de la Communication (TIC). Etant entendu que le développement des Technologies de l’Information et de la Communication (TIC) constitue le fait majeur de ce siècle et que la révolution technologique influence et définit de plus en plus l’évolution des modèles économiques et sociaux, il est donc clair que cette nouvelle dynamique mondiale impose de nouveaux challenges aux administrations et aux entreprises, en termes de compétitivité, d’organisation, de gouvernance et de performance. En revanche,  elle leur offre aussi de nouvelles opportunités en termes d’innovation, de création de la valeur, de réduction des coûts d’infrastructures et de développement de marchés et d’emplois nouveaux. Ainsi, la révolution numérique aura dans les prochaines décennies un impact économique et socioculturel considérable. Tout en gardant à l’esprit le fait que les données numériques sont l’un des deux principaux facteurs de création de valeur à l’ère du numérique. Enfin, l’inexistence de la possibilité de transfert pour le traitement des données, due à l’absence de législation entraîne un manque à gagner relatif aux prestations qui fuient vers d’autres espaces économiques et des acteurs prestataires installés sur des espaces mieux protégés et réglementés.

B.3. Contexte sécuritaire

Sur le plan de la sécurité publique, la sûreté de l’Etat, la lutte contre le terrorisme et la géopolitique, les données à caractère personnel représentent un enjeu vital en raison de leur rôle primordial dans le cadre de la préservation des vies et des biens, de la paix, la prévention et la répression pénale, tout en s’évertuant à respecter les droits des personnes concernées par le traitement de leurs données.

A ce propos, par exemple dans la législation de l’Union Européenne[7], la problématique actuelle porte sur le nécessaire équilibre, dans les mesures législatives et réglementaires, en ce qui concerne la limitation de certains droits, l’étendue quantitative et temporelle de conservation des données, la détermination de la nature des données, y compris dans l’hypothèse de « situations réellement exceptionnelles caractérisées par une mesure imminente ou par un risque extraordinaire justifiant la constatation officielle de la situation d’urgence »[8].

C’est tout le débat, par exemple, concernant l’arrêt Tele2 Sverige et Watson e.a.[9] et du reste de la jurisprudence[10] relative à l’obligation de conservation des données, exigée du fournisseur de services de communications électroniques, et notamment les données relatives au trafic, les données de localisation de tous les abonnés et les données d’identification des créateurs de contenus offerts par les fournisseurs de ces services. Autrement dit, « les moyens et les méthodes de la lutte antiterroriste doivent répondre aux exigences de l’Etat de droit[11] ».

B.4. Contexte juridique camerounais : insuffisances législatives et réglementaires et impact des communications électroniques

Corpus législatif et réglementaire sur la protection des données à caractère personnel du Cameroun

Le corpus législatif. Sur le plan législatif, l’on peut citer : la Loi n°2010/012 du 21 décembre 2010 relative a la cybersecurité et la cybercriminalité au Cameroun, la Loi n°2010/013 du 21 décembre 2010 régissant les communications électroniques au Cameroun, la Loi n° 2010/021 du 21 décembre 2010 régissant le commerce électronique au Cameroun, la Loi n° 2006/018 du 29 décembre 2006 régissant la publicité au Cameroun, et la Loi n° 2011/012 du 6 mai 2011 portant protection du consommateur au Cameroun.

Le corpus réglementaire. Quant au corpus réglementaire, il y a le Décret n°2012/1637/PM du 14 juin 2012 fixant les modalités d’identification des abonnés et des terminaux, le Décret n° 2013/0399/pm du 27 février 2013 fixant les modalités de protection des consommateurs des services de communications électroniques, le Décret n°2012/092 et n°2012/180 de avril 2012 portant création, organisation et fonctionnement de l’Agence Nationale des Technologies de l’Information et de la Communication.  

Insuffisances de la législation et la réglementation en vigueur au Cameroun

Trois types d’insuffisances sont décelées dans le domaine de la protection des données à caractère personnel au Cameroun : organique, organisationnelle et fonctionnelle.

Insuffisance organique. En plus du fait de l’absence d’une réelle  désignation d’une entité et de l’existence d’une loi exclusivement en charge de la régulation de la protection des données, l’entité qui semble plus indiquée à le faire à savoir l’ l’Agence Nationale des Technologies de l’Information et de la Communication, est déjà submergée par d’autres missions toutes aussi prenantes et hautement stratégiques dans l’univers cybernétique camerounais. Or, la régulation de la protection des données exige l’exclusivité de la mission et l’indépendance et autonomie organique vis-à-vis des institutions de l’Etat.

Insuffisance organisationnelle. Les lois et règlements en vigueur concernant les données à caractère personnel sont sectoriels, épars, peu cohérents et dans une certaine mesure annihilantes les unes des autres. Ainsi, par exemple, en ce qui concerne la protection des données à caractère personnel, il n’y a pas toujours une limite nette entre les missions de l’Agence de Régulation des Télécommunications et celles de l’ l’Agence Nationale des Technologies de l’Information et de la Communication.

Insuffisance fonctionnelle. Les règles qui existent dans le cadre de la protection des données souffrent du manque de professionnalisme des acteurs du traitement desdites données. Par ailleurs, la complexité, la lourdeur et la longueur des procédures de saisine des instances de règlement de conflits, l’absence de contrôles réels et de sanctions significatives, l’impunité des violations des données protégées consolident le constat d’un espace non réglementé.

Impact des données à caractère personnel en circulation par voies de communications électroniques

Le législateur camerounais semble ne s’être intéressé uniquement aux données à caractère personnel dans le cadre des communications électroniques. Il faut relever que la caractéristique de la donnée à caractère personnel est qu’elle s’enrichit et prend de la valeur avec son usage.

A cet effet aujourd’hui, combinées aux communications électroniques, les nouvelles technologies de l’information et de la communication constituent le meilleur moyen de produire, stocker, enrichir et faire circuler les données à caractère personnel. Ainsi, par exemple, avec un terminal numérique de type téléphone portable, à partir des données à caractère personnel recueillies sur la carte d’identité de l’abonné, il y a un processus d’agrégation d’autres données telles que les données de localisation, les adresses de protocole internet, les données sur le goût, envies, couleurs, etc. D’où la nécessité de réglementer.

  • LES GRANDS SYSTEMES ET LES PROBLEMATIQUES CONTEMPORAINES DE LA PROTECTION DES DONNEES A CARACTERE PERSONNEL

C.1. Grands systèmes de la protection des données à caractère personnel

La nomenclature mondiale des instruments juridiques de protection des données à caractère personnel. La protection des données à caractère personnel repose sur certains instruments fondateurs. Au niveau universel et onusien, il y a d’abord la Déclaration universelle des droits de l’Homme, notamment son article 12 : « Nul ne sera l’objet d’immixtions arbitraires dans sa vie privée, sa famille, son domicile ou sa correspondance, ni d’atteintes à son honneur et à sa réputation. Toute personne a droit à la protection de la loi contre de telles immixtions ou de telles atteintes ». Il y a en second lieu, la Résolution onusienne 45/95 du 14 décembre 1990 qui pose les Principes directeurs pour la règlementation des fichiers personnels informatisés.  

Au niveau de l’Union Européenne, c’est le « paquet européen » qui est en vigueur. Il est composé de deux instruments. Premièrement, il y a le Règlement général sur la protection des données[12], entré en vigueur le 25 mai 2018, et qui définit les droits des personnes physiques, fixe les obligations des personnes qui effectuent le traitement des données et de celles qui sont responsables de ce traitement, et  définit les méthodes visant à assurer le respect des dispositions prévues ainsi que l’étendue des sanctions imposées à ceux qui enfreignent les règles. En second lieu, il y a la Directive relative à la protection des données sur le plan répressif[13], entré en vigueur le 5 mai 2016, dont le rôle vise à garantir le droit des personnes physiques à la protection des données à caractère personnel les concernant tout en assurant un niveau élevé de sécurité publique. Ladite directive s’applique aux opérations de traitement de données effectuées à la fois au niveau transfrontière et au niveau national par les autorités compétentes des États membres à des fins d’application du droit pénal.

Aux Etats-Unis, la protection des données à caractère personnel est assurée au niveau fédéral par le Privacy Shield, entré en vigueur le 1er août 2016, et les législations diverses des Etats fédérés dont la plus emblématique est le  California Consumer Privacy Act of 2018, entré en vigueur le 1er janvier 2020.

En Asie, la Chine a la Loi  Cybersécurité depuis 2016 et entrée en vigueur le 1er juillet 2017. L’Inde se base sur son Information Technology Act de 2011 pour procéder à la protection des données à caractère personnel en y incluant des dispositions y afférentes. Mais, un projet de loi y dédié expressément est en cours. Le Japon avait élaboré et renforcé respectivement en 2003 et 2017 sa loi sur la protection des données, encore dite Protection of Personal Information Act (APPI). La Corée du Sud fonctionne avec le Personal Information Protection Act (PIPA).

En Afrique, c’est la Convention de l’Union africaine (UA) sur la cybersécurité et la protection des données à caractère personnel, appelée aussi « Convention de Malabo »,   adoptée le 27 juin 2014 qui est le principal instrument fédérateur à vocation continentale dans le domaine.

Les approches de saisie de la problématique de la protection des données à caractère personnel. Deux approches peuvent être identifiées : dimensionnelle et objective. L’approche dimensionnelle permet de saisir la protection des données à caractère personnel sous un angle soit sectoriel soit global. Sur le plan sectoriel, la saisie de la protection des données à caractère personnel s’effectue en considération de certains types de données ou alors en considération de certains secteurs d’activité avec des textes sectoriels : c’est le cas des Etats-Unis d’Amérique, aussi bien au niveau fédéral qu’au niveau des Etats fédérés, à l’exemple de la Californie qui s’est intéressée à la consommation et au marché. L’inconvénient d’une telle approche peut-être le manque de cohérence. Néanmoins, l’Union Européenne n’en est pas exempt au regard des dispositions de son article 45 du RGPD[14], qui ouvre la voie à l’adéquation partielle et à l’adoption des Binding Corporate Rules. L’Union Européenne a préféré une approche globale de la problématique de la protection des données à caractère personnel : c’est aussi le cas de Hong Kong, Taiwan, les Philippines ou Singapour. 

La seconde approche peut être qualifiée d’objective en ce sens qu’elle saisit la problématique de la protection des données à caractère personnel par son utilité ou ce à quoi elle est destinée. Ainsi, il y la protection des données à caractère personnel à des fins idéalistes et sécuritaires qui vise la protection de la vie privée et des droits fondamentaux : c’est le penchant européen. D’un autre côté, il existe l’approche objective consumériste et mercantiliste qui fait de la donnée une marchandise. Cette approche est le principal vecteur du protectionnisme économique qui est né dans la cadre de la circulation et de l’accès aux données à caractère personnel dans les espaces économiques : c’est le penchant étasunien et canadien.

C.2. Evolutivité et orientations contemporaines de la protection des données à caractère personnel

L’évolutivité domaniale. Initialement sur le terrain de la protection de la vie privée et donc avec des aspects très culturels, les questions sont désormais solidement ancrées dans la sphère économique. De même, la protection des libertés cède peu à peu le pas aux exigences de la sécurité publique et à la sûreté de l’Etat.

L’évolutivité des logiques. Au départ la logique avait été celle de la protection de la vie privée et de la libre circulation, les données à caractère personnel questionnent, à l’heure actuelle, la monétisation et la patrimonialisation, ainsi que la rémunération de la personne dont les données sont traitées, ainsi que la possibilité, pour une personne de payer les services de la société de l’information avec ses propres données.

L’évolutivité géographique et la rgpédisation. En principe, la protection des données avait été celle des citoyens d’un espace étatique souverain. Mais, l’on observe un décentrement qui conduit à l’explosion des barrières étatiques pour adopter la logique des espaces économiques. Toute chose pouvant crédibiliser la thèse désormais prégnante de la logique économique dans la protection des données à caractère personnel. A cet effet, le ralliement au RGPD, en plus des 28 Etats composants l’Union Européenne, intéresse le monde entier dont 13 Etats sont déjà adéquats au RGPD[15]. Ce qui représente un marché d’environ 1 078 317 284 habitants à travers le monde, soit environ 14 % de la population mondiale, non seulement de producteurs de données, mais aussi de consommateurs de services de la société de l’information. Cette universalité du RGPD, bien qu’elle soit influencée par l’importance du potentiel du marché, est surtout la résultante d’une réglementation conséquemment attractive au moyen de quatre dispositifs juridiques[16] : l’adéquation, les garanties appropriées, les règles d’entreprises contraignantes et les situations particulières, qui, toutes, permettent les traitements, et donc des prestations, concernant les données à caractère personnel hors de l’Union Européenne.  

  • L’APPROCHE POUR UNE REGLEMENTATION EFFICIENTE : CODIFICATION DE LA PROTECTION DES DONNEES A CARACTERE PERSONNEL AU CAMEROUN

D.1. Arguments en faveur de la codification

La codification représenterait la meilleure solution pour regrouper les divers instruments nationaux qui couvrent la question de la protection des données à caractère personnel, rendant de la sorte complète l’accessibilité au droit considéré, intelligible le vocabulaire et synthétique la présentation. Par ailleurs, en raison des différents usages dont peuvent faire l’objet les données à caractère personnel, la solution de la codification permettrait aussi de mieux organiser le fonctionnement desdites utilisations. Enfin, elle apporterait une cohérence certaine au corpus législatif et réglementaire de protection des données à caractère personnel et éviter l’inflation juridique. 

D.2. Fonctions, objectifs et caractéristiques, et champ de la loi envisagée

Fonctions de la loi envisagée.

La loi envisagée devrait s’atteler à remplir trois fonctions indispensables. En premier lieu, elle devrait établir les règles relatives à la protection des personnes physiques, à l’égard du traitement des données à caractère personnel et les règles relatives à la libre circulation de ces données. En deuxième lieu, la loi devrait protéger les libertés et droits fondamentaux des personnes concernées, dans le cadre du recueil, stockage, traitement et circulation de leurs données à caractère personnel. Enfin, la loi devrait garantir le principe de la libre circulation des données à caractère personnel, en ne le limitant et en ne l’interdisant qe pour des motifs liés à la protection des personnes physiques à l’égard du traitement des données à caractère personnel. 

Objectifs et caractéristiques de la loi envisagée.

Inclusivité, globalité, champs d’application et cohérence. Il est primordial qu’un effort soit réalisé pour que la loi envisagée soit la plus inclusive possible et regroupe en son sein le solutions relatives à la protection de la donnée à caractère personnel, pour tous les usages : vie privée, prévention, détection et répression des infractions, finalités commerciales, finalités scientifiques, finalités sanitaires, protection des personnes mineures, etc. C’est donc une approche globale qui est préconisée.

En ce qui concerne les champs d’application, il y en a deux principaux. En premier lieu, il y a le champ matériel qui devrait inclure : les traitements des données à caractère personnel automatisés et les traitements non automatisé, les données à caractère personnel uniquement, les personnes physiques et les personnes morales. Quant au champ territorial, il intègre les activités effectuées ou visant le territoire camerounais, les personnes se trouvant sur le territoire camerounais, des personnes se trouvant sur un territoire étranger où le droit camerounais est applicable en vertu du droit international.  

Logique de conformité continue. La logique devrait être celle d’une conformité continue, tout au long du cycle de vie de la donnée à caractère personnel, rendant les acteurs permanemment responsables, sous le contrôle et avec l’accompagnement du régulateur indépendant. Ce serait une option importante et complètement différente de la logique des formalités préalables de la déclaration et de l’autorisation des acteurs, et qui est moins contraignante au regard du respect des dispositions de protection, une fois lesdites formalités effectuées. Il s’agit aussi d’opter pour la minimisation du contrôle en amont au moyen des formalités, et pour l’optimisation des pouvoirs de contrôle et de sanction.

Force des droits et facilitation de leur exercice. Les principes à retenir dans la loi envisagée devraient être ceux qui gouvernent le stockage, le traitement et la circulation des données à caractère personnel devraient être ceux universellement partagés. Il en est de même des droits des personnes concernées qui devraient être les plus nombreux et les plus aboutis possibles. Cela participe de la convergence des niveaux d’exigence de protection des données à caractère personnel. La facilitation de l’exercice des droits des personnes concernées pourrait s’opérer avec des instances de saisine peu nombreuses et réduites à l’essentiel, des délais de traitement des conflits et procédures très courts et une totale indépendance du régulateur-autorité de contrôle.

Convergence et intelligibilité normative, et coopérativité internationale. Les points de convergence des niveaux d’exigence légale de respect des principes, facilitation de l’exercice des droits des personnes, sanctions sont d’une importance capitale pour la crédibilité du dispositif. Ladite convergence de niveaux d’exigences n’est possible que si deux défis préalables sont relevés : l’existence d’une loi suffisamment forte et protectrice des personnes concernées, et l’existence d’une autorité de contrôle indépendante et suffisamment efficace à faire respecter les droits des personnes concernées, et faire appliquer les principes érigés, les droits et liberté reconnus aux personnes concernées, la garantie et la réglementation de la libre circulation des données à caractère personnel.

Il en résulte il y a plusieurs gains. Premièrement, il y a l’évitement de la situation de subordination vis-à-vis d’autres ordres juridiques. En deuxième lieu, on gagnerait au niveau des mécanismes de coopération, y compris celle judiciaire, qui s’e trouveraient renforcés, notamment avec les régulateurs et autorités de contrôle et de protection d’autres espaces juridiques, et en raison de ce que les dispositions sont intelligibles et compatibles les unes des autres. Troisièmement, il y a une mise à égalité normative entre les acteurs, y compris les géants de l’économie numérique traditionnellement appelés GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft), principaux acteurs de la production, du stockage et de la circulation des données à caractère personnel. Enfin, la convergence  dans le cadre des opportunités d’offres de biens et services et de captation de prestations de services d’autres espaces économiques légalement compatibles. Enfin, la convergence normative est le gage de l’accès des prestataires des activités numériques du Cameroun aux marchés mondiaux des services de la société de l’information.

D.3. Description du contenu de la loi envisagée

La loi envisagée peut se composer comme suit.

Dispositions générales. Principes de traitement et droits de la personne concernée. Circulation et transferts. Autorité indépendante de contrôle, acteurs du traitement, modalités du contrôle, voies de recours, responsabilité et sanctions. Traitements particuliers des données. Traitement des données publiques. Dispositions finales.

Méthodologie et chronogramme d’élaboration de la loi envisagée

La méthodologie se décline en plusieurs aspects : la matière, les intervenants et la chronologie.

La méthodologie relative à la matière. De manière générale, l’on peut partir des lois et règlements déjà existants, qu’il va falloir tout simplement intégrer dans la loi d’orientation, en prenant soin d’enrichir ou de supprimer les dispositions non pertinentes. Quant aux aspects qui ne sont pas encore existants, il s’agira de les élaborer ex nihilo.

Enfin, il serait primordial d’atteindre un niveau satisfaisant en ce qui concerne la qualité des dispositions et rechercher une approche permettant d’être conforme aux législations considérées, qui permettent à l’expertise nationale non seulement de capter les prestations, mais aussi de proposer des services et des contenus numériques à haute valeur ajoutée.

La méthodologie relative aux intervenants. L’on peut faire élaborer la mouture initiale du projet de loi, en commettant tous les intervenants du secteur en charge de l’Economie numérique dans un premier temps : structures, opérateurs et acteurs relevant du département ministériel en charge de la protection des données. Puis, il faudrait élargir le cadre de concertation aux autres acteurs des politiques sectorielles publiques.

D.4.c. La méthodologie chronologique. Dans un premier temps, il s’agira d’identifier les grandes orientations et les grands principes internationaux auxquels il n’est pas possible de ne pas souscrire. Ensuite, il faudrait identifier les spécificités sectorielles propres au Cameroun, garantissant la caractère inclusif du projet de loi, de sorte à ne pas laisser de côté un seul pan économique, social, culturel, politique, etc. Ce qui permettrait de secréter un instrument qui est en phase et en totale cohérence avec la vision générale. En troisième lieu, il serait utile de construire une mouture commune qui pourrait constituer le socle à soumettre à l’enrichissement national, à travers une plateforme en ligne, accessible à tous pour recueillir toutes les contributions, sans exception, ainsi que des votes, sur chacun des points critiques et essentiels du projet de loi. En quatrième lieu, les contributions pertinentes pourraient être recensées et intégrées dans le texte du projet de loi, en tant que de besoin. En dernier lieu, le projet de loi suivra son processus institutionnel classique de maturation et d’adoption.

CE QU’IL FAUT RETENIR

La prétention à développer l’économie numérique et à s’y baser pour accentuer le développement économique global au moyen des considérables retombées des activités du numérique n’a aucune crédibilité sans les données à caractère personnel. Par ailleurs, il n’y a pas de circulation viable, interchangeable, productive et enrichissante des données sans une réglementation protectrice conséquente favorisant l’importation des données des autres espaces économiques, la captation des prestations de traitement des données, et l’exportation des services de la société de l’information. Enfin, la valeur productive des données à caractère personnel n’est envisageable que si les deux pré-requis ci-après sont satisfaits : l’existence d’une législation suffisamment forte pour protéger les droits des personnes, et l’érection d’un organe indépendant de protection et de régulation des données à caractère personnel. Ce sont là les insuffisances que devrait évincer le Cameroun à très brève échéance.

Par Laurent-Fabrice ZENGUE

*Laurent-Fabrice ZENGUE, Juriste-Droit du numérique et des données Diplômé de l’Université Paris1 Panthéon-Sorbonne Chef de la Cellule des Etudes et de la Règlementation à la Division des Affaires Juridiques au Ministère des Postes et Télécommunications du Cameroun.

[1] Article 1er de la Convention de l’Union africaine (UA) sur la cybersécurité et la protection des données à caractère personnel, adoptée le 27 juin 2014.

[2] Article 4 du Règlement (UE) 2016/679 du Parlement européen et du Conseil du 27 avril 2016 relatif à la protection des personnes physiques à l’égard du traitement des données à caractère personnel et à la libre circulation de ces données, et abrogeant la directive 95/46/CE (règlement général sur la protection des données).

[3] International Data Corporation (IDC) est un groupe mondial de conseil et d’études sur les marchés des technologies de l’information : https://www.distributique.com/actualites/lire-big-data-le-marche-promis-a-une-croissance-a-deux-chiffres-jusqu-en-2020-25336.html

[4] Rapport sur l’économie numérique, Création de et captation de la valeur : incidences sur les pays en développement, Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement  (CUNED), Genève 2019.

[5] Agence de Régulation des Télécommunications du Cameroun, «Observatoire annuel 2017 du marché des communications électroniques».

[6] Statista édite un portail d’études et de statistiques provenant de plus de 18 000 sources :https://www.journaldunet.com/ebusiness/crm-marketing/1440548-prix-donnees-personnelles-americains-selon-statista/

[7] Directive 2006/24/CE du Parlement européen et du Conseil, du 15 mars 2006, sur la conservation de données générées ou traitées dans le cadre de la fourniture de services de communications électroniques accessibles au public ou de réseaux publics de communications.

[8] Manuel Campos Sanchez-Bordona, Avocat général auprès de la Cour de Justice de l’Union Européenne.

[9] CJUE, arrêt 21 décembre 2016, Tele2 Sverige AB (C‑203/15) et Secretary of State for the Home Department (C‑698/15).

[10]Arrêt du 8 avril 2014 dans les affaires jointes C-293/12 et C-594/12, Digital Rights Ireland e.a. (voir CP n° 54/14).

Arrêt du 2 octobre 2018, C-207/16, Ministerio Fiscal (voir CP n° 141/18).

[11] Manuel Campos Sanchez-Bordona, Avocat général auprès de la Cour de Justice de l’Union Européenne.

[12] Règlement (UE) 2016/679 du Parlement européen et du Conseil du 27 avril 2016 relatif à la protection des personnes physiques à l’égard du traitement des données à caractère personnel et à la libre circulation de ces données, et abrogeant la directive 95/46/CE (règlement général sur la protection des données).

[13] Directive nº 2016/680 relative aux traitements mis en œuvre à des fins de prévention et détention liées aux infractions pénales, d’enquêtes et de poursuites en la matière ou d’exécution de sanctions pénales (dite directive “police”).

[14] Article 45 du Règlement (UE) 2016/679 du Parlement européen et du Conseil du 27 avril 2016 relatif à la protection des personnes physiques à l’égard du traitement des données à caractère personnel et à la libre circulation de ces données, et abrogeant la directive 95/46/CE (règlement général sur la protection des données, RGPD).

[15] Liste de pays adéquats au RGPD : Andorre, Argentine, Canada, îles Féroé, Guernesey, Israël, Ile de Man, Japon, Jersey, Nouvelle-Zélande, Suisse, Uruguay, Etats-Unis d’Amérique.  

[16] Règlement (UE) 2016/679 du Parlement européen et du Conseil du 27 avril 2016 relatif à la protection des personnes physiques à l’égard du traitement des données à caractère personnel et à la libre circulation de ces données, et abrogeant la directive 95/46/CE (règlement général sur la protection des données, RGPD).

Article 45 – Transferts fondés sur une décision d’adéquation

Article 46 – Transferts moyennant des garanties appropriées

Article 47 – Règles d’entreprise contraignantes

Article 49 – Dérogations pour des situations particulières.

Les Camerounais (60), Ivoiriens (60) et Nigérians (70) ravissent les places du “Challenge des 1000” entrepreneurs africains sélectionnés pour le Sommet Afrique-France 2020, reporté en raison de la Covid-19 [Document]

[Digital Business Africa] – Le Sommet Afrique-France 2020 devait débuter le 4 juin 2020 à Bordeaux, en France. Mais, les circonstances actuelles liées à la pandémie de la COVID-19 ont poussé le gouvernement français à reporter ce sommet à une date ultérieure. Le gouvernement français, dans le cadre du challenge des 1000, avait décidé de sélectionner 1000 jeunes africains pour assister à cet événement.

Malgré le report de ce sommet, le Secrétariat Général du Sommet Afrique France, Digital Africa et les membres du jury du Challenge des 1000 entrepreneurs ont dévoilé la liste des 1000 lauréats retenus qui devaient participer à ce sommet.

A défaut de ce sommet, les initiateurs annoncent que ces 1000 entrepreneurs africains bénéficieront d’un programme d’accompagnement dédié, leur permettant d’avoir accès à des financements, de la formation, des mises en réseaux ainsi que de la visibilité pour leurs projets. « Ce programme s’appuie sur un tissu de partenaires français et africains, au travers notamment de mentorat, de mises en relation, de bourses, de financements publics et privés. Une première brique développée par Digital Africa sera dévoilée dès la mi-juin 2020 », indique-t-on du côté de Digital Africa.

Les 1000 lauréats, dont 500 femmes et 500 hommes entrepreneur.e.s africain.e.s, proviennent de 53 pays africains et sont actifs dans les domaines de l’eau-assainissement, du traitement des déchets, de l’énergie, de l’éducation, du numérique, de l’agriculture, de la mobilité, etc.

Le pays qui enregistre le plus grand nombre de lauréats est le Nigeria avec 70 entrepreneurs sélectionnés. S’en suivent le Cameroun et la Côte d’Ivoire, qui enregistrent chacun 60 projets. 52 projets sont sélectionnés au Sénégal, 30 au Bénin, 28 au Burkina et 20 au Gabon.

Challenge des 1000

Retrouvez ici l’ensemble des lauréats camerounais et bien d’autres.

Par Digital Business Africa

Giuseppe Renzo D’Aronco : « Il faut s’assurer d’une mise en œuvre effective du roaming en zone CEMAC le 01er janvier 2021 »

[Digital Business Africa] – Pour avoir un roaming mobile sans coûts additionnels en Afrique centrale, la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (CEA) encourage les gouvernements de maintenir la date butoir du 01er janvier 2021. Explications dans cet entretien avec Giuseppe Renzo D’Aronco, Économiste au Bureau sous-régional pour l’Afrique centrale de la CEA.

Digital Business Africa : Après la validation du projet de règlement communautaire relatif à l’itinérance et aux tarifs sur les réseaux de communications électroniques mobiles ouverts au public pour la mise en place d’un réseau unique en zone CEMAC par les ministres des télécommunications de la zone en fin février dernier à Douala, un processus auquel la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique à participer, vous dites qu’il faut tout faire à ne pas louper la date de 01er janvier 2021 pour sa mise en place.  Pourquoi ce nouvel appel ?

Giuseppe Renzo D’Aronco : Tout d’abord permettez-moi de remercier la CEMAC et la CEEAC pour leurs efforts constants qui ont permis en février 2020 d’adopter le règlement communautaire relatif à l’itinérance et aux tarifs sur les réseaux de communications électroniques dans la sous-région. Pour rappel, ce processus a été initié en 2009 par une étude que la CEA a réalisée, mettant en valeur l’intérêt et l’utilité pour la sous-région, d’avoir un roaming intracommunautaire afin d’accompagner l’intégration régionale et donc de faciliter les échanges commerciaux sous-régionaux.

Avec nos collègues de l’Union Internationale des Télécommunications, nous avons poursuivi ces dernières années, nos actions et nos plaidoyers auprès des instances de la sous-région, en vue d’accélérer la mise en place de cette itinérance. Aussi, nous nous réjouissons que ce dispositif en 2021 sera opérationnel tel que décidé lors de la réunion extraordinaire des ministres des télécommunications de la CEMAC de février 2020.

Permettez-moi également de rappeler, que la sous-région  Afrique centrale est une des régions d’Afrique qui a pris le plus de retard dans le développement des nouvelles technologies de télécommunications durant ces dernières décennies,  notamment sur le développement de ses  infrastructures de télécommunication dont les conséquences directes se  sont traduites par des tarifs de télécommunication élevés, notons que depuis quelques années suites aux investissements réalisés sur les backbonne sous régionaux,  les tarifs ont tendance à baisser.

En réponse à votre question, l’entrée en vigueur au premier janvier 2021 d’une itinérance mobile est un signal fort envoyé aux populations de la zone CEMAC, confirmant ainsi la concrétisation d’une volonté politique affichée par ses Etats membres, d’accélérer le processus d’intégration sous-régional d’une part et d’autre part de baisser drastiquement les coûts de communication  en roaming  ( voix, SMS  et data) et de  booster un écosystème numérique régional qui permettra aux startups de la sous-région de tirer le meilleur profit de cette réforme, d’où la nécessité de tout faire pour s’assurer d’une mise en œuvre effective du roaming le 1 janvier 2021.

Digital Business Africa : Mais si les restrictions sur les voyages internationaux du fait de COVID-19 sont encore en place d’ici la fin de l’année, est-ce pertinent de procéder à l’implémentation du roaming en zone CEMAC ?

Giuseppe Renzo D’Aronco : Comme vous le mentionner, le COVID-19 impose des restrictions de déplacements sous régionaux ayant comme conséquence un effondrement des revenus issus des frais d’itinérance (roaming), dont les revenus sont une véritable manne financière   pour les opérateurs téléphoniques dans la mesure où il s’agit essentiellement d’un service d’interconnexion générant de fortes marges.

Il nous semble plus que pertinent de poursuivre cette implémentation qui doit atteindre son point d’achèvement le premier janvier 2021.

En effet, un certain nombre d’actions intermédiaires doivent être menées par la CEMAC avec la participation de la CEA, afin de suivre les processus de mise en œuvre du cadre réglementaire, dont la signature de protocoles d’accords bilatéraux qui devront être généralisés au 31 décembre 2020 qui supprimeront toutes les surtaxes. Sur cette base au 01 janvier 2021, les tarifs des services de communications électroniques mobiles (voix, SMS et données) intra-communautaires seront alignés sur les tarifs nationaux.

Digital Business Africa : Quelle sera la nature exacte de l’arrangement sur le roaming en zone CEMAC ?

Giuseppe Renzo D’Aronco : Le règlement communautaire relatif à l’itinérance et aux tarifs sur les réseaux de communications électroniques mobiles est un document d’une vingtaine de pages comportant 23 articles, qui après discussion et examen minutieux par les experts de pays membres de la CEMAC a été validé sans réserve par la conférence des Ministres en charge des télécommunications  de la CEMAC.

Grâce à ce dispositif réglementaire dès le premier janvier 2021,  le tarif intra-communautaire de détail (Hors Taxe) qu’un opérateur de services d’itinérance peut facturer à ses clients en déplacement dans la zone CEMAC pour un appel émis en itinérance communautaire, à partir du pays visité vers les autres pays de la zone CEMAC, ne pourra pas  dépasser le tarif le plus élevé des appels nationaux de l’ensemble des opérateurs de cette zone.

Afin d’être concret, prenons l’exemple d’un abonné d’un pays A de la zone CEMAC qui se trouve en itinérance vers un pays B de cette sous-région, en émettant un appel vers un pays CEMAC, celui-ci sera facturé sur le tarif le national le plus élevé de ladite zone, soit en moyenne entre 50 à  90 FCFA la minute contre environ  690 FCFA à ce jour.

En ce qui concerne les appels reçus en itinérance communautaire, aucune facturation ne sera réalisée dans la limite d’une durée maximale de quatre-vingt- dix (90) jours consécutifs de séjour dans l’un des Etats membres de la CEMAC.

Pour le tarif de données en itinérance communautaire, un fournisseur de services ne pourra  pas dépasser le tarif le plus élevé du mégaoctet dans le pays visité dans la limite de seuil de volume de données défini dans les protocoles d’accords entre les régulateurs des Etats membre de la zone CEMAC.

Digital Business Africa : L’Afrique centrale n’est pas seulement la zone CEMAC. Tous les pays membres de la CEMAC sont également membres de la CEEAC.  Ne gagneraient-ils pas plus, de mettre en place un système d’itinérance à zéro coût dans toute l’espace CEEAC ?

Giuseppe Renzo D’Aronco : Merci pour la question, vous avez tout à fait raison d’autant plus que les six pays qui composent la CEMAC font également partie de la zone CEEAC. A cet effet, au cours des deux dernières années plusieurs actions ont été initiées par la CEEAC afin de mettre en place un roaming sous régional, nous sommes persuadés que le free roaming CEMAC aura un effet d’entrainement dynamique auprès des pays de la CEEAC, les incitants à rejoindre cette initiative qui pourrait s’inscrire  dans la cadre du projet de rationalisation des deux Communautés Economique Régionales.

Digital Business Africa : Quel est le feedback que les Ministres en charge des TIC ainsi votre organisme et l’UIT ont-ils reçu des opérateurs de téléphonie mobile dans la zone, sur cette question ? Sont-ils contents de perdre les recettes de surtaxes qu’on connait en ce moment ?

Giuseppe Renzo D’Aronco : Concernant la perte de recettes, je nuancerai votre propos compte tenu de l’expérience de l’Afrique de l’Est. En effet, trois mois après l’entrée en vigueur des accords d’itinérance, les appels entrants en itinérance au Rwanda en provenance du Kenya ont augmenté de plus de 950 pour cent, passant de 63’483 minutes en septembre 2014 à plus d’un million de minutes en décembre 2014, générant ainsi des recettes complémentaires plus que confortables pour les opérateurs.

Pour répondre à votre question, lors de nos différents travaux nous avons eu l’occasion de rencontrer plusieurs opérateurs de téléphonie mobile, qui nous ont fait remarquer que depuis deux ans environ ils avaient constaté une baisse de la part de leur recette issue de la téléphonie classique au profit de nouveaux revenus générés par les données internet et le transfert d’argent.

Concernant le roaming, la majorité des opérateurs s’attendaient à sa mise en place en Afrique centrale comme cela est déjà le cas dans les autres sous-régions d’Afrique tout en espérant un volume de transaction élevé afin de compenser la chute de tarification annoncée.

Digital Business Africa : Pendant que la zone CEMAC est en train de mettre en place un système de roaming sous-régional, il y a déjà un arrangement bilatéral sur cette question entre le Congo et le Gabon. Il se pourrait que le Cameroun et le Gabon négocient leur part.  Ces arrangements bilatéraux – ne sont-ils pas contreproductifs à l’effort multilatéral ?

Giuseppe Renzo D’Aronco : Vous avez raison de souligner cet accord, effectivement depuis le premier janvier 2020, le Gabon et le Congo ont mis en place un free roaming, fruit de la matérialisation des recommandations du protocole d’accord signé, le 5 octobre 2019, à Brazzaville entre les régulateurs télécoms des deux pays. D’autres projets bilatéraux notamment entre le Cameroun et la Gabon sont en cours de négociation pour la suppression des frais de roaming.

Aussi, nous considérons que ces accords bilatéraux issus de trois pays membres de la CEMAC sont loin d’être «contreproductif » pour reprendre votre expression, mais bien au contraire ils ont joué un rôle d’accélérateur pour l’adoption du règlement communautaire par leurs paires notamment sur le choix de la date du premier janvier 2021.

Digital Business Africa : Un mot de fin ?

Giuseppe Renzo D’Aronco : Permettez-moi tout d’abord de vous remercier pour l’opportunité qui est faite à CEA de s’exprimer dans votre magazine. L’adoption du free roaming est une avancée fondamentale en vue de la connectivité de la sous-région, elle constitue un passage incontournable pour la promotion de la culture du numérique à l’ère de la généralisation des TIC par l’ensemble des administrations et des citoyens.

Le règlement communautaire adopté par la réunion des ministres constitue l’un des premiers instruments juridiques communautaires, traduisant ainsi la volonté affichée des Etats d’asseoir définitivement l’intégration sous-régional tout en contribuant à une réelle valeur ajoutée à la dynamique communautaire.

Je terminerai mon propos en félicitant la sous-région de s’être dotée d’un tel outil qui lui permettra d’intégrer rapidement le projet de création d’un réseau téléphonique unique pour l’Afrique, tel qu’évoqué lors de la quatrième réunion des régulateurs des télécommunications de l’Afrique, qui s’est déroulée à Libreville au Gabon en 2018.

Propos recueillis par Abel Akara Ticha (CP)

Intelligence artificielle : Microsoft a construit un supercalculateur uniquement pour OpenAI

[Digital Business Africa] – C’est un projet dans lequel le géant Microsoft a investi 1 milliards de dollars : la construction d’un superordinateur exclusivement dédié à la recherche sur l’apprentissage machine destiné à OpenAI. L’annonce a été faite par Microsoft lors de la conférence des développeurs Microsoft Build 2020. Ainsi, on apprend du géant américain que la nouvelle machine dispose de 285 000 cœurs de CPU, 10 000 GPU et 400 gigabits par seconde de connectivité réseau pour chaque serveur GPU.

« Ce qui est passionnant avec ces modèles, c’est l’étendue des possibilités qu’ils offrent. Il s’agit de pouvoir faire cent choses passionnantes à la fois dans le traitement du langage naturel et cent choses passionnantes dans la vision par ordinateur, et lorsque vous commencerez à voir des combinaisons de ces domaines perceptifs, vous aurez de nouvelles applications qui sont difficiles à imaginer pour le moment», explique Kevin Scott, directeur technique de Microsoft cité dans un article de blog publié par Microsoft le 19 mai. Pour lui, les avantages potentiels vont bien au-delà des avancées limitées d’un seul type de modèle d’IA.

Pour l’instant, il est difficile de comparer ce supercalculateur de Microsoft aux autres déjà existants en raison du fait que Microsoft n’a publié aucunes données de performances. Aussi, l’ordinateur n’a fait l’objet d’aucune évaluation publique. Cependant, Microsoft affirme que son supercalculateur occuperait le cinquième rang mondial.

Ecrit par Jephté TCHEMEDIE

Pour lutter contre la Covid 19, l’Africa Data Centre Association offre l’hébergement gratuit pour toutes solutions numériques

[Digital Business Africa] – C’est une annonce qui pourra certainement encourager les développeurs africains à davantage s’engager dans la lutte anti-Covid19 : “L’Africa Data Centre Association (ADCA) est heureuse d’annoncer que les membres ADCA suivants fourniront un hébergement gratuit, jusqu’à 10 serveurs américains et 2 KW, pour toutes les applications visant à lutter contre le coronavirus en Afrique pour le reste de 2020.”

L’offre concerne les développeurs basés dans neuf pays africains au sein de différents groupes membres. Il s’agit notamment de GPX Global systems en Égypte, PAIX au Ghana, les Africa Data Centres appartenant à Liquid Telecom au Kenya, en Afrique du Sud, en Tanzanie et au Zimbabwe, ainsi que N+ONE Datacentre au Maroc, Galaxy Backbone au Nigeria et Dataxion en Tunisie.


Avec cette annonce l’ADCA fait savoir qu’elle entend jouer un rôle majeur dans la relance ou la poursuite des activités sur le continent. Ceci, alors même que le numérique s’est avéré comme un outil indispensable dans le cadre de la lutte contre la pandémie de la Covid 19. 

Ecrit par Jephté TCHEMEDIE

Mobile money : Orange ouvre les transferts de France vers le Burkina et le Maroc

[Digital Business Africa] – Il est désormais possible pour les personnes situées en France d’effectuer un transfert d’argent via la plateforme Orange Money vers le Burkina Faso et le Maroc. L’annonce est de l’opérateur français qui a fait savoir, respectivement le 9 mai 2020 pour le Burkina Faso et le 20 mai 2020 pour le Maroc l’ouverture des transferts à l’international via sa plateforme, notamment depuis et vers la France.

De manière pratique, les clients Orange situés en France et qui souhaitent accéder au service n’auront tout simplement qu’à souscrire à une offre mobile et s’inscrire dans un point de vente Orange Money. Ils peuvent également le faire directement via l’application mobile Android ou IPhone.

Ecrit par Jephté TCHEMEDIE

Cameroun : Le Pr Justine DIFFO adopte l’organigramme, le règlement intérieur de l’ART et procède à des nominations [Document]

[Digital Business Africa] – Un climat de « sérénité et de compréhension mutuelle » règne désormais au sein de l’Agence de régulation des télécommunications (ART), notamment entre la direction générale et la présidence du conseil d’administration. C’est du moins ce qu’on peut lire du communiqué du CA réuni en sa 49e session extraordinaire le 27 mai 2020 et présidée pour la première fois par le Pr Justine Diffo.  

Elle avait été nommée à ce poste le 30 avril 2020 par le président de la République, Paul Biya, qui remplaçait ainsi Hessana Mahamat avec qui des incompréhensions avec la direction générale se faisaient observer.

« La présidente a notamment souhaité le règne d’un nouvel esprit empreint de franche collaboration, de sérénité et de compréhension mutuelle, dans le respect strict des règles de discipline et d’éthique au sein du Conseil d’Administration », peut-on lire du communiqué final de cette session.

Au cours de cette session, le Conseil a pris acte du compte rendu de l’état d’exécution des résolutions et recommandations prises lors de la 48e session extraordinaire. Après la présentation par le directeur général des dossiers inscrits à l’ordre du jour, le Conseil a examiné et pris des résolutions dont certains étaient mis en suspens par l’ancien PCA.

Parmi les résolutions prises par le Conseil le 27 mai 2020 : la Résolution portant affectation des résultats des exercices 2017 et 2018; la Résolution portant adoption de l’organigramme ; la Résolution portant adoption du cadre organique ; la Résolution portant adoption du Statut du personnel et la Résolution portant adoption du règlement intérieur de l’agence.

Après avoir adressé ses félicitations à la direction générale de l’ART pour « la qualité des documents présentés et la sincérité des informations y contenues », le Pr Justine Diffo a adressé ses félicitations à la direction générale, conduite par le DG le Pr Philémon Zoo Zame et son adjoint Aboubacar Zourmba.

 Aussi, le Conseil présidé par le Pr Justine Diffo a procédé à la nomination à certains postes de responsabilité.  

L’ensemble des nominations

Par Digital Business Africa

Le communiqué final du CA

Communiqué CA ART avec Pr Justine Diffo

Covid-19 : Afriland First Bank offre des produits d’une valeur de 132 millions FCFA au Cameroun

[Digital Business Africa] – Les pays du monde et le Cameroun en particulier mènent un combat contre la maladie à coronavirus 2019.  La mobilisation interpelle tout le monde. Fidèle à son statut d’entreprise citoyenne, Afriland First Bank n’est pas en reste dans cette lutte et tient à apporter sa contribution à l’effort de guerre.

Une délégation de l’établissement bancaire conduite par son directeur général adjoint s’est rendue à l’immeuble siège du ministère de la Santé publique ce mardi 2 juin 2020, chargée de dons. Une contribution en nature d’une valeur de 132.000.000 FCFA comprenant 100.000 gants chirurgicaux ; 40.000 cache-nez jetables ; 4000 unités de combinaison médicale ; 1000 masques N95 ; et 100 thermomètres à infra-rouge.

« Notre plan de riposte prévoyait notre participation à l’élan de solidarité nationale. Nous sommes heureux de le faire. Nous espérons qu’avec la détermination du gouvernement et les efforts collectifs des Camerounais, nous viendrons à bout du coronavirus », a expliqué Youssoufa Bouba, directeur général adjoint d’Afriland First Bank Cameroun.

Prenant la parole en qualité de représentant de l’Administrateur directeur général, le DGA n’a pas manqué de rassurer le membre du gouvernement du soutien de la Banque. « Vous pouvez compter sur Afriland First Bank. Nous garderons le niveau de vigilance et de prudence nécessaires pour contribuer à faire de ce combat national une réussite. Car rien ne vaut la santé », a promis le DGA.

Un geste très apprécié par le ministre Secrétaire d’Etat à la Santé publique. « Cette contribution est indispensable … Nous ne manquerons pas de transmettre à la hiérarchie que votre établissement est parmi les premiers établissements au Cameroun qui ont directement attribué au ministre de la Santé publique tous les moyens de protection vis-à-vis d’abord du personnel », s’est réjoui Alim Garga Hayatou, le ministre Secrétaire d’Etat à la Santé publique. Non sans rappeler la consigne du chef de l’Etat qui veut que le département ministériel qui est en pole position dans la lutte contre la pandémie reçoive tous les Camerounais quel que soit le niveau ou la qualité de contribution.

Afriland First Bank s’est en effet voulue réactive dès l’apparition des premiers cas de contamination en mars. Le plan de riposte de la Banque tient alors compte de la rigueur et la discipline dans l’application des mesures barrières édictées par le Gouvernement et l’Organisation mondiale de la Santé, tout en maintenant la qualité du service aux clients.

Entre autres mesures prises par la Banque selon le DGA : L’entrée des agences est équipée de distributeurs de gel hydro-alcoolique et de thermomètres à infrarouge ; Les bureaux des agents sont équipés de flacons de gel à la disposition des clients ; Les agents se désinfectent les mains à longueur de journée et portent des masques de protection ; Les équipes de nettoyage ont augmenté la fréquence de désinfection des poignées de porte, des rampes d’escalier et des tables de bureau ; Mise en place d’un système de rotation des effectifs ; Erection des tentes à l’entrée des agences pour le confort d’attente des clients ; Réception des clients à l’intérieur par petites vagues afin de les préserver des risques d’attroupement. 

A côté de ces mesures barrière, la Banque a instauré la gratuité totale pour les services de banque en ligne et les cartes bancaires, dans le but de réduire les attroupements dans les agences.

Banque de référence implantée sur tout le territoire camerounais, la First Bank compte aujourd’hui 45 agences. Leader du secteur bancaire national avec un total bilan de plus de 1 150 milliards en fin 2019 et environ 1/5è des parts d’un marché composé de 15 établissements bancaires, elle jouit d’une grande solidité financière et bénéficie de la technicité de plus de 800 collègues travaillant au quotidien pour assurer un service de qualité optimal à tous ses clients : particuliers, professionnels, PME, grandes entreprises, institutionnels.

Elle totalise 126 GABs (Guichets Automatiques des Billets) et 241 TPE (Terminaux de paiement électronique). En première ligne  dans la lutte contre la propagation de la COVID-19, elle permet à ses clients de limiter leurs déplacements en agence par l’utilisation des différents canaux de banque à distance (SARA, E-First, MAC) et  l’utilisation du libre-service bancaire (GABs, TPE, Cash Deposit). Elle vient d’ouvrir deux nouvelles agences dans la ville de Yaooundé à MELEN (face Total Melen) et à Olembe (face Pétrolex Olembé).

Par Digital Business Africa

Rwanda : L’agence spatiale sera créée et opérationnelle en juillet 2020

[Digital Business Africa] – C’est un pas de plus qui est annoncé au Rwanda dans la quête de meilleurs services de télécommunications via satellite. Réuni en Conseil des ministres le 25 mai 2020, le gouvernement rwandais a annoncé avoir validé le projet de loi qui va aboutir à la création de la Rwanda Space Agency (RSA), l’agence spatiale du Rwanda. On apprend même que cette agence devrait voir le jour dès le mois de juillet 2020.

D’après le ministère rwandais en charge des TIC, la création de cette agence spatiale vise des portées civiles, et servira entre autres dans la prévision et la planification agricole, la surveillance de l’environnement, la préparation et la gestion des catastrophes, mais également dans la planification urbaine. A l’heure actuelle, le ministère des TIC fait savoir que le Rwanda utilise déjà l’imagerie satellite pour effectuer le recensement national, l’urbanisme, la gestion des terres et la recherche universitaire.

Avec la création de cette agence spatiale, le Rwanda rejoint ainsi le club très fermé des pays africains qui en disposent déjà. Il s’agit notamment de l’Algérie, la Tunisie, le Maroc, l’Afrique du Sud, l’Angola, l’Égypte, le Kenya, le Nigéria et le Zimbabwe.

Ecrit par Jephté TCHEMEDIE

Maroc : Le gouvernement lance une application de traçage volontaire contre la Covid 19

[Digital Business Africa] – Au Maroc, le ministère de la Santé a annoncé le 1er juin 2020 le lancement d’une application mobile de traçage des contacts par smartphone pour lutter contre la propagation de la Covid-19.

Selon un communiqué de ce département ministériel, l’application dénommée ‘‘Wiqaytna’’ (en français, notre protection) « envoie une notification à l’utilisateur en cas de proximité physique prolongée avec un autre utilisateur positif au Covid-19 et permet au ministère de la Santé de faire “une évaluation du risque d’exposition” ».

Pour son fonctionnement, ‘‘Wiqaytna’’ utilise une technologie Bluetooth, basée sur la communication entre les appareils électroniques situés à proximité.

Sur le principe, et face aux craintes liées de la protection de la vie privée, le gouvernement marocain fait savoir que l’usage de l’application ‘‘Wiqaytna’’ est strictement volontaire.

A cet effet, le ministère de la Santé du Maroc fait savoir que l’application a été validée par la Commission nationale de contrôle de la protection des données à caractère personnel (CNDP). Il s’agit d’un organisme officiel dont la mission est de garantir la protection et le bon usage des données à caractère personnel.

Ecrit par Jephté TCHEMEDIE

Visioconférence : Le Kenya lance ‘‘Gumzo’’, une première dans le pays

[Digital Business Africa] – Le Kenya dispose désormais de son propre système de visioconférence. Usiku Games, une startup kenyane spécialisée dans les technologies de jeu vidéo a annoncé le lancement de “Gumzo”.

Ce qui est présenté comme étant le premier système de visioconférence fabriqué en Afrique. Et pour marquer son africanité, le nom de la plateforme est issu du swahili, et signifie ‘‘discuter’’ en français.

Sur le principe, on apprend de la startup que le service n’est payant que pour l’initiateur, ou l’organisateur de la réunion. Celui-ci devra débourser 0,95 $ par semaine, un montant qui peut être payé par via le service de mobile money M-Pesa. Par contre le service est gratuit pour les participants à la réunion.

Ecrit par Jephté TCHEMEDIE

Afrique : La CEA lance ARII 2019, un site internet dédié à l’intégration régionale

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[Digital Business Africa] – La Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique a annoncé le 1er juin 2020 le lancement du site Internet ARII 2019, entièrement dédié à une meilleure compréhension des performances de l’Afrique en matière d’intégration régionale.

Selon l’institution onusienne, ce « site Internet est consacré à promouvoir une meilleure compréhension des performances du continent, des Communautés économiques régionales (CER) et des pays africains en matière d’intégration régionale, aider les pays africains à tirer le meilleur parti de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECA) et stimuler le plan d’action sur l’intensification du commerce intra-africain (BIAT) ».

Dans son communiqué, la CEA indique que l’objectif de ce site Internet consiste à promouvoir une compréhension approfondie de l’intégration à travers ses différentes dimensions présentées dans ARII 2019.

Le site dispose de fonctionnalités qui permettent d’accéder à des cartes, graphiques, tableaux personnalisés et aux données brutes sous-jacentes.

Aussi, ARII 2019 classe le niveau d’intégration des pays africains au sein de leurs CER respectives et également avec le reste du continent. Ce qui permet d’obtenir un point de vue comparatif de chaque région ou pays en matière d’intégration. Le site est disponible à l’adresse : arii.uneca.org

Ecrit par Jephté TCHEMEDIE

Ouganda : Les autorités revendiquent l’exportation vers le Maroc de 18 000 téléphones « Made in Ouganda »

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[Digital Business Africa] – En Ouganda, c’est une annonce qui met en avant les capacités des usines locales. Le gouvernement a annoncé le 31 mai 2020 l’exportation d’un premier lot de 18 000 téléphones portables fabriqués localement vers le Maroc.

Il s’agit d’une série de téléphones portables analogiques de type 2G. Ils sont été produits par Simi Technologies, filiale du groupe chinois Engo Holdings Uganda Limited, par ailleurs première usine d’assemblage de téléphones portables du pays.

Sur les caractéristiques des téléphones exportés, ils comprennent des fonctionnalités basiques telles que le Bluetooth, un appareil photo de très faible résolution, ainsi que des ampoules à diode pour l’éclairage nocturne.

D’après Simi Technologies, ces téléphones analogiques sont vendus entre 8$ et 11$ sur le marché ougandais. Par ailleurs, l’usine est en mesure de produire 2 000 téléphones, 1 500 smartphones, 800 ordinateurs portables, 2 000 chargeurs, 4 000 câbles USB et 4 000 écouteurs.

Ecrit par Jephté TCHEMEDIE

Angola : Africell décroche la 4e licence télécoms

[Digital Business Africa] – En Angola, le processus d’attribution de la quatrième licence de télécommunications du pays est clos. Et c’est le groupe libanais Africell qui obtient le précieux sésame, et deviendra de ce fait le quatrième opérateur télécoms du pays, après Movitel et Unitel qui dominent ce marché de 14 millions d’abonnés, suivi de l’opérateur public Angola Telecom, qui propose des services de téléphonie fixe ainsi que Internet.

Dans un premier temps en 2019, cette licence avait été attribuée au groupe angolais Telstar Telecommunicacoes. Seulement, la décision a été annulée par le président João Lourenço, qui accusait l’opérateur angolais de n’avoir pas respecté les termes de l’appel d’offre. Bien avant, l’opérateur sud-africain MTN, déjà qualifié, avait finalement jetté l’éponge lors des négociations, dénonçant un manque de transparence dans le processus.

D’après les médias angolais, la licence accordée à Africell l’est depuis le 19 mai 2020. Avec l’Angola qui est désormais son cinquième marché en Afrique, le groupe entend densifier sa présence sur le continent, après la République Démocratique du Congo, l’Ouganda, la Sierra Leone et la Gambie où il est déjà présent.

Ecrit par Jephté TCHEMEDIE

Algérie : Privé de manifestation dans la rue, le Hirak choisit Internet comme point de rassemblement anti-régime

[Digital Business Africa] – Alors que le gouvernement Algérien traque désormais partout les activistes et opposants, Internet apparait davantage comme le nouvel espace d’expression des anti-régimes. Dans ce sillage, des artistes ont eu l’idée d’organiser le 23 mai 2020 un concert en ligne en vue de réclamer la libération des prisonniers interpellés dans le cadre du mouvement de protestation anti-régime baptisé ‘‘Hirak’’. Ceci, à l’initiative de Free Algeria, une coordination de collectifs de la diaspora disséminés en France, aux Etats-Unis, en Suisse, en Belgique, en Italie ou en Autriche.

Durant près de deux heures, ce concert virtuel organisé sous le nom de “Songs of Freedom” (Chants de liberté), diffusé en live sur YouTube et sur Facebook a rassemblé une vigtaine d’artistes, dont Cheikh Sidi Bémol, le groupe algéro-québecois Labess ou encore la chanteuse de rock progressif Amel Zen.

Cependant, il convient de préciser qu’en Algérie, la censure se poursuit en ligne, où la Justice traque notamment les activistes, ou fermes les sites d’informations jugés trop indépendants, à l’instar de Berbère TV et L’Avant-Garde qui sont désormais inaccessibles dans le pays, et qui ont apportés leur soutien au concert en ligne. Dans ce sillage, quinze militants ont été condamnés à des peines de prison ferme, dont trois pour leurs publications sur les réseaux sociaux.

Ecrit par Jephté TCHEMEDIE

Ethiopie : La crise de la Covid 19 n’entravera pas la privatisation d’Ethio Telecom

[Digital Business Africa] – Malgré la crise sanitaire liée à la pandémie du Coronavirus, la privatisation annoncée d’Ethio Telecom qui détient jusqu’ici le monopole du secteur des télécommunications en Ethiopie se poursuivra. L’assurance a été donnée le 30 mai 2020 par l’Autorité éthiopienne des communications (ECA) qui a affirmé que le pays continue de travailler sur le projet de privatisation. Une annonce confirmée plus tard par le ministre des Finances, Eyob Tekalign Tolina, qui a fait savoir que les entreprises étrangères seront prochainement appelées à soumissionner.

Dans la foulée, on a appris davantage sur ce projet de privatisation de la part du ministre des Finances, qui a fait savoir que le gouvernement éthiopien envisage de vendre seulement 40% des parts de Ethio Telecom à un opérateur privé, ce qui lui permettrait de conserver la majorité dans l’actionnariat de l’opérateur. Une faible part sera également ouverte au public éthiopien.

Depuis l’annonce par le premier ministre éthiopien de la libéralisation du secteur des télécoms, plusieurs grandes compagnies ont déjà manifesté leur intérêt pour le marché éthiopien. C’est le cas du Sud-africain MTN ou encore du Français Orange qui ont émis leurs veux d’entrer au capital d’Ethio Telecom. Avec Etisalat et Vodacom, ils se sont également dis intéressés par l’acquisition de nouvelles licences que le gouvernement éthiopien va prochainement lancer pour créer plus de concurrence dans le pays.

Ecrit par Jephté TCHEMEDIE