Développer l’esprit d’entreprise pour développer l’Afrique

L’entreprenariat en Afrique est certainement attrayant, et ceux qui le pratiquent sont honorés et deviennent souvent des sortes de célébrités du jour au lendemain. Mais tout le monde n’est pas un entrepreneur. Tout le monde ne le deviendra pas. Tout le monde n’a pas le courage, la chance, ou  la passion de mettre en œuvre une idée particulière. Mais cela ne signifie pas qu’on ne peut pas devenir entrepreneur – ce dont il est question, c’est de cultiver l’esprit d’innovation.

L’entreprenariat a été un sujet central lors du récent Sommet Africain de l’Innovation (Innovation Africa Summit), qui s’est tenu au Kenya, où il a été question de la façon dont le système d’éducation en Afrique est en train de doter nos étudiants des compétences nécessaires pour un futur emploi. Avec la Quatrième Révolution Industrielle introduisant un nouvel ensemble de compétences essentielles en milieu professionnel, nous avons besoin d’encourager l’esprit d’entreprise chez les jeunes Africains qu’ils puissent appliquer, qu’ils soient employés ou travailleurs indépendants. Et cela commence avec les compétences qu’ils ont acquises dès les premières étapes de leur parcours scolaire. Bien sûr, la technologie joue un rôle important dans ce domaine, en facilitant l’apprentissage immersif pour améliorer les expériences et les résultats scolaires.

Un accent sur les connaissances spécialisées et sur la culture générale

Alors que l’on se concentre surtout sur les compétences des STIM (sciences, technologie, ingénierie et mathématiques) pour préparer les étudiants à des carrières portées par la technologie numérique et intelligente, il y a un autre domaine tout aussi important sur lequel il faut se concentrer. Souvent, les jeunes ont à la fois le talent et la volonté, mais manquent de compétences essentielles et d’autres compétences de base pour combler le fossé entre l’éducation et le monde professionnel. Il est donc essentiel d’apporter aux étudiants les compétences de base nécessaires dont ils ont besoin pour réussir dans la construction de leurs futures carrières.

Les compétences fondamentales englobent les compétences de base comme la lecture, les mathématiques, parler et écouter ; les capacités de réflexion, dont l’esprit critique, la créativité, la résolution de problèmes et la prise de décision ; les compétences relationnelles telles que la communication, la négociation, le leadership et la collaboration ; ainsi que les qualités personnelles telles que l’estime de soi, la gestion du temps et le sens de la responsabilité.

La promotion de « l’intrapreneur »

Le développement de ces compétences encourage un esprit qui va au-delà des connaissances académiques. Ces compétences ouvrent la voie à un état d’esprit entrepreneurial  – parce qu’être un entrepreneur c’est beaucoup plus que démarrer une entreprise basée sur le savoir-faire technique. Au contraire, cela implique des façons  novatrices de penser pour créer de nouveaux produits, de nouveaux marchés et de nouvelles idées en toutes circonstances.

Détenir de telles compétences ouvre d’innombrables possibilités pour les jeunes demandeurs d’emploi, au lieu de les voir démarrer leur activité en réaction à l’impossibilité de trouver un emploi. Dotés d’une compréhension de soi et des autres, et d’un esprit  d’innovateur, leurs chances de trouver un emploi sont plus élevées – en particulier dans les entreprises qui tentent de faire bouger les lignes et de remettre en cause le statu quo. Ce concept relativement nouveau est connu sous le nom « d’intrapreneuriat ». Il met l’accent sur les employés qui ont de nombreux attributs entrepreneuriaux mais peuvent travailler au sein de l’infrastructure existante d’une entreprise pour résoudre des problèmes spécifiques.

Commencer comme un intrapreneur est moins risqué pour un nouveau diplômé que de démarrer une nouvelle entreprise à partir de zéro et d’être confronté à la bureaucratie qui va avec. Ceux qui le font ont également la possibilité d’acquérir de l’expérience au sein d’un groupe de gens talentueux, avec des ressources déjà en place. Et en temps voulu, ils pourraient utiliser cette expérience pour mettre leurs idées à grande échelle ou même de lancer leurs propres start-ups. Ces start-up ont plus de chances de réussir, en étant fondées sur la recherche de solutions réelles plutôt que d’être simplement considérées comme une source de revenus.

Un besoin de réflexion sur l’esprit d’entreprise

Partout en Afrique, nous avons besoin de réflexion sur l’esprit d’entreprise au sein des gouvernements, dans les secteurs à but non lucratif et privé, pour trouver des solutions aux problèmes auxquels le continent doit faire face. Cela est très lié à l’essor de l’intrapreneur, qui est entraîné en partie par une jeune main-d’œuvre inquiète, désireuse d’avoir un impact réel sur le travail qu’elle effectue. Plusieurs organisations dans le monde ont déjà pris cela à cœur et ont des programmes formels en place pour encourager leurs employés à créer de nouveaux projets et des rôles au sein de leurs emplois existants. Il est particulièrement important que davantage d’organisations commencent à penser de cette façon afin d’attirer les jeunes talents qui apprécient la liberté d’innover sans les contraintes de l’entreprise.

Pour surmonter le double défi de la lutte contre le chômage et encourager l’innovation pour résoudre les problèmes particuliers de l’Afrique, nous devons créer des penseurs entreprenants qui ont les compétences et le leadership pour faire croître les économies et faire émerger une nouvelle industrie. Qu’ils le fassent eux-mêmes ou au sein d’une organisation plus importante est sans importance. Ce qui est important c’est de s’assurer qu’ils possèdent à la fois les compétences de base et les compétences techniques dont ils ont besoin, pour leur permettre de prendre la responsabilité de leurs carrières et au profit du continent. Si nous ne nous concentrons pas sur les entrepreneurs et les intrapreneurs, en commençant dès l’école, nous ne faciliterons ni la bonne façon de penser ni l’innovation pour nous assurer le progrès.

Par Lutz Ziob, Doyen de 4Afrika Academy chez Microsoft

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