« Les TIC sont aujourd’hui le troisième pourvoyeur au budget de l’Etat, après le pétrole et le bois »

Thierry Moungalla, le ministre des Postes et des Télécommunications de la République du Congo, est convaincu qu’en soutenant les jeunes chercheurs et les fournisseurs de contenus, son pays peut mieux décoller.

Plusieurs Africains se plaignent du coût élevé des smartphones et des tablettes. Pensez-vous, comme d’autres, que les fabricants doivent baisser les coûts de leurs terminaux en Afrique?

Thierry Moungalla : L’idéal n’est pas seulement de baisser les coûts, mais de pouvoir produire localement ces équipements.

Le Congo est d’ailleurs fier d’avoir VMK et ses tablettes et smartphones qui sont produits au Congo, ou en tout cas produits par un Congolais, avec des prix abordables, plus faibles que la concurrence sur le marché. Nous pouvons considérer cela comme étant un bon exemple. Deuxièmement, il y a une action des gouvernements qui doit être résolue. Une action en matière fiscale et parafiscale qui est évidente. Il faut penser à la mise en place de zones franches et de zones économiques spéciales qui nous permettront, à notre avis, de faire arriver dans notre pays des équipements montés ou à monter à des coûts totalement compétitifs, en toute franchise douanière et fiscale. Et là, cela devrait contribuer à favoriser la démocratisation de ces équipements.

 

Actuellement, ces tablettes et smatphones coûtent-ils cher au Congo?

TM : Non. De toute façon, la baisse est continue. Le téléphone portable est le premier outil de l’utilisation de l’internet mobile. Il coûte aujourd’hui moins de 10 000 francs CFA au Congo. Ce ne sont pas les meilleurs, mais je veux dire par là que la démocratisation est un avantage.

Quel est le taux de pénétration de la téléphonie mobile au Congo à ce jour?

TM : Nous sommes à 98%. C’est un taux assez élevé. Maintenant, il ne faut pas confondre le taux de pénétration avec le taux de couverture, qui sont deux notions bien différentes. Les opérateurs ne vont pas installer des infrastructures là où il n’y a personne. Donc, là c’est la suppléance du fonds du service universel qui est attendue et qu’on veut mettre en place. Et nous allons faire le nécessaire pour que la couverture géographique soit conforme à ce qu’on attend dans notre pays afin de résorber la fraction numérique. Nous avons aujourd’hui quatre opérateurs mobiles, un opérateur fixe, et certainement des évolutions attendues dans le secteur vont permettre une rationalisation et une accélération de la modernisation.

Aujourd’hui en Afrique, l’un des challenges est l’internet mobile, qui prend progressivement son ampleur. Ce qui demande aussi un meilleur accès à la fibre optique. Cette fibre optique, est-elle accessible à tous les Congolais?

TM : Oui, nous avons la fibre optique. De toutes les façons, nous sommes des Etats qui doivent combiner un certain nombre de technologies afin que les populations puissent avoir accès à l’internet haut débit via la fibre optique. Il y a la fibre optique comme dorsale principale, il y a le WiMAX et toutes les technologies associées, il y a aussi l’utilisation du satellite. Il y a enfin l’arrivée d’autres services plus proches des populations. La télémédecine, la télé-éducation par exemple. Voilà des outils efficaces qui vont permettre, à travers l’utilisation des services en ligne, une démocratisation de l’outil Internet, et surtout une baisse de ses coûts. Le but pour nous étant d’arriver à une baisse significative des taxes fiscales et parafiscales. Et pourquoi pas d’arriver demain à avoir des terminaux informatiques, notamment des ordinateurs portables, à moins de 100 dollars. C’est-à-dire un peu moins de 50 000 francs CFA.

Combien coûte en moyenne la connexion Internet au Congo?

TM : Les prix varient en fonction de la concurrence. C’est une concurrence importante. Je peux dire ce que je vis personnellement. Pour vous donner une idée, j’ai une connexion illimitée en 3G à la fois sur mon téléphone et sur ma tablette. Vous voyez, ici [sur son smartphone, ndlr] je suis connecté sur mon réseau 3G, c’est le réseau congolais. Et il y a l’utilisation sur ma tablette d’une carte SIM de données. J’ai une connexion illimitée qui est tout à fait fonctionnelle et efficace et qui me coûte 30 000 FCFA par mois.

Votre voisin de la RD Congo contrôle à présent les appels entrants dans le pays avec l’appui technique d’un cabinet spécialisé. Ce qui génère davantage de ressources financières pour l’Etat. Quelle est la situation dans votre pays?

TM : C’est nous qui l’avons expérimenté en premier, avant la RDC qui démarre à peine. Ecoutez, nous sommes très satisfaits, parce que nous considérons que nous étions victimes de deux phénomènes. Premièrement, une déclaration fantaisiste des opérateurs de téléphonie sur le volume des minutes entrantes et sortantes ; et donc, une appréhension très difficile de la matière fiscale. Depuis que nous avons ces équipements de contrôle, eh bien, comme par miracle, le nombre de minutes a multiplié comme les pains de la Bible. Deuxièmement, nous avons un abonnement important des finances publiques du Congo qui fait que, à travers ce mécanisme et d’autres, nous pouvons considérer que les TIC sont aujourd’hui le troisième pourvoyeur au budget de l’Etat, après le pétrole et le bois.

Combien cette mesure a-t-elle rapporté au Trésor public congolais?

TM : Il faudrait voir cela avec mon collègue. Mais, vous savez, c’est de l’ordre d’environ 15 milliards de francs CFA par an. Vous voyez, ce n’est pas rien.

Quel est le projet principal sur le lequel vous travaillez en ce moment pour le développement des TIC dans votre pays?

TM : Nous travaillons pour la mise en place rapide de technopôles et d’incubateurs d’entreprises. C’est un projet que nous pilotons avec la Banque mondiale à travers l’unité de gestion qui s’appelle le projet CAB (Central African Backbone), qui est un projet sous-régional. Ce projet, nous y tenons pour deux raisons : premièrement, j’ai insisté tout à l’heure sur la nécessité d’avoir des contenus locaux. Et pour avoir des contenus locaux, il faut qu’il y ait des chercheurs locaux et des jeunes qui travaillent là-dessus. Il faut qu’il y ait des gens qui cherchent et qui trouvent. Il ne faut pas seulement l’importation ou l’adaptation de produits fabriqués ailleurs. C’est à mon avis un problème important. Deuxièmement, il y a un aspect d’écosystème. Mettre en place des technopôles, c’est permettre l’arrivée de plus grandes entreprises qui sont importantes et dynamiques venues de l’étranger, qui doivent accompagner le développement des TIC dans notre pays. Et aider les entreprises naissantes de notre pays.

Propos recueillis par Beaugas-Orain Djoyum

Source : Réseau Télécom – Agence Ecofin

 

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