(TIC Mag) – Il y a trois ans, je publiais une tribune dans le magazine Reseau Telecom Network, édition N°71 de mai 2014, invitant les opérateurs de téléphonie mobile exerçant en Afrique à envisager l’acquisition des licences bancaires. Dans deux semaines environ, le groupe Orange va lancer les services d’Orange Bank.
En octobre 2016, Orange a en effet acquis 65% du capital de Groupama Banque en France, se diversifiant ainsi dans la banque en ligne en transformant Groupama Banque en Orange Bank. Une banque qui sera 100% mobile et presque 100% gratuite, car des frais de tenue de compte de cinq euros par mois seront facturés uniquement si le client réalise moins de trois retraits ou paiements (par carte ou par mobile) par mois, afin d’éviter les coûts de comptes inactifs. Tous les services bancaires seront proposés. Et à moyen terme, ses abonnés pourront bénéficier des services comme le crédit à la consommation, l’assurance et les prêts immobiliers.
D’après le PDG d’Orange, Stéphane Richard, le groupe s’est donné trois ans pour conquérir deux millions de clients et même plus. Dans les plus de 400 millions d’euros de chiffre d’affaires que l’opérateur envisage de réaliser dans les services financiers en 2018, devinez quoi, la moitié est attendue de l’Afrique et l’autre moitié de l’Europe (Orange Bank sera également lancée en Espagne et en Belgique, en plus de la France).
Même si Bruno Metlling, le PDG du holding du groupe pour l’Afrique et le Moyen Orient, indique que l’objectif d’Orange à court terme n’est pas de faire pareil en lançant une banque en Afrique, on voit bien que dans la stratégie globale de l’opérateur, la moitié du chiffre d’affaires d’Orange Bank est attendue de l’Afrique.
La suspension comme catalyseur ?
L’interdiction des transferts internationaux d’argent de la France vers Afrique de l’Ouest à travers son service Orange Money dans lequel l’opérateur excelle sur le continent va sans doute renforcer la volonté du groupe d’avoir rapidement (rachat probablement) une banque en Afrique. Car la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest qui a sommé le groupe Orange de suspendre ces transferts internationaux il y a quelques mois lui a rappelé que les transferts internationaux d’argent sont réservés uniquement aux banques et non aux établissements émetteurs de monnaie électroniques comme Orange. Les enjeux étant énormes, Orange n’envisage pas de lâcher le morceau.
En plus, en vue de renforcer sa filiale Orange Business Services et dans l’objectif de proposer des offres compétitives à ses clients, le groupe compte racheter 67% du capital de Business & Decision, un spécialiste de la data, du digital, de la Business Intelligence et de la gestion de la relation client.
Pourquoi ? Je pense qu’un élément peut nous permettre de comprendre. Avec Orange Bank, le groupe Orange va forcément offrir à ses abonnés des offres combinant services bancaires et services mobiles. L’acquisition de Business & Decision permettra au groupe non seulement de renforcer ses compétences dans l’analyse de données des habitudes de consommation de ses abonnés, mais également lui permettra de s’ouvrir davantage au monde et en Afrique en particulier. Le groupe Orange se donne ainsi progressivement les moyens pour répondre efficacement aux besoins des utilisateurs et confirmer sa présence au niveau mondial.
Les autres telcos opérant en Afrique dans le segment d’Orange gagneraient à suivre le pas. Pour ne pas être surpris dans quelques années. Si ce n’est déjà le cas. Je vous propose à nouveau ma tribune écrite en mai 2014 et publiée dans RTN N°71. Dans le cadre de Perspectives. (Voir plus bas)
Par Beaugas Orain DJOYUM
Telcos, envisagez des licences bancaires !
Le Kenya est un pays important en Afrique en matière des TIC et des télécoms. L’évolution de ces secteurs et notamment la veille technologique dans ce pays devrait intéresser plusieurs entreprises africaines spécialisées dans ces secteurs. Le m-Pesa, le service de paiement mobile de Safaricom (filiale kényane du Britannique Vodafone), ayant franchi la barre de 17 millions d’utilisateurs en avril 2013 n’a-t-il pas inspiré des dizaines d’opérateurs mobiles en Afrique dans le paiement mobile ? Ce service n’a-t-il pas débarqué en Europe pour la première fois en mars 2013 via la Roumanie par le biais de Vodafone ? En sept ans d’existence, le m-Pesa n’a-t-il pas atteint 93 273 000 000 de shillings kényans de dépôts et 84 882 000 000 de shillings kényans de transferts ?