En Espagne, 34 personnes aux arrêts pour exportation illégale des déchets électroniques vers l’Afrique

[Digital Business Africa] – En Espagne, trente-quatre personnes impliquées dans l’exportation illégale vers le Nigeria et sept autres pays d’Afrique de 2.500 tonnes de déchets d’appareils électriques et électroniques dangereux ont été ont été arrêtées, a annoncé, ce lundi 29 juin, la Garde civile espagnole.

La Garde civile qui annonce cette information dans un communiqué précise que l’opération a été menée en collaboration avec l’agence européenne de police Europol. L’enquête a établi qu’entre 2018 et 2019, 138 transferts illégaux de déchets dangereux ont été effectués de Tenerife vers des pays africains suivants : Sénégal, Ghana, Gambie, Togo, Bénin, Guinée Conakry, Sierra Leone et Nigeria, pays le plus ciblé.

Les suspects, pour la plupart de nationalité ou d’origine africaine, ont été arrêtés à Tenerife et Grande Canarie, deux îles de l’archipel espagnol des Canaries, dans l’Océan Atlantique, apprend-on.

Danger pour la santé

D’après l’enquête, une Italienne de 62 ans était chargée de transmettre les documents nécessaires à la douane, en falsifiant les certificats pour faire croire que ces appareils fonctionnaient parfaitement. Ce qui n’était pas le cas. Selon les enquêteurs espagnols, ces déchets électroniques parvenaient entre des mains d’enfants qui en extrayaient de l’aluminium et du cuivre. Déchets qui contenaient malheureusement des substances dangereuses pour l’environnement et nocives pour la santé humaine.

Généralement, une fois en Afrique, après avoir extrait de ces déchets  électroniques l’aluminium et le cuivre, les carcasses sont détruits ou brulés. Or, selon les experts, brûler, détruire ou mener ces déchets électroniques à la décharge ne signifie ni plus ni moins que mettre de côté un problème dont devront s’occuper les générations futures.

Le groupe suisse SGS explique par exemple que plus de 1 000 substances présentes dans les déchets électroniques sont libérées dans l’écosystème, notamment le plomb, le cadmium et le mercure et constituent une menace tant pour les pays africains que pour leurs habitants, compte tenu des graves problèmes que cela pourrait causer en matière de santé et d’environnement, aussi bien aujourd’hui que demain.

L’Afrique destination des déchets électroniques

L’on se rappelle qu’en février 2018, l’ONG Basel Action Network (BAN) avait publié une enquête baptisée  Holes in the Circular Economy: WEEE Leakage from Europe, qui indiquait que l’Europe exporte illégalement 352 474 tonnes de déchets électroniques par an dans le monde, soit l’équivalent, de 2,5 milliards de smartphones !

Et l’enquête qui avait inséré des outils de tracking des appareils électroniques défectueux précisait bien que l’Afrique était de loin la région du monde la plus ciblée par les exportateurs de déchets électroniques de l’UE. Des volontaires de l’ONG avaient en effet déposé 314 ordinateurs, écrans plats, et imprimantes équipés d’un tracker GPS dans des points de collectes agréés dans 10 pays européens.

Car d’après l’étude, le continent avait reçu sept unités exportées (5 vers le Nigeria, 1 vers le Ghana et 1 vers la Tanzanie) d’équipement traqué (64% des envois quittant l’UE).

Les exportations illégales de déchets dangereux en provenance de l’UE se sont dirigées vers les pays en développement que sont le Nigeria, le Ghana, la Tanzanie, l’Ukraine, le Pakistan, la Thaïlande et Hong Kong, avait révélé l’étude.


Les exportations des déchets électroniques par pays. Source : BAN. Holes in the Circular Economy: WEEE Leakage from Europe.

La solution SGS Renovo®

La porosité des Etats africains en matière d’accueil de ces déchets électroniques réside également dans le fait que les tous les Etats africains ne disposent pas toujours des mécanismes efficaces de contrôle de l’état des équipements importés d’Europe. Il faut ajouter à cela le manque des moyens, de ressources et/ou outils pour recourir à des inspecteurs portuaires et à des techniques de suivi GPS.

En Côte d’Ivoire, le gouvernement a fait confiance à SGS Renovo pour la gestion des déchets électroniques
SGS Renovo

Face à ces déficits et face au manque des techniques de destruction de ces déchets électroniques en respectant les normes environnementales et de santé, comme le propose les experts, le groupe suisse SGS SA a mis en place le programme Renovo® qui a déjà démarré et/ou validé au Ghana, en Côte d’Ivoire, en Guinée et au Burkina Faso.

SGS à travers SGS Renovo®, propose aux pays africains de concevoir, de planifier et de mettre en place un système autofinancé de gestion des déchets à grande échelle pour les pays. Cela passe par la collecte d’une éco-redevance anticipée.  Le service couvre toutes les étapes : de la production à la récupération, du recyclage à l’élimination durable des déchets.

Dans ce programme, SGS se propose également, grâce au partenariat signé avec deux entités des Nations Unies (l’ONUDI et l’UNITAR),  de former et d’encadrer le personnel local nécessaire pour traiter tous les types de déchets (appareils électriques et électroniques, pneus usagés et véhicules arrivés en fin de vie).

Ce qui permettra par ricochet la création de nouveaux emplois, mais également la création d’un nouveau secteur générateur de recettes et d’une base solide permettant d’accroître la sensibilisation aux comportements écologiques et au recyclage. « Le tout, pour donner lieu à une croissance significative », explique le groupe.

Moise Yakan
Moïse YAKAN, Directeur Régional Afrique Centrale et de l’Ouest du Programme SGS Renovo®

Moïse YAKAN, le Directeur Régional Afrique Centrale et de l’Ouest du Programme SGS Renovo®, expliquait l’an dernier sur Digital Business Africa que ce programme permet aux gouvernements africains de lutter contre le problème des déchets d’équipements électriques et électroniques (D3E) sans avoir besoin d’investir de fonds propres. Parlant par exemple de l’exemple ghanéen, il expliquait que : « SGS collecte au nom du Gouvernement l’éco-redevance qui va être utilisée pour financer l’infrastructure de recyclage. Le fait que Renovo® soit une solution auto-financée est très intéressant pour le Gouvernement, car il est vrai que de nombreux pays d’Afrique sub-saharienne n’ont pas à disposition de budget suffisant pour lutter contre le problème des D3E.

Ceci est d’autant plus vrai que ces D3E qui devraient être recyclés en Europe ou en Asie sont en fait exportés vers des pays comme le Ghana, sans la source de financement du recyclage correspondante. Pour la population locale, un programme comme celui-ci doit permettre, à terme, grâce au recyclage, de réduire la pollution environnementale et les risques sanitaires liés à ces déchets ». Une solution que les pays africains gagneraient donc à explorer pour faire face à ce fléau d’exportation illégale des D3E en Afrique.

Par Digital Business Africa

Lire aussi : 2,9 millions de tonnes de déchets électroniques générés en Afrique en 2019 : l’urgence d’agir maintenant !

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