Comme en Inde, Airtel veut étendre sa suprématie en Afrique

Dans son ambition de devenir la marque la plus appréciée du monde, le géant indien mise aussi sur l’Afrique qui lui offre déjà 63,5 millions de clients dans 17 pays et où le marché des données est florissant et en pleine croissance. Acquisitions et partenariats sont au programme.

Aujourd’hui chez Airtel, l’on croit dur comme fer que dès 2015, le fleuron de l’Inde dans l’univers de la téléphonie mobile sera la marque la plus appréciée du monde.

Fort de ses 289 millions d’abonnés mobiles (au 29 janvier 2014) dont 200 millions en Inde, le groupe indien est présent dans 17 pays africains.

 

Il s’agit du Nigeria, du Burkina Faso, du Tchad, du Congo Brazza, de la République démocratique du Congo, du Gabon, de Madagascar, du Niger, du Ghana, du Kenya, du Malawi, des Seychelles, de la Sierra Leone, de la Tanzanie, de l’Ouganda, de la Zambie et du Rwanda. Airtel offre les services 3G dans quatorze pays et des services de m-Commerce (Airtel Money) dans toutes ses filiales africaines.

Des filiales où le groupe ne cesse d’innover au fil des années, avec des services variés. A la fin du dernier trimestre de l’année 2013 par exemple, le groupe a consacré des investissements de près de quatre millions de dollars américains à sa branche spécialisée dans le paiement mobile, Airtel M-Commerce Services Limited. Par ailleurs, le groupe vient de renouveler son contrat avec l’américain IBM pour offrir des services avant-gardistes à ses clients et pour construire une plateforme de services informatiques de classe mondiale. Quelques jours plus tôt, le 31 mars 2014, un autre contrat était signé avec Thuraya pour offrir les appels via le satellite. L’objectif étant, selon Christian de Faria, le PDG d’Airtel Afrique, de permettre aux populations des zones où il n’y a pas d’infrastructures de télécommunications de communiquer aisément via les appels téléphoniques et l’accès à l’internet. « Offrir une connexion solide dans de nombreuses régions isolées de l’Afrique peut présenter un défi. Ce partenariat nous permet d’étendre notre couverture et nos services pour les entreprises et les consommateurs en général qui vivent ou travaillent dans des régions très isolées », justifie Christian de Faria.

Le groupe continue toujours à prospecter les marchés porteurs en Afrique, tout comme il n’hésite pas à racheter ses potentiels concurrents dans certains marchés, comme ce fut le cas au Congo Brazzaville en novembre 2013. Airtel avait alors conclu un accord définitif pour acquérir totalement Warid Congo. Une acquisition qui a fait du groupe indien le premier opérateur mobile du pays avec 2,6 millions d’abonnés dans le pays. Il y a près d’un an déjà, optimiste, Sunil Bharti Mittal, le milliardaire et président de Bharti Airtel indiquait qu’« en Afrique, avec son pic d’investissements organiques, nous sommes optimistes quant au potentiel d’amélioration des parts de marché et des expansions de marge. Enfin, sur le front de données, nous assistons actuellement à une croissance cohérente, après chaque trimestre, dans toutes les zones géographiques ».

Des opportunités de croissance, Airtel en voit dans plusieurs pays africains. Au Gabon par exemple, Airtel a reçu l’autorisation de déployer la 3G dans l’ensemble du pays. Le groupe indien attend également avec impatience le lancement de la 4G en République démocratique du Congo. Ici, le ministre en charge des Télécommunications, Tryphon Kin Kiey Mulumba, a déjà engagé les consultations avec les principaux opérateurs du pays. Et le groupe indien entend rester leader dans le pays en acquérant la 4G. Au Nigeria, avec 26 millions d’abonnés, Airtel vient de ravir la place de second plus grand opérateur mobile à Glo (24 millions), le premier étant MTN Nigeria avec 57 millions d’abonnés. « Le Nigeria continue d’être un marché des télécommunications très compétitif et notre intention est de nous assurer que nous continuerons à innover et à rendre la vie plus facile pour nos clients », a commenté Christian de Faria.

Des chiffres qui parlent

Au 31 décembre 2013, Airtel disposait en Afrique d’une base de clientèle de 68,3 millions. Soit un ajout de 1,9 million de nouveaux abonnés au dernier trimestre de l’année 2013. Ces chiffres sont issus des résultats trimestriels du groupe au 31 décembre 2013. Le nombre de minutes passées sur le réseau Airtel au cours du dernier trimestre 2013 était de 28,3 milliards contre 26,2 milliards au cours de la même période en 2012, soit une croissance de 8%. En Afrique, l’ARPU voix (Average Revenu Per User ou revenu moyen par client) au cours de ce dernier trimestre 2013 était de 4,7 $. Aujourd’hui avec One Airtel, l’Indien permet à chaque abonné d’appeler les autres abonnés Airtel des différents pays au même prix. Un avantage considérable pour ceux qui voyagent régulièrement face aux coûts de roaming exorbitants. Avantage qui, probablement, a augmenté la côte d’amour des abonnés au réseau indien.

Côté Internet, les clients des données au cours du trimestre ont augmenté de 39,2% à 19,6 millions, comparé aux 14,1 millions de clients dont l’entreprise disposait il y a un an à la même période. Les clients des données représentent à présent 28,7% du nombre total de clients du groupe. Et plus intéressant, l’ARPU data a bien progressé. Le trafic de données a ainsi enregistré une forte croissance de 119,7% avec 5,4 Mds de Mo. L’utilisation de données par client au cours du trimestre a été de 98,6 Mo par rapport à 58,3 Mo au cours du trimestre correspondant l’an dernier, soit une augmentation de 69%. En clair, l’ARPU données a augmenté de 39,1 % en glissement annuel à 1,6 $, comparativement à 1,1 $ pour la même période l’an dernier.

En ce qui concerne le service de paiement mobile Airtel Money, le nombre d’abonnés au 31 décembre 2013 est de 2,73 millions de clients en Afrique. Une augmentation de 50,9% par rapport aux chiffres de l’année précédente. Le nombre total des transactions au cours du trimestre a été de 73,3 millions pour un montant total de 1,7 milliard de dollars (+97,5 par rapport au deuxième trimestre 2013). « L’augmentation du nombre de clients et des montants des transactions reflète une large et une grande acception d’Airtel Money comme support fiable pour la réalisation des transactions en toute sécurité et sans tracas, en particulier dans les zones géographiques qui sont relativement sous-bancarisées », commente le groupe indien.

Pour les opérations africaines, les dépenses en immobilisations (Capex) au cours du trimestre étaient de 140 millions de dollars et les flux de trésorerie se sont élevés à 160 millions de dollars, contre 140 millions de dollars au trimestre correspondant l’an dernier. Soit une augmentation de 14,2% en glissement annuel.

L’entrée en Afrique

C’est en février 2010 que le groupe indien (détenu à 45,70% par Bharti Telecom Ltd et à 32,25% par Singapore Telecommunications – Sing Tel) est parti à la conquête de l’Afrique en acquérant les actifs du Koweïtien Zain (42 millions d’abonnés au moment de son rachat) pour environ 10,7 milliards de dollars, soit environ 8 milliards d’euros. Ceci après avoir échoué un an plus tôt dans les négociations en vue de l’acquisition du groupe sud-africain MTN. Cette transaction lui permettait d’entrer directement dans quinze pays africains.

Il établit ses quartiers généraux à Nairobi au Kenya. Son objectif : toucher les populations africaines qui vivent dans les zones rurales peu desservies. C’est ce que Tiémoko Coulibaly, ancien PDG d’Airtel en Afrique francophone, expliquait il y a quelques années au magazine Réseau Télécom Network. « Nous voulons contribuer à bâtir une infrastructure télécom en Afrique francophone, et faire en sorte que les clients puissent bénéficier d’un accès le plus économiquement avantageux à la téléphonie et à l’internet mobile. Nous consolidons nos acquis sur les marchés où nous sommes déjà présents, et nous prévoyons également d’accélérer le développement du mobile au plan continental. Dans ce cadre, nous avons noué un partenariat avec IBM pour le déploiement et la gestion des technologies de l’information (TI). Ceci nous permet d’apporter des innovations de taille sur le marché africain, comme par exemple la technologie d’accès au web par la voix, laquelle permet aux utilisateurs de partager des informations à travers le réseau téléphonique existant », expliquait-il.

« L’Afrique, poursuivait-il, représente pour Bharti un réservoir de croissance important. Le segment de croissance le plus intéressant ici étant l’internet mobile (…), nous aimerions démocratiser – ou plutôt généraliser – l’accès aux données et à l’internet sur le continent. Il existe un véritable engouement pour le haut débit mobile, qui continue de croître à un rythme exponentiel. »

Ce réservoir de croissance est donc encore plein et le groupe indien va à coup sûr davantage y plonger pour puiser les fruits de sa croissance. L’offre de la téléphonie mobile via le satellite – qui va sans doute recruter de nouveaux abonnés dans les zones défavorisées –, la course à la 4G pour des services novateurs et la percée d’Airtel Money, son service paiement mobile, en sont quelques indicateurs.

 

 

En bref…

Airtel en Afrique :

Chiffre d’affaires 2013 : 3,3 milliards de dollars

Cash flow opérationnel : 426 millions de dollars

ARPU (voix) : 4,7 dollars (au dernier trimestre 2013)

Capex 2013 : 459 millions de dollars

Bénéfice net : 885 millions de dollars

Nationalité : indienne

Effectif : 15 563 employés dans le monde

Nombre de clients : 68,3 millions d’abonnés mobiles en Afrique (289 millions dans le monde)

Investissements en 2013 : 14,2 millions de dollars

 

Par Beaugas-Orain Djoyum, pour le magazine Réseau Télécom No 70  (avec agence Ecofin)

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