Lambert Sonna Momo : « Les données d’une entreprise comptent parmi les actifs les plus importants »


Directeur général de IT Services, u
ne société informatique spécialisée en sécurité informatique basée en Suisse, Lambert Sonna Momo présente quelques avantages et dangers du Big Data.

On entend beaucoup parler de Big Data. De quoi s’agit-il ?

Lambert Sonna Momo : Big Data est une expression anglophone à la mode utilisée pour désigner un ensemble de données qui deviennent volumineuses, posant un sérieux problème quant à leur traitement avec les outils classiques tels que les bases de données.

C’est donc un ensemble de technologies et de méthodes consistant à analyser, à des fins très souvent prédictives, le flot de données produites par les entreprises, les organisations et les individus, mais aussi les objets, s’ils sont connectés, dans des volumes et à une vitesse sans précédent.

 

Traitement de la masse des informations et de données disponibles sur la toile à propos d’un produit afin de lui apporter une valeur marchande. Telle semble être aussi une définition du Big Data. Mais, on a l’impression que ce travail se faisait déjà par le passé en informatique. Que vient apporter le Big Data ?

LSM : Le traitement des informations liées à un produit existe depuis belle lurette. Ce traitement est fait dans un but précis, qui englobe un certain nombre d’objectifs. Ceci dit, lorsqu’on traite ces informations, on mène des actions concrètes pour l’atteinte de ces objectifs. Si le but est d’apporter une valeur marchande au produit, les actions menées ne seront pas les mêmes si le but était autre. Comme vous le dites, ce travail se faisait avant, mais de quelle manière ? Quelles étaient les tâches qui intervenaient dans le processus de traitement ? Les technologies classiques sont bien adaptées aux tâches structurées et répétitives contrairement aux nouvelles technologies telles que les Big Data, qui sont tournées vers la vitesse et la flexibilité et donc idéales pour l’exploration, la reconnaissance de données et l’analyse des données non structurées qui proviennent de nos jours de plus en plus de sources disparates.

Certains experts pensent que ce sont les opérateurs de téléphonie mobile qui sont les plus intéressés par le Big Data. Qui sont, d’après vous, les premiers clients des Big Data ?

LSM : De nos jours les opérateurs de téléphonie mobile sont très concernés par les Big Data, dans la mesure où analyser par exemple 500 millions d’enregistrements détaillés d’appels quotidiens n’est pas une tâche aisée. Mais, à côté, on découvre la montée en puissance d’autres secteurs qui pourraient selon moi aussi être placés presque au même niveau que les opérateurs de téléphonie : la grande distribution, du fait de grandes bases de clients et d’historiques d’achats, la santé (pharmacie et assurance santé), pour l’analyse de la performance des médicaments et enfin la banque-assurance, pour mieux cibler les produits financiers et surtout l’analyse du risque. Dans la même lancée, les réseaux sociaux comptent aussi parmi les plus concernés.

Pour être concret, donnez-nous un exemple de l’utilisation du Big Data dans une entreprise de télécoms pour révolutionner les pratiques…

LSM : Dans les télécoms, il y a plusieurs cas d’utilisation des Big Data pour révolutionner les pratiques. Pour être plus précis, prenons le cas d’un opérateur qui a une clientèle volatile dans l’utilisation des cartes téléphoniques prépayées. L’opérateur aimerait par exemple détecter l’épuisement du crédit des cartes téléphoniques prépayées en fonction des modes de consommation (durée et fréquence des appels, nombre de SMS par jour). Cette opération est possible grâce à l’utilisation d’un Big Data. Un tel procédé pourra lui permettre de réduire les coûts des opérations marketing et d’améliorer la pertinence de ses offres promotionnelles.

Certains experts expliquent que les dangers du Big Data peuvent être catastrophiques pour les entreprises, quand on n’utilise pas convenablement les données. Quels sont les dangers du Big Data?

LSM : Les dangers du Big Data sont bien présents. Si je reste dans le contexte des données dont il est question présentement, je dirai que les données sont traitées dans le but de prendre des décisions aujourd’hui qui auront un impact considérable dans le futur. Donc, toute mauvaise interprétation conduira à une mauvaise décision sur la stratégie de l’entreprise. Un autre aspect souvent négligé est la qualité de la donnée. Avec le grand nombre de données traitées, on a souvent tendance à tolérer un compromis qualitatif des données, pourtant ceci peut avoir un impact sur les résultats futurs.

Avec la multitude des données générées quotidiennement, ne s’achemine-t-on pas vers la création de nouveaux profils au sein des entreprises comme les Chief Data Officer, des Data scientists ou encore les Big Data Specialists ?

LSM : Effectivement, il va de soi que les entreprises qui génèrent des tonnes d’informations doivent s’entourer des spécialistes pour l’analyse et le traitement de ces informations, d’où l’arrivée de ces nouveaux profils.

Quelle différence faites-vous entre un statisticien et un Data scientist par exemple ?

LSM : Le métier de statisticien a toujours existé depuis belle lurette, il collectionne des informations, les traite, analyse des données qu’il traduit en tableau, en graphique, en courbes, en histogrammes et en camemberts. Très souvent, il ne regarde que les données issues d’une seule source (CRM par exemple). Le métier de Data scientist existe seulement depuis quelques années, inventé en 2008 dans la Silicon Valley par deux analystes employés par Linkedln et Facebook. La mission du Data scientist est de récupérer des millions d’informations disponibles grâce à Internet sur les consommateurs et essayer d’en tirer une stratégie pour son entreprise. Contrairement au statisticien, le Data scientist va explorer et examiner des données de multiples sources hétérogènes.

Pour leurs solutions Big Data, les entreprises doivent-elles avoir des experts au sein de leur entreprise ou externaliser ces services ?

LSM : Dépendamment des secteurs d’activités, les données d’une entreprise comptent parmi les actifs les plus importants, elles doivent être traitées avec la plus grande confidentialité. Avoir des experts au sein de l’entreprise, pour les traiter, reste pour moi la solution la moins risquée en termes de sécurité des données. On peut certes penser à externaliser ce service, mais cela doit se faire sous des conditions assez strictes que je ne vais pas détailler ici.

Lambert Sonna Momo

D’origine camerounaise, Lambert Sonna Momo est un expert international en sécurité informatique. Directeur général d’ITS Consulting, une société de développement des produits de sécurité informatique basée à Veveyen Suisse, il détient un diplôme d’ingénieur de l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) et un doctorat de l’Université de Lausanne en sécurité informatique. Il dispense également des cours à l’Université de Genève, en Suisse, dans le cadre du programme INFOSEC du master en Sécurité des systèmes d’informations.

Propos recueillis par B-O.D.

Source : Réseau Télécom No 64 – Agence Ecofin

A lire aussi :

Jean Bardet d’Orange : « On a énormément combattu MTN Cameroon »

Elisabeth Medou Badang nommée Dg d’Orange Cameroun

LAISSER UNE RÉPONSE

SVP, entrez votre commentaire!
Veuillez saisir votre nom ici

spot_img

Plus d'infos

Satellite : comment Intelsat et Africa Mobile Networks étendent...

- Le second fournisseur de services de télécommunications par satellites au monde Intelsat, basé aux États-Unis,...

Identification des abonnés au Cameroun : les risques du décret...

(TIC Mag) - L’opération d’identification des abonnés mobiles au Cameroun a pris fin le 30 juin 2016....

L’ANINF célèbre ses cinq années d’actions au service du...

(TIC Mag) - L’Agence nationale des infrastructures numériques et des fréquences (ANINF) célèbre cette année 2016 ses...

Sur votre mobile

Si vous avez aimé ce texte, vous aimerez bien bien d'autres. rejoignez notre canal Telegram et notre chaîne WhatsApp pour ne rien manquer de nos infos stratégiques et de nos exclusivités.

Chaine WhatsApp de Digital Business Africa