Cameroun: comment, grâce à Internet, des startups ont eu accès aux financements

Plus de 100 millions de F.Cfa, voilà une estimation des revenus tirés du Crowdfunding (un système de financement participatif sur Internet) par des jeunes camerounais promoteurs de projets sur le web ou sur les TIC. Une estimation prise dans un intervalle de cinq ans, soit entre 2009 et 2014.

Parmi les cinq projets ayant bénéficié de ces financements, on note le projet Kiro’o Games, de Olivier Madiba. La firme camerounaise qui travaille actuellement sur la production du jeu vidéo « Aurion l’héritage des Kori-Odan » a réussi à lever plus de 70 millions de F.Cfa sur Internet, grâce à un appel de fonds (Crowdfunding) sur le web. « Nous sommes à plus de 70 millions de levée, ce qui correspond à 200 parts de vendues sur les 300. Nous devons vendre les 100 dernières à 400 000 F.Cfa, et l’idée c’est d’essayer de clôturer en janvier ou février, car la  sortie du jeu est prévue d’ici Avril-Mars 2015 », avait-il expliqué dans une interview accordée à TIC Mag en marge du Dots Lab, une rencontre d’échanges et de formations sur les nouveaux médias, les TIC et l’innovation tenue à Yaoundé en décembre 2014 dernier.

Revenant sur le succès de son projet sur Internet, Guillaume Olivier Madiba avait ajouté « C’est l’ambition de notre équipe, et la qualité. Le jeu a une vraie âme que les joueurs internationaux ressentent, que la communauté des fans a ressenti. Vous savez, Kiro’o vient d’une expression qui veut dire vision spirituelle. On y a cru, et l’équipe a réussi à retranscrire ce que j’avais dans mon esprit, d’ailleurs, elle l’a même surpassé parfois. Ça a fait que le public adore cette qualité, cette ambition, cette success story qui est en train de naître ».

Joëlle Ebongue, une autre camerounaise, scénariste et auteure de la bande dessinée dénommée « La vie d’Ebène Duta », a réussi, toujours via le Crowdfunding, à collecter plus de 10 millions de F.Cfa. Ce qui a permis d’imprimer cette bande dessinée actuellement distribuée à travers le monde entier.

Le 02 octobre 2014 dernier, Arthur Zang, inventeur du CardioPad (première tablette médicale made in Cameroun) a lancé la seconde phase de son projet « Saving Africa from heart Diseases with CardioPad ». Objectif, solliciter le crowdfunding pour lever 10 000 dollars (environ 5,2 millions de FCFA). Ce financement, avait-il expliqué, « permettrait d’équiper cinq hôpitaux de villages camerounais avec son appareil portable pour faire des examens cardiaques ».

Mais s’inscrire sur le site Internet www.indiegogo.com pour obtenir les financements n’était pas suffisant. Pour encourager les donateurs, l’inventeur du CardioPad avait par exemple promis des récompenses aux potentiels donateurs, en fonction des cinq échelles de dons : « Helpers (35 USD), Angel Contributor (200 USD), Angel big contributor (400 USD), Hospital Heros (500 USD), et The Changers (1200 USD) », avait-on pu lire sur Indiegogo, le 06 octobre 2014.

La réussite d’autres projets, comme le porte-monnaie numérique « Pursar » du camerounais Otto Isong ou encore le webzine Afropolitain du camerounais « FlashizBlack », sont à mettre à l’actif du Crowdfunding. Ce qui met au Cameroun, au troisième rang des pays à succès dans le Crowdfunding en Afrique (après l’Afrique du Sud et le Kenya), selon un classement réalisé par la blogueuse camerounaise Dorothée Danedjo.

Kickstarter, Indiegogo, KisskissBankBank, Ulule, Jumpstart, en cinq ans, ces plateformes se sont imposées comme les principaux moyen d’accès au financement pour les Start Ups camerounaises, ou les autres jeunes entrepreneurs africains porteurs de projets, dans le domaine des TIC, dans la culture, ou dans tout autre domaine.

Pour avoir leur part du gâteau, des plateformes africaines se sont lancées dans ce marché des plateformes de Crowdfunding. Elles s’appellent Thundafund, VC4Africa, FundaGeek, TechMoola, MChanga, Zoomaal, pour ne citer que celles-là.

Rencontré en décembre dernier à Yaoundé, Alain Nteff, fondateur de Gifted Mom, une plateforme d’aide à l’accouchement sans risque, destinée aux femmes enceintes vivant dans les régions enclavées, saluait l’apport du Crowdfunding dans le financement des startups camerounaises.

Pour lui, les jeunes camerounais voulant lancer des projets innovants n’avaient pas d’autre choix que de s’y lancer, surtout « dans un pays où on observait une certaine frilosité des banques à financer ce genre de projets », avait conclu le lauréat du Prix Anzisha 2014 (12,9 millions de FCFA).

Si le Crowdfunding intéresse de plus en plus les camerounais, certains bénéficiaires de ce système de financement mettent en garde sur certains détails susceptibles de faire capoter le projet. Au cours d’une discussion avec Joëlle Ebongue en décembre 2014 dernier, elle expliquait à TIC Mag qu’en matière de Crowdfunding, il est nécessaire de bien monter son projet, d’avoir un business plan bien déterminé et avoir un projet de budget.

Car « même si les dons sont accessible via Internet, il ne suffit pas d’aller sur l’une des plateformes de crowdfunding pour en bénéficier », avait-elle précisé en marge du Dots Lab.


Sur son site web http://www.dorotheedanedjo.com/, Dorothée Danedjo Fouba, Techwoman 2014, web journaliste et blogueuse, a publié un article où elle explique ce qu’est le Crowdfunding, comment cela marche et quelle plus-value cela peut apporter à l’Afrique. Objectif, inciter les innovateurs en panne de financement à s’y lancer, mais aussi et surtout, les mettre à l’abri d’éventuelles mésaventures.

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