Le jeune ingénieur Hervé Djia a conçu le NoBakChic qui permet aux usagers de connaître exactement les procédures administratives pour ne plus avoir à payer des pots-de-vin.
Au Cameroun, c’est quasiment une règle générale. Pour se faire établir une carte nationale d’identité ou un passeport, il faut graisser la patte. Pour suivre un dossier dans une administration (généralement publique), il faut «tchoko». Et quand bien même vous devez rentrer en possession de ce qui vous revient de droit, il faut «avoir quelqu’un». La situation est telle que depuis de longues années, le Cameroun est classé par Transparency international comme l’un des plus corrompus au monde. Au sein de la société, les cerveaux semblent avoir été formatés par cette «réalité camerounaise». A tel point que ce sont parfois les usagers eux-mêmes qui font la suggestion du pot-de-vin, les fonctionnaires attendant tranquillement une «gratification» pour services rendus.
Un jeune homme camerounais vient de mettre sur pied un logiciel pour participer à la lutte contre ce fléau dans le pays. Hervé Djia a conçu et développé le «NoBakChic», entendez «pas de pot-de-vin». Selon ses explications, c’est une application qui vise à rendre accessible au plus grand public les procédures administratives. Le principe est simple. «Avec un téléphone portable ou un ordinateur, il vous sera possible de consulter les fiches de procédures qui vous intéressent pour éviter de vous faire avoir», explique ce jeune ingénieur informaticien de 24 ans. Les fiches à consulter contiennent des informations comme le nom de la procédure, le coût, les étapes à suivre, le temps de traitement estimé, les lieux où se rendre, les pièces à joindre, et même les contacts utiles. Par ailleurs, le NoBakChic est interactif. Chaque fiche donne en effet la possibilité à un usager de signaler un incident. «S’il a dû verser un pot-de-vin, si la procédure a pris plus de temps que prévu ou si le dossier a été mal traité,.. .en un clic, il peut le signaler et avertir ainsi les autres utilisateurs de l’application», révèle Hervé Djia.
Opacité des procédures administratives
L’idée d’un logiciel qui permet de lutter contre la corruption dans les services de l’Etat vient d’un constat: l’opacité des procédures dans les administrations publiques et parapubliques. «Il était donc nécessaire de les ouvrir afin que tout le monde puisse savoir à quoi s’en tenir une fois qu’il est dans les services de l’Etat», soutient-il. Si pour l’instant l’application n’est qu’en phase de test, le jeune ingénieur rassure que c’est parce que pour l’instant, il n’y a pas encore assez de fiches. Il faudra par exemple avoir accès à certains documents comme le manuel de procédures édité par le ministère des Finances sur le traitement du fichier solde.
Dans tous les cas, Hervé Djia est convaincu que le NoBakChic est un outil de plus dans la lutte contre la corruption dans la mesure où il participe à la désacralisation des procédures dans l’administration camerounaise. «Il ne sera plus nécessaire d’être quelqu’un de «l’intérieur» pour savoir comment faire pour être servi dans nos administrations. De plus, l’application mettra à jour ces procédures afin de coller à la réalité», argue-t-il. C’est donc une lutte contre la mauvaise information ou encore le manque d’informations; des réalités qui sont souvent à l’origine des faits d’arnaque et d’actes de corruption au Cameroun. «Il n’est plus question aujourd’hui de nous faire arnaquer par ignorance», lance le jeune homme. En tout cas, le NoBakChic sera disponible sur Internet, par Sms et sur différents
Sources : Cameroun24.net
