L’opérateur de téléphonie mobile sud-africain a mis sur le marché un concept qui lui a été proposé sans un accord préalable de l’inventeur. Il refuse désormais la paternité de l’invention au géniteur.
L’affaire qui enrichira la chronique judiciaire camerounaise dans les tous prochains jours mêle escroquerie et plagiat. A la barre, la multinationale sud-africaine, Mobile téléphone networks Ltd (Mtn), l’un des opérateurs de la téléphonie mobile au Cameroun, devrait répondre des faits qui lui sont reprochés par M. King Passi, nom d’artiste de ce créateur de concepts dont la notoriété va au-delà des frontières du Cameroun. Il est à souligner avant toute chose que dans le souci constant de l’Anecdote de respecter la déontologie qui anime la profession de journalisme et celui de servir à nos nombreux lecteurs une information toujours crédible, votre journal a adressé un protocole d’interview à Mtn-Cameroun depuis plusieurs jours qui est malheureusement resté lettre morte, dans le cadre de cet imbroglio qui implique l’opérateur économique.
Tout commence le 11 janvier 2012, jour où sieur King Passi dépose un courrier objecté «Proposition d’un concept commercial appelé Help me», à Mtn-Cameroun, du côté de Douala. Une correspondance adressée au responsable Marketing de Mtn-Cameroun. Le créatif accompagne sa correspondance d’un guide détaillant son idée, intitulé «il était une fois la méthode Help me». Il est également à souligner qu’avant de se tourner vers cet acteur de la téléphonie mobile au Cameroun, quelques mois auparavant, précisément en novembre 2011, King Passi avait proposé le même concept à Orange, le concurrent de Mtn. Avant de se voir répondre en date du 30 novembre 2011 par Orange-Cameroun que «nous avons pu comprendre que la méthode Help me est un concept qui mettrait à la disposition des consommateurs du secteur de la téléphonie mobile une option d’emprunt de crédit de télécommunication. Cependant, au sein du groupe Orange, ce concept a déjà été pensé. Il est opérationnel dans d’autres filiales». Dans cette correspondance de Mamadou Mbengue, directeur marketing d’Orange-Cameroun, on comprendra bien que le cadre de la multinationale française dit à mots ouverts que le concept n’existe pas au Cameroun.
«Mtn prolongations»
A signaler que dans sa démarche vers Mtn-Cameroun, M. King Passi n’oubliera pas de faire part de son concept à son neveu Melvin Akam qui se trouve être le Directeur de la communication de la filiale de Mtn au Cameroun. En Afrique, ne dit-on pas que les liens de famille sont sacrés? Après le dépôt de sa proposition, l’inventeur du concept attendra en vain une réaction qui pouvait être le rejet de sa proposition comme Orange Cameroun l’a fait ou l’acceptation, comme cela est d’usage dans ce secteur. A sa grande surprise, c’est un autre membre de la famille, au courant de sa proposition de concept à Mtn-Cameroun qui lui téléphonera le 20 janvier 2012 en martelant: «mais King, tu ne m’as pas dit que ton business a fonctionné avec Mtn! Je vois là à Canal2 qu’ils sont entrain de présenter ton concept…» «Quoi?» Rétorque King Passi à son interlocuteur. Le temps de procéder au zapping, la tranche d’antenne achetée par Mtn à Canal2 est arrivée à terme. Il faut attendre la rediffusion de cette émission. Chose faite, King Passi constate médusé que c’est son concept qui a été mis sur le marché par Mobile téléphone networks, sans un accord préalable. Au lieu de «Help me» comme il a proposé, Mtn-Cameroun a rebaptisé le concept: «Mtn prolongations». Dans la forme comme dans le fond, l’idée est la sienne. Les expressions de Jean-Simon Ngann Yonn, directeur marketing et de distribution de Mtn Cameroun, dans les différents shows dans les médias, lors de présentation du nouveau produit de Mtn sont presque les mêmes que celles étalées dans le guide de King Passi. «Mtn prolongations est une sorte de découverte qui permettra aux abonnés de ce réseau de téléphoner même s’ils ne disposent plus de crédit», Affirme le responsable marketing Mtn. «C’est une méthode dans laquelle le client adhère de son choix, lui permettant de formuler sa demande d’obtenir instantanément un (prêt) d’unités ou encore «un découvert de crédit téléphonique «un peu comme une banque» peut-on lire dans le document détaillant le concept de King Passi… Courroucé de cette manière d’opérer de Mtn, King Passi va d’abord entreprendre de téléphoner à son neveu le Dircom de Mtn-Cameroun. Mais Melvin Akam ne prend plus son oncle au téléphone. Les appels en absence se succèdent, toujours sans aucun signe de vie de Mtn. Le créateur du concept optera de faire des Sms à son «fils». Toujours pas de réponse.
Une autre société.
King Passi va donc se rendre dans les locaux de Mtn-Cameroun de Douala, afin de voir clair au sujet de sa proposition de concept. A bâtons rompus, parfois avec des éclats de voix jamais ordinairement observés, l’oncle et le neveu vont s’échanger. Ce dernier reconnaîtra avoir vu les appels en absence et les textos. Avant de lâcher à King Passi «oncle, ce n’est pas ton concept que nous avons lancé, l’autre, «nous avons eu ce concept trois jours, avant le tien d’une autre société…». «Comment expliquez-vous les similitudes criardes avec mon concept?» rétorque celui qui se considère désormais comme escroqué et plagié. «Tu ne crois pas quand même que tu es le seul à avoir cette idée… Et puis toi et moi, nous avons les mêmes gênes. Donc forcément on peut penser de la même manière…», rebondit le directeur de la Communication. Entre temps, tout est mis en œuvre afin que le géniteur de «Help me» ne rencontre pas le directeur marketing. Après cette rencontre musclée, des consignes particulières seront données au service de sécurité de ne plus prochainement laisser entrer M. King Passi.
Un autre hic.
L’inventeur de ce concept voudrait savoir pourquoi le directeur marketing de Mtn n’a jamais répondu à sa correspondance. Son neveu de lui confier: «ordinairement, les courriers mettent souvent plus de 3 mois pour parvenir aux responsables»… Pour une entreprise comme Mtn-Cameroun, la communication a de quoi donner des tournis. S’il ne s’agit pas d’une contre campagne de ce cadre, pourtant censé vendre sa structure positivement… mais, cette réaction du Dircom n’empêchera pas, dans sa volonté d’entrer dans ses droits, King Passi d’engager d’autres procédures. Puisque King Passi a adressé une correspondance restée aussi sans suite au Directeur général de Mtn-Cameroun. Pour faire état au cas où le responsable en chef de Mtn au Cameroun ne serait pas au fait de la situation. Des sources à l’intérieur de la maison Mtn-Cameroun, le concept Mtn prolongations, idée dont King Passi revendique la paternité, qui est actuellement le produit phare de l’opérateur, au regard de l’engouement et des entrées financières aurait déjà rapporté au moins 100 milliards de FCFA à Mtn-Cameroun. Si tant est que plus de 3 millions d’abonnés sont actuellement éligibles à ce nouveau service, lancé le 20 janvier dernier.
Des mêmes confidences, le cas d’escroquerie et de plagiat que vivrait actuellement King Passi est loin d’être unique. Cette situation de vol de concepts s’étant désormais érigée en règle dans la maison. On connaissait à Mtn-Cameroun des stratégies, allant jusqu’aux offres de pots-de vin se chiffrant à des dizaines de millions de FCFA au ministre des Postes et télécommunication, Jean Pierre Biyiti Bi Essam pour écarter les potentiels concurrents du marché de la téléphonie mobile au Cameroun et maintenir aussi élevé le coût de l’appel téléphonique. Mais, on ne connaissait pas cet opérateur économique maître dans l’escroquerie et le plagiat. Pour ce cas précis, King Passi a décidé d’ester la multinationale sud-africaine en justice dans les tous prochains jours. Nous reviendrons densément sur d’autres cas identiques à celui de King Passi.
Source : L’Anecdote
