Minette Libom Li Likeng : « Pour un acteur public, la présence sur les réseaux sociaux constitue désormais une opportunité »

[Digital Business Africa] – Les étudiants de l’Ecole supérieure des sciences et techniques de l’information et de la Communication (ESSTIC) et notamment ceux de la filière Communication des Organisations, réunis au sein de l’association L’ELITE, ont organisé une conférence pour questionner les enjeux de la communication gouvernementale du Cameroun à l’ère des réseaux sociaux. C’était ce 29 mai 2019 à Yaoundé au Campus Hervé Bourges de cette école à Ngoa-Ekelé.

Et pour cela, quatre ministres ont favorablement répondu à l’invitation des jeunes étudiants. Le ministre du Travail et de la Sécurité sociale, Grégoire Owona ; le ministre de l’Emploi et de la Formation professionnelle, Issa Tchiroma Bakary ; la ministre des Postes et Télécommunications, Minette Libom Li Likeng et le représentant du ministre de la Communication René Emmanuel Sadi en la personne du Pr Mabou Mabou

Digital Business Africa vous propose l’exposé de la ministre Minette Libom Li Likeng :

  • “Monsieur le Ministre de la Communication ;
  • Monsieur le Ministre du Travail et de la Sécurité Sociale ;
  • Monsieur le Ministre de l’Emploi et de la Formation Professionnelle ;
  • Monsieur le Recteur de l’Université de Yaoundé I ;
  • Excellences Messieurs les Ambassadeurs et Représentants du corps diplomatiques ;
  • Monsieur le Directeur de l’Ecole Supérieure des Sciences et Techniques de l’Information et de la Communication (ESSTIC) ;
  • Chère communauté éducative de l’ESSTIC ;
  • Chers étudiantes et étudiants de l’ESSTIC ;
  • Mesdames et Messieurs,

Je suis profondément honorée de prendre la parole ce jour, à l’Ecole Supérieure des Sciences et Techniques de l’Information et de la Communication, à l’occasion de la Conférence sur la communication gouvernementale a l’ère des réseaux sociaux.

En cette importante circonstance, je voudrais tout d’abord exprimer mes vifs remerciements à l’association L’ELITE du Département de la Communication des Organisations de cette école, pour l’invitation qui m’a été adressée, afin de participer comme panéliste à cette conférence.

Merci à tous les membres de L’ELITE pour cette initiative, en même temps que je leur adresse mes vives et sincères félicitations.

Merci également à M. le Directeur de l’ESSTIC, pour son accueil.

Merci enfin à Monsieur le Ministre de la Communication, qui a accepté que le Ministre des Postes et Télécommunications prenne la parole dans cette institution de référence, chargée de la formation des communicateurs au Cameroun.

La conférence de ce jour en effet, consacrée à la communication gouvernementale et aux réseaux sociaux, vise une utilisation réussie des réseaux sociaux dans la communication des Institutions Publiques.

Et de ce fait, celle-ci s’inscrit en droite ligne des Très Hautes Prescriptions du Chef de l’Etat, en vue du développement du secteur du numérique au Cameroun.

De manière précise, elle rentre dans le cadre de la mise en œuvre de la stratégie gouvernementale de développement de l’économie numérique dans son axe relatif à la gouvernance numérique.

La communication publique est une communication d’intérêt général émise par les administrations, les collectivités territoriales et les organismes publics. Elle constitue un service public à part entière, qui s’adresse à l’ensemble de la population : citoyens, habitants, contribuables, usagers des services publics.

Outil de la vie démocratique, la communication publique est par nature attentive aux logiques de participation et d’engagement. Et l’essor des réseaux sociaux, qui a démultiplié les possibilités de prise de parole, constitue un allié précieux et un moyen d’interaction privilégié.

Toutefois, il convient de le signaler, autant les réseaux sociaux constituent un vecteur important de diffusion et de circulation de l’information dans l’espace public, autant leur utilisation aux fins de désinformation et de distorsion de la réalité, est de nature à créer la psychose au sein de l’opinion publique et à rompre l’équilibre social.

Mon intervention portera donc sur la « Communication Publique, TIC  et réseaux sociaux au Cameroun : l’action du MINPOSTEL».

Il s’agit pour nous ici, d’adresser la problématique de la communication publique à travers les réseaux sociaux, en mettant en exergue les risques, dangers et défis qui se posent dans ce domaine, ainsi que les actions menées par le Gouvernement à travers le MINPOSTEL, pour un usage réussi des réseaux sociaux.

Et dans cette optique, notre propos sera articulé autour de quatre principales parties :  

  1. L’univers des TIC et des réseaux sociaux au Cameroun
  2. L’Administration publique camerounaise à l’ère du numérique
  3. L’utilisation des réseaux sociaux dans la communication publique
  4. La lutte contre la cybercriminalité : l’action du MINPOSTEL
  1. L’UNIVERS DES TIC ET DES RESEAUX SOCIAUX AU CAMEROUN
  1. Les enjeux du  numérique

La révolution numérique, marquée par la convergence entre l’informatique et les télécommunications a pleinement bouleversé les modèles économiques traditionnels des entreprises, le fonctionnement de nos sociétés, et nos modes de vie.

Son impact sur la richesse des nations est bien supérieur à celui qu’ont eu dans le passé les révolutions industrielles. Comme le fut l’électricité au 19ème siècle, le numérique a impulsé une révolution systémique qui va impacter tous les secteurs.

Selon les statistiques 2019 de l’Union Internationale des Télécommunications et la grande étude annuelle de Hootsuite et We Are Social sur l’usage du web et des réseaux sociaux, sur une population mondiale de 7,676 milliards d’humains, on dénombre :

  • 4,388 milliards d’internautes (57%)
  • 3,484 milliards d’utilisateurs des réseaux sociaux (45%) avec plus de six heures passées par jour sur Internet
  • 3,256 milliards d’utilisateurs des réseaux sociaux sur mobile (42%)

Parmi les plateformes les plus populaires, on retrouve la galaxie d’applications Facebook, YouTube et de nombreux réseaux asiatiques :

  • Facebook – 2,32 milliards (selon les chiffres parus ce matin)
  • YouTube – 1,90 milliard
  • WhatsApp – 1,5 milliard

De par son évolution exponentielle, le numérique est considéré aujourd’hui comme la révolution de l’information et de la communication la plus importante de l’histoire de l’humanité.

  1. Le cas du Cameroun

Au Cameroun, l’expansion des TIC et du numérique est impulsée par la Très Haute Vision du Chef de l’Etat pour le développement de l’économie numérique, au cours du septennat 2011-2018.

Dans le cadre des stratégies définies à cet effet, des projets ont été mis en œuvre dans le domaine des Télécommunications et TIC. A savoir notamment :

  • La construction des infrastructures de télécommunications et des TIC de qualité, appelées à supporter l’économie numérique ;
  • La promotion de l’accès aux réseaux et services modernes des télécommunications/TIC de qualité, et à moindre coût, à toutes les couches de la population, quelle que soit leur position géographique ;

Des avancées considérables ont été enregistrées au niveau de la couverture du territoire national tant par les réseaux téléphoniques que par l’accès à l’Internet. Par ailleurs, les coûts d’accès aux services ont baissé de manière significative. Cela a eu pour effet d’accroitre la pénétration du téléphone mobile et celle d’internet. D’où les statistiques suivantes :

  • 18.819.852 abonnés mobiles en 2016, soit un taux de pénétration de 83% (contre 44% en 2010)
  • L’accès à Internet est passé de 0,24% en 2011 à 35,43% environ en 2016.
  • L’indice de développement des TIC (IDI), selon la méthode de calcul de l’UIT : entre 2014 et 2017 est passé de 2,030 à 3,852.
  • 90% d’entreprises utilisent un ordinateur en 2016 (93% pour les Petites Entreprises (PE))
  • 76% d’entreprises disposent d’une connexion Internet en 2017 (73% pour les PE).

Ce développement rapide de notre infrastructure TIC associé à la diminution des coûts d’internet a accentué la pénétration des TIC dans notre société a eu pour conséquence l’usage accru des réseaux sociaux qui ont pris une place plus qu’importante dans le quotidien des camerounais.

D’après la même étude de Hootsuite, en début d’année 2019, sur les 25 millions d’habitants que compte le Cameroun, l’on dénombre :

  • un peu plus de 6 millions d’internautes, soit une pénétration de 25 %.
  • 3.6 millions (plus de 50% des internautes) d’utilisateurs actifs  des réseaux sociaux, soit une pénétration de 14% sur ce segment.
  • 3.4 millions d’utilisateurs actifs  sur le mobile, soit 14 % de pénétration sur ce segment.

Le plus intéressant c’est que les utilisateurs actifs des réseaux sociaux,  le sont sur les appareils mobiles. Cela montre à quel point le mobile est très présent au Cameroun et continue sa forte percée dans notre économie.

Et voici quelques chiffres sur l’utilisation des réseaux sociaux par les Camerounais :

  • FACEBOOK (Juillet 2018)
  • 3 400 000 abonnés
  • Hommes : 2 000 000 abonnés
  • Femmes : 1 400 000 abonnés
  • Entre 18 ans et 65 ans : 3 100 000 abonnés
  • Instagram (Octobre 2017)
  • 440.000 utilisateurs
  • environ 270.000 d’hommes
  • 170.000 de femmes
  • Douala : 190.000 inscrits
  • Yaoundé : 180.000 inscrits
  • 18-34 ans : 320.000 inscrits Via HCM
  • WhatsApp
  • Estimations 2.100.000
  • D’après une étude de HCM 78% des Camerounais interrogés déclarent l’ouvrir au réveil et 40 % le font au moins 30 fois par jour. 75,7 % préfèrent envoyer un message par WhatsApp plutôt que par SMS. Plus de la moitié (58 %) se connecte sur WhatsApp pour s’informer.
  • LinkedIn : 560 000 utilisateurs
  • Twitter : 77 600 utilisateurs
  1. L’ADMINISTRATION PUBLIQUE CAMEROUNAISE A L’ERE DU NUMERIQUE

Dans un contexte d’évolution des modes de gouvernance, le numérique s’impose comme un levier incontournable dans l’accompagnement et dans la définition de la relation entre les services publics et les citoyens.

  1. Etat des lieux et avancées  

Dans une interview qu’il a accordée le 21 octobre 2010 au journal panafricain « Les Afriques », le Président Paul BIYA disait : « Nous qualifions les TIC d’accélérateurs du développement. Car, très tôt, nous avons pris conscience de leur caractère révolutionnaire, en ce sens qu’elles permettent de démultiplier les performances dans tous les secteurs de l’activité humaine : éducation, communication, administration, agriculture, industrie, police, commerce, médecine, banques et autres services, etc. ».

Le Chef de l’Etat posait ainsi les jalons d’une option prise pour le développement de ce secteur clé de l’économie nationale.

Face à un environnement en perpétuel changement et une demande de plus en plus exigeante et diversifiée, l’Administration publique, s’est engagée à s’adapter et à simplifier ses processus pour réussir le projet de transformation par les TIC et faire émerger une administration électronique (service public en ligne).

Le Gouvernement s’est donc engagé, dans un processus d’administration électronique, avec des services délivrés en ligne. C’est dans ce cadre qu’à été crée le projet e-government, qui est un plan permettant à l’Etat du Cameroun d’introduire des innovations dans son administration. Nous pouvons citer comme exemple le projet SIGIPES (Système Intégré de Gestion du Personnel de l’Etat)

Avec le développement des infrastructures de télécommunications et le développement des services numériques, l’Administration camerounaise a, au fil des années amorcé la transition numérique, avec un niveau d’adoption des TIC qui progresse de jour en jour.

Nous citerons à titre d’exemple les secteurs ci-après :

  • Santé : initiative e-santé

04 Centres hospitaliers camerounais sont connectés à un réseau de télémédecine. Et le développement des applications telles que le cardiopad, GiftedMoon va permettre d’améliorer l’accès des populations aux services de santé.

  • Education : e-éducation

– 28 sur 33 sites des universités d’Etat sont connectés à Internet ;

–  50 lycées sont connectés à Internet.

  • Paiements des recettes fiscales et budgétaires
  • Déclaration fiscale en ligne.
    • Le système douanier informatisé SYDONIA.

D’autres avancées existent dans le domaine des paiements en ligne via le Mobile Money pour ce qui est des paiements des allocations de retraite, paiement des frais d’inscriptions et d’examens scolaire et bien d’autres prestations.  

S’engager dans un service public en ligne, aujourd’hui indispensable pour tous les acteurs étatiques, serait une amélioration, substantielle du rapport entre l’administration et les usagers. Et pour y arriver les administrations publiques aujourd’hui ont opté pour une stratégie et des actions de communication à mener sur le web, les médias sociaux, les terminaux mobiles et les objets connectés.

  1. Communication publique à l’ère du numérique  

Dans l’Instruction générale N° 002 du 1er octobre 2002 du Président de la République, relative à l’organisation du travail gouvernemental, le Chef de l’Etat rappelle aux membres du Gouvernement que la communication est une composante essentielle du travail gouvernemental. En effet, il ne suffit pas seulement de bien faire, encore faut-il le faire savoir. Les citoyens doivent être régulièrement informés pour mieux percevoir les motivations et les actes des pouvoirs publics.

Plus récemment, les chefs de départements ministériels ont été instruits dans un courrier du 5 avril 2016, du Secrétaire Général de la Présidence de la République, de mettre en œuvre une stratégie de communication publique plus offensive, afin de diffuser en temps réel auprès des médias y compris des réseaux sociaux, l’information appropriée sur l’action du Gouvernement.

Nous ne nous attarderons pas sur cette partie qui sera sans aucun doute abordée par le Ministre de la Communication.

  1. L’UTILISATION DES RESEAUX SOCIAUX DANS LA COMMUNICATION PUBLIQUE
  1. Les enjeux et défis

Pour un acteur public, la présence sur les réseaux sociaux constitue désormais une opportunité, de pouvoir communiquer directement avec les usagers et les citoyens, sans médiation, une opportunité de pouvoir ainsi fédérer une communauté tout en construisant une relation personnalisée.  

Si, dans les années 1990 et 2000, internet était souvent présenté comme une jungle, un espace de non-droit où les pouvoirs publics ne devaient pas s’aventurer, la généralisation et la normalisation des usages d’internet ont permis d’amorcer une pratique institutionnelle de l’outil.

Cameroun : Les étudiants de l’ESSTIC interrogent quatre ministres sur la communication gouvernementale à l’ère des réseaux sociaux
Yaoundé, le 29 mai 2019. Le Pr Laurent Charles Boyomo Assala et les ministres à l’ESSTIC.

« Désormais, c’est l’absence des acteurs publics sur le Web et sur les réseaux sociaux qui crée un doute, un sentiment d’opacité. »

Cette pratique institutionnelle d’internet comporte néanmoins un défi majeur : instaurer la relation tout en gardant la maîtrise du périmètre et des contenus de l’échange. Dans un climat de défiance généralisée, le décideur public est sur une ligne de crête. On n’est plus écouté et cru parce qu’on est doté d’une légitimité inconditionnelle, on est aussi écouté et cru parce qu’on est coopté par la communauté. Les formes de conversation et de participation liées aux réseaux sociaux permettent de construire cette nouvelle forme de légitimité.

  1. Le cas spécifique du Cameroun

Les réseaux sociaux sont devenus un puissant outil d’expression et de vulgarisation des idées auprès des populations Camerounaises. Les institutions du pays l’ont bien compris, il serait risqué pour elles de vouloir faire croître leur portée et de ne pas faire appel à l’aide que peut apporter les réseaux sociaux.

Donnant l’exemple, et en droite ligne de ses différentes prescriptions, le Chef de l’Etat camerounais en a fait un outil de sa communication personnelle.

Plusieurs membres du Gouvernement ont suivi le pas. Pour ce qui est du MINPOSTEL, les principaux canaux de communication utilisés sont :

  • Les réseaux sociaux (compte twitter, page FaceBook)
  • Les blogs
  • Le site web.

Que ce soit au niveau local, régional ou national, la communication publique à travers les réseaux sociaux est en plein essor au Cameroun, même s’il convient de reconnaitre que certaines administrations publiques restent à la traine.

Chaque évolution est toutefois porteuse d’opportunités mais aussi de risques, que ce soit pour les individus, les organisations publiques et privées ou l’Etat et la société.

Aujourd’hui, le citoyen détenteur d’un téléphone portable approprié, se retrouve très souvent au départ ou dans la chaine de dissémination d’une image ou d’une nouvelle. Peu importe que ces images ou ces nouvelles soient vraies ou fausses, elles sont propagées à une vitesse effrénée, et finissent par influencer l’opinion publique, à écorner l’image du pays.

Nous ne le dirons jamais assez. Autant les réseaux sociaux contribuent à l’essor de l’économie numérique si chère au Président de la République et au développement économique social et culturel, autant leur utilisation malveillante peut constituer une menace réelle pour les individus, les entreprises et les Etats.

C- Les risques et dangers : la cybercriminalité

La cybercriminalité est le terme employé pour désigner l’ensemble des infractions pénales qui sont commises via les réseaux informatiques, notamment sur le réseau internet. Elle désigne à la fois les atteintes sur les biens et sur les personnes.  

La disponibilité du cyberespace, son intégrité, son authenticité et la confidentialité des données constituent les questions essentielles du 21ème siècle. Aussi, la cybersécurité est-elle de plus en plus considérée comme une question stratégique qui interpelle la société toute entière.

En effet, plus un pays est connecté, plus sa vulnérabilité aux cyber–attaques, à la cyber-criminalité et à la cyber–dissidence est grande.

Internet permet de communiquer avec potentiellement tout le monde et donc n’importe qui. Il est difficile, voir impossible de vérifier qui se cache derrière un écran ou une identité virtuelle

Profitant de cet anonymat, les esprits malveillants utilisent l’Internet et les réseaux sociaux à des fins de propagande, d’escroquerie ou de terrorisme. Des centaines de millions de cyber attaques sont lancées chaque jour pour voler des données stratégiques des entreprises ou des données personnelles ; des secrets d’Etats sont piratés et publiés à travers les réseaux sociaux.  

Depuis les attentats du 11 septembre 2001, les organisations terroristes ont considérablement perfectionné leurs stratégies. Le piratage des moyens de télécommunication, des infrastructures sensibles comme les aéroports, les gares et les métros, est devenu monnaie courante. Le cyberterrorisme est une menace réelle.

Au Cameroun, le cycle politique ouvert avec l’élection du président de la République, a été marqué par la stimulation du recours à l’usage des réseaux sociaux par les citoyens.

La période s’est aussi avérée propice à toutes sortes de manipulations, notamment la diffusion d’éléments à la véracité incertaine et contestable.

À l’observation, on aura assisté à l’amplification d’un discours de haine et d’exclusion, parfois selon un vocabulaire appelant à la division des Camerounais, sur des bases communautaires, ethniques ou tribales.

Dans le même temps, l’on notait la montée en puissance de l’intolérance et des extrémismes de tout bord.

En un mot, l’usage des réseaux sociaux a été dangereusement dévoyé, au point que ce qui apparaissait au premier abord, comme une formidable opportunité pour la démocratie numérique, s’est mué en menace sur notre vivre-ensemble.

Au vu de toutes ces dérives, il est évident que les défis à relever sont nombreux.

  1. LA LUTTE CONTRE LA CYBERCRIMINALITE : L’ACTION DU MINPOSTEL
  1. Les défis à relever par les Etats

Le principal défi actuel auquel sont confrontés les États souverains est celui de conquérir la souveraineté de leur cyberespace national, longtemps resté libre et sans frontière.

Les Etats souverains sont menacés dans leur fondement par tous les dangers cités plus haut, notamment par les réseaux sociaux à travers la propagande terroriste, la diffusion de fausses informations avec comme corolaire la déstabilisation ou la destruction, par des cyberattaques de grande ampleur visant leurs infrastructures critiques.

  1. Les mesures mises en place

Parmi les principales actions engagées par les Etats pour protéger leur « souveraineté numérique »,  on peut citer, sans être exhaustif :

  • l’adoption des lois et réglementations appropriées.
  • la délimitation, le contrôle et la surveillance du cyber espace national. A titre d’exemple, lorsque vous arrivez à l’aéroport de Paris et que vous voulez vous connecter à votre compte e-mail à l’aide de votre laptop, tablette ou portable, vous recevez un message qui vous informe que vous êtes arrivé dans le cyberespace français et que vous devez fournir des informations d’identification.

Au niveau international, la tendance est à une gouvernance collaborative de l’Internet.

  1. L’action du Gouvernement à travers le MINPOSTEL

La recrudescence des actes cybercriminels et cyberterroristes a amené l’Etat à engager d’importantes mesures stratégiques,  à mettre en place des infrastructures appropriées et à mener des actions qui visent non seulement à sensibiliser, mais surtout à former les principaux acteurs de la chaine, pour un bon usage des réseaux sociaux.

S’agissant des actions engagées ou en cours,

  1. Sur le plan réglementaire, on peut citer l’adoption de trois (3) lois importantes visant à réglementer, à contrôler et à sanctionner les dérives liées à l’usage du cyberespace national. Il s’agit de la loi n° 2010/012 régissant la cybersécurité et la cybercriminalité, la loi n° 2010/013 régissant les Communications électroniques au Cameroun et la loi n° 2010/021 régissant le Commerce électronique au Cameroun, ainsi que de leurs textes d’application.
  2. Sur le plan institutionnel, la création de l’Agence Nationale des Technologies de l’Information et de la Communication (ANTIC),  bras opérationnel de l’Etat dans la régulation des TIC et la lutte contre la cybercriminalité.

A ces deux mesures, il convient d’ajouter l’élaboration d’une stratégie gouvernementale de développement de l’économie numérique, dont l’un des piliers est la gouvernance numérique. Celle-ci vise à promouvoir la confiance numérique à travers le renforcement de la lutte contre la cybercriminalité.

De manière spécifique, les principales actions ci-après ont été engagées :

  • La mise en place de deux laboratoires de cybersécurité à la Direction de la Police Judiciaire de la Délégation Générale à la Sûreté Nationale et à l’Ecole Nationale Supérieure Polytechnique, chargés de l’investigation numérique.
  • La mise en place des réseaux de surveillance et de vidéosurveillance du cyberespace camerounais au sein des Administrations compétentes chargées de la sécurité publique.
  • Une campagne d’identification des abonnés des réseaux téléphoniques commencée en 2016.
  • Un audit de la qualité du service offert par les opérateurs de téléphonie mobile visant à s’assurer de la fiabilité de leurs équipements tout en proposant des mesures correctives.
  • La veille sécuritaire avec, entre autres, le monitoring en temps réel des infrastructures sensibles, l’émission de bulletins et d’alertes de sécurité, l’élaboration des référentiels de sécurité, etc.
  • L’audit des systèmes d’information des Administrations publiques.
  • La mise en place d’un programme de promotion de l’utilisation responsable des réseaux sociaux, engagé depuis l’année 2016 et qui comporte plusieurs axes, à savoir :
  • la sensibilisation par SMS à travers les opérateurs de téléphonie mobile  déjà amorcée,
  • la sensibilisation par voie de médias,
  • La sensibilisation des jeunes à travers l’organisation des camps TIC et des campagnes de masse,
  • La  formation des acteurs clés. Celle-ci a commencé l’année dernière par les hommes de médias, à travers les journalistes de l’UPF Cameroun à une utilisation maîtrisée des réseaux sociaux.

Ces actions vont être renforcées et consolidées tout au long de cette année avec notamment la poursuite de l’organisation des Camps TIC, des rencontres de sensibilisation de masse, des séminaires de formation et l’acquisition des équipements nécessaires.

CONCLUSION

A l’ère de l’économie numérique, le rôle des réseaux sociaux dans la diffusion et la circulation de l’information et même des images dans l’espace public, et singulièrement au Cameroun, est devenu capital.

Ce que recherche aujourd’hui le Gouvernement, c’est une prise de conscience généralisée, à travers l’action de tous les acteurs de la société.

Selon une étude réalisée par l’institut Reuters, 51% de la population mondiale aujourd’hui utilise désormais les réseaux sociaux pour accéder à l’information.

Permettez-moi donc, en guise de conclusion, et puisque j’ai l’opportunité de me retrouver à l’ESSTIC, de m’adresser de manière toute particulière aux communicateurs et hommes de Presse en puissance. Je l’ai dis il y a quelques mois aux journalistes de l’UPF Cameroun et je voudrais le répéter en cette circonstance.

Même s’il faut admettre qu’ils sont perçus comme des fils d’information en temps réel, il faut cependant reconnaître que les réseaux sociaux ne proposent pas de recul sur les évènements, ni sur la capacité à les analyser. Or deux critères essentiels doivent satisfaire à l’information : le détail de l’information et l’analyse scientifique qui donne du crédit et permet à cet effet de prendre du recul.

De nos jours, tous les hommes de média utilisent les réseaux sociaux, dans le cadre de leur travail. Les réseaux sociaux ne sont donc plus une mode en soi, mais un outil de travail à part entière dans le métier de journaliste. Le défi dans ce paradigme, demeure sans aucun doute, la qualité de l’information.

Nous inspirant des enseignements sur  le fonctionnement de ce que les experts appellent ” l’espace public numérique”, il est important de relever que, du fait de son accessibilité à tous, il arrive que la frontière si importante entre FAITS établis, et rumeurs, tende à se brouiller. Or, justement, qui, mieux que l’homme de média sait que les FAITS sont sacrés, les commentaires libres, même si ces-derniers doivent être honnêtes.

Comme l’a affirmé un célèbre journaliste, EDWY PLENEL, je crois, la matière brute des journalistes, ” ce sont des FAITS, de petits FAITS, VRAIS et VÉRIFIÉS”.

Parce que les communicateurs et autres  journalistes jouent un rôle important dans le dispositif démocratique, on peut mieux comprendre cette exigence fondamentale de la vérification préalable.

En définitive, si l’intérêt des réseaux sociaux n’est plus à démontrer car étant de plus en plus utilisés comme canaux de communications privilégiés et de ce fait régulièrement utilisés dans l’administration publique, le défi reste et restera toujours la mise en place des mécanismes pour un usage adéquat.

Avant de terminer, j’adresse une fois de plus mes sincères félicitations à la Présidente de L’ELITE et à tous les membres de l’association, au comité d’organisation de cette importante conférence sur la communication gouvernementale a l’ère des réseaux sociaux.

Je vous remercie de votre bienveillante attention.”

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