Internet : pas si haut, le haut débit camerounais

Les internautes ne sont pas satisfaits de la qualité de la connexion proposée par les différents fournisseurs d’accès.

Ils sont nombreux les abonnés de Ringo, un fournisseur d’accès Internet (Fai), qui ont rencontré des problèmes de connexion la semaine dernière. Si la situation est aujourd’hui revenue à la normale, beaucoup d’utilisateurs se demandent si le haut débit et le très haut débit annoncés à grand renfort de publicité par les Fai n’est pas qu’une farce. Le dernier Fai, YooMee, dans une campagne publicitaire, annonce que sa connexion de 640 kbps est plus rapide que la vitesse du guépard et du faucon pèlerin. Mais ici, la connexion n’est pas disponible partout. « Quand tu t’éloignes de la ville, tu ne

peux plus utiliser  YooMee. En ville, la connexion est bonne au début, mais après lorsqu’il y a beaucoup d’abonnés chez le Fai, la connexion change et devient lente. C’est le cas avec YooMee », affirme Cédric Evina de l’entreprise Himore Medical à Yaoundé.

 

A Orange Cameroun, on promet le haut débit business, le haut débit grand public, ou encore le haut débit via une connexion Wimax. Mtn Cameroon, elle, propose « sans modems, sans contraintes, l’Internet haut débit en surf libre avec Wifi Mtn Hot Spot ». Dans la réalité, les abonnés ne trouvent pas toujours totale satisfaction. Frank William Batchou, journaliste et blogueur, a déjà flirté avec plusieurs Fai. Et jusqu’ici, il n’a pas encore trouvé réelle satisfaction.  « J’ai essayé avec Orange, la connexion n’était pas bonne. Avec Mtn, j’ai mis un terme parce qu’il y avait une tarification injuste. Actuellement, j’utilise YooMee. Malheureusement, je l’utilise en pleine ville. Ça ne passe pas chez moi à la maison », explique le journaliste qui travaille à Douala.

Coût

A Yaoundé, Gilles Tounsi, promoteur du site web www.camexamen.com, éprouve la même difficulté. «J’ai fait le tour des fournisseurs d’accès Internet en quête d’une bonne connexion. J’ai finalement opté pour Orange Cameroun, qui se défend comme elle peut. Le haut débit dont on parle n’existe pas. Quand un Fai donnera un mégabit de connexion à domestique on pourra parler de haut débit. Ringo dit donner deux mégabits, mais combien sont-ils les Camerounais qui peuvent payer le prix. Seules les grandes entreprises peuvent s’offrir ce luxe. Encore que là encore, on n’est pas toujours sûr», raconte-t-il.

A Camtel, on est dans la constance et ce n’est pas la satisfaction totale, même si l’entreprise publique se vante de tenir la fibre optique. « La connexion de Camtel est stable, mais le débit n’est pas si rapide que l’entreprise le dit », indique Cédric Evina.

Malgré la qualité approximative de ces différentes connexions Internet, les coûts sont jugés très onéreux par les utilisateurs. Sismondi Barlev Bidjocka, journaliste à Yaoundé les trouve excessifs. « Le haut débit annoncé par les différents Fai est une fiction! Quand je dis qu’aujourd’hui ça va avec Ringo par rapport aux dix derniers jours, c’est qu’on prend ce qui est offert. Mais, pour un habitué de l’Hexagone et qui connait le vrai haut débit, ce qu’on nous offre ici est une escroquerie ! Les coûts des services sont excessifs.  25.000 FCfa par mois avec Ringo, 29.000 FCfa par mois avec Camtel (téléphone inclu), tout cela avec les faibles débits proposés et les coupures qu’on observe, c’est excessif », indique-t-il en suggérant que les prix soient ramenés à 10 000 FCfa.

Fibre optique

Pour Valdes T. Nzalli, responsable Infrastructure à Koossery Technology, théoriquement, le Cameroun bénéficie du haut débit de la fibre optique, mais dans la réalité, il n’en est rien. « L’utilisateur paie pour un service qui ne lui est pas rendu en intégralité et ceci de façon répétitive. C’est le cas par exemple d’un opérateur qui vous fait savoir que son offre vous donne droit à un débit minimal garanti 512 kbps, mais au final vous vous retrouvez généralement avec un débit minimal avoisinant les 300 kbps, sinon moins que ça! Parfois, vous payez le double de cette connexion supérieure que vous recherchez, mais à la fin la qualité de service est juste à peine supérieure à celle du tarif de base. Il en est de même pour les offres classiques qui sont censées donner droit à un débit bien mentionné, mais qui ne sont presque jamais respectées », explique-t-il.

D’après Victor Ndonang, secrétaire général de l’Internet Society Cameroon Chapter, l’une des causes principales de cette situation, c’est le monopole de la gestion de la fibre optique par Camtel. «Malheureusement, tous les ISPs (Fai, ndlr) passent par Camtel et la plupart ne disposent plus de connexion de secours. Il y a aussi l’absence d’un point d’échange internet (IXP) », explique-t-il, tout en reconnaissant que l’Internet de qualité est encore hors de portée du Camerounais moyen. Il propose de libéraliser la gestion de la fibre optique et de promouvoir le développement des contenus locaux.

Au niveau du gouvernement, on se veut optimiste. On vante la boucle optique de Douala et annonce de celle de Yaoundé. Tout comme le projet National Broadband Network (Nbn), pour porter à près de 10.000 km la longueur de la fibre optique. On parle aussi de l’arrivée du câble sous-marin Wacs (West African Cable System), pour compléter le Sat-3 bientôt saturé et les discussions avec Ace (Africa Coast to Europe) et Main One pour l’atterrissement de leur câble sous-marin à fibre optique sur les côtes camerounaises. Malgré toutes ces annonces, de nombreux internautes camerounais mettent encore une minute pour ouvrir leur boîte mail.

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