Larissa TOWANOU : « Hack Her_, ce programme d’émancipation de la femme dans numérique, est le fruit de frustrations accumulées »

[Digital Business Africa] – Titulaire d’une Licence en Informatique de Gestion à l’Institut Universitaire Technologique de Parakou,  Larissa Towanou, est une jeune analyste programmeur actuellement Directrice des Opérations au sein de Orizon Web services, une agence de communication web basée à Parakou, la cité des koburu.

Convaincue de ce que les femmes doivent profiter du numérique pour entreprendre et prospérer dans leurs projets, elle initie en septembre 2018, Hack Her_, un programme d’entreprenariat numérique 100% féminin.

Ce programme qui compte aujourd’hui plus de 30 jeunes femmes formées en Rédaction web & Blogging, Développement web & mobile, design graphique, est mis en place pour permettre aux jeunes femmes du Nord du Bénin, de découvrir les métiers techniques du numérique. Il a aussi pour objectif de réduire la fracture numérique liée au genre, et qui est observée dans le secteur.
Sa passion pour la photographie l’a conduit à créer le blog « Urban Pics » et à être rédactrice web pour plusieurs plateformes web dédiées à la photographie dont Iwaria (une banque d’images gratuites et de haute qualité pour valoriser et rendre disponible du contenu visuel sur l’Afrique).

En avril 2018, elle crée Sandwich Express, une solution de livraison de sandwichs et de jus de fruits dans la ville de Parakou.

Au quotidien, elle s’investit activement pour propulser chacune de ces initiatives qu’elle souhaite voir impacter le plus grand nombre en général mais les femmes du septentrion en particulier.

A la suite de ce texte tiré de l’initiative FemmeDigitale.BJ lancée par le ministère de la Communication et de l’Economie numérique et la Direction de la Communication de la Présidence de la République du Bénin, Digital Business Africa a choisi de donner la parole à Larissa TOWANOU qui précise ses projets, explique ses ambitions. Aussi, elle interpelle, à sa manière, le président de la République, Patrice Talon.

Digital Business Africa : Hack Her est un programme d’accompagnement de jeunes femmes dans le secteur du numérique. Présentez-nous avec précision ce programme…

Larissa TOWANOU : Hack Her_ est un programme d’initiation aux métiers du numérique dédié exclusivement à la gent féminine. Il a pour objectif de réduire le fossé qui existe entre les acteurs de sexe masculin et ceux de sexe féminin œuvrant chaque jour pour le développement de notre pays à travers les TIC. Ce programme se déroule en 05 modules, dont 03 principaux qui sont des modules au choix et 02 qui sont des modules d’accompagnement.

Digital Business Africa : Quelle est la petite histoire qui se cache derrière Hack Her ? Comment ce programme est-il né ?

Larissa TOWANOU : Il n’y a pas vraiment une histoire exceptionnelle derrière ce programme. Hack Her_ est juste le fruit de frustrations accumulées suite à une observation personnelle. Parakou a toujours été une ville délaissée sur plusieurs plans, dont le numérique avec le manque d’activités concrètes. Avant Hack Her_, aucun programme sur le long terme n’existait pour permettre l’émancipation de la femme dans ce secteur. Au même moment à Cotonou, les conditions existaient. Et c’est pour pallier à cela que nous avons pensé Hack Her_ .

Digital Business Africa : Pourquoi avoir choisi de proposer ce projet via une application web ?

Larissa TOWANOU : Le projet n’est pas proposé via une application. Il est vrai que nous avons un site web et c’est via celui-ci que les jeunes femmes intéressées par le programme s’inscrivent. Nous publions également sur celui-ci des articles pour donner des informations relatives au programme. Sinon Hack Her_, c’est une formation de plusieurs semaines au cours de laquelle chaque jour de la semaine de jeunes femmes sont formées aux métiers techniques du numérique (rédaction web & blogging ; design graphique ; développement web & mobile).

Digital Business Africa : Quel est votre parcours personnel ?

Larissa TOWANOU : Je suis une jeune femme ayant fait ses études secondaires au CEG ZONGO de Parakou où j’ai obtenu mon baccalauréat série C en 2015. Ensuite, je me suis inscrite en Informatique de Gestion à l’Institut Universitaire de Technologie de Parakou toujours où j’ai obtenu ma licence en 2018.

Digital Business Africa : Quels sont les plus grands succès de ce programme?

Larissa TOWANOU : Nous sommes à la première saison du programme. Nous ne pouvons donc pas parler de succès pour le moment. Mais ce qui est sûr, les jeunes femmes de la première saison sont suivies pour les aider à entreprendre où trouver un emploi dans les structures de la place.



Mon conseil, c’est celui que m’ont toujours donné mes parents surtout ma maman qui est un grand soutien pour moi. C’est de ne pas attendre l’aide des autres avant de débuter quoi que ce soit. Il faut toujours commencer de quelque part avec ses moyens, persévérer, être courageux et ne jamais abandonner à cause de l’échec, car c’est grâce à lui que nous gagnons en expérience et c’est cela qui forge notre mental et fait de nous des entrepreneurs accomplis.

Digital Business Africa : Quel est à présent le projet réalisé qui fait votre fierté ?

Larissa TOWANOU : Hum ! Difficile à dire. Mais, je pense que le tournoi de robotique Make X, dont j’ai été l’une des organisatrices en février 2019 est le projet qui m’a le plus marqué. Ce tournoi consistait à former des coachs qui à leur tour étaient chargés de former des enfants des classes de secondes et premières scientifiques à la programmation de robot. C’était une très belle expérience où je me suis rendu compte du potentiel que représentaient les enfants. J’ai vraiment été fière de la collaboration entre l’ONG belge Impala bridge et l’une de nos startups Keoubougou Pi qui a permis à l’évènement de voir le jour.

Digital Business Africa : Sur quel projet précis travaillez-vous en ce moment ?

Larissa TOWANOU : Mes fonctions de Directrice des opérations à l’agence de communication digitale Orizon Web Services m’obligent d’être sur plusieurs fronts à la fois. Donc, je travaille avec l’équipe sur plusieurs projets quotidiennement.

Digital Business Africa : Quelles sont vos ambitions ?

Larissa TOWANOU : Mes ambitions sont légions avec Hack Her_. Déjà, à court terme je cherche à élargir le programme à des femmes un peu plus âgées qui nous ont demandé cette faveur et aussi à augmenter la durée de déroulement des modules pour aborder un peu mieux les notions. À moyen terme, j’envisage créer un large réseau de femmes ambassadrices dans la zone septentrionale du pays, se servant du numérique comme arme ultime pour développer leurs diverses activités en se faisant connaitre au-delà des frontières pour qu’à leur tour elles puissent « hacker » d’autres mentalités.

A long terme, j’ai pour ambition de commencer l’insertion dès le bas âge de jeunes filles pour mieux les outiller dans leur vie de demain et aussi les aider à mieux choisir leurs orientations professionnelles. Tout ceci afin de créer une nouvelle génération de femmes indépendantes et libérées des idées reçues sur la différence entre les sexes qui emprisonne leur potentiel.

Digital Business Africa : Comment le gouvernement devrait-il venir en aide aux jeunes entrepreneurs et innovateurs du pays ?

Larissa TOWANOU : Le gouvernement fait déjà assez pour l’entrepreneuriat au Bénin. Personnellement, je ne pense pas qu’il pourrait faire plus que nous créer des conditions propices pour nos activités en maintenant la paix sur toute l’étendue du territoire. Après, il faudra faciliter les démarches liées à l’enregistrement de nos activités afin qu’on passe de statut d’entreprise informelle à entreprise formelle sans trop de tracas. Et aussi penser à exonérer ou réduire considérablement les frais d’impôts que toute jeune entreprise devra verser à l’état à ses débuts. Ensuite, accompagner les actions innovantes des jeunes entrepreneur.e.s dans la mesure du possible afin que ceux-ci ne se découragent pas. Enfin, je dirai que le gouvernement est déjà dans cette démarche des choses, juste que le Nord du pays est encore laissé pour compte. C’est une demande personnelle, mais j’aimerais qu’il y ait plus d’actions réservées au septentrion, car la jeunesse du Nord ne sent pas encore vraiment son gouvernement.

Digital Business Africa : Quel est votre conseil aux jeunes entrepreneurs et aux innovateurs ?

Larissa TOWANOU : Mon conseil, c’est celui que m’ont toujours donné mes parents surtout ma maman qui est un grand soutien pour moi. C’est de ne pas attendre l’aide des autres avant de débuter quoi que ce soit. Il faut toujours commencer de quelque part avec ses moyens, persévérer, être courageux et ne jamais abandonner à cause de l’échec, car c’est grâce à lui que nous gagnons en expérience et c’est cela qui forge notre mental et fait de nous des entrepreneurs accomplis.

Digital Business Africa : En cinq phrases maximum, s’il vous était donné de rencontrer le président de la République, Patrice Talon, que lui diriez-vous ?

Larissa TOWANOU : Je lui dirai d’abord « merci » pour son choix sur Mme Aurélie Adam Soulé Zoumarou comme ministre de l’Économie numérique et de la Communication, car cette grande dame fait un travail formidable. Elle a réussi en si peu de temps à susciter l’engouement de la jeunesse du Nord au numérique et ça, ce n’est pas petit ! Et si le temps me le permettait, je l’exhorterai à revoir les conditions d’entrepreneuriat dans le domaine du numérique. Comme j’ai déjà eu à le souligner, plusieurs actions ont déjà été mises en place, mais il en reste. Ne dit-on pas que l’homme est un éternel insatisfait ?Nous voulons également l’accès à Internet de très bonne qualité à coût raisonnable pour le béninois moyen, tout comme nous voulons l’équilibre Nord-Sud !

Propos recueillis par Laurent ADJOVI, Digital Business Africa

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