[DIGITAL Business Africa] – La norme ISO 9001. Une norme de management de la qualité reconnue dans le monde entier. La certification est toujours brandie de manière ostentatoire par les bénéficiaires. Avec raison puisque selon l’Organisation internationale de la normalisation (ISO), la certification 9001-2015 spécifie les exigences pour un Système de Management de la Qualité (SMQ). Mais, CAMTEL, titulaire de la certification 9001-2015 depuis mai 2020, ne donne pas toutes les garanties d’une bonne gestion. C’est la Chambre des comptes qui le dit.
La juridiction a mené un audit sur la gestion de comptes de l’entreprise entre 2015 et au-delà. Le rapport rendu public le 22 août 2025 révélait des anomalies sur la gestion de l’entreprise. Selon la juridiction, la dette bancaire de CAMTEL s’élevait à 412,1 milliards de FCFA au 31 décembre 2021. Cette dette provient de sa relation avec Exim Bank of China (90 %), qui ne fait pas l’objet d’enregistrements appropriés en comptabilité.
Les échanges d’informations avec la Caisse autonome d’amortissement en ce qui concerne son remboursement apparaissent insuffisants. Ajoutez à cela l’obésité de ses effectifs. CAMTEL, d’après le rapport, emploierait 3630 personnes en 2021 réparties au siège (30 %) et dans les 10 régions du Cameroun (70 %). En plus des insuffisances dans la gestion des immobilisations et dans les états de rapprochement bancaires et les opérations de caisse observés.
Selon le rapport, « ces dernières ont connu des réajustements courant 2023, suite aux observations de la mission d’audit. Faute de comptabilité analytique, le pilotage des activités souffre de l’absence de repères financiers ». D’après ce rapport, CAMTEL ne dispose pas d’une comptabilité analytique, pourtant l’entreprise serait en possession d’un instrument de pilotage fondamental qui lui permettrait de connaître avec précision la contribution à la valeur ajoutée et au résultat de chacune de ses activités. La Chambre des comptes s’inquiète également que, faute de convention écrite, HUAWEI gère directement les équipements, détienne les codes d’accès et effectue des maintenances coûteuses, sans contrôle de l’opérateur.
Hadiza Saini Maina, consultante et responsable qualité spécialisée des laboratoires médicaux, sait à quel point la certification peut booster les performances d’un organisme. Pas seulement dans le secteur des télécommunications.
« Mon domaine d’application reste surtout le secteur des laboratoires médicaux, où cette norme prend tout son sens pour garantir la qualité des services rendus aux patients. Concernant le cas spécifique de Camtel, il touche davantage à la gouvernance et à la gestion organisationnelle d’une entreprise de télécommunications, un domaine qui sort un peu de mon champ de spécialisation.
Toutefois, de manière générale, il est important de rappeler que la certification ISO 9001 atteste de la mise en place d’un système de management de la qualité, mais elle ne remplace pas une gestion saine et transparente sur le plan financier et stratégique ».
La Chambre de comptes a formulé des recommandations à CAMTEL pour redorer son blason après ce rapport que certains ont jugé d’accablant. Parmi ces recommandations, il y a l’assainissement de la gestion des comptes bancaires afin d’assurer une information fiable sur lesdits comptes et une gestion plus rigoureuse et efficace des opérations qui y sont effectuées.
Ces informations doivent être disponibles sur les différentes plateformes digitales de l’entreprise conformément à la loi Nᵒ 2018/011 du 11 juillet 2018 portant Code de transparence et de bonne gouvernance dans la gestion des finances publiques au Cameroun.
L’article 50 de la loi stipule que « l’ensemble des informations et documents relatifs aux finances publiques devraient être publiés sur le site de l’administration une fois qu’ils sont disponibles ». Ce pourrait être pour CAMTEL un rebond après la chute. Le point de départ d’une gestion transparente et efficace.
Par Jean Materne Zambo