Dr Paul Martin Lolo : « L’ouverture de la filière TI se fera progressivement»

L’inspecteur de pédagogie chargé de l’informatique au ministère des Enseignements secondaires dit comment le gouvernement entend intégrer le programme Technologies de l’information (TI) dans l’éducation dans un environnement marqué par un manque d’équipements et de ressources humaines.

Quel est l’objectif poursuivi par le gouvernement en intégrant les TIC dans l’enseignement secondaire au Cameroun dès cette année académique 2011-2012 ?

L’objectif de l’intégration des Technologies de l’information (TI) dans l’enseignement secondaire est de doter les élèves des compétences dans la gestion des Pme, notamment en ce qui concerne la maintenance des petits réseaux locaux et de leur donner les premières bases pour qu’ils puissent maitriser les concepts informatiques. C’est une filière qui donne une double compétence permettant à l’élève soit d’aider les Pme à décoller sur le plan de la mise en œuvre des systèmes informatiques et des réseaux locaux, soit de continuer à poursuivre les études universitaires dans les grandes écoles d’ingénieurs.

L’élève qui choisi cette filière sera apte à aider une Pme qui n’a pas les moyens de se payer un ingénieur ou un prestataire de service à installer les boîtes électroniques, de configurer les machines dès qu’elles arrivent, de les mettre en réseau, de veiller à ce que lorsque le réseau tombe en panne qu’il la remette en fonction et même de développer les pages web, pourquoi pas ? Nous voulons former cette masse critique des techniciens qui disposent d’un bagage intellectuel suffisant pour comprendre et mettre en œuvre rapidement les besoins d’un promoteur d’une Pme.

Pourquoi cette filière n’est-elle pas disponible dans tous les établissements du Cameroun ?

A l’origine, cette filière a été créée pour les établissements dotés d’infrastructures adéquats. A l’état actuel des choses, on ne peut pas généraliser l’ouverture de cette filière dans tous les établissements à cause du manque d’équipements informatiques. Mais, cette année scolaire, le ministre a autorisé l’ouverture de cette filière dans une dizaine d’établissements dans la région de l’Ouest et dans le grand Nord. Cela s’est fait de façon tout à fait naturelle, parce que dès la publication de l’arrêté intégrant cette filière dans l’enseignement secondaire général, les chefs d’établissements de ces régions ont formulé des demandes d’ouverture. Et comme ces établissements correspondaient aux critères de cette filière, on leur a accordé des autorisations. Mais, cette ouverture va se faire progressivement au fur et à mesure que les établissements seront équipés et que les chefs d’établissements en feront la demande. Je dois également dire que ce ne sont pas seulement les établissements publics qui sont concernés, même les établissements de l’enseignement privé sont éligibles à ce programme d’ouverture des filières TI (Premières et Terminales TI, ndlr).

Il faut sans doute pour cela des équipements. Ce qui n’est pas toujours le cas. Tous les établissements du Cameroun seront-ils dotés d’équipements informatiques par le ministère des Enseignements secondaires ?

C’est une ambition, mais je ne peux pas vous dire quand on y arrivera.  Mais on n’attendra pas que tous les établissements soient dotés d’équipements pour intégrer les programmes de TIC dans les établissements scolaires. Par exemple, ce programme qui est un programme pilote et qui concerne seulement les établissements équipés doit ouvrir la voie vers d’autres extensions. C’est pour cela que les précisions sont données dans la décision ministérielle portant création de cette filière. Les conditions d’ouverture exigent que l’environnement où la filière est ouverte soit favorable à la mise en œuvre de ce programme. Le problème d’équipement est réel. Dans tous nos établissements, nous ne disposons pas d’équipements suffisants pour généraliser une telle initiative.  Par contre, nous comptons avancer petit à petit jusqu’à pouvoir couvrir un nombre suffisant d’établissements pour pouvoir aider le pays à bien amorcer le passage vers le numérique.

A côté des problèmes d’équipements, il y a le problème des ressources humaines. Y-aura-t-il des enseignants formés à cet effet pour tout le Cameroun ?

Les enseignants d’informatique sont nécessaires et nous en avons déjà en provenance des écoles normales. L’école normale supérieure de Yaoundé dispose d’un département d’informatique. L’école normale de Garoua et l’annexe de Bambili également. Certes, nous avons encore des besoins, mais on ne peut pas dire qu’on est parti de rien. L’école normale supérieure de Yaoundé forme des enseignants d’informatique depuis 2008. Il y a déjà sur le terrain trois promotions. Et ces écoles normales vont continuer à former les enseignants d’informatique.

Trois promotions d’élèves font combien d’enseignants ?

Si on prend une soixantaine de candidats par promotion, cela fait 150 à 180 enseignants d’informatique qui ont été formés. Rien que l’école normale de Garoua va produire cette année près d’une centaine d’enseignants d’informatique de Bacc + 3. Parallèlement, nous avons des moniteurs. Il y a eu en 2007 un recrutement de 100 moniteurs de centres de ressources multimédias qui sont dans les lycées. Nous avons aussi conclu des contrats avec des prestataires de services du secteur privé pour financer les professeurs vacataires qui viendront appuyer ces enseignements dans les établissements. En combinant tous ces éléments, on arrivera quand même à satisfaire les besoins. Mais, je dois admettre que nous avons d’énormes besoins dans ce domaine.


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