Cryptomonnaies / Cameroun : Deux milliards de Francs CFA « volés » de Liyeplimal, les montants de retrait des « dollars Limo » revus à la baisse, l’affaire en justice !

[Digital Business Africa] – La société Global Investment Trading S.A dont les activités de collecte de l’épargne des citoyens du Cameroun par le biais de la commercialisation des cryptomonnaies sont formellement interdites par le ministère camerounais des Finances et par la Commission de Surveillance du Marché Financier de l’Afrique Centrale (COSUMAF) a encore fait parler d’elle ces derniers jours au Cameroun.

Il faut d’entrée de jeu préciser que cette entreprise continue d’exercer ses activités de commercialisation de cryptomonnaies malgré son interdiction. Le 06 septembre 2021 donc, son président Émile Parfait Simb, signe un communiqué indiquant aux souscripteurs des dollars Limo (la crypto-monnaie de sa structure GTI SA à travers sa plateforme Liyeplimal) que les montants des retraits de cette monnaie convertie en francs CFA seront désormais réduits et que ces retraits se feront uniquement du 24 au 30 du même mois.

Raisons principales de ces changements selon le promoteur de cette cryptomonnaie, un « grand flux des demandes de retrait dû à l’augmentation exponentielle des membres », mais également et c’est important le « nombre croissant des arnaqueurs et hackers dans le réseau LIYEPLIMAL ».

En effet, écrit le PDG de GIT SA, « Considérant le grand flux des demandes de retrait dû à l’augmentation exponentielle de nos membres au quotidien, nous avons le plaisir de vous informer que les demandes de retraits s’arrêteront désormais à partir du 20 de chaque mois à 12 H 00 GMT et les paiements se feront du 24 au 30 du même mois. Toutefois, en raison du nombre croissant des arnaqueurs et hackers dans le réseau LIYEPLIMAL, nous avons, dans un souci de pérenniser nos activités par la sécurisation de vos transactions, fixé certaines limites de retraits et de transferts basées sur les Packs les plus élevés dans vos comptes… ».

Le communiqué de GIT SA

De « piratage informatique » à « abus de confian­ce aggravé »

Le mot est donc lâché : Il y a de nombreux arnaqueurs et hackers dans le réseau LIYEPLIMAL. Quelques jours après ce communiqué, l’on apprend du journal Kalara spécialisé dans les affaires judiciaires qu’ Émile Parfait Simb poursuit en justice six anciens employés de son entreprise et deux par­tenaires pour avoir distrait près de 5 000 dollars Limo (l’équivalent selon lui de plus de deux mil­liards de francs CFA).

La plainte initiale du PDG de GIT SA fait état d’un « piratage » du système informatique de Liyeplimal. Mais, l’objet de cette plainte sera transformée plus tard en « abus de confian­ce aggravé et complicité d’abus de confiance aggravé », précise le journal Kalara dans son édition du 07 septembre 2021. « Je ne suis pas DP de Kalara. Il faudra leur demander pourquoi », répond Émile Parfait Simb à Digital Business Africa à la question de savoir pourquoi l’objet de la plainte a changé.

S’il reste sans précision dans ses réponses à cette question, dans les foras des acteurs camerounais du numérique, bon nombre pensent qu’avec la première plainte il avouait la vulnérabilité de sa plateforme web et de son réseau Liyeplimal. Pas de nature à rassurer les près de 200 000 souscripteurs qu’il revendique dans le monde et qui pourraient craindre de voir leurs investissements en dollars Limos disparaître ou être piratés et ainsi réclamer rapidement le retrait de leurs fonds avant qu’il ne soit trop tard. D’où le changement de l’objet de la plainte.

Pour Émile Parfait Simb, l’on est loin de cette version. « La plateforme est hautement sécurisée… La preuve en est que depuis sa création, aucun hacker venant de l’extérieur n’a pu le pirater. Les hackers sont venus de l’intérieur. Et ça, aucune entreprise dans notre genre ne peut se l’empêcher…. Mes collaborateurs n’ont pas distrait. Ils ont volé. On appelle cela de la cybercriminalité. Profiter des accès dans le back end parce qu’on est employé pour voler s’appelle de l’abus de confiance aggravé… C’est du vol pur et simple », explique-t-il à Digital Business Africa.

Accusation de « vol » de 02 milliards de francs CFA

D’après les explications de Kalara, dans la période de décembre 2020 à février 2021, GIT SA a enregistré des départs volontaires de certains de ses employés, qui avaient pour la plupart, selon le plaignant, la  caractéristique commune de présenter « subitement » des signes extérieurs d’un enri­chissement important :  acquisi­tion de véhicules de luxe pour certains, voyages aux Emirats Arabes Unis pour d’autres, etc., énumère le journal.

« Des recherches internes à l’entreprise auraient permis d’identifier la source de cet enrichissement suspect : les suspects avaient découvert des failles sur les plateformes infor­matiques de l’entreprise, notamment Liyeplimal et Limarket, profitant de la situa­tion pour s’enrichir et enrichir certains de leurs proches par une démultiplication des comptes et des opérations », lit-on dans le média spécialisé.

GIT SA suspecte que deux de ces employés démission­naires, des informaticiens pro­fessionnels, avaient profité de leurs positions stratégiques au sein de l’entreprise et de leur connaissance des codes du système informatique de l’en­treprise pour y introduire des failles exploitées par leurs col­lègues. Ce qui a conduit à la disparition du montant querellé.

L’examen de l’affaire a commencé le 9 septembre 2021 à la chambre criminelle du Tribunal de grande instan­ce (TGI) du Wouri. Et selon Kalara, la défense se plaint déjà de nombreux dysfonctionnements comme le dossier de procédu­re qui a été « confisqué par le parquet » au lieu d’être dis­ponible au greffe du TGI du Wouri.

Plus de détails dans le journal Kalara du 07 septembre 2021

Lien entre le vol des 02 milliards de francs Cfa et le récent communiqué de GIT SA ?

Contacté par Digital Business Africa pour savoir s’y a un lien entre la disparition des 02 milliards de francs Cfa et le récent communiqué de GIT SA, Émile Parfait Simb se veut clair :  il n’y a aucun lien entre le vol de ces 02 milliards de francs Cfa et le récent communiqué sur la fixation à la baisse des nouveaux montants des retraits.

Dans la légalité ?

L’activité de GIT SA est interdite au Cameroun. Il lui est même instruit de rembourser ses souscripteurs. Le ministre des Finances, Louis-Paul Motaze, lui avait en effet demandé en octobre 2020 de « cesser immédiatement ses opérations de collecte illégale des fonds par appel public à l’épargne, avec recours aux annonces et autres publications via divers supports de communication ; de « restituer sans délai tous les fonds collectés » auprès des opérateurs économiques nationaux et étrangers à travers ces opérations illicites et de lui rendre compte du déroulement de ces remboursements ». Un appel ignoré par Émile Parfait Simb qui défi ainsi non seulement le ministère des Finances, mais également la Cosumaf.

A la question de savoir pourquoi poursuivre ses anciens collaborateurs en justice alors que son entreprise continue d’exercer ses activités de commercialisation des dollars Limos, de collecte l’épargne et des fonds des citoyens par le biais des cryptomonnaies au mépris des interdictions et mises en garde du Minfi et de la Cosumaf, Émile Parfait Simb répond : « Le débat n’est pas là… Un voleur, lorsque c’est prouvé qu’il a volé, doit être puni…. C’est ce que dit la loi. Et même, ce n’est pas parce qu’une activité est illégale qu’on devrait voler….»

Et aussi le Simbcoin…

Le PDG de GIT SA poursuit avec ses explications : « L’entreprise GIT SA est une société qui opère sur Internet… Elle est spécialisée dans le trading des Cryptomonnaies qui n’est pas une activité illégale, mais non réglementée, parce que nouvelle activité.. Les Cryptomonnaies existent seulement depuis 12 ans… Et donc ne sont  pas encore connues du public, d’où la peur de l’inconnu. Mais, ceci ne veut en aucun cas dire qu’elle est illégale.

Nous ne faisons pas l’appel à épargne parce que nous ne sommes pas une banque. Encore moins une micro finance. Les clients investissent en Cryptomonnaies ou alors nous on les vend les Cryptomonnaies et ils investissent… La preuve en est que nous avons pu créer notre propre Cryptomonnaie basée sur l’immobilier : le Simbcoin et la toute première en Afrique cotée en bourse… La bourse de Londres www.bittrex.com et en Russie : www.latoken.com et bientôt dans d’autres en Asie…

Les Cryptomonnaies aujourd’hui sont comme les paiements mobiles à leur création…. La réglementation précédent l’activité, nous pensons que d’ici un à deux ans, les Etats de l’Afrique centrale trouveront un cadre pour mieux contrôler l’activité puisqu’ils sont en train de travailler dessus. »

Des explications qui ont du mal à convaincre au ministère des Finances qui continue de déconseiller fortement les Camerounais l’investissement dans cette cryptomonnaie baptisée Limo. « L’activité de Liyeplimal, des dollars Limo, de GIT SA tout comme tous ceux-là qui font appel à l’épargne par l’achat des cryptomonnaies restent interdites au Cameroun et dans la sous-région. Le communiqué du ministre était clair. Pour ceux qui s’y lancent, c’est à leur risque et péril en tout cas », confie un cadre du Minfi qui annonce pour bientôt une évolution dans ce dossier.

Par Digital Business Africa

Lire aussi :

Crypto-monnaies : la Cosumaf met à nouveau en garde les populations contre « les campagnes frauduleuses de collecte de fonds » effectuées par Global Investment Trading (Liyeplimal) et Cie

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  1. Quand y’a une nouveauté la presse devrait être la première à s’instruire pour ne pas raconter sa vie sur le sujet en lieu et place de maitriser et de servir l’information de niveau.
    Le jour où le système d’escroquerie bâti par ce monsieur qui se prétend expert en trading ou en cryptos vous serez traduits pour complicité avec lui.
    Sa façon d’expliquer qu’être sur Bittrex ou sur Latoken est une prouesse de crédibilité est une escroquerie qui ne peut être servie qu’à des profanes en Crypto-monnaie. Ces tentatives de rouler le gouvernement camerounais sont vouées à l’échec. Un audit indépendant, pas par des journalistes, mais par des financiers devrait pouvoir vérifier si l’argent produit par ses business suffit à rembourser les capitaux des pauvres victimes endoctrinées et qui comme des soeurs violées ont honte de dénoncer. LA SURPRISE SERA DE TAILLE.

    • Monsieur Jonassan, lorsqu’on titre écrit déjà un article pour indiquer qu’une cryptomonnaie s’est fait voler de l’argent et en termes de milliards de francs CFA, c’est suffisant pour comprendre que cette cryptomonnaie n’est pas assez crédible. Et par la même occasion attirer l’attention des usagers. Même quand on vous dit que les montants des retraits sont revus à la baisse, cela devrait vous interpeller. Avec le bitcoin, si vous voulez retirer votre argent, vous vendez simplement vos avoirs et vous êtes remboursé intégralement, pas par miettes ou en fixant un montant de retraits. Aussi, vous n’entendrez jamais que des gens ou des employés ont volés deux milliards de dollars chez Bitcoin. L’article est donc pour attirer l’attention et mettre en garde le public. Si vous êtes expert en crypto, vous devriez apercevoir cela et non dire que nous serons “traduits pour complicité avec lui”. Pourtant, nous vous donnons les clés pour comprendre que, par cette actualité, cette affaire n’est pas crédible.
      Digital Business Africa

  2. Article intéressant, mais hélas déjà un peu daté. Je serais ravi de lire un article sur la conversion des Limo Dollars “garantis” du Liyeplimal en LimoCoins 2.0, une monnaie de singe qui actuellement se négocie à 3 centimes de dollars, puis sur le gel des retraits imposé par GIT, et aussi sur les rumeurs de fuite du PDF Simb

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