ONDOUA ELLA Godfroid : lettre ouverte au DG de Camtel

Ondoua Ella Godfroid

A la haute attention de monsieur le Directeur Général de CAMTEL

Objet : Audit et Contrôle des travaux de pose de 3.200 Km de Câbles à Fibres Optiques au Cameroun : Contrexpertise

Monsieur le Directeur Général,
Permettez-moi tout d’abord de saisir cette occasion, pour signaler au Chef de l’Etat que vous ne m’avez toujours pas payé mes arriérés et droits. Apparemment, le fait que j’en appelle à son intervention, pour qu’il vous somme de le faire, ne semble pas vous impressionner outre mesure. Nonobstant cela, je demeure convaincu qu’il s’assurera personnellement que vous m’avez effectivement payé mon dû.

Cela étant, comme vous ne m’avez pas désintéressé jusqu’à ce jour, pour des raisons indépendantes de ma volonté, CAMTEL devra aussi prendre en compte le paiement de mon salaire de ce mois, dans le calcul de mes arriérés et droits.  
Cela dit, je vous ai donné, à vos amis et à vous-même, un conseil d’ami, dans ma dernière correspondance (voir Paiement de mes arriérés et droits, sur le CD-R). Je vous y ai en effet promis que « si on ne sait par quel tour de force, vous

parveniez à faire publier un résultat d’audit tronqué au Groupement qui a été retenu par le Maître d’ouvrage pour mener la mission d’audit et de contrôle des travaux de pose des 3.200 km de câbles à fibres optiques, ce dernier me retrouverait, inévitablement, sur son chemin. Et ce sera alors son expertise contre la mienne ».

 

Comme il fallait s’y attendre, surtout quand on a affaire à des individus sans foi ni loi, vous êtes passés outre cette mise en garde, en annonçant sur les ondes de la CRTV Radio, dans l’émission Dimanche Midi du 27/11/2011, les résultats du simulacre d’audit que vous avez fait effectuer par vos acolytes du groupement MAAS TELECOM/AVILYOS, avec la complicité active du Maître d’ouvrage et de sa Commission de passation des marchés. Ainsi, le fait d’avoir prévenu le Chef de l’Etat et toutes les institutions de ce pays de la forfaiture de trop que vous vous apprêtiez à commettre ne vous a pas fait reculer. Au contraire.

Malheureusement pour vos complices et vous, je fais partie de cette race d’individus qui ont à cœur de toujours tenir leurs promesses. Alors, chose promise, chose due. Les enquêteurs de la CONAC, du Contrôle Supérieur de l’Etat, et de la DGSN, entre autres, vont donc pouvoir trouver, dans le CD-R ci-joint, les documents et preuves nécessaires (voir dossier « Contrexpertise », sur le CD-R), pour pouvoir vous confondre, vos amis et vous, et vous expédier devant le tribunal criminel spécial en création, à toutes fins utiles.

Toutefois, avant d’en venir à la contrexpertise proprement dite, et à la dénonciation des pratiques collusoires qui ont cours entre le Maître d’ouvrage, sa Commission de passation des marchés, le groupement MAAS TELECOM/AVILYOS et CAMTEL, vous me permettrez de revenir brièvement sur quelques unes des contrevérités qui ressortent de vos déclarations sur les ondes de la CRTV sus évoquées.

I – De vos déclarations dans l’émission Dimanche Midi du 27/11/2011
Apparemment, personne ne vous a jamais dit que le fait de faire des déclarations à la presse peut se révéler désastreux, surtout quand on ne maîtrise pas son sujet. C’est vrai que dans votre cas, il était plutôt question pour vos amis de la CRTV d’essayer de vous blanchir, comme de coutume. 
Il faut reconnaître, à leur décharge, qu’ils ne connaissent certainement pas ce conte bien de chez-nous, dans lequel la tortue a donné un carton de savon à son ami le singe, pour qu’il se lave les mains, jusqu’à ce que ces dernières aient les paumes aussi claires que celles des humains, avant de pouvoir enfin profiter du repas copieux qu’elle venait de lui présenter. Elle réagissait ainsi à la suite du mauvais tour que ce dernier lui avait joué quelques temps auparavant. Evidemment, ils auraient su que la noirceur des paumes des « mains » d’un singe est pratiquement indélébile, et que toutes les lessives du monde, et même l’eau de javel, n’y peuvent rien, et qu’à ce titre, leur tentative ne pouvait être vouée qu’à l’échec,qu’ils y auraient refléchi par deux fois, avant d’essayer de vous blanchir. Dommage !

Il faut par contre reconnaître qu’à la CRTV, on a parfois de curieuses façons de soutenir l’action du Chef de l’Etat, en particulier en ne manquant, à aucun prix, l’occasion de dérouler le tapis rouge et ce, de façon récurrente, à ceux-là mêmes qui sabotent allègrement l’action du Président de la république au quotidien.
Cela étant, en voici quelques-unes, de ces contrevérités :

Le nombre d’abonnés filaires de CAMTEL, que vous déclariez être de 150.000, alors que les chiffres officiels que vous avez, vous-même, communiqués à l’Agence de Régulation des Télécommunications (ART), en septembre 2010 (voir « infos 2eme et 3 eme trim 2010 final fin », sur le CD-R), font état de 58.899 abonnés filaires. Quand on sait en outre qu’il y a des milliers d’abonnés qui continuent de recevoir une facture mensuelle de 3.578 FCFA d’abonnement au téléphone, alors qu’ils ont longtemps abandonné leur ligne filaire, on peut affirmer, sans risque de se tromper, que le nombre d’abonnés réel est plutôt voisin des 50.000 ;Toute en signalant qu’il vous est déconseillé de poser des liaisons à fibres optiques sur des axes routiers non bitumés, vous promettez en même temps de poser jusqu’à 5.000 Km supplémentaires de câbles à fibres optiques en 2012. A moins que l’Etat ne réalise lui-même près de 5.000 Km d’axes bitumés d’ici fin 2012, on ne voit pas très bien comment vous allez procéder pour y arriver, même s’il est vrai que, pour vous, ce qui compte surtout, c’est l’effet d’annonce ;L’échec retentissant du CTPhone relèverait du fait que le CTPhone soit victime de son propre succès. Ainsi, le fait que des centaines de milliers de clients désabusés se résolvent à jeter leurs portables CTPhone à la poubelle devrait être considéré comme une marque de succès !D’après le journaliste qui vous recevait, les coupures régulières de câbles à fibres optiques enregistrées sur les liaisons de CAMTEL constitueraient des actes de sabotage. Ainsi, on peut se dire qu’on en apprend tous les jours, tant que l’on reste vivant. En effet, ceux qui ne sont plus de ce monde on manqué, ce jour-là, d’apprendre que le fait pour un rat palmiste de couper un câble à fibres optiques constitue purement et simplement un acte de sabotage !

Au-delà de ces contrevérités, que l’on pourrait continuer à énumérer, on a ainsi pu apprendre, cerise sur le gâteau, entre autres :
Que CAMTEL aurait déjà effectué des essais avec la République du Tchad, en vue de la connexion de cette dernière au SAT-3, à travers le backbone national en fibre optique, sur lequel s’appuie le Central African Backbone (CAB) dans sa partie camerounaise. Et même que ces essais auraient été concluants.
En admettant que cela soit vrai, alors, de deux choses l’une :
Soit le Tchad peut effectivement s’appuyer sur le backbone national en fibre optique pour se connecter au point d’atterrissement de la fibre optique SAT-3 – ce qui, en temps normal, devrait être le cas – et dans ce cas il n’est plus nécessaire de dépenser de l’argent supplémentaire, sous prétexte de mettre en œuvre la partie camerounaise du Central African Backbone, auquel cas le prêt de 4,5 milliards contracté par le Maître d’ouvrage auprès de la Banque Mondiale n’a plus de raison d’être, et cet argent devrait intégralement être remboursé à la Banque Mondiale et ce, sans délai ;Soit les 4,5 milliards empruntés par le Minpt auprès de la Banque Mondiale ont été engloutis dans la mise en œuvre du backbone national en fibre optique (… – partie censurée par TIC Mag -)
Quant à nos frères tchadiens, s’ils acceptent, en toute connaissance de cause, de se connecter à cette infrastructure, sans avoir au préalable obtenu quelque garantie que ce soit de la partie camerounaise sur le remplacement de l’ensemble du génie civil concerné par une infrastructure qui soit conforme aux règles de l’art, c’est à eux de voir, à condition qu’ils ne viennent pas demain troubler la tranquillité du Chef de l’Etat, une fois qu’ils commenceront à être victimes des « actes de sabotage » régulièrement perpétrés par les rats palmistes.

Que le Groupement MAAS TELECOM/AVILYOS, auquel la mission d’audit et de contrôle des travaux de pose de 3.200 Km de câbles à fibres optiques au Cameroun a été confiée par le Maître d’ouvrage, vient de parvenir à la conclusion que ces travaux ont été réalisés conformément aux règles de l’art.
Ainsi, ils ont accepté de vous suivre sur cette voie suicidaire, en dépit du fait qu’ils savent eux-mêmes :
Que ce qu’ils viennent de réaliser est un simulacre d’audit. En effet, le résultat de l’audit étant connu d’avance, une promenade de santé à quelques rares endroits sur le terrain, sans d’ailleurs s’intéresser le moins du monde au génie civil, qui constitue quand même la partie névralgique d’une telle infrastructure, était largement suffisante. De toute les manières, tant que les résultats de l’audit étaient conformes à la volonté de son commanditaire et en même temps complice du Groupement, il n’y avait aucune raison de s’en faire ;Que c’est moi qui ai rédigé leur proposition technique, et qu’à ce titre, il n’est pas très avisé de leur part de vouloir s’opposer aux conclusions d’une expertise qui est de loin supérieure à la leur. Nous y reviendrons plus bas ;Que le backbone national en fibre optique ayant été posé devant tout le monde, même les profanes ont trouvé curieuse la manière avec laquelle les travaux de pose ont été réalisés ;Que, pour démontrer leur forfaiture, il suffirait de choisir un endroit au hasard sur cette infrastructure, creuser, et mettre en évidence la manière inqualifiable avec laquelle les travaux ont été réalisés ;Que les rats palmistes ne couperaient jamais les câbles sur une infrastructure conforme aux règles de l’art, qu’il est loin de connaître. En effet, en l’espace d’à peine quelques mois, les rats palmistes ont déjà coupé la fibre optique cinq (05) fois au minimum, sur la seule section Edéa – Yaoundé. Il arrive d’ailleurs que plusieurs axes soient coupés par les rats, pendant la même période ;Qu’aucun opérateur au monde n’a besoin de « gardiens de nuits » pour surveiller, chaque nuit, des milliers de kilomètres de génie civil de fibre optique, ce qui en soit est déjà une évidence de la non-conformité des travaux aux règles de l’art ;Que, pour éviter que des imposteurs viennent tenter de l’arnaquer, comme ils viennent de le faire, le Cameroun a envoyé ses enfants à l’Ecole. A charge pour ces derniers de faire leur devoir, en barrant la voie aux arnaqueurs et autres imposteurs de tous acabits ;Etc.
En conséquence, au vu de l’abus de confiance que vient de faire ce Groupement à notre pays, il devrait déjà commencer à s’apprêter à effectuer le remboursement des 84.848.760 FCFA correspondant au montant du marché concerné, préalablement à d’autres actions que notre pays ne manquera pas d’engager à son encontre, à l’instar de poursuites judiciaires, entre autres pour coaction de détournement de deniers publics. Nous y reviendrons plus.

II – De la contrexpertise
Des faits A l’examen, il apparaît qu’en commandant une mission d’audit et de contrôle des travaux de pose de 3.200 Km de câbles à fibres optiques au Cameroun, le Maître d’ouvrage était motivé beaucoup moins par la volonté de s’assurer que ces travaux ont été réalisés conformément aux règles de l’art, que par la volonté de faire valider des travaux qu’il savait pertinemment qu’ils avaient été bâclés, histoire de ne pas avoir à justifier l’utilisation qui a été faite des 38 milliards de FCFA consacrés à ce projet, auxquels il faudrait désormais sérieusement envisager d’ajouter les 4,5 milliards de FCFA du prêt contracté par le Ministère des P&T auprès de la Banque Mondiale, pour la partie camerounaise du projet Central African Backbone (CAB).

Par la même occasion, comme les opérateurs GSM boudent cette infrastructure depuis le début, rien de tel que les conclusions d’un audit, pour légitimer l’utilisation de la puissance publique, pour contraindre ces derniers à emprunter une infrastructure pourtant susceptible de leur causer d’énormes préjudices financiers.
Ce faisant, on réalise le tour de force qui consiste à faire financer ce simulacre d’audit par le Fonds Spécial des Télécommunications, dont le financement provient principalement, pour ne même pas dire totalement, de ces mêmes opérateurs GSM, à qui l’on veut pourtant porter un sérieux coup, en affectant négativement leur qualité de service, tout comme leur chiffre d’affaires, et leur image de marque.

Ce que l’on oublie de prendre en compte, en passant, c’est que le niveau actuel de développement de ce pays, tout comme l’augmentation du taux de croissance de notre PIB, dépendent largement de la vitalité de ces opérateurs de téléphonie mobile qui, pendant que l’opérateur historique n’arrête pas de tendre la main au trésor public, contribuent à minimiser les répercutions néfastes de la nullité de ce dernier. La moindre des choses serait tout de même d’éviter d’entraver leur développement, tout au moins, étant donné que leurs performances, quelles qu’elles soient, ne peuvent en rien entraver le développement de l’opérateur historique. Au contraire.

Toutefois, le grain de sable que personne n’avait prévu dans cet engrenage apparemment bien huilé, c’est l’intervention, on ne peut plus fortuite, de ma modeste personne. 
En effet, la providence a voulu, au grand dam de ces prévaricateurs de la fortune publique, que le Groupement MAAS TELECOM/AVILYOS, qui était dans l’incapacité de rédiger une proposition technique capable de donner la réplique à celles de cabinets d’expertise de renommée mondiale tels que SOFRECOM et DETECON International, qui sont respectivement des filiales des Groupes France Télécom et Deutsche Télécom, se mette à la recherche d’une expertise externe et que, par malheur ou par bonheur, c’est selon, finisse par recourir à ma modeste personne.

Par ailleurs, en dépit de la collusion qui existe entre le Groupement MAAS TELECOM/AVILYOS et le Maître d’ouvrage, ce Groupement, qui savait depuis le début qu’il serait adjudicataire dudit contrat, avait tout de même besoin de s’assurer qu’en cas de contestation de la part de ses concurrents, sa proposition technique tiendrait la route. Dans l’impossibilité d’accéder au contenu des conversations téléphoniques que j’ai échangées avec M. Albert Kamanou, le patron du Cabinet AVILYOS et représentant du Groupement au Cameroun, et son collaborateur M. Didier Chedjou, les enquêteurs trouveront, sur le CD-R, le contenu des e-mails que nous nous sommes échangés, qui devrait les édifier sur différents aspects, dont le moindre n’est pas l’allusion que j’y fais régulièrement au fait de pouvoir emporter le contrat à la loyale, compte tenu justement de la collusion existant entre le Groupement MAAS TELECOM/AVILYOS et le MINPT, qui m’a été révélée au téléphone par M. Kamanou lui-même.

A la lecture de ces e-mails, on pourra par ailleurs découvrir que le Groupement avait un (01) mois pour rédiger sa soumission, qui devait être déposée au plus tard le 26 avril 2011, et que, jusqu’au 22 avril, date à laquelle notre collaboration a débuté, il n’avait toujours pas d’offre viable (voir « Draft_methodology_Audit_3200km_FO-v1 », sur le CD-R). 
On remarquera que la proposition technique a été entièrement rédigée par mes soins (voir « Proposition technique_Audit_3200km_FO_Offre combinée », « Proposition technique_Audit_3200km_FO_Offre de Base », « Proposition technique_Audit_FO_Offre en Option », « Réponse_Appel_Offres_Audit et Contrôle pose backbone en FO », sur le CD-R), en l’espace de quatre (04) jours, du 22 au 25 avril 2011. Pour plus de détails, bien vouloir se référer aux nombreux e-mails dont les copies figurent sur le CD-R.
Cela étant, pour ceux des lecteurs de la présente correspondance qui n’auront pas accès audit CD-R pour diverses raisons, voici quelques extraits de la proposition technique qui figurait dans l’offre du Groupement MAAS TELECOM/AVILYOS, et sur laquelle devaient s’appuyer les travaux de la mission d’audit et de contrôle assurée par ce dernier :

Présentation de l’offre (Offre en option)
La présente offre englobe tout le périmètre de l’offre base relative aux travaux de pose de 3.200 km de câbles à fibres optiques en cours de réalisation par HUAWEI, auquel s’ajoute l’ensemble du génie civil préalablement posé en régie par CAMTEL, dans le cadre de la mise en place du backbone national en fibre optique. 
Plus concrètement, la présente offre s’étend, en plus des 3.200 km compris dans l’offre de base, aux axes ci-après, et à leurs bretelles éventuelles :
Yaoundé – Kribi, le long du pipeline, avec les bretelles de Nkongmeyos III (sortie de Ngoumou) et Lolodorf, et les sections reliant Yaoundé à Zamengoé, et Kribi au point de sortie de Kribi ;Yaoundé – Gangui, avec entre autres les bretelles relatives aux points de sortie de Nkoteng, Obala, Nanga Eboko, Belabo, Goyoum, Meidougou et Meiganga ;La section Douala – Edéa – Nkongmedzap – Kribi ;La section Bafoussam – Bangangté – Bafia – Yaoundé ;La section Yaoundé – Mbalmayo – Sangmelima – Meyomessala. 
Par ailleurs, en vue de permettre au Maître d’ouvrage de se mettre définitivement à l’abri de malfaçons de tous genres tant pour le marché en cours que pour ceux à venir, la présente offre comporte en outre les documents dont la liste suit, disponibles seulement au cas où le choix se porterait sur notre offre en option, mais dont les tables des matières peuvent être consultées en annexe, en ce qui concerne le CCTG et l’Annexe au CCTP.

Un cahier de spécifications techniques générales pour infrastructures de génie civil de fibre optique pour des réseaux hauts débits, document de 92 pages illustré par des schémas, figures, tableaux, et des spécimens de différentes fiches destinés à faciliter la compréhension, et dont la table des matières figure en annexe ;Une annexe au Cahier des Clauses Techniques Particulières du génie civil de liaisons fibres optiques hauts débits, document de 22 pages dont la table des matières figure en annexe, étant entendu que le cahier des spécifications techniques particulières devrait être rédigé par le Maître d’ouvrage, après concertation avec l’ensemble des opérateurs du pays, et des pays intéressés par le Central African Backbone qui, lui-même, devra s’appuyer sur le backbone national en fibre optique (opérateurs de téléphonie fixe et mobile, chaînes de radiodiffusion et télévision nationales, opérateurs disposant d’infrastructures alternatives, ISP, etc.) ;Un document traitant du calcul des budgets optiques ;Un document traitant des normes françaises de Contrôle de la Qualité de Compactage ;Un document constituant une Rubrique des matériaux et granulats de référence ;Des recommandations en vue de l’équipement des stations intermédiaires du backbone, de manière à satisfaire les besoins de l’ensemble des opérateurs ;Des recommandations en vue d’un redéploiement optimal des équipements objets du marché, de sorte à permettre au Maître d’ouvrage d’espérer avoir un retour sur investissement dans des délais raisonnables, en minimisant les charges d’exploitation, entre autres.   

Observations et suggestions

Sur les termes de références.
Sur le périmètre de l’offre
Depuis le lancement par le Maître d’ouvrage de l’appel à manifestation d’intérêt du 13 octobre 2010, nous nous sommes résolument lancés dans la recherche de tout type d’information susceptible d’éclairer notre lanterne sur divers volets relatifs au projet backbone national en fibre optique. Depuis lors, nous pensons avoir eu suffisamment de temps pour nous forger une idée relativement précise dudit marché.  Ainsi, d’après des informations pertinentes que nous avons pu glaner ça et là, les équipements objets du marché concerné ont pu être installés à divers endroits situés en dehors du linéaire des 3.200 km susvisés, et, compte tenu du fait que ces derniers feront également, conformément à la consistance des prestations, partie des systèmes de transmissions qui devront subir nos prestations d’audit et de contrôle, il serait indiqué que la mission d’audit et de contrôle s’étende bien au-delà de ces seuls 3.200 km.

Par ailleurs, compte tenu des spécificités des infrastructures des réseaux de transmissions à fibres optiques hauts débits, et de la place névralgique qu’occupe la composante génie civil dans un tel réseau de transport, nous nous permettons de vous suggérer de bien vouloir étendre les contours de cette mission de contrôle à l’ensemble du génie civil interconnectant les systèmes de transmissions devant faire l’objet de la mission d’audit et de contrôle.
A notre humble avis, la qualité d’un réseau de transport à fibres optiques hauts débits étant totalement dépendante de la qualité, de la « maintenabilité » et de la robustesse de sa composante génie civil, interconnecter des systèmes de transmissions par une infrastructure génie civil qui ne serait pas conforme aux règles de l’art pourrait constituer une sérieuse hypothèque sur les objectifs visés.
D’autre part, compte tenu de ce que nous croyons savoir des objectifs visés par le gouvernement dans la mise en place d’un backbone national en fibre optique, à savoir, sans que cela soit exhaustif : 
La mutualisation des infrastructures de transport, de manière à permettre à l’ensemble des opérateurs présents sur le marché camerounais des télécommunications de pouvoir s’appuyer sur ladite infrastructure, et pouvoir en conséquence minimiser leurs coûts d’investissement tout comme leurs charges d’exploitation ;La baisse généralisée des coûts des communications, comme conséquence de la baisse des charges supportées par les différents opérateurs ;La mise en œuvre d’une infrastructure pérenne, capable d’avoir un effet significatif sur l’augmentation du taux de croissance de l’économie nationale et, par ricochet, accélérer le développement du pays, qui aspire à devenir à moyen terme un pays émergent ;La mise en œuvre d’une infrastructure viable sur laquelle devrait s’appuyer le projet Central African Backbone (CAB) pour connecter les pays de la sous-région au point d’atterrissement de la fibre optique sous-marine SAT-3 à Douala, et à celui en projet à Kribi, et permettre entre autres à ces derniers d’avoir accès à l’Internet haut débit et à des communications internationales et sous-régionales à moindre coût ; La mise à profit éventuelle de cette infrastructure pour étendre le projet CAB au-delà des seuls pays de la CEMAC, à l’exemple de certains pays de la CEEAC tels que la RDC (Brazzaville et Kinshasa ne sont séparés que par le fleuve Congo), et de ceux de la Commission du Bassin du Lac Tchad (CBLT) qui, autrefois, étaient déjà liés au Cameroun par des liaisons hertziennes ;  Etc.

Il nous semble que la limitation de l’audit et du contrôle aux seuls 3.200 km objets du présent appel d’offres pourrait difficilement permettre à votre gouvernement d’atteindre les objectifs ambitieux poursuivis dans la mise en œuvre du backbone national en fibre, infrastructure par ailleurs très coûteuse.
Aussi, pour lui permettre d’avoir une appréciation aussi exacte que possible de la conformité de l’ensemble du backbone national en fibre optique aux règles de l’art, nous permettons-nous de vous proposer, en option, une seconde offre englobant l’ensemble des infrastructures de génie civil et des systèmes de transmissions et équipements connexes concernés.

A noter, en outre, que dans cette offre en option, nous proposons au Maître d’ouvrage des outils dont l’acquisition lui permettrait définitivement de se mettre à l’abri de malfaçons lors de la mise en œuvre d’infrastructures d’accueil de réseaux optiques hauts débits, dans le projet backbone, comme dans tout autre projet du genre à venir. 
Sur la consistance des prestations
Nous reconnaissons que les ingénieurs du Maître d’ouvrage chargés de la conception du présent appel d’offres ont eu à faire de louables efforts, pour déterminer avec autant de détails que possible les prestations attendues des soumissionnaires.
Toutefois, compte tenu de leurs positions de travail qui ne les prédisposent pas nécessairement à coller à l’évolution technologique, compte tenu de la vitesse à laquelle s’opèrent les changements dans le domaine des télécommunications et des TICs, il nous semble tout à fait compréhensible qu’ils puissent ne pas avoir la maîtrise de certains domaines particulièrement critiques tels que la réalisation d’infrastructures d’accueil de réseaux optiques hauts débits.
En conséquence, après lecture du DAO, nous sommes convaincus que la seule conformité des offres des soumissionnaires aux termes de référence, ne saurait constituer une garantie suffisante pour leur permettre de juger de la conformité ou non des travaux aux règles de l’art.

En ce qui nous concerne, notre appréciation de la qualité des ouvrages de génie civil se fera conformément aux normes françaises et européennes, et plus particulièrement conformément aux normes éditées par l’Agence Française de Normalisation (AFNOR), et aux recommandations pertinentes des services français compétents en la matière, parmi lesquels le Service d’Etudes Techniques des Routes et Autoroutes (SETRA), et le Laboratoire Central des Ponts et Chaussées (LCPC).

Sur la méthode de sélection du consultant
Compte tenu des insuffisances relevées ci-dessus, il y a des risques qu’un soumissionnaire ne disposant que d’une idée approximative des règles de l’art en matière de réalisation d’infrastructures d’accueil de réseaux optiques hauts débits, et en particulier de réseaux structurants tels que le backbone national en fibre optique, parvienne tout de même à gagner le marché, peut-être sous prétexte d’avoir proposé « l’offre la mieux disante », du fait du faible montant de l’offre financière.
Or, d’après des constats faits ces derniers temps par nombre d’observateurs avertis, nombre de projets n’ont pas pu être conduits à leur terme de manière satisfaisante dans ce pays, tout simplement pour la bonne raison que, peut-être du fait des insuffisances contenues dans le DAO, les commissions des marchés concernées n’ont pas pu appréhender les capacités réelles des adjudicataires à mener leur mission à terme, à la satisfaction générale.

Point n’est besoin de rappeler ici qu’une sérieuse hypothèque pèse déjà sur cette infrastructure, boudée depuis des années déjà par les principaux opérateurs, qui ne semblent nullement prêts à venir risquer leur qualité de service sur cette infrastructure, entre autres du fait des malfaçons évidentes constatées, y compris par les profanes, lors de la réalisation des travaux le long des axes routiers. 
Il s’avère par conséquent de la plus haute importance que les conclusions de la mission d’audit et de contrôle objet du présent appel d’offres parviennent, en toute transparence, à mettre tout le monde d’accord, ce qui devrait enfin permettre à ce pays, et à l’ensemble de la sous-région, voire au-delà, de pouvoir enfin regarder l’avenir avec confiance, la mutualisation attendue des infrastructures de transport, et la baisse généralisée des coûts des communications qui devrait en résulter, étant censées permettre d’accélérer le développement des Télécommunications et des TICs, et constituer un puissant facteur de développement pour l’ensemble des parties prenantes.

Sur les tests par échantillonnage des fibres non utilisées
Les travaux étant certainement déjà bouclés, et les liaisons mises en service dans la majorité des cas, ces tests pourraient finir par constituer un sérieux challenge, d’autant plus que, compte tenu des distances séparant deux ADMs consécutifs, la puissance de sortie des réflectomètres optiques pourrait s’avérer insuffisante pour parcourir le trajet concerné.
Aussi, suggérons-nous et ce, sous réserve que HUAWEI ait effectivement ramené toutes les fibres au niveau des répartiteurs, que les tests puissent s’effectuer :
Soit sur les canaux secours, en temps normal, sous réserve que le fournisseur ait effectivement prévu la possibilité de les faire opérer en canaux indépendants ;Soit sur les canaux principaux (normaux), auquel cas lesdits tests devraient être effectués tardivement dans la nuit, au moment où le trafic est devenu presque nul. 
Sur le Comité de suivi
A notre humble avis, le Comité de suivi, organe purement administratif de par le mode de désignation de ses membres, ne saurait se substituer à un Cabinet spécialisé pour assurer le contrôle de l’exécution du marché, quand bien même il disposerait des meilleures recommandations possibles, étant entendu que ses membres disposent effectivement de compétences, mais généralement dans d’autres domaines. 
En pratique, la mission de contrôle des travaux de réalisation des infrastructures de réseaux optiques hauts débits devrait normalement revenir à un Cabinet spécialisé, mieux outillé pour exécuter ce genre de mission, car disposant des compétences nécessaires. Prendre le risque de faire assurer le contrôle d’un projet structurant par des personnes qui ne disposent pas des compétences indispensables, pourrait conduire à de sérieuses désillusions pouvant parfois aller jusqu’à une totale remise en cause de la qualité des infrastructures concernées.

Yaoundé, le 14 décembre 2011

ONDOUA ELLA Godfroid, Ingénieur Principal des Travaux des Télécommunications en service à CAMTEL


 

La suite lundi prochain

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