[DIGITAL Business Africa] – Les influenceurs (web) et missionnaires numériques du monde étaient à l’honneur au Vatican. Le pape Léon XIV a réuni, du 28 au 29 juillet 2025, des prêtres, religieux, religieuses et laïcs venus de tous les continents du monde pour célébrer le jubilé des influenceurs catholiques, le tout premier du genre. Cette reconnaissance du Très saint père envers les entrepreneurs du web est loin d’être du pain béni. Derrière elle, se cache une mission relativement délicate, à savoir: assainir les réseaux sociaux. Chose que les gouvernants ne parviennent pas à gérer efficacement jusqu’ici.
S’adressant à ses brébis, Léon XIV s’est servi d’une image pleine pour comparer les influenceurs web aux apôtres appelés par Jésus alors qu’ils réparaient leurs filets. « Il nous demande de construire d’autres réseaux : réseaux de relations, d’amour, de partage gratuit », a-t-il lancé.
Le pape a exhorté les participants à favoriser des liens profonds, où la solitude peut être brisée, où la vérité peut circuler, où l’amitié n’est pas mesurée au nombre de « followers »: « Soyez des agents de communion, capables de rompre la logique de la division et de la polarisation », a-t-il ajouté. Non sans remercier chacun pour le bien accompli, pour les rêves portés, et pour leur fidélité au Christ et à l’Église dans leur présence numérique.
Le Souverain Pontife a ensuite évoqué les mutations profondes liées aux technologies et à la culture numérique. Il fustige toute utilisation qui pourrait porter atteinte à la dignité humaine. « Notre mission, – votre mission – est de nourrir une culture d’humanisme chrétien », a-t-il déclaré, appelant à une présence discernante et bienveillante dans les nouveaux espaces de communication. Face à la généralisation de l’intelligence artificielle, il a invité à réfléchir à « l’authenticité de notre témoignage, à notre capacité d’écoute, de parole, de compréhension ». Il ne s’agit pas seulement, a-t-il précisé, de « produire du contenu », mais de « provoquer une rencontre des cœurs ».
Cette première édition du jubilé des influenceurs catholiques a été marquée par la présence du diocèse d’Ebolowa dont le garant est Mgr philippe Alain Mbarga évêque d’Ebolowa et vice-président de la conférence épiscopale nationale du cameroun en est le garant.
Texte intégral du salut du pape Léon XIV aux influenceurs et missionnaires numériques
« Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit,la paix soit avec vous !Chers frères et sœurs, nous avons commencé par ce salut : la paix soit avec vous !Et combien nous avons besoin de paix en ce temps qui est le nôtre, déchiré par l’inimitié et par les guerres. Et combien nous sommes appelés aujourd’hui à en témoigner, par ce salut du Ressuscité : « La paix soit avec vous ! » (Jn 20,19).
Que la paix soit avec nous tous. Dans nos cœurs et dans nos actions.Telle est la mission de l’Église : annoncer au monde la paix ! La paix qui vient du Seigneur, qui a vaincu la mort, qui nous apporte le pardon de Dieu, qui nous donne la vie du Père, qui nous montre le chemin de l’Amour !
1. C’est cette mission que l’Église vous confie aujourd’hui ; vous qui êtes ici à Rome pour votre Jubilé, venus renouveler l’engagement à nourrir d’espérance chrétienne les réseaux sociaux et les espaces numériques.
La paix doit être cherchée, annoncée, partagée partout ; dans les lieux dramatiques de guerre comme dans les cœurs vides de ceux qui ont perdu le sens de l’existence et le goût de l’intériorité, le goût de la vie spirituelle. Et aujourd’hui, peut-être plus que jamais, nous avons besoin de disciples missionnaires qui portent au monde le don du Ressuscité ; qui donnent voix à l’espérance que nous donne Jésus Vivant, jusqu’aux extrémités de la terre (cf. Ac 1,3-8) ; qui atteignent tous les lieux où se trouve un cœur qui attend, un cœur qui cherche, un cœur qui a besoin. Oui, jusqu’aux confins de la terre, aux confins existentiels où il n’y a plus d’espérance.
2. Il y a un deuxième défi dans cette mission : chercher toujours la « chair souffrante du Christ » en chaque frère et sœur que vous rencontrez en ligne. Nous sommes aujourd’hui dans une culture nouvelle, profondément marquée et modelée par la technologie. Il nous revient – il vous revient à chacun – de faire en sorte que cette culture reste humaine.
La science et la technologie influencent notre manière de vivre dans le monde, affectant même notre compréhension de nous-mêmes, notre relation à Dieu et à autrui. Mais rien de ce qui vient de l’homme et de sa créativité ne devrait être utilisé pour porter atteinte à la dignité d’autrui. Notre mission – votre mission – est de nourrir une culture d’humanisme chrétien, et de le faire ensemble. C’est cela, la beauté du « réseau » pour nous tous.
Face aux changements culturels de l’histoire, l’Église n’est jamais restée passive ; elle a toujours cherché à éclairer chaque époque par la lumière et l’espérance du Christ, en discernant le bien du mal et ce qui était bon de ce qui devait être changé, transformé, purifié.Aujourd’hui, nous sommes dans une culture où la dimension technologique est présente dans presque tout, et la diffusion de l’intelligence artificielle marquera une nouvelle ère dans la vie des individus et de la société.
C’est un défi que nous devons affronter : réfléchir à l’authenticité de notre témoignage, à notre capacité d’écoute et de parole, à notre capacité de comprendre et d’être compris. Nous avons le devoir de travailler ensemble à élaborer une manière de penser, un langage de notre temps, qui donne voix à l’Amour.
Il ne s’agit pas simplement de générer du contenu, mais de provoquer une rencontre des cœurs. Cela implique de chercher ceux qui souffrent, ceux qui ont besoin de connaître le Seigneur, pour qu’ils puissent guérir leurs blessures, se relever et retrouver un sens à leur vie. Ce processus commence avant tout par l’acceptation de notre propre pauvreté, par l’abandon de toute prétention, et la reconnaissance de notre besoin vital de l’Évangile. Et ce processus est une démarche communautaire.
3. Et cela nous conduit à un troisième appel, et je vous le lance à tous : « allez réparer les réseaux ». Jésus appela ses premiers apôtres alors qu’ils réparaient leurs filets de pêche (cf. Mt 4,21-22). Il nous le demande aussi à nous, il nous demande même aujourd’hui de construire d’autres réseaux : des réseaux de relations, des réseaux d’amour, des réseaux d’échange gratuit, où l’amitié soit authentique et profonde.
Des réseaux où l’on puisse réparer ce qui a été brisé, où l’on puisse remédier à la solitude, sans se soucier du nombre de « followers », mais en expérimentant dans chaque rencontre la grandeur infinie de l’Amour.
Des réseaux qui laissent de la place à l’autre plus qu’à soi-même, où aucune « bulle de filtres » ne puisse étouffer la voix des plus faibles. Des réseaux qui libèrent, des réseaux qui sauvent. Des réseaux qui nous font redécouvrir la beauté de se regarder dans les yeux. Des réseaux de vérité. De cette manière, chaque histoire de bien partagé sera le nœud d’un unique et immense réseau : le réseau des réseaux, le réseau de Dieu.
Soyez alors des agents de communion, capables de rompre la logique de la division et de la polarisation ; de l’individualisme et de l’égocentrisme. Centrez-vous sur le Christ, pour vaincre la logique du monde, des fake news et de la frivolité, avec la beauté et la lumière de la vérité (cf. Jn 8,31-32).
Par Jean Materne Zambo, vaticannews.com