Réseaux sociaux : Je communique, donc je suis. Mais, avec quelles conséquences ?

Merveilleuses et édifiantes sont les données disponibles sur la pénétration des réseaux sociaux dans le quotidien des Camerounais ! Malveillante et dangereuse est en revanche l’utilisation qui en est parfois faite ! L’urgence est à la pédagogie des masses et … des élites. La preuve par 9.

1) Le rush. Depuis 2009, les internautes camerounais s’abonnent massivement aux réseaux sociaux. Les statistiques sur le web 2.0, c’est-à-dire le web participatif, en disent long. Selon les informations publiées par le blog histoiresdecm.com, sur environ 2,61 millions de Camerounais actifs sur Internet au premier semestre 2016, on compte plus de 2 millions d’inscrits sur Facebook seulement. Twitter enregistre également de nombreux abonnés au Cameroun.

2) Le prime time. Il a été observé que c’est au lever du jour que s’enflamme la toile : les réseaux sociaux sont davantage utilisés au réveil. Ils détiennent ainsi une bonne longueur d’avance sur la chouette de Minerve qui ne prendrait son envol qu’au crépuscule. Pendant le reste de la journée, c’est sur Twitter que l’on observe alors un grand déploiement des utilisateurs actifs d’Internet au Cameroun.

3) Les accros. La tranche des 25 à 35 ans est la plus nombreuse à avoir des identifiants personnels, institutionnels ou parodiques pour lesquels des mots clés sont créés à l’effet de regrouper toutes les   communications thématiques diffusées à longueur de journée sur le réseau d’information. Quand approche la nuit, avec l’avènement des smartphones, l’application Whatsapp est désormais utilisée à 73% par rapport aux SMS chez les Africains qui représentent le 3ème marché mondial de la téléphonie mobile, si l’on en croit les agences Ecofin et Kouaba.

4) Les nouveaux communicants. Cet état des choses est à l’origine du réajustement communicationnel observé dans toutes les franges de la population mondiale. Le Cameroun fait naturellement partie intégrante de ce « village planétaire ». Ces six dernières années, on a noté comme une percée du « journalisme citoyen », avec l’adoption du blogging en webjournalisme par les internautes camerounais. Il ne s’agit point d’une invention fantaisiste de leur part. Que non ! A Multimedia Journalist’ Blog rappelle les origines de ce nouveau genre rédactionnel dans une publication en ligne intitulée “Typologie et Codification du journalisme né du web”. Ce n’est donc un secret pour personne : au Cameroun est née et prospère une génération de blogueurs remarquables.

5) L’irradiation. Ces nouveaux journalistes et communicants de l’espace cybernétique, apôtres, chantres et adeptes du journalisme citoyen, sont à l’origine de campagnes de mobilisation des abonnés des médias sociaux autour des questions de l’heure.

Au travers des fameux  “hashtag” (mots clés), ces campagnes de management des médias sociaux initiées par les bloggeurs camerounais, ont porté depuis 2014 sur des thèmes aussi divers que la lutte contre Boko Haram, le tribalisme : #StopBokoHaram, #StopTribalisme etc. Par la suite, on a vu un déploiement particulier en rapport avec les questions de santé et de sécurité routière comme #StopEbola, #SantePourTous, #StopAuxAccidentsRoutiers, #Eseka.

A l’heure actuelle, les mobilisations en cours tournent autour  de  la  nature  même  des  nouveaux  médias  utilisés  par  la  majorité  des Camerounais. Ainsi, #AuNomDeNosEnfants s’appesantit-il sur la mauvaise utilisation   des réseaux sociaux par certains parents qui y exposent maladroitement les images de leur progéniture.

On comprend dès lors pourquoi les réseaux sociaux s’invitent à tous les débats aujourd’hui au Cameroun. La dernière sortie en date est celle du Président de l’Assemblée Nationale qui, à l’ouverture de la session budgétaire de novembre 2016, a invité, non sans raison, à plus de vigilance et de responsabilité dans l’utilisation des réseaux sociaux. De toute évidence, le Cameroun est de plain-pied dans l’ère cybériste. Notre aspiration légitime et irréversible à la modernisation et à l’émergence nous y oblige.

6) Le bel exemple. Les derniers traitements de l’information sur les  réseaux sociaux dans la presse camerounaise viennent légitimer la campagne #JeBlogueDoncJeSuis en cours, dans le but de sensibiliser et rééduquer au bon usage des réseaux sociaux au Cameroun. Cette campagne s’inscrit en droite ligne du Message du CHEF DE L’ ETAT à la Jeunesse le 10 février 2016.

En effet, faisant mention de cette “génération Android”, il a appelé les institutions publiques et privées à s’arrimer à l’économie numérique pour promouvoir et hâter le développement du Cameroun, en indiquant que « pour notre jeunesse, l’un des défis majeurs est de réussir l’arrimage à ce phénomène marquant qu’est l’économie numérique », avant d’inviter « toute la nation à se mobiliser résolument, pour accompagner les nombreuses initiatives de nos jeunes dans ce domaine ». Et de conclure : « c’est au prix d’un tel engagement collectif que nous allons gagner le pari d’une transition numérique réussie ».

 Montrant ainsi sa parfaite maîtrise de ce sujet et étalant toute la pertinence de sa vision et de ses choix, le Président Paul BIYA pose les jalons sur le chemin à suivre : « Pour tirer le meilleur parti des opportunités offertes par les TIC, il faut en comprendre les enjeux technologiques et économiques, ainsi que les défis à relever pour les capitaliser».

7) Les dérives. A l’observation générale hélas, la toile est comme envahie par un virus, repue de ces images insoutenables de violence, de sexe, de trahison et même de félonie dont l’effet retour est si retentissant et si éclaboussant pour la source de partage qu’il impacte durablement les vies, marque à vie des passions et détruit la vie des nations. Utilisés à des fins inavouées de mercantilisme ou par ignorance des conséquences néfastes qu’ils peuvent induire, les réseaux sociaux deviennent malveillants, un outil de destruction massive.

Tel s’est séparé de sa compagne parce qu’il a reçu sur son compte facebook, les séquences obscènes des scènes d’amour avec quelque déprédateur de l’ombre. Tel autre est soumis à un chantage permanent de la part d’un adversaire qui menace de « balancer » sur le réseau des réseaux, une image compromettante qui lui serait nécessairement préjudiciable. L’apologie du crime et autres pratiques du même ordre sur ces sites de partage peut être un vecteur de conflit social voire un facteur de déstabilisation…

Il est urgent d’agir. Par la répression ? Pas nécessairement. Par la législation et la réglementation ? Cela va de soi. Par l’éducation ? Ou tout cela à la fois ? C’est certainement la voie.

8) L’effort pédagogique. Ainsi s’est implantée la démocratie au Cameroun. Les dérives d’hier font aujourd’hui place à une « démocratie apaisée ». Les libertés s’épanouissent sur le tombeau béant des pratiques libertaires, libertines et même liberticides d’hier. Par un effort soutenu de pédagogie, de rappel à l’ordre, de sensibilisation, d’éducation, les Camerounais ont appris à exercer leurs libertés, non plus par mimétisme ni par procuration, mais par conviction, en toute responsabilité.

C’est cette méthode éprouvée que nous préconisons ici, pour magnifier le rôle tribunitien de l’Etat et promouvoir cette République exemplaire que le Cameroun aspire à devenir. Etre un exemple, se voir cité en exemple, susciter des vocations sont une noble aspiration dans un monde où, sans conscience, le développement scientifique et technologique n’est que ruine de l’âme et des nations.

9) Le maillage. Fort de ce confort pédagogique, sollicitons les lumières de la didactique, faisons corps avec ses sciences et techniques pour disséminer dans le corps social, le virus du bon usage des réseaux sociaux. De la Maternelle où commence l’ensemencement des signes et des images jusqu’à l’Université où le référencement est à leur  interprétation, leur sublimation ou leur subjugation par la prise en compte des questions d’éthique et de déontologie, en passant par les ordres intermédiaires où l’enseignement se dispense par représentations schématiques, structurales, thématiques.

Au final, des opportunités qu’offrent les Technologies de l’Information et de la Communication (TIC), ne cherchons à tirer que le meilleur.

Je communique, je blogue, donc je suis. C’est bien, j’affirme ma personnalité.

Je communique, je tiens compte et je prends conscience des conséquences de mon acte. C’est encore mieux. J’assume ma responsabilité.

Ensemble, construisons un réseau de partage pour essaimer ce message de responsabilité et de solidarité sociales : #JeBlogueResponsabilité.

Par Joseph LE, *Journaliste Principal Hors Echelle

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