Au terme de la deuxième édition des Assises nationales de l’intelligence artificielle (CONIA), des experts en IA des chefs d’entreprise, des acteurs de la société civile ont proposé des recommandations dans des domaines tels que l’infrastructure numérique, les données et la connectivité; les talents, les compétences et la recherche; la compétitivité à l’ère de l’intelligence artificielle ; l’intelligence artificielle générative dans les secteurs clés ; la confiance, la sécurité et la régulation de l’intelligence artificielle ; le financement de la vision africaine de l’intelligence artificielle. Pour ce qui est de l’infrastructure numérique, des données et de la connectivité, il a été suggéré :
– Fe poursuivre sur l’étendue du territoire national l’extension et la densification des infrastructures large bande de qualité et à coût abordable;
– De mettre en place les réseaux communautaires dans les zones rurales et réculées ;
– De développer un réseau national sécurisé de datatcenters haute performance (Cloud national) ;
– D’encourager la collecte et la sécurisation des données locales;
– De favoriser le développement des plateformes open-data tout en préservant la vie privée ;
– De développer des centres de données souverains et de promouvoir des logiciels open-source locaux ;
– De mettre en place l’infrastructure centrale de l’administration publique constituée d’un Intranet gouvernemental et des datacenters ;
- D’organiser des concertations sectorielles en matière d’intelligence artificielle en vue de prendre en compte les besoins spécifiques des cibles avec un accent particulier sur l’agriculture, la santé, l’éducation, la justice, l’environnement, les finances, l’administration publique en général et les autres secteurs à fort impact de transformation sociale ;
- – De favoriser la standardisation et l’interopérabilité entre les systèmes digitaux en général et entre systèmes d’intelligence artificielle en particulier ;
- – D’accroitre l’offre énergétique nationale de qualité par la diversification des sources de production en privilégiant le développement des énergies renouvelables.
- S’agissant des talents, des compétences et de la recherche. Il a été préconisé :
- – De mettre en œuvre un Programme National IA pour former 60.000 jeunes à l’horizon 2040 afin de combler et rattraper le retard technologique ; –
- – De mettre en place des programmes de sensibilisation et d’alphabétisation numérique en milieu rural ; – De promouvoir les postes de gestionnaires de données au sein des organisations publiques et privées ;
- – De favoriser l’intégration de l’intelligence artificielle dans les curricula de formation des apprenants notamment des filières liées au numérique ;
- – De renforcer les capacités du personnel des secteurs publics et privés en matière d’intelligence artificielle ;
- – De proposer des stratégies de sensibilisation pour faire comprendre les enjeux de l’IA aux acteurs du secteur public et privé ;
- – D’encourager la conception et la mise en œuvre d’algorithmes adaptés à la résolution des problèmes locaux ;
- – De mettre en place un dispositif encourageant la recherche dans le domaine des TIC et particulièrement l’innovation dans le domaine de l’intelligence artificielle ;
- – De créer des incubateurs universitaires pour relier la recherche à l’entrepreneuriat technologique ; – de favoriser l’émergence d’un écosystème technologique national (startups, hubs, clusters, hackathons) ;
- – De renforcer les compétences technologiques à l’aide d’une stratégie efficiente d’accompagnement et de développement des champions nationaux ;
- – De soutenir l’entrepreneuriat dans le domaine de l’IA grâce à des mécanismes de financement adaptés et à l’accompagnement des start-up ;
- – De protéger et d’encourager les investissements de la diaspora dans le secteur de l’IA, en garantissant un cadre juridique et économique favorable;
- – De renforcer la collaboration entre les universités et les acteurs majeurs de l’IA (secteurs public, privé et société civile) afin de stimuler l’innovation, la recherche appliquée et l’intégration des solutions IA dans l’économie locale ;
- – De mettre en place des politiques incitatives pour retenir les talents en améliorant les conditions de vie et de travail et en finançant les projets innovants ; de valoriser et d’accroître la visibilité des productions scientifiques nationales en IA ;
- – De mettre en place des programmes de sensibilisation et de formation à l’usage éthique de l’intelligence artificielle, afin d’encadrer son utilisation et prévenir les dérives telles que la désinformation ou l’atteinte à la vie privée ;
- – De développer et de promouvoir les métiers clés de l’intelligence artificielle au Cameroun, (tels que data engineers, data scientists, data analysts, développeurs d’applications, ingénieurs cloud et ingénieurs Prompt, Expert en Gouvernance de données…) afin de renforcer l’écosystème technologique national ;
- – D’intégrer progressivement des modules d’initiation à l’intelligence artificielle dans l’enseignement secondaire, afin de sensibiliser et préparer tôt les jeunes apprenants aux enjeux et aux compétences en matière d’l’IA ;
- – De promouvoir les formations certifiantes en matière d’intelligence artificielle. Concernant la compétitivité à l’ère de l’intelligence artificielle grâce à la coopération internationale. Il a été recommandé :
- – De définir un plan stratégique de partenariats « gagnant-gagnant » (à l’international ou en local) pouvant aider à : développer des solutions énergétiques alternatives (pour une meilleure disponibilité de l’énergie électrique) ; acquérir l’infrastructure matérielle durable (connectivité, “Data centers”…) s’arrimer à une réglementation et à une mise en application de la loi, efficaces dans les marchés pilotés par l’IA ;
- – De créer un fond spécial pour la mise en place des « DataSets » locaux afin de bâtir des solutions adaptées aux réalités locales ;
- – De stimuler la diaspora camerounaise à participer activement à l’élaboration de la stratégie nationale de développement de l’IA et à la mise en oeuvre des projets novateurs au Cameroun de mutualiser les efforts des acteurs locaux (gouvernement, décideurs, universitaires, experts, professionnels, entreprises, …) dans la formation des talents (IA, Data Science) en vue de renforcer la compétitivité nationale ;
- – De nouer des partenariats pour l’accès partagé à des centres de données, des plateformes de calcul intensif (HPC) et outils d’IA open source ; –
- – De développer des programmes de formation conjoints, des partenariats académiques et des projets de recherche collaborative en IA ;
- – De mobiliser les fonds multilatéraux et des programmes internationaux pour financer les startups IA camerounaises, l’industrie des innovations locales et les projets à fort impact dans les secteurs tels que l’éducation, la santé, l’agriculture, l’environnement ;
- – D’assurer une représentation forte du Cameroun dans les instances de discussion et de régulation de l’IA ;
- – D’identifier des projets IA pertinents et bien structurés à soumettre aux demandes de financements des bailleurs de fonds et des ministères sectoriels ;
- – De mettre en place un chatbot en langues officielle et locale permettant aux usagers de bénéficier des services publics à travers l’IA.
- S’agissant de l’intelligence artificielle générative dans les secteurs clés. Il a été préconisé :
- – D’intégrer une section spécifique sur l’IA générative dans la stratégie nationale de développement de l’intelligence artificielle au Cameroun ;
- – De former les enseignants, agents de l’Etat, journalistes, agronomes, développeurs et traducteurs à l’usage critique de l’IA générative ;
- – De créer des modules de formation spécialisés dans les universités et instituts professionnels ;
- – De soutenir les startups et projets des jeunes exploitant l’IA générative pour répondre à des problématiques locales ;
- – D ’encourager le développement de modèles d’IA générative entraînés sur des données locales, en français et en anglais ainsi qu’en langues locales ;
- – De déployer des projets pilotes d’IA générative dans les secteurs clés notamment l’éducation, la santé, l’agriculture, l’administration publique et les transports Pour ce qui est de la confiance, de la sécurité et de la régulation de l’intelligence artificielle :
- – D’adopter un cadre législatif spécifique encadrant les usages de l’IA (éthique, protection des données, souveraineté) ;
- – De favoriser la mise en place des systèmes de sécurité électroniques ; – d’élaborer les lignes directrices éthiques sur l’usage de l’IA générative (lutte contre le plagiat, la désinformation, l’atteinte à la propriété intellectuelle, …) ;
- – de protéger les données locales utilisées pour entraîner ou alimenter les modèles d’IA ; – de mettre en place un organe national dédié à l’IA ;
- – D’intégrer une clause spécifique à la ‘cybersécurité en matière d’IA’ dans tout projet national du numérique ;
- Quant au financement de la vision africaine de l’intelligence artificielle, il a été suggéré :
- – de chiffrer soigneusement la stratégie nationale de développement de l’IA en cours en vue de faciliter son financement
- – de mettre en place un fonds de soutien à l’innovation en matière d’ IA ;
- – de favoriser les partenariat public-privé dans la mise en œuvre des solutions numériques endogènes utilisant l’intelligence artificielle ;
- – d’encourager le financement des initiatives d’intelligence artificielle par le recours au crowdfunding ; – d’allouer les ressources aux administrations publiques dédiées au développement de l’IA ;
- – d’encourager le recours au financements extérieurs pour les projets d’IA.
- Des recommandations que la ministre des Postes et Télécommunications, Minette Libom Li Likeng, a accueilli à bras ouverts.
- « Ces recommandations vont permettre de consolider la mouture initiale de la stratégie nationale d’IA (en cours d’élaboration). Une fois qu’on a toutes ces recommandations, on va soumettre cette stratégie au gouvernement, puisqu’il y a un comité interministériel de suivi ».
- Elle ajoute : « Il y a le problème de financement. Quand la volonté y est, quand on est convaincu de ce qu’on fait, les moyens seront trouvés. D’autant plus que le financement n’est pas uniquement local, il est également international et provient aussi des partenaires. Je crois qu’après cela, nous avons quelques mois pour intégrer ces recommandations pour avoir un document stable de la stratégie nationale d’IA au Cameroun ».
- Le scoop de la journée est la mise en place de la connectivité rurale dans les prochains jours ou mois. C’est une résolution de la réunion tenue ce 7 juillet 2025 par le PATNUC.
Par Jean Materne Zambo, source : rapport CONIA du MINPOSTEL