Aurélien Nkam [Africa-Shops] : « Le modèle de Jumia au Cameroun était non adapté au marché local »

[Digital Business Africa] – Le Camerounais Aurélien Nkam, promoteur d’Africa-Shops, donne sa lecture de la fermeture il y a quelques semaines de la filiale camerounaise de Jumia. Plus encore, il présente à Digital Business Africa quelques recettes de sa plateforme d’e-commerce Africa-Shops, tout comme il revient sur le différend qui l’oppose au groupe français CFAO.

Digital Business Africa : Quelle analyse faites-vous de la fermeture de Jumia au Cameroun?

Aurélien Nkam : Ces sept dernières années, les différents acteurs de l’e-commerce ont inculqué aux populations camerounaises la culture d’achat en ligne. Aujourd’hui, des centaines de milliers de Camerounais ont déjà adopté ce mode d’achat. Néanmoins, certains acteurs ont décidé de se retirer, car leur modèle économique n’était pas adapté au marché camerounais.

Mais, le secteur de l’e-commerce est mature et l’avenir reste prometteur. Notre concurrent cité a fait les frais de ce modèle non adapté au marché local. Et il n’est pas le seul à avoir fermé boutique après seulement quelques mois ou années d’activité.

Donc, clairement pour nous c’est le modèle économique qui est en cause et non le manque de marché local. La preuve, Africa-shops existe depuis 5 ans. D’où l’importance de rassurer notre clientèle sur la pérennité de nos activités.

Aurélien NKAM
Etre Camerounais, connaître le public, les clients, les besoins, a été un avantage pour nous. <span class="su-quote-cite"><a href="https://www.digitalbusiness.africa/aurelien-nkam-sur-africa-shops-cm-lon-peut-acheter-en-ligne-ou-via-le-telephone-video/" target="_blank">Aurélien NKAM</a></span>

Digital Business Africa : Africa-Shops connaît-il les mêmes problèmes que les autres acteurs de l’e-commerce au Cameroun ?

Aurélien Nkam : Nous sommes installés au Cameroun depuis 2014 et avec du recul, nous sommes parmi les précurseurs en termes d’offres pour ce type de consommation dans notre pays. Et ce n’est pas sans difficultés.  Africa Shops est une start-up africaine et son modèle économique est différent de celui des multinationales européennes. Etre Camerounais, connaître le public, les clients, les besoins, a été un avantage pour nous.

Cependant, notre croissance a ralenti entre 2016 et 2018 lorsque la CFAO (Comptoir Français d’Afrique de l’Ouest) a créé un site e-commerce similaire au nôtre : Africashop sans ‘s’. Ce site a été lancé en 2016 en Côte d’ivoire et au Sénégal deux ans après la mise en ligne de notre site. Ce fut un acte de concurrence déloyale et parasitaire de la part d’une multinationale à l’égard d’une start-up africaine. Ce site a créé la confusion auprès de nos clients. En outre, nous avons dépensé beaucoup de ressources financières pour faire face aux procédures administratives et judiciaires en France, au Cameroun et en Côte d’Ivoire.

Digital Business Africa : Justement où en êtes-vous de la bataille juridique avec CFAO ?Aurélien Nkam : Le tribunal de Nanterre se prononcera sur ce différend en mars 2020. Néanmoins, les clients, qui sont les juges ultimes, ont déjà donné leur verdict. Ils ont sanctionné le modèle économique de CFAO, l’obligeant à fermer son site en 2018. 

Digital Business Africa : Quelles sont les recettes d’Africa-Shops?

Aurélien Nkam : La première recette d’Africa-Shops est celui d’avoir noué des partenariats étendus avec un réseau de fournisseurs restreints. Ce partenariat nous permet de garantir la qualité des articles vendus sur notre portail. Nous livrons en moins de 48 h les articles commandés par nos clients. Notre premier défi est donc logistique. Précision, Africa Shops (www.africa-shops.cm) vend des articles non alimentaires et la sélection des fournisseurs, très rigoureuse est essentielle pour fidéliser nos clients.

Africa Shops

Digital Business Africa : Selon vous, le marché camerounais est-il mature pour le commerce en ligne ?

Aurélien Nkam : Ces sept dernières années, les différents acteurs de l’e-commerce ont inculqué aux populations camerounaises la culture d’achat en ligne. Aujourd’hui, des centaines de milliers de camerounais ont déjà adopté ce mode d’achat.  

Digital Business Africa : Quels sont les ingrédients nécessaires pour la réussite du marché de l’e-commerce au Cameroun ?

Aurélien Nkam : Pour un acteur comme nous, finalement, c’est le rapport de confiance que nous construisons avec nos clients d’une part et avec nos fournisseurs, d’autres part. Donc, l’un des principaux défis est logistique.

Digital Business Africa : À votre avis quels sont les principaux défis à relever pour l’essor du e-commerce en Afrique?

Aurélien Nkam : L’adressage postal et les coûts d’internet pour les particuliers sont des handicaps pour l’essor du e-commerce en Afrique. 

Propos recueillis par Digital Business Africa

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