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Philippe Vandebrouck : Nous avons presque triplé notre base clients en 4 ans

Le Dg sortant livre le bilan de son activité à la tête de l’entreprise de téléphonie mobile.

Quels sentiments vous animent au moment où vous arrivez au terme de votre séjour à MTN Cameroon ?
Je suis effectivement arrivé au terme de mon séjour à MTN Cameroon. Mon contrat avec MTN s’est achevé le 31 octobre. Et, au moment où je me prépare à quitter le Cameroun, j’ai le sentiment du devoir accompli. Je pense avoir bien rempli ma mission, en servant au mieux la vision du Groupe MTN au Cameroun. Je suis également animé par un sentiment de tristesse. La tristesse de devoir quitter cette compagnie pour laquelle je suis fier d’avoir travaillé. La tristesse aussi de laisser

derrière moi des personnes enthousiastes avec lesquelles j’ai pris plaisir à travailler pendant 4 ans. Mais, voyez –vous, il faut aussi savoir partir; il faut même savoir s’arrêter un jour. J’avais quelque part besoin de m’arrêter pour consacrer un peu plus de temps à ma famille, à mes enfants, à mes petits-enfants qui m’attendent et que j’ai un peu délaissés pendant ma longue carrière de 40 ans, le plus souvent à l’étranger.

Quel bilan faites-vous de vos quatre années passées à la tête de MTN Cameroon ?
Ce n’est pas le bilan du seul Philippe Vandebrouck ; c’est le bilan des équipes avec lesquelles j’ai travaillé, je voudrais parler de ce personnel camerounais qui sert la vision de MTN avec énergie, dévouement et compétence. Je crois que notre bilan est positif, très positif même. Je suis arrivé à la tête de MTN Cameroon en septembre 2007, après la terrible catastrophe aérienne de mai 2007 à Douala, qui avait endeuillé MTN et emporté mon prédécesseur, Utton Campbell. J’ai travaillé pendant quatre ans avec une équipe solide qui a su garder la flamme malgré cette tragédie. Ensemble, nous avons renforcé le développement de l’entreprise et consolidé son leadership. Nonobstant les difficultés liées à l’identification des abonnés qui a occasionné la déconnexion de quelque 1,4 millions d’abonnés en décembre 2010 et malgré aussi la crise financière et économique qui nous poursuit depuis 2008, nous avons presque triplé notre base clients qui est passée de 2,1 millions d’abonnés en septembre 2007, à près de 5,6 millions aujourd’hui. Nous sommes également parvenus à faire de MTN Cameroon, l’une des cinq premières entreprises du Cameroun et le premier opérateur des télécommunications de toute l’Afrique Centrale. C’est un bilan dont je suis évidemment très fier.

Quel aura été votre souvenir le plus marquant à la tête de l’entreprise ?
J’ai été particulièrement impressionné par le côté citoyen de l’entreprise et de ses employés. Dans le cadre des oeuvres de charité et de partage de la Fondation MTN et du programme annuel des 21 Days of Y’ello Care, j’ai pu apprécier l’engagement de mes équipes pour le bien être de ceux qui souffrent, ceux qui sont dans le besoin, ceux qui n’ont pas leurs chances égales aux nôtres et ceux qui se dévouent pour eux. Je n’oublierai jamais cette école moderne que nous sommes parvenus à construire en 21 jours dans la ville de Buéa, pour offrir aux enfants de la localité de Dibanda l’espoir d’une éducation meilleure. Je n’oublierai non plus le bonheur qu’on pouvait lire sur le visage des populations que nous avons aidées dans toutes les localités des quatre coins du Cameroun qu’il nous a été donné de visiter.

Au moment où vous vous apprêtez à quitter le Cameroun, quel pourrait être votre plus grand regret ?
Des regrets, j’en ai, certainement. Mon plus grand regret est de n’avoir pas pu persuader les autorités camerounaises que les prix de la téléphonie mobile ne sont pas plus cher au Cameroun qu’ailleurs. On a toujours comparé la situation du Cameroun à celle d’autres pays, particulièrement d’Afrique de l’Ouest où, dit-on, les prix seraient plus bas. Mais, ce qui était vrai il y a quelques années ne l’est plus. De très gros efforts ont été faits par les opérateurs de téléphonie mobile pour baisser les prix. Aujourd’hui, les tarifs sont au même niveau au Cameroun que dans ces autres pays qu’on a pris l’habitude de mettre en avant. Ceux qui voyagent dans ces pays-là peuvent en attester, et tout le monde peut aisément le vérifier par une simple recherche sur le net. J’ai un autre regret, celui de n’avoir pas réussi à persuader le gouvernement qu’il était important de libéraliser davantage le secteur des télécommunications pour créer les conditions d’une concurrence véritable qui bénéficierait à l’ensemble du pays, favoriserait le développement des télécommunications, dont l’internet et bénéficierait aux consommateurs.

Quels conseils pourriez-vous donner pour un développement optimal des télécommunications au Cameroun ?
Je crois que le potentiel est important au Cameroun. Il y a encore de la place pour un développement optimal. Nous atteignons aujourd’hui un taux de pénétration de la téléphonie mobile de 54%. Le pays a les moyens de progresser jusqu’à 70%. Le potentiel est plus important encore en ce qui concerne l’Internet. Le Cameroun a pris un énorme retard dans ce domaine. Il est urgent de créer les conditions d’un développement optimal qui favoriserait un accès fiable, économique et rapide du grand public à l’Internet comme à la téléphonie mobile.

Mais une nouvelle loi des télécommunications a été promulguée le 21 décembre 2010…
C’est vrai, le gouvernement camerounais s’était rendu compte que la loi de 1998 qui régissait jusque-là le secteur des télécommunications au Cameroun n’était plus très adaptée au développement assez rapide des technologies de télécommunications et devenait pratiquement obsolète. Les opérateurs attendaient légitimement de cette nouvelle loi, qu’elle accélère le mouvement de libéralisation du secteur. Ils espéraient par exemple qu’elle aboutirait à la fin des monopoles concédés par le passé à l’opérateur historique, tels que l’exclusivité sur la fibre optique, les liaisons interurbaines et l’implantation de câbles sous-marins. Ils espéraient aussi qu’elle donnerait la possibilité aux opérateurs d’obtenir des licences globales et non plus seulement des licences attribuées par produit comme cela se fait jusque-là. Et tel que la loi nouvelle est libellée actuellement, il faut craindre qu’elle ne comble pas les attentes.

Que faut-il donc faire ?
A mon avis, il faudrait espérer que les textes d’application de la nouvelle loi, qui sont encore en préparation, prendront en compte les préoccupations des opérateurs privés et ouvriront la voie à un partenariat public – privé afin de donner davantage de place aux investissements privés pour le développement des télécommunications au Cameroun. Ma conviction, qui est d’ailleurs partagée par plusieurs acteurs de la vie économique au Cameroun, est que, dans le développement optimal des télécommunications aujourd’hui comme dans l’expansion de la téléphonie mobile hier, la libéralisation est une alternative sérieuse, susceptible d’impulser des avancées rapides, fructueuses et durables.

Repères
Philippe Vandebrouck est Ingénieur des Travaux Publics formé à l’Ecole spéciale des Travaux Publics de paris, dont il fut major de la promotion 1973. Il a été un des principaux managers du projet de construction du Tunnel sous La Manche. Et depuis une vingtaine d’années, il parcourt l’Afrique, de Djibouti au Cameroun, en passant par le Nigeria, le Zimbabwe et le Gabon, pour faire valoir ses compétences et son expérience de Manager dans la création et le développement d’entreprises de travaux publics et des télécommunications.
31 mars 1949 : Naissance de Philippe Vandebrouck à Tourcoing en France. Il est aujourd’hui marié et père de trois enfants.
Janvier 1987 – septembre 1994 : Participation au management du projet de construction du Tunnel sous La Manche.
Mars 2000 – juillet 2004 : Création et gestion de Kencell, opérateur privé de téléphonie mobile au Kenya.
Octobre 2005 – juillet 2007 : Gestion de Telecel Gabon, pour le redressement et le développement de cet opérateur de téléphonie mobile.
Septembre 2007 – Octobre 2011 : Gestion de MTN Cameroon, leader du marché des télécommunications au Cameroun.

Source : Mutations

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