[Digital Business AFRICA] – La ministre des Postes et Télécommunications, Minette Libom Li Likeng, a éclairé le débat sur les propositions en vue de l’élaboration d’une stratégie nationale de l’intelligence artificielle au Cameroun. C’était ce 7 juillet 2025 au Palais des Congrès de Yaoundé, à l’ouverture de la deuxième édition des Concertations nationales sur l’intelligence artificielle (CONIA 2025) qui se sont achevées ce jour.
Interrogée par Beaugas Orain Djoyum, directeur de publication de Digital Business Africa, sur la pertinence d’un ministère dédié à l’économie numérique et à l’IA comme le Rwanda, le Sénégal ou encore le Bénin tel que recommandé par des experts en la matière, elle a d’abord souligné qu’« ce n’est pas l’appellation qui fait la force d’une politique, mais les moyens et la stratégie qui la soutiennent ».
➡️ Au-delà des dénominations
« Vous voyez », a expliqué la ministre, « quand nous sommes passés de la 3G à la 4G, tous les gouvernements ont créé un “ministère du numérique”… Mais, ce n’est pas le nom qui change la donne. » Selon elle, l’essentiel réside dans l’intégration des technologies dans une stratégie nationale claire et, surtout, dans son financement.
Et selon elle, certains pays africains se sont inspirés de la stratégie nationale du numérique du Cameroun.

« Personnellement, avec ma durée au poste, j’ai des collègues qui ont changé de dénomination de leur département ministériel dans d’autres pays et qui me disent “Écoutez, nous avons pris votre stratégie, nous l’avons mis en place, nous l’avons adapté et nous l’appliquons en partie ».
« Donc, Monsieur Beaugas, précise la ministre, je ne pense pas que c’est un problème d’appellation d’un département ministériel. Qu’importe l’appellation, il faut avoir intégré dans la stratégie tous ces éléments. Voilà pourquoi la première édition des CONIA avait consisté à une sensibilisation. Il faut véritablement sensibiliser. Même au niveau des pays africains, la sensibilisation est importante. »
➡️ Le financement, principal défi
Minette Libom Li Likeng a rappelé que, en Afrique, « le vrai frein, c’est la problématique des ressources ». « Tant que les arbitrages budgétaires ne sont pas réglés, il faut d’abord couvrir les urgences et les priorités, » a-t-elle précisé, évoquant la récente loi sur la protection des données personnelles votée à l’Assemblée.
➡️ La sensibilisation comme levier
Pour la ministre, la première édition de la CONIA en 2024 a justement « posé la première pierre : sensibiliser l’ensemble des acteurs ». « Nous avons expliqué la nécessité de digitaliser, de veiller à la qualité des données et aux gains économiques et éthiques des TIC ; le reste suivra, » a-t-elle affirmé.
➡️ Pas de copier-coller, mais une politique de « petits pas »
« Je ne voudrais pas copier le Rwanda », a-t-elle insisté. Selon elle, la réalité camerounaise plus complexe exige une méthode progressive.

« Au Rwanda, c’est facile de dire « levez-vous, vous allez à droite ou à gauche ». Le Cameroun est un pays plus ancien et qui est compliqué. Mais, nous tenons le bon bout. Parce que nous sommes du secteur des TIC. Nous sommes du secteur qui touche à tout et qui bouscule. Quand on va sensibiliser et informer sur la nécessité de digitaliser, de veiller sur la qualité des données et sur les gains que peuvent générer les TIC sur le plan social, économique et éthique, le reste va suivre son cours », indique, confiante, la ministre.
➡️ Confiance en la jeunesse
Enfin, la ministre a salué la « soif d’innovation » des jeunes Camerounais : « Ils ne voient pas le verre à moitié vide ; ils sont convaincus que “petit à petit, on y arrivera” », a-t-elle conclu, confiante dans l’avenir numérique du pays.
Pour aller plus loin, regardez la vidéo explicative de la ministre Minette Libom Li Likeng sur la chaîne YouTube de Digital Business Africa :
Par Digital Business Africa