L’utilisation du Live Tweet par les dirigeants africains « serait fortement appréciée »

Directeur général de l’agence de communication interactive MK MEDIA Corp, Daniel Kameni donne quelques conseils aux dirigeants d’Afrique centrale pour optimiser leur communication 2.0.

Comment les présidents devraient-ils utiliser leur compte sur Twitter et Facebook pour rester proches des internautes ?

DK : Dans le cadre d’une communication politique digitale, il faudrait premièrement ne pas faire l’erreur, comme c’est le cas pour certains, de synchroniser les comptes Facebook et Twitter. Sur Facebook, ces présidents ont tendance à s’adresser à des sympathisants, militants et internautes acquis à une certaine cause. Et surTwitter, beaucoup plus à des leaders d’opinion, à des gens qui ne sont en général pas très favorables à ce qu’ils disent.

Ils doivent utiliser Twitter pour faire parler d’eux, créer le débat, le buzz, qui sera ensuite naturellement repris par d’autres réseaux sociaux et médias. Beaucoup de techniques existent : les Tweets Interview, les Live Tweets, etc. Le Live Tweet a l’avantage de dégager une certaine transparence. Au Congrès américain, il ne se passe plus un évènement qui ne soit relaté en Live Tweet. Cette transparence qui est justement le principal reproche que leur font les citoyens. Une action de ce genre lors d’une rencontre diplomatique serait fortement appréciée. Ces présidents doivent avoir conscience qu’ils sont, à travers de leurs comptes sur ces réseaux sociaux, des acteurs de l’information. Et je n’exagérerai d’ailleurs pas en disant un média.

A l’analyse des messages postés sur les comptes de présidents, pouvez-vous conclure que ce ne sont pas les présidents eux-mêmes qui sont les animateurs de ces comptes en ligne?

DK : On a des exemples où les présidents rwandais, tunisien et même sud-africain se sont parfois personnellement impliqués dans l’animation quotidienne de leurs comptes sur les réseaux sociaux. Concernant l’Afrique centrale, on a aucune actualité ou étude à disposition qui montre qu’un de ses présidents tweeterait lui-même. On peut conclure que la gestion de leur communication sociale est confiée à des services ou des agences spécialisées. Certaines habitudes viennent confirmer ceci, à l’instar des publications à la 3èmepersonne du singulier. La remarque est vite faite que l’on a affaire à un staff. Ailleurs, certains présidents, pour indiquer qu’ils sont auteurs des messages en ligne, signent par leurs initiales.

Quels sont les présidents qui utilisent au mieux Twitter, par exemple ?

DK : Sans aucun doute, en première position, il y a Moncef Marzouki, qui a su exploiter le potentiel de Twitterpar rapport à d’autres outils de communication à sa disposition. Je citerai également Paul Kagame, qui a su investir l’outil et avoir une utilisation personnalisée, et qui parle de bien d’autres choses que de la vie politique. Son approche est intéressante, car il va au-delà des discours traditionnels et se met à converser, ce qui est un élément important. Nombreux sont ses compatriotes qui échangent régulièrement avec lui via ce biais.

On a aussi l’exemple de Mohamed Morsi (Egypte), qui diffuse en temps réel son agenda, ses activités et ses réflexions. Les autres ont une utilisation minimale, c’est-à-dire qu’ils donnent peu d’informations et renvoient vers des liens ou des évènements traditionnels. Plusieurs personnes oublient que Twitter est avant tout un lieu d’échanges.

En termes de popularité sur les réseaux sociaux, Facebook notamment, on constate que le président Ali Bongo vient en tête. Pourquoi ?

DK : Sa présence est excellente. Son équipe a bien compris qu’Internet et les réseaux sociaux sont devenus de véritables réseaux d’influence, et que l’on y retrouve les acteurs de l’information, les blogueurs, les journalistes, etc. Il y a donc une bonne exploitation de ces outils de communication digitale. On l’a d’ailleurs vu lors des dernières élections, où ses comptes ont servi d’outils de mobilisation pour rassembler, organiser les militants sur le terrain, les déployer et faire participer les fans Facebook gabonais aux débats sur les grandes questions.

Il y a beaucoup de faux comptes de présidents. Comment remédier à cela et comment les éviter ?

DK : Depuis l’évolution des conditions générales d’utilisation de ces réseaux sociaux, ceci devient simple. Vous pouvez, en cas d’usurpation de comptes ou de pages, signaler une infraction à ces réseaux sociaux. Cela permettra de capter l’ensemble de ces audiences éparpillées et de les réunir sur une seule place. Il n’y a pas de méthode miracle pour éviter la création de faux ou fausses pages, la solution la plus simple ici est de mettre en place des outils de veille.

RTN : Pensez-vous que les présidents devraient confier leur profil en ligne à des communitymanagers ou les gérer eux-mêmes ?

DK : Gérer un profil sur un réseau social est un travail minutieux qui requiert des connaissances qui vont au-delà de la simple publication d’un post ou d’un tweet. D’autant plus que c’est un canal de communication officiel. Donc, il faut mettre des professionnels derrière tout ça pour gérer l’afflux massif de fans ou de « followers ». En général, l’e-réputation du président sera meilleure si elle est gérée par une agence spécialisée en Community Management & Digital Media. Au sein de l’agence, vous trouverez des profils variés spécialisés dans des actions bien définies. Par exemple, une personne s’occupera de réaliser l’architecture de la page, les différents onglets, et d’assurer toute la partie technique. Une autre équipe se chargera de la production des contenus et de la planification des plages horaires de publication, afin d’avoir la plus grande portée possible. Une autre personne s’occupera de la veille, etc.

Source : Réseau Télécom No 59 – Agence Ecofin

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