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« La digitalisation de l’économie togolaise sera un moteur essentiel de croissance et de développement »


[Digital Business Africa] – Le Togo est doté depuis août 2018 d’un Plan national de développement (PND) pour la période 2018-2022. Plan présenté officiellement en août 2018 et adopté par le Conseil des ministres le 03 Aout 2018. Le PND prend la relève de la SCAPE, la Stratégie de croissance accélérée et de promotion de l’emploi.

Pour le gouvernement, il s’agit d’un plan ambitieux de l’État togolais devant être mis en œuvre à moyen terme et visant à amener le pays vers sa transformation. Il tire ses fondements dans le projet de société du chef de l’Etat, Faure E. Gnassingbé, décliné dans la déclaration de politique générale du gouvernement, ainsi que des engagements souscrits par le Togo au niveau communautaire, continental et international notamment la vision 2020 de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), l’agenda 2063 de l’Union Africaine (UA) et l’agenda 2030 de développement durable.

La stratégie s’articule autour de trois axes à savoir : créer un hub logistique d’excellence et un centre d’affaires de premier ordre dans la sous-région ; développer des pôles de transformation agricole, manufacturiers et d’industries extractives  et consolider le développement social et renforcer les mécanismes d’inclusion.

Les ressources nécessaires sur la période sont estimées à 4 622,2 milliards de FCFA. Les dépenses d’investissement public sont évaluées à 1 623,1, représentant 35% du coût global. Les investissements privés couvrent 2 999,1 milliards, soit 65% du coût global du Plan.

Selon les autorités togolaises, la croissance économique résultant de ce programme devrait se situer autour de 6,6% par an et même 7,6% en 2022.

En ce qui concerne l’économie numérique, le premier axe du PND 2018–2022 vise à faire du Togo un hub logistique d’excellence et un centre d’affaires de premier ordre dans la sous-région. Le plan prévoit le développement des services à valeur ajoutée axées sur l’exportation qui offrira des opportunités intéressantes au Togo. Et pour y parvenir, l’accent sera mis sur l’économie numérique.

Digital Business Africa vous propose l’état des lieux du secteur des TIC au Togo et aussi les ambitions du pays dans le secteur du numérique tels que présentés dans ce Plan national de développement (PND). Extraits.

Situation du secteur des TIC au Togo

« Depuis 2009, et à travers la déclaration de politique sectorielle 2011-2015, le gouvernement togolais s’est résolu à faire du digital un vivier économique, en s’efforçant de créer des conditions optimales pour l’émergence d’une économie numérique. C’est ainsi que le digital est inscrit au cœur des stratégies de développement. Dans ce cadre, des réformes structurantes ont été menées, d’importants projets réalisés et des avancées considérables ont été observées, positionnant
ainsi le secteur dans une dynamique de croissance sans précédent.

Le secteur des communications électroniques au Togo est animé principalement par deux opérateurs en concurrence sur le segment de la téléphonie mobile (Togocel et Atlantique Telecom), un opérateur de téléphonie fixe (Togo Telecom) et trois fournisseurs d’accès internet (Café Informatique présent sur le marché depuis 1998, Teolis et le Groupe Vivendi Africa Togo titulaires d’une licence depuis juin 2017).

A ce jour, le nouveau cadre législatif et réglementaire est en voie d’achèvement, les textes sur la société de l’information ont été adoptés, de même que les textes sur les transactions et la signature électronique. Des projets structurants d’infrastructures ont été réalisés ou en cours d’achèvement : le projet E-GOUV qui connecte plus de 560 bâtiments administratifs de la ville de Lomé avec 250 km de fibre optique, le projet WARCIP qui renforce la connectivité du territoire par la construction de nouvelles infrastructures permettant de réduire les coûts d’accès et d’améliorer la qualité du
réseau, le projet Wifi Campus avec la mise en place d’un réseau Wifi très haut débit gratuit dans toutes les universités publiques et Centres Hospitaliers Universitaires (CHU) du Togo, etc.

Le taux de pénétration de l’internet (fixe et mobile) atteint 36,31% en 2017, en hausse de +33,45 points comparé à 2011. Cette forte croissance est essentiellement tirée par l’internet mobile qui représente 98% des abonnés, du fait notamment du renforcement de la concurrence avec l’attribution d’une licence 3G à l’opérateur privé MOOV Togo en 2016. Cette nouvelle
dynamique s’est aussi matérialisée par une baisse des prix d’environ 50% entre 2016 et 2017 ainsi qu’un accroissement des usages avec un trafic global internet qui est passé de 3 Gbps en début 2016 à 8 Gbps en décembre 2017.

L’internet fixe, avec un taux de pénétration de 0,69% en fin 2017 et des tarifs relativement élevés par rapport à la sous Plan National de Développement (PND) 2018-2022 / 37 région, reste à développer. En effet, bien que les prix de l’ADSL, soient passés de 297 000 FCFA à 34 810 FCFA pour le 4Mbps
entre 2016 et 2017, et de 679 000 FCFA à 42 480 FCFA pour le 8Mbps, ils restent toujours élevés comparés à la sous-région: par exemple au Sénégal où le prix d’une connexion ADSL à 10Mbps est à 34 900 F CFA.

Toutefois, le renforcement de la concurrence avec l’arrivée des deux nouveaux fournisseurs d’accès internet a permis la mise sur le marché en mars 2018 de nouvelles offres internet FTTH : 25 Mbps à 25 000 F CFA par mois et 50 Mbps à 30 000 FCFA par mois. Concernant le segment de la téléphonie mobile, la télédensité est de 82,98% en progression de +21 points comparé à 2014.

Le Togo reste cependant en retrait par rapport aux autres pays de la sous-région, notamment le Sénégal qui avoisine les 100% et la Côte d’Ivoire qui en est au-delà. Cet écart est plus prononcé, lorsqu’il s’agit du taux de pénétration corrigé du phénomène des abonnements multiples. Selon les données de GSMA, le taux de pénétration en nombre d’abonnés uniques estimé à 38,2% est en-deçà de la moyenne sous régionale (49%) et des voisins frontaliers comme le Bénin (47%), le
Ghana (66,8%) et de ceux des pays de référence de la sous-région, la Côte d’Ivoire (52,9%) ou le Sénégal (60,5%).

Aussi, avec un taux de couverture du territoire de 65% pour le mobile et 22% seulement pour la 3G, la fracture numérique demeure-t-elle un défi à relever. De même la qualité de service reste à améliorer, de l’avis des consommateurs. Les statistiques évoquées ci-dessus, appellent à la réorientation des politiques digitales en vue de la libération de son plein potentiel au Togo.

En effet, la transformation digitale du Togo lui permettra de profiter davantage des dividendes du numérique, notamment : une plus grande inclusion des entreprises dans l’économie mondiale, des possibilités d’une création massive d’emplois à haute valeur ajoutée, un développement du capital humain, une facilitation de l’accès des citoyennes et citoyens aux services publics, un renforcement des capacités des pouvoirs publics.

La digitalisation de l’économie togolaise sera un moteur essentiel de croissance et de développement. Elle devrait stimuler la compétitivité dans tous les secteurs, ouvrir de nouvelles perspectives au commerce et à l’entreprenariat et offrir de nouveaux moyens d’accéder aux marchés étrangers. Elle devrait également fournir de nouveaux outils pour surmonter les problèmes chroniques de développement, notamment l’inclusion financière, l’éducation et la santé et la
prévention des risques de catastrophes etc. La téléphonie mobile et l’internet, par exemple, peuvent permettre aux femmes d’améliorer la santé et le bien-être de leur famille, de tirer meilleure partie des possibilités d’exercer des activités génératrices de revenus et de se protéger de l’exploitation et des dangers.

L’analyse des performances du Togo dans le digital révèle notamment que le plus grand défi est de réduire les coûts de connexion, des TIC et d’améliorer la qualité et la continuité du service internet

Effet attendu 5 : Le numérique est développé et facilite les transactions économiques et financières

L’ambition du gouvernement est d’affirmer le numérique comme un véritable levier de la modernisation de l’économie et de la société. La politique du secteur de l’économie numérique vise à permettre au Togo de disposer à court et à moyen termes, de services TIC compétitifs et accessibles au plus grand nombre de citoyens et à long terme, bâtir les fondamentaux d’une digitalisation économique porteuse de valeurs, créatrice d’emplois et de richesses et stimulatrice du développement, rendre l’internet et les TIC accessibles, sans discontinuité, à tous et financièrement abordables.

Les cibles à l’horizon 2022 sont entre autres : au moins 90% de la population et près de 95% des entreprises et administrations centrales et locales ont accès à l’internet haut débit ; 50% des lycées et collèges publics sont équipés en réseaux internet et les TIC sont pleinement intégrées dans la formation des élèves et étudiants ; le taux de pénétration du GSM atteint au moins la moyenne sous régionale puis la dépasse vers la fin de la période de mise en œuvre.
Le développement du numérique se fera à travers: (i) la réduction de la fracture numérique ; (ii) la diffusion et l’intégration des TIC dans tous les secteurs de l’économie nationale; (iii) le renforcement des incubateurs et la mise en place d’une plateforme de financement; (iv) la garantie de la souveraineté numérique nationale y compris la cybercriminalité et la protection des services; (v) l’amélioration de la qualité et la diversification des services TIC ; (vi) la mise en place et l’opérationnalisation d’un écosystème pour l’accompagnement des acteurs privés et des entrepreneurs.

Encadré 1 : Digitalisation de l’économie: le numérique dans le monde, en Afrique, et au Togo

Secteur actuellement le plus dynamique de l’économie mondiale, avec des taux de croissance relativement élevés, l’économie numérique devra bénéficier d’une attention particulière. Le développement de ce secteur est crucial car il constitue non seulement une source importante de devises mais aussi un gisement important d’emplois pour les jeunes, moyennant des formations adéquates.

Depuis la « démocratisation » de l’accès à Internet au milieu des années 1990, le secteur des technologies numériques n’a cessé de se développer de façon accélérée. Ce déploiement s’est accompagné d’une vague d’innovations dans les technologies de l’information, mais aussi dans de nombreux domaines d’application, donnant naissance à une multitude de services en ligne et à de nouvelles applications. L’évolution de l’internet et des réseaux numériques a eu des répercussions significatives sur la circulation et le traitement de l’information, sur les transactions marchandes et financières, l’audiovisuel, la gestion des réseaux publics, etc.

Le défi qui se pose au Togo est celui de tout faire pour bénéficier de ces avancées qui ont et continuent de booster les économies de plusieurs pays. Le Rapport 2017 de la CNUCED intitulé ’’Numérisation, Commerce et Développement’’, révèle que la digitalisation prend
une part de plus en plus importante dans le processus de développement des économies africaines à travers des gains de productivité inespérés dans divers domaines. Le recours au traitement des données à grande échelle (Big Data), à l’intelligence artificielle dans le domaine médical, au géo-référencement dans la gestion foncière ou l’exploitation agricole, en constituent des exemples probants que le Togo entend intégrer progressivement dans sa planification du développement.

Les défis à relever

A cet effet, il doit relever un certain nombre de défis comme :

• l’absence de statistiques (comme partout en Afrique) sur les aspects clés de l’économie numérique, qui rend difficile la formulation de politiques publiques appropriées ;

• le virage numérique qui a été plus lent au Togo que dans d’autres pays de la sous-région. Malgré les efforts réalisés ces dernières années, la fracture numérique est toujours prononcée au Togo, comparativement aux autres pays de la sous-région. En effet, les coûts de la connexion internet sont relativement très élevés (en 2017, la connexion ADSL de 8 Mb/s coûte 42 480 FCFA par mois au Togo alors qu’au Sénégal la connexion de 10 Mb/s est à 34 900 FCFA) ;

• la digitalisation de l’économie dans le but d’avoir des externalités positives sur les secteurs productifs et financiers, par la mise en œuvre de la déclaration de politique du secteur de l’économie numérique 2018-2022 validée en octobre 2017 et qui ambitionne de faire du Togo un hub de service et un centre international d’innovation et de compétence digitale ;

• le développement technologique à promouvoir avec l’utilisation du numérique dans l’agriculture, la santé, l’éducation, les finances, la sécurité, le biométrique, le foncier, etc.

Toutefois, l’avènement des nouvelles offres fibre optique à domicile (FTTH) commercialisées à 30 000 FCFA les 30Mb/s pourrait permettre d’améliorer considérablement l’accessibilité et la qualité des services Internet au Togo.

Quatre principaux piliers pour accrocher le numérique

La mise en œuvre de cette approche s’articulera autour de quatre (04) principaux piliers pour accrocher le numérique et en faire progressivement une réalité au Togo. Cela passera par :

• la digitalisation et l’amélioration de la qualité des services offerts aux citoyens qui se feront grâce au projet E-gouv qui a pour objectif d’assurer l’interconnexion effective des administrations et permettre d’offrir un service de qualité aux usagers, dont la dématérialisation de nombreuses procédures ;

• l’amélioration de l’accès de tous à des produits et services numériques à un coût abordable contribuera à assurer la compétitivité de l’économie par l’accès à des équipements et des services technologiques performants à la suite des incitations fiscales de 2017 exonérant l’importation d’équipements numériques ;

• la promotion de la formation dans les métiers du numérique et des technologies en développant des compétences pointues dans les domaines technologiques et numériques en vue d’assurer à plein temps la qualité du service ;

• la création de centres d’innovation comme support des industries, à l’instar de la SiliconValley aux Etats-Unis, pour offrir aux start-ups un environnement propice à l’innovation et à la recherche & développement. »

Lire aussi : Cina Lawson présentera aux Européens les opportunités et projets phares du Togo dans le numérique lors du Forum Togo-UE à Lomé

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