[Digital Business Africa] – À l’occasion de la Journée internationale des datacenters, le Cameroun a organisé une rencontre de présentation officielle d’une étude sur les datacenters au Cameroun. C’était ce 22 mai 2025 à l’hôtel Mont FEBE de Yaoundé sous la présidence du ministre des Finances, Louis-Paul MOTAZE. Un événement stratégique au cours duquel la Directrice générale du Centre national de développement informatique (CENADI), le Pr Chantal Marguerite Abia épouse Mveh, a dressé un état des lieux sans concession de l’écosystème des datacenters au Cameroun.
Un constat sans appel : aucun datacenter Tier III au Cameroun
La déclaration du Pr Chantal Mveh a fait l’effet d’un électrochoc : « le Cameroun ne dispose, à ce jour, d’aucun datacenter certifié Tier III ». Une lacune majeure dans un contexte où la disponibilité, la fiabilité et la sécurité des données sont devenues des exigences critiques pour le développement numérique.
Après cette présentation, Digital Business Africa, votre plateforme d’informations stratégiques sur les TIC, les Télécoms et le Numérique en Afrique, s’est rapprochée d’elle pour plus d’explications.
Dans cette interview vidéo qu’elle nous a accordée, elle indique que cette situation est principalement due à l’absence de deux sources d’énergie totalement indépendantes, condition indispensable à la certification Tier III.
En effet, les infrastructures existantes reposent principalement sur une seule source d’électricité, fournie par l’opérateur public Eneo, complétée par des groupes électrogènes qui ne peuvent être considérés comme une source distincte mais plutôt comme un simple dispositif de secours.
Face à cette contrainte, la DG du CENADI lance un appel à l’investissement dans les énergies vertes, qui permettraient de diversifier les sources d’alimentation et de poser les bases d’une certification Tier III future.
Mutualisation des datacenters : vers un cloud souverain camerounais ?
Autre piste de solution envisagée : la mutualisation des ressources entre les grands opérateurs publics et privés, notamment Camtel, Campost, Orange, MTN, ST Digital, etc. Plutôt que de centraliser les infrastructures, la DG du CENADI propose la mise en place d’un cloud camerounais, constitué de plusieurs datacenters interconnectés répartis sur le territoire. Cette approche permettrait une meilleure résilience, une sécurisation accrue des données et une optimisation des coûts d’investissement et de maintenance.
Souveraineté numérique : urgence de mettre en œuvre la loi sur les données personnelles
Dans cette interview que nous vous invitons à regarder, le Pr Chantal Mveh a également insisté sur l’impératif de renforcer la souveraineté numérique du Cameroun. Elle plaide pour l’application effective de la loi promulguée en décembre 2024 sur la protection des données personnelles, qui demeure pour l’instant sans textes d’application.
Elle souligne l’importance d’accélérer la rédaction et la validation des décrets qui définiront les missions de l’autorité de régulation, la désignation des délégués à la protection des données (DPO) dans les organisations, et les mécanismes de contrôle.
Pour bâtir une stratégie cohérente, la CENADI envisage de s’inspirer des modèles mis en œuvre dans des pays comme le Gabon, le Sénégal ou le Bénin, déjà plus avancés dans la mise en œuvre de leur cadre légal de protection des données.
Une transformation numérique conditionnée par la fiabilité de l’infrastructure
À travers cette journée, la Directrice générale du CENADI a rappelé que la transformation numérique du Cameroun ne pourra se faire sans des infrastructures robustes, fiables et souveraines. Pour elle, les défis sont nombreux, mais les opportunités sont à portée de main, à condition d’adopter des approches collaboratives, de renforcer la réglementation et d’investir massivement dans des solutions énergétiques durables.
Vous pouvez suivre l’interview intégrale du Pr Chantal Mveh sur Digital Business Africa
Par Digital Business Africa