Dans sa présentation, Mathilde Abouem Mouangue, a d’abord donné les quatre piliers de CAMTEL, dont l’infrastructure sous-marine ( 4 câbles), environ 20 000 km de fibre optique, un datacenter tiers 3 et le développement de l’infrastructure satellitaire. Est venue ensuite la phase des échanges. En face de l’oratrice qui a séduit plus d’un par son éloquence et sa prestance, il y avait une assistance visiblement armée. Prête à dégainer des questions dénuées de complaisance.
Comme celle-ci : Quelles mesures sont adoptées pour que les données collectées au Cameroun n’aillent pas d’abord à l’extérieur ? A cette question, Mathilde Abouem Mouangue, Head of Sales Coordination Departement à CAMTEL a répondu :
« Notre datacenter est disponible et ce n’est pas tout le monde qui y héberge ses données. C’est pour cela que nous sommes en promotion auprès des acteurs locaux et internationaux pour qu’ils s’évertuent à héberger les données chez nous. Parce que c’est vraiment un instrument de souveraineté numérique.
« Il faut qu’il y ait des points d’échanges au sein du Cameroun. Il y en a un qui est géré par le CAMIX et qui regroupe plusieurs acteurs. Mais au niveau du secteur des télécommunications, nous devons nous organiser un peu mieux pour qu’ils permettent justement tout le trafic. Peut-être une partie qui va sortir. Mais que tout le trafic ne sorte pas avant de revenir. Donc, ce point d’échange existe. Mais il est embryonnaire.
Donc, il faudrait qu’au niveau de l’écosystème des télécommunications nous puissions pousser son opérationnalisation. Au niveau de la sortie internationale du trafic internet, nous avons des pare-feux de dernière génération qui permettent de filtrer le trafic entrant et sortant. Mais maintenant, pour assurer la disponibilité du trafic en interne, il faut que le point d’échanges déjà mis en place soit opérationnel », a-t-elle dit.
Dieudonné Onomo, en service à la direction technique, a ajouté :
« Toutes nos données ou presque alimentent les centres de données à l’extérieur. Nous consommons énormément de contenus Meta, dont Facebook et autres. L’approche de CAMTEL dans les prochains mois et prochaines années est d’avoir les datacenters décentralisés en plus de notre datacenter tier III. Nous comptons avoir le long des points de distribution énergétiques. Nous avons un plan d’avoir 9 datacenters. Lorsqu’il y a coupure de fibre optique entre le datacenter d’une des régions avec le CLS, les données locales sont disponibles pour les habitants locaux. L’autre approche est d’encourager les populations à consommer localement. Il faudrait donc qu’il y ait plus de contenus… »
Quelles mesures en cas d’attaques cybernétiques à grande échelle venant d’un pays puissant ? Après cette question, le murmure s’est élevé de l’assistance. Les visiteurs du jour croyaient peut-être avoir touché où ça fait mal. Mais c’était sans compter sur la répartie de Mathilde Abouem Mouangue, qui a dévoilé la puissance de l’opérateur des télécommunications.
. « Il y a de la démarche stratégique qui est faite à CAMTEL. Maintenant, puisque nous sommes une entreprise certifiée ISO, il y a dans chaque entité qui est pilote d’un processus, une analyse de veille de son périmètre d’action.
Par exemple la division de la sécurité quand elle fait ses projets, ses plans annuels, elle doit identifier son contexte. Justement, quelles sont ses forces, ses faiblesses, ses menaces sécuritaires par rapport à son périmètre d’action. Quelles sont les opportunités à saisir en termes de technologies et autres.
Au niveau de la puissance, nous avons une infrastructure qui est maillée, redondée (4 câbles sous-marins). Lorsqu’il y a eu interruption de services sur toute la Côte Ouest, en 2024, le Cameroun était l’un des pays les moins affectés, parvenant que justement nous avions plusieurs portes de sortie.
Donc, il y a de la redondance au niveau de notre réseau. Il y a aussi de la redondance au niveau de nos alliances. On a relancé le service satellitaire pour que, si en cas de coupure de la fibre ou un souci au niveau du mobile, on puisse avoir avec les partenaires qui sont en négociation avec nous une sortie par le satellite », a-t-elle expliqué.
En gros, ces partenaires qui ne sont pas des pays permettent à CAMTEL de minimiser le risque de rupture totale de la connexion internet.
Par Jean Materne Zambo