Beatrice KEPSEU : « J’ai eu l’honneur de travailler à Twitter… »

TIC Mag présente cette semaine les cinq femmes camerounaises sélectionnées pour participer au programme TechWomen qui s’est déroulé aux Etats-Unis pendant quelques semaines. Elles partageront avec les lecteurs de TIC Mag l’expérience unique qu’elles ont vécu et leur amour pour les TIC. Premier arrêt : Beatrice Kepseu.

Qui est Marthe Beatrice Kepseu ?

Marthe Beatrice KEPSEU sort graduée en tant que Ingénieur Génie électrique de l’Ecole nationale supérieure polytechnique de Yaoundé en 1998. Apres l’obtention de son diplôme en tant que seconde major de sa promotion, elle est recrutée comme Ingénieur de Télécommunications chez Camtel Mobile en 1999. Elle rejoint ensuite MTN Cameroon en 2000 lors du rachat de Camtel Mobile par Celle-ci. Elle a gravie les échelons dans le département technique pendant ces 14 années, d’ingénieur de commutation au poste de directrice des Operations et Maintenance du réseau de MTN Cameroon. Elle a participée a l’implantation et la croissance du premier abonné aux sept millions d’abonnés. Forte de ses connaissances techniques, s’ajoute aussi des connaissances managériales acquises pendant des années d’expérience et des formations. Elle les a mise en application pour des résultats tant pour le développement et au succès des personnes que celui de la société. Elle est actuellement directrice du département de Télécommunications et d’Energie chez INET Consulting ou elle gère les projets de déploiement, d’installation des équipements et de sous-traitance des services Télécommunication et Energie. Marthe Beatrice, âgée de 39 ans est une épouse épanouie et mère de 04 enfants.

Pourquoi et comment avez-vous commencé à vous intéresser aux TIC et aux technologies ?

Lors de la coupe du monde de 1982, j’ai été impressionnée en observant un match de football à la télévision pour la première fois. Voir ces footballeurs  en face de moi avait été quelque chose de magique, car toute petite, je ne comprenais pas comment cela était possible. J’ai alors  à cette époque décidé de comprendre la technologie et de me l’approprier. J’aime la technologie, car elle permet d’améliorer le monde dans lequel nous vivons. Grâce à la technologie, aux TIC et à l’Internet, nous avons accès aux connaissances, aux informations, aux applications  qui améliorent notre quotidien, aux réseaux sociaux qui permettent  une liberté de communication entre les peuples, une liberté d’opinion… Avec le développement des technologies et des TIC, nous observons une amélioration au niveau de la santé, du transport des personnes et des biens, tout ceci concourant au bien être de l’humanité.

Vous étiez récemment aux Etats-Unis dans le cadre du programme TechWomen. Comment y êtes vous arrivée ?

J’ai eu l’information de l’existence de ce programme grâce à un mail envoyé par une Polytechnicienne qui avait participé au même programme en 2013.   Dès lors, je me suis informé sur Internet et j’ai rassemblé  toutes les informations pour postuler à ce programme. Tout se passe sur Internet. Je me suis connectée et j’ai rempli les différentes questions. Forte était ma joie de recevoir, plus de quatre mois plus tard, la bonne nouvelle selon laquelle j’avais été présélectionnée pour le programme. Nous devions encore passé des interviews à l’ambassade des Etats unis à Yaoundé, dernière étape du concours. L’interview s’est bien passée et j’ai été choisie parmi les ‘’ Woman Emerging Leader’’ pour représenter le Cameroun à San Francisco – Silicon Valley USA.

Comment avez-vous vécu cette expérience et en quoi consiste ce programme TechWomen ?

Le programme Techwomen a été créé en 2010 sous l’initiative d’Hillary Cliton, alors Secrétaire d’Etat. Techwomen amène des femmes  leaders dans la science, la technologie, ingénierie et des mathématiques (TIGE) de l’Afrique et du Moyen Orient ensemble avec leurs homologues professionnels aux Etats Unis pour un mentorat et un programme d’échange. Pendant le programme, les femmes leaders s’engagent dans des mentorats à travailler sur des projets dans des entreprises dans la baie de San Fancisco et de la Silicon Valley ’’Le berceau de la technologie’’. Elles participent aux ateliers de développement personnel, aux réunions de ‘’networking ‘’et aux événements spéciaux. Nous étions cette année au total 78 femmes leaders de 16 pays : Algérie, Cameroun, Egypte, Jordanie, Kenya, Liban, Libye, Maroc, Nigeria, les territoires Palestiniens, Rwanda, Sierra Leone, l’Afrique du Sud, Tunisie, Yemen et le  Zimbabwe. Le Cameroun avait une représentation de 05 femmes leaders.

C’est une expérience unique dans la vie de quelqu’un qui aime et travaille dans la technologie, car c’est une occasion de découvrir le monde du travail, d’y travailler, de découvrir la région et surtout d’essayer de comprendre les secrets de réussite de ces grandes multinationales dans le domaine des TICs. (Twitter, Google, Juniper, Linkedin, Facebook, Mozilla, Symantec,….).C’est un programme très enrichissant qui permet de se développer sur le plan professionnel, culturel et d’améliorer ses connaissances de management et de leadership.

Quelles sont les visites, activités ou rencontres qui vous ont le plus marqué aux Etats-Unis dans ce cadre ?

 J’ai eu l’honneur de travailler à Twitter pendant cette période. Ce fut une expérience enrichissante et unique pour moi. Travailler chez un géant des TIC et découvrir comment l’organisation, l’ambiance, l’esprit d’innovation qui y règne t’amène à comprendre en partie pourquoi ils réussissent dans le monde entier. Ce fut une expérience mémorable au cours de laquelle j’ai appris beaucoup de choses sur le plan technique. J’ai eu à toucher du doigt et à comprendre les nouvelles techniques de pointe implémentées par Twitter pour le management de ses centres de données.  J’ai eu l’occasion de visiter beaucoup de sociétés tels que : Juniper, Symantec, Mozilla, Citrix, Google, Facebook, Auto Desk, Pacific Energy Center… Ces géants des TICS ont une chose en commun, c’est l’environnement de travail propice à l’innovation, à l’épanouissement, au développement de l’employé et pour une recherche perpétuelle de l’excellence.

Une des découvertes intéressante fut lors de la visite du PACIFIC Energy Center : Centre de recherche en énergie de San Francisco où j’ai eu l’opportunité de pénétrer dans une salle où l’atmosphère et le ciel ont été simulés en vue de l’étude sur l’impact de la pénétration des rayons solaires dans les habitations.

Personnellement, j’ai eu le privilège de découvrir sur le plan culturel l’opéra et la symphonie musicale, de découvrir Hollywood et de visiter ‘’Universal Studios’’ (Los Angeles). J’ai aussi visité le Musée de l’académie de science et d’y découvrir une exposition sur l’évolution de la race humaine.

L’un des volets de ce programme est l’aspect’’ Mentoring’’, ce fut une révélation de découvrir tout un réseau de ‘’Mentoring ‘’bien développé aux Etats Unis qui gagnerait à être également mis en œuvre au Cameroun. Chacune avait un mentor professionnel et un mentor culturel. Deux femmes avec lesquelles une grande amitié est née et qui continuera au delà du programme. Nous avons eu des rencontres avec beaucoup d’associations américaines qui soutiennent les femmes, les encourage à s’engager dans le domaine de la science, la technologie, ingénierie et des mathématiques (TIGE), qui militent pour leur droits…

Pourquoi les Africains devraient-ils davantage s’intéresser aux TIC et aux technologies ?

Le développement économique dépend en partie du développement de la science et de la technologie. Le fossé scientifique et technologique entre l’Afrique et le reste du monde n’a fait que s’accroître au fil des ans. Selon certains économistes, ce fossé grandissant est en partie responsable du sous-développement du continent. Les Africains gagneraient à s’y intéresser davantage pour pourvoir développer leur pays. En janvier 2007, lors d’un sommet de l’Union africaine, les chefs d’Etats ont demandé à tous les pays de l’UA de consacrer, d’ici 2020, au moins 1% de leur produit intérieur brut à la recherche et au développement. Ils se sont aussi engagés à revitaliser les universités africaines et à promouvoir l’étude de la science et de la technologie chez les jeunes.

L’amélioration de la qualité de vie dans les pays Africains dépend de l’évolution de leur industrie et des techniques d’information. Nous devons aussi nous engager à maitriser la technologie et les TIC pour être maitre de notre développement et ne plus dépendre des pays développés.

Quels conseils donnez-vous aux jeunes et aux femmes qui exercent dans le domaine de la technologie ou qui souhaiteraient s’y lancer ?

Je voudrais premièrement féliciter toutes les femmes qui travaillent déjà dans le domaine de la technologie et les encourager d’aller de l’avant, de continuer à travailler dur, d’être et de demeurer les meilleures dans leur domaine. Et surtout d’encourager les jeunes filles à embrasser comme elles ce monde merveilleux de découverte et de connaissances. Deuxièmement, en ce qui concerne les jeunes filles, je les encourage à se lancer dans le domaine de la technologie, car c’est un monde riche de connaissances nouvelles, un monde où elles pourront découvrir le mystère de la vie et des choses ; un monde plein de joie et d’expériences comme le programme Techwomen  qui nous a amené à la ‘’SILICON VALLEY’’, parce que nous sommes des femmes leader dans un domaine de la technologie. La population des femmes au Cameroun est supérieure à celle des hommes, notre pays a besoin de toutes ses vaillantes filles pour le construire avec elles les grands chantiers structurants qui sont planifiés. Soyez donc et faites partie de celles qui participeront au développement industriel du Cameroun. Nous nous sommes engagées avec les autres ‘’Techwomen Emerging Leader 2014’’ à œuvrer encore pour encourager et soutenir les jeunes filles désireuses de se lancer dans le domaine technologie. Elles peuvent compter sur notre soutien et notre support.

Propos recueillis par B-O.D.

Prochaine TechWoman camerounaise : Sophie Ngassa

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