[DIGITAL Business Africa] – Le programme du candidat Cabral Libii à l’élection présidentielle d’octobre 2025 au Cameroun place le numérique et la souveraineté scientifique au centre de la transformation nationale. C’est un projet audacieux qui répond à la nécessité de faire du Cameroun un pays compétitif dans l’économie mondiale, tout en réduisant sa dépendance technologique vis-à-vis de l’étranger.
Digital Business Africa salue cette approche visionnaire, mais note qu’elle devra surmonter des défis structurels majeurs pour être crédible et efficace.
Les points forts du programme
1 – Une vision stratégique de la souveraineté numérique
Cabral Libii ne considère pas le numérique comme un simple outil mais comme un levier de puissance nationale. En intégrant le développement des solutions locales, l’open-source et la recherche scientifique, il met l’accent sur l’appropriation et la maîtrise technologique.
2 – Une inclusion numérique et financière ambitieuse
La proposition de transformer CAMTEL, d’étendre la fibre optique à toutes les communes, de faciliter l’accès à Internet via le satellite et de rendre les équipements numériques plus abordables reflète une approche pragmatique pour réduire la fracture numérique.
La création d’une Banque postale et la modernisation des services postaux montrent la volonté de renforcer l’inclusion financière, un enjeu clé pour les populations rurales et les PME.
3 – Un lien fort entre éducation, recherche et développement économique
L’accent mis sur la digitalisation de l’éducation, la formation des enseignants, le développement de contenus éducatifs locaux et le financement de la recherche en IA, cybersécurité et data positionne l’éducation comme une base solide pour préparer le Cameroun à l’économie numérique.
4 – Une approche transversale du numérique
Le programme démontre que le numérique n’est pas cantonné aux infrastructures, mais qu’il doit irriguer l’ensemble des secteurs : commerce, santé, poste, éducation, universités et industries culturelles.
Cette vision intégrée est essentielle pour une transformation durable.
Les faiblesses identifiées
1- Manque de clarté sur le financement
Les objectifs sont ambitieux (fibre optique nationale, hubs technologiques, laboratoires de recherche, subventions pour l’accès aux équipements) mais le programme ne détaille ni le coût ni les sources de financement.
2 – Absence d’un cadre institutionnel précis
Cabral Libii n’explique pas comment il compte coordonner les multiples institutions du secteur (MINPOSTEL, MINRESI, MINIMIDT, ART, ANTIC, CAMTEL, CAMPOST, régulateurs financiers) ni comment il éviterait les chevauchements de compétences et les lenteurs administratives.
Le défi majeur : L’exécution et la gouvernance
Le plus grand défi pour Cabral Libii sera de transformer une vision ambitieuse en résultats concrets dans un contexte marqué par des contraintes financières, des lenteurs administratives et un déficit de confiance entre les acteurs publics et privés.
Trois conditions seront déterminantes :
- Hiérarchiser les priorités pour concentrer les efforts sur quelques chantiers structurants dès les premières années : par exemple la fibre optique communale, l’inclusion financière et l’éducation digitale.
- Mettre en place un leadership institutionnel fort et indépendant, capable de coordonner tous les acteurs publics et privés impliqués dans la transformation numérique.
- Garantir la transparence et la bonne gouvernance dans la mise en œuvre des grands projets numériques, afin d’attirer les investisseurs et restaurer la confiance des citoyens.
Conclusion de Digital Business Africa
Le programme de Cabral Libii constitue une vision de rupture, plaçant le numérique et la science au cœur de la souveraineté et du développement inclusif.
Cependant, pour qu’il ne reste pas un catalogue de bonnes intentions, le candidat devra prouver sa capacité à exécuter rapidement et efficacement, en surmontant les défis financiers, institutionnels et humains.
En clair, le succès de ce programme dépendra moins des idées que de la capacité à bâtir un écosystème d’exécution robuste, mobilisant l’État, le secteur privé, les universités et les partenaires internationaux autour d’objectifs clairs et mesurables.
Par Beaugas Orain DJOYUM
Digital Business Africa reviendra bientôt avec une interview exclusive du candidat pour lui permettre d’expliquer plus en détail sa vision numérique et clarifier les zones d’ombre que nous avons relevées dans son programme.
Lire le programme intégral du candidat
Cet article fait partie du Dossier spécial Présidentielle 2025 au Cameroun de Digital Business Africa. Notre rédaction suit de près la campagne électorale et analyse les programmes des différents candidats, notamment leurs propositions en matière de numérique, d’économie digitale, de cybersécurité et d’inclusion technologique. Ce dossier vise à offrir aux citoyens, aux entrepreneurs et aux acteurs du numérique des informations fiables et comparatives pour comprendre les visions qui pourraient transformer le Cameroun.
Lire aussi
Issa Tchiroma Bakary mise sur l’économie numérique pour propulser le Cameroun dans la modernité
Jacques Bouhga-Hagbe : un projet de digitalisation cohérent, mais fragilisé par les défis institutionnels et budgétaires
Présidentielle 2025/ Cameroun : Le projet 2.0 du SDF, l’offre de souveraineté du PURS
Présidentielle 2025/Cameroun : L’offre numérique mort-née du PAL ? le MCNC veut innover








