[DIGITAL Business Africa] – Le programme politique de Joshua Osih, 56 ans, pour l’élection présidentielle de 2025 au Cameroun se présente comme une véritable feuille de route pour arrimer le Cameroun à l’économie mondiale du futur. En misant sur la révolution numérique comme moteur de croissance, d’inclusion et de gouvernance efficace, le candidat du Social Democratic Front (SDF) ambitionne de transformer en profondeur l’État, l’éducation et le secteur productif.
Son approche, résolument tournée vers l’innovation, promet un Cameroun connecté, compétitif et inclusif, où le numérique ne serait plus seulement un outil de consommation, mais un levier de production et de transformation économique.
Un plan structuré et ambitieux
Joshua Osih fait de l’ancrage du Cameroun dans la révolution numérique et les industries du futur le cœur de son projet politique. Son plan s’appuie sur deux axes majeurs : la numérisation de la société, pour moderniser les services publics et l’administration, et le développement de l’économie numérique, comme secteur créateur de richesses et d’emplois.
Cette stratégie repose sur quatre objectifs stratégiques : bâtir des infrastructures solides, transformer l’action publique et l’éducation, stimuler l’entrepreneuriat et la création de contenus, et garantir la sécurité et la confiance dans l’espace numérique.
Le programme décline ces ambitions en huit initiatives clés, allant de la création d’un Datacenter national capable d’attirer les géants mondiaux du numérique (GAFAM, BATX), à la mise en place d’une administration 100 % digitale d’ici 2030, en passant par la gratuité de l’accès à Internet et la monétisation des services numériques.
Les points saillants d’une vision de rupture
Le plan de Joshua Osih se distingue par plusieurs propositions audacieuses.
Il promet une administration totalement dématérialisée, avec un objectif « zéro liquidité », où les déclarations fiscales et sociales, les actes de naissance et les certificats seraient réalisés et payés en ligne ou via des kiosques numériques dans chaque mairie. L’open data des budgets et contrats publics est présenté comme un outil clé de lutte contre la corruption.
Il défend également une approche innovante du modèle économique numérique, en prônant un basculement de la taxation de l’accès à Internet vers la monétisation des services, afin de rendre la connectivité gratuite et universelle.
Enfin, il insiste sur le rôle du secteur numérique comme moteur de création de richesses, en appuyant l’écosystème entrepreneurial local à travers un fonds à capital-risque, des incitations fiscales et douanières, et le développement d’une « Silicon Mountain » camerounaise.
Un projet inclusif mais confronté à la réalité budgétaire et institutionnelle
Digital Business Africa reconnaît dans le programme de Joshua Osih une vision cohérente et inclusive, qui relie infrastructures, gouvernance, éducation et entrepreneuriat dans une même dynamique.
Cependant, l’un des défis majeurs réside dans la faisabilité financière et institutionnelle. La mise en place d’une couverture Internet haut débit nationale, la généralisation de l’administration numérique et l’appui massif à l’innovation exigent des investissements colossaux, dans un contexte budgétaire contraint.
De plus, le projet d’Osih est conçu dans la perspective d’un Cameroun fédéral, ce qui soulève la question de la coordination entre le gouvernement fédéral et les futurs États fédérés, ainsi qu’avec le secteur privé et les partenaires techniques.
Le défi majeur : le financement et la coordination
Le succès de la vision numérique de Joshua Osih dépendra de sa capacité à mobiliser les ressources financières nécessaires et à mettre en place une gouvernance collaborative efficace.
Il faudra notamment :
- sécuriser le financement durable des infrastructures numériques (fibre optique, satellites, datacenters) ;
- assurer la cohérence et l’harmonisation des politiques numériques entre les différentes entités de l’État fédéral et les collectivités ;
- garantir un environnement fiscal et réglementaire attractif pour stimuler les investissements privés et soutenir l’écosystème des startups ;
- et veiller à ce que les réformes annoncées soient mises en œuvre avec rigueur et continuité, pour éviter qu’elles ne restent lettre morte.
Le plan numérique de Joshua Osih traduit une volonté de rupture avec l’existant, en proposant des solutions innovantes pour moderniser l’administration, démocratiser l’accès à Internet et faire du numérique un moteur de croissance et d’inclusion.
Mais Digital Business Africa souligne que le véritable test de cette ambition sera sa mise en œuvre. Sans un financement massif, une coordination institutionnelle efficace et une volonté politique constante, ce programme risque de rester un idéal séduisant mais difficile à concrétiser.
À travers ce défi, c’est la capacité du Cameroun à s’engager résolument sur la voie d’une transformation numérique inclusive et compétitive qui sera mise à l’épreuve. Bien entendu, s’il est élu président de la République au soir du 12 octobre 2025.
Par Beaugas Orain DJOYUM
Digital Business Africa reviendra bientôt avec une interview exclusive du candidat pour lui permettre d’expliquer plus en détail sa vision numérique et de clarifier les zones d’ombre que nous avons relevées dans son programme.
Lire le programme intégral du candidat

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Cet article fait partie du Dossier spécial Présidentielle 2025 au Cameroun de Digital Business Africa. Notre rédaction suit de près la campagne électorale et analyse les programmes des différents candidats, notamment leurs propositions en matière de numérique, d’économie digitale, de cybersécurité et d’inclusion technologique. Ce dossier vise à offrir aux citoyens, aux entrepreneurs et aux acteurs du numérique des informations fiables et comparatives pour comprendre les visions qui pourraient transformer le Cameroun.
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