[DIGITAL Business Africa] – L’engagement de Paul Biya à faire du numérique un catalyseur d’innovation locale et un outil de transition écologique représente une évolution significative par rapport à ses précédents programmes. Dans sa profession de foi pour l’élection d’octobre 2025, en insistant sur l’association entre innovation numérique et décentralisation, le candidat président sortant propose une approche qui, si elle est mise en œuvre, pourrait transformer durablement l’économie des régions et stimuler l’inclusion des TPE/PME.
Cette orientation montre une prise de conscience du rôle du numérique non seulement dans la croissance économique mais aussi dans la gestion durable des ressources naturelles. En intégrant la protection de la biodiversité et l’économie circulaire à sa stratégie numérique, le programme esquisse un modèle de croissance verte et responsable, capable de répondre aux enjeux contemporains.
Cependant, Digital Business Africa constate que ce programme repose sur des fondations fragiles si les obstacles structurels ne sont pas levés. Le Cameroun souffre toujours de faiblesses persistantes dans l’accès au haut débit, notamment en zones rurales et dans certaines capitales régionales. Le coût élevé de l’Internet, la lenteur de la modernisation de CAMTEL et le manque de partenariats structurants avec le secteur privé risquent de limiter la portée de ces engagements.
En outre, le pays accuse un retard en matière de gouvernance numérique, caractérisé par une faible coordination institutionnelle et par l’absence d’un cadre réglementaire cohérent pour l’économie circulaire et les startups. Ces faiblesses pourraient freiner la mise en place effective des hubs régionaux annoncés et compromettre l’impact de l’intégration entre numérique et durabilité.
Le défi majeur
Le principal défi du programme numérique de Paul Biya réside dans sa capacité à concrétiser la décentralisation numérique en renforçant simultanément les infrastructures et les compétences locales.
Transformer chaque région en hub numérique et incubateur d’innovation suppose :
- de fournir un accès universel et abordable à l’Internet haut débit,
- de créer des écosystèmes locaux d’entrepreneurs soutenus par des financements adaptés,
- d’offrir une formation qualifiante aux jeunes et aux porteurs de projets,
- et de bâtir une gouvernance plus agile et transparente qui rompe avec les lenteurs administratives.
Sans ces prérequis, le risque est grand de voir le programme se limiter à des déclarations d’intention, sans véritable impact sur l’amélioration du quotidien des citoyens ni sur la compétitivité des régions.
Plus encore, Digital Business Africa souligne que la mise en œuvre de la vision du président Paul Biya exigera :
- une amélioration substantielle de l’accès à l’Internet haut débit, encore limité et coûteux dans plusieurs régions ;
- un accompagnement technique et financier des startups, afin que les hubs régionaux deviennent de véritables pôles d’innovation compétitifs ;
- des réformes rapides de la gouvernance numérique pour améliorer la transparence et l’efficacité de l’administration publique. Notamment à travers la coordination plus renforcée des actions des différents départements ministériels dans la transformation digitale, la création d’un conseil national du numérique inclusif (public, privé et société civile) et la création d’une agence nationale en charge de la réalisation des projets de transformation numérique des services publics et la création des autres agences et institutions en charge du numérique prévues par la loi comme l’agence nationale de protection des données personnelles ;
- et désormais, comme récemment promis par le président Paul Biya, la mise en place d’une unité de cybersécurité nationale crédible, disposant de moyens humains, techniques et financiers suffisants pour répondre aux cybermenaces croissantes.
L’intégration du numérique à la transition écologique et à la sécurité nationale est une orientation ambitieuse et multidimensionnelle. Mais elle nécessitera un cadre réglementaire clair et incitatif, ainsi qu’une meilleure coordination entre gouvernement, secteur privé et partenaires internationaux.
Digital Business Africa conclut que la réussite de cette vision dépendra moins de la rhétorique politique que de la volonté de mettre en œuvre des réformes structurelles rapides, soutenues par des investissements conséquents et une meilleure coopération avec le secteur privé, la société civile et les collectivités territoriales.
Par Beaugas-Orain DJOYUM
Digital Business Africa reviendra bientôt avec une interview exclusive du candidat pour lui permettre d’expliquer plus en détail sa vision numérique et de clarifier les zones d’ombre que nous avons relevées dans son programme.
Lire le programme intégral du candidat

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Cet article fait partie du Dossier spécial Présidentielle 2025 au Cameroun de Digital Business Africa. Notre rédaction suit de près la campagne électorale et analyse les programmes des différents candidats, notamment leurs propositions en matière de numérique, d’économie digitale, de cybersécurité et d’inclusion technologique. Ce dossier vise à offrir aux citoyens, aux entrepreneurs et aux acteurs du numérique des informations fiables et comparatives pour comprendre les visions qui pourraient transformer le Cameroun.
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