Les tarifs de l’entreprise des télécoms de l’attaquant camerounais, Samuel Eto’o, ne sont pas les moins chers, contrairement aux promesses faites lors du lancement
Forfait
De nombreux consommateurs affirment de plus en plus qu’il n’y a pas un avantage décisif à être un abonné Set’ Mobile. Avec la minute offerte à 70 FCFA, on est très loin des promesses de prix hyper bas qui avaient retenu l’attention de tout le monde au début. Vers Set’mobile, la minute classique est de 70 Fcfa et le chrono seconde est de 1,4 Fcfa/ seconde, soit (84 Fcfa la minute). Pourtant les deux opérateurs mobiles qui détiennent la plus grande part du marché, MTN et Orange Cameroun, offrent aujourd’hui la seconde Chrono à 1 Fcfa, soit 60 Fcfa la minute. Et la minute classique quasiment au même tarif. Pire encore, vers les autres opérateurs, la minute de Set Mobile est offerte à 100 Fcfa en option classique, et 1,8 Fcfa/ seconde soit 108 Fcfa la minute. MTN et Orange sont à 90 Fcfa sur le même service.
Même à l’international, Set Mobile est plus cher que les autres. Vers la France, par exemple, la minute d’appel Set Mobile coûte 70 Fcfa, pourtant la même minute est facturée par Orange Cameroun à 69 Fcfa. L’offre de 50 Fcfa la minute, objet de la campagne en cours en ce moment, n’est pas aussi simple. « C’est un forfait. Il faut avoir un minimum de 500 Fcfa dans son compte pour accéder à cette offre. Il faut donc payer l’accès à 500 Fcfa et cet accès vous donne droit à dix minutes d’appels pendant 24 heures. Si, au bout de 24 heures vous n’avez pas épuisé vos dix minutes d’appel, vous les perdez », confie un vendeur de crédit. Ce dernier apprend que cette entreprise ne propose encore aucun service à valeur ajoutée. Il n’y a donc véritablement rien de particulier qui puisse amener pour l’instant un Camerounais à quitter MTN ou Orange pour Set Mobile.
Service peu avantageux
Pourtant, Eto’o Telecom a été présenté dès le départ comme l’opérateur le moins cher, qui allait répondre aux attentes des camerounais. Pendant les préparatifs du célèbre concert de décembre 2011 et le jour même du concert, les dirigeants de cette entreprise ont fait miroiter aux habitants de Douala cette perspective. L’axe de communication choisi a suivi la même logique. La signature choisie pour la campagne d’affichage en dit long. « C’est tellement vous ». Une manière de dire aux camerounais qu’enfin, voilà un opérateur où chacun se retrouvera.
Seulement, près de trois mois après le démarrage des activités, chacun peut déchanter. L’arrivée de Set’ Mobile n’est pas à proprement parler un tournant décisif dans l’histoire de la téléphonie mobile au Cameroun. Les consommateurs des services de Set’Mobile font aussi d’autre types de complaintes. D’abord la puce. La Sim Zebra proposée par Set Mobile coûte 1000 Fcfa, avec deux avantages peu captivants, dans un environnement fort concurrentiel. Dix minutes d’appels et dix SMS gratuits. Orange Cameroun, son partenaire, qui vend une Sim grand public à 300 Fcfa seulement, avec 1000 Fcfa de crédit pendant six mois et des paquets de SMS gratuits. Ensuite les ventes.
Depuis le lancement le 21 juillet 2012, c’est la catastrophe au niveau des ventes. Un témoignage d’une « Call-boxeuse » rencontrée ce 10 octobre 2012, à Douala, donne une idée du mal. «Il y a des jours où je n’arrive pas à vendre 1000 Fcfa. Les clients ne demandent plus le crédit Set », confie Mireille, installée non loin du carrefour Arno.
Distribution non maîtrisée
« Au début, les clients demandaient Set, mais depuis quelques semaines, ce n’est plus le cas », explique la jeune dame, avant d’enfoncer le clou. « Avec Set Mobile, c’est vraiment une perte de temps. C’est pourquoi beaucoup de Call-boxeuses ne prennent plus ce crédit ». La même Call-boxeuse dit vendre par jour au moins 30.000 Fcfa de crédit Orange et autant pour le crédit MTN. Soit en moyenne 1.500.000 Fcfa par mois pour les deux opérateurs de téléphonie mobile, loin, alors très loin devant le MVNO, (Mobile virtual network operator), Set Mobile, avec seulement 30.000 FCFA. Il y a aussi l’accompagnement des partenaires. Eto’o Telecom a choisi un schéma de distribution atypique axé essentiellement sur les partenaires. Ce sont ces partenaires qui ont les boutiques Set Mobile, huit au total dans le Cameroun en ce moment.
Ces partenaires, apprend-on, on effectué d’énormes investissements pour ouvrir les boutiques et acheter le matériel roulant, les motos, les voitures notamment, ainsi que le matériel informatique. De sources généralement bien informées, certains de ces partenaires n’ont pas encore reçu leurs retro-commissions, ni les remboursements des frais d’ameublement. On parle en moyenne de 60 millions de Fcfa investis par chaque partenaire dans le cadre de ce projet. Tous ces partenaires sont aux abois depuis quelques semaines. «Même les frais relatifs à l’activation des puces vendues lors du concert de décembre 2011 n’ont pas encore été payés jusqu’ici », se plaint un partenaire, sous le sceau de l’anonymat.
Ce dernier confirme d’ailleurs la mauvaise santé des ventes. « Le mois d’août a permis de recruter un grand nombre d’abonnés. Mais, depuis lors, la courbe est descendante. Ils disent (les dirigeants d’Eto’o Telecom :ndlr) avoir 250.000 abonnés. Soit. Mais, combien consomment-ils? Si un numéro consomme en moyenne 10.000 Fcfa par mois, cela fait 2,5 milliards de chiffre d’affaires. Or, en ce moment, ils n’arrivent même pas à faire la moitié de ce chiffre d’affaires. Cela veut simplement dire qu’il ne s’agit pas des Sim actives », commente-t-il, en remettant fortement en cause l’organisation de cette entreprise.
Point de vue d’Eto’o Telecom
Toutes ces informations sont relativisées par le management d’Eto’o Telecom. Le Directeur général adjoint de cette entreprise a refusé de se prononcer en profondeur sur ces plaintes et complaintes. «Nous attendons les 100 jours de Set Mobile pour donner d’amples informations sur nos activités », indique George Dooh Collins. Néanmoins, au sujet des griefs susmentionnés, le Dga d’Eto’o Telecom pense qu’il est très tôt pour juger Set Mobile. Il demande ainsi aux uns et autres d’être patients. Il n’hésite pas à démentir les informations au sujet des ventes de l’entreprise.
Tout comme celles concernant le licenciement de sept employés. Ce dernier parle de six, au lieu de sept. « Patrick Epée, le directeur des ventes a démissionné. Le chef d’agence de Douala nous a dit quand on la recrutait qu’elle connaissait conduire, après, nous nous sommes rendus compte que ce n’était pas le cas. On a mis fin à son contrat », apprend George Dooh. Aucune nouvelle quant au cas d’Aaron Maboa, Emmanuel Ngombi et Ngomayack, ex directeurs régionaux pour le Nord, le Littoral et Sud-ouest et l’Adamaoua. « On a mis fin à nos contrats, trois mois après, sans préavis et aucune indemnité payée. Pourtant, les essais étaient de 4 mois renouvelables », affirme Aaron Maboa, qui est prêt à ester en justice. Les partenaires quant à eux menacent de fermer leurs boutiques dès cette semaine du 15 octobre 2012 si rien n’est fait. Dans l’ensemble, cette entreprise traverse de moments très difficiles.
Source : Journal du Cameroun