[DIGITAL Business Africa] – Le secteur des communications électroniques confirme son rôle de pilier de l’économie nationale, avec une progression marquée de ses principaux indicateurs entre 2023 et 2024, selon les données de l’Observatoire annuel du marché national des communications électroniques publiées par l’Agence de régulation des télécommunications.
En 2024, le niveau global des investissements du secteur a atteint 194,49 milliards de FCFA, contre 143,54 milliards de FCFA en 2023, soit une hausse spectaculaire de 35,49 %. Cette dynamique d’investissement s’accompagne d’une croissance de l’emploi direct, passé de 6 029 à 6 194 postes, en progression de 2,74 %, tandis que les emplois indirects sont estimés à 4 336 sur les deux exercices.
Un chiffres d’affaires de 1 022,35 milliards de FCFA en 2024
Le chiffre d’affaires déclaré du secteur a également enregistré une évolution significative, passant de 865,93 milliards de FCFA en 2023 à plus de 1 022,35 milliards de FCFA en 2024, soit une augmentation de 18,06 %. Cette performance renforce la contribution du secteur au produit intérieur brut, qui progresse de 2,92 % à 3,16 %, représentant un gain de 0,24 point. La contribution à l’investissement national suit la même tendance, passant de 2,53 % à 3,18 %, soit une amélioration de 0,67 point.
Sur le segment des communications électroniques fixes, la tendance est contrastée. Le nombre d’abonnements actifs sur le réseau filaire de l’opérateur fixe recule de 12,46 %, passant de 77 114 à 67 507 abonnés. En revanche, le trafic voix sortant connaît une forte progression, atteignant 5,38 millions de minutes en 2024 contre 2,35 millions de minutes en 2023, soit une hausse de 128,65 %. Cette évolution traduit un usage plus intensif du réseau fixe malgré l’érosion de la base d’abonnés.
31,52 millions d’abonnés actifs à la téléphonie mobile
Le marché des communications électroniques mobiles demeure le moteur principal du secteur. En 2024, le nombre d’abonnements actifs aux réseaux mobiles s’élève à 31,52 millions, contre 27,21 millions un an plus tôt, soit une croissance de 15,81 %. Toutefois, les usages traditionnels continuent de reculer. Le trafic voix sortant baisse de 11,61 %, passant de 32,98 milliards à 29,15 milliards de minutes. Le trafic SMS chute encore plus fortement, avec un repli de 36,28 %, à 1,88 milliard de SMS en 2024 contre 2,95 milliards en 2023.
Cette évolution des usages se reflète dans les indicateurs de consommation. La consommation moyenne mensuelle de voix par abonné recule de 27,06 %, à 77,09 minutes, tandis que la consommation moyenne mensuelle de SMS tombe à 5 messages par abonné, en baisse de 45,08 %. L’ARPU mensuel sur les réseaux mobiles diminue de 6,67 %, passant de 1 558 FCFA à 1 454 FCFA.
Paradoxalement, certains revenus unitaires progressent. Le revenu moyen par minute de communication augmente de 19,47 %, atteignant 7,73 FCFA, et le revenu moyen par SMS bondit de 34,35 %, à 4,42 FCFA. En revanche, le revenu moyen mensuel par gigaoctet de données recule de 6,88 %, s’établissant à 460 FCFA, traduisant une pression concurrentielle accrue sur les offres data.
Progression des abonnés à l’internet mobile : + 19,19%
L’accès à Internet constitue désormais le principal moteur de croissance du secteur. Les abonnements actifs à l’Internet mobile progressent de 19,19 %, passant de 12,63 millions à 15,05 millions. Le total des abonnements Internet, tous supports confondus, atteint 15,10 millions en 2024, contre 12,67 millions en 2023, soit une hausse de 19,15 %.
Cette montée en puissance de l’Internet se traduit par une explosion des volumes de données échangées. Le trafic des données sur le réseau de l’opérateur fixe progresse de 8,12 %, à 92,42 millions de Go. Sur les réseaux mobiles, la croissance est encore plus marquée, avec un trafic passant de 534,10 millions de Go à 687,44 millions de Go, soit une augmentation de 28,71 %.
Dans l’ensemble, les données de l’Observatoire annuel confirment une transformation profonde du marché des communications électroniques. Le secteur s’éloigne progressivement des services traditionnels de voix et de SMS au profit de l’Internet mobile et des usages data, tout en renforçant sa contribution à la croissance économique nationale. Une dynamique qui pose toutefois des défis majeurs en matière d’investissement, de qualité de service et de soutenabilité des modèles économiques, dans un contexte de baisse continue des revenus unitaires sur les services de données.
Qualité de service préoccupante malgré les investissements annoncés
Malgré la forte hausse des investissements enregistrée en 2024, la question de la qualité de service des communications électroniques demeure un point de crispation majeur. En 2025 de nombreux acteurs du numérique, entreprises utilisatrices et consommateurs finaux ont continué de dénoncer, tout au long de l’année, des perturbations récurrentes des services voix et data, des lenteurs sur l’Internet mobile ainsi que des coupures jugées excessives dans certaines zones urbaines et périurbaines.
Cette situation, en décalage avec l’ampleur des investissements annoncés par les opérateurs, a conduit le régulateur à intervenir. L’Agence de régulation des télécommunications a ainsi infligé des sanctions financières à Orange Cameroun et MTN Cameroon pour manquements répétés aux obligations de qualité de service, rappelant que la croissance des investissements doit impérativement se traduire par une amélioration tangible de l’expérience utilisateur.
Cet épisode questionne la qualité et l’efficacité réelle de ces investissements et met en lumière une réalité centrale pour le secteur : l’urgence de transformer l’effort financier consenti en gains concrets de performance réseau, de continuité de service et de qualité d’expérience pour les usagers.
Par Digital Business Africa









