Pierre Dandjinou : « Pour le .africa, les choses ont bien avancé »

(TIC Mag) – Le vice-président de l’ICANN (Internet Corporation for Assigned Names and Numbers) pour l’Afrique explique à TIC Mag que la solution sur le nom de domaine .africa est imminente. De bonnes nouvelles pourraient être annoncées au début du mois de mars à Marrakech lors de l’ICANN55. Entretien et aux sources du conflit qui oppose deux registres qui se discutent l’attribution de la gestion du nom de domaine de l’Afrique .africa.

TIC Mag : Il y a aujourd’hui plusieurs types de noms de domaine. Mais, le .africa tarde à se mettre en place en raison des divergences qu’il y a entre les deux registres Dot Africa et Dot Connect Africa qui veulent chacun gérer ce nom de domaine. Qu’est-ce qui bloque aujourd’hui et comment faire dans cette situation pour que finalement l’on dispose également du .africa en Afrique comme du .eu en Europe ?

Pierre Dandjinou : Il faut comprendre deux choses : le .africa fait partie de ce qu’on appelle les nouveaux noms de domaine. C’est-à-dire qu’on est parti des 22 noms de domaine qu’on avait initialement à près de 1 900 aujourd’hui. Le .eu par exemple a bénéficié d’un programme qui n’était pas aussi contraignant que le programme qu’on a aujourd’hui. On n’a pas encore officiellement donné l’autorisation à un registre de gérer le .africa, parce que dans le cadre des procédures qui sont contenues dans ce que nous appelons ‘’The Guide Book’’ qui sert un peu de bible, il y a des mécanismes de gestion de conflits. Le .africa fait partie des noms de domaine qui sont venus avec des conflits. Il y en a beaucoup. D’où viennent les conflits ? Simplement parce qu’il y a plusieurs personnes qui souhaitent gérer le .africa. Si vous voulez, la gestion du .africa avait déjà été donné à une entreprise sud-africaine (DOT Africa, ndlr) travaillant avec l’Union africaine. Du moins, l’Union africaine avait, si vous le voulez, soutenu cette entreprise sud-africaine avec un contrat plus moins formel. Maintenant, dans le Guide Book qui est la bible de gestion des noms de domaine, il est indiqué que lorsqu’une partie n’est pas d’accord de l’attribution de la gestion d’un nom de domaine à un tiers, il peut toujours faire appel. Il y avait donc deux entreprises qui ont soumissionné pour la gestion de ce nom de domaine. Et ils ne sont pas d’accord que l’on octroie la gestion à l’un ou à l’autre.

TIC Mag : Parce qu’ils ne sont pas d’accord, doit-on abandonner le .africa et punir ceux qui en ont besoin ? Quelle est la solution préconisée par l’ICANN pour sortir de l’impasse ?

Pierre Dandjinou : Il y a un panel qui gère ce problème et c’est le panel qui s’est saisi de cette plainte et a indiqué à l’ICANN de geler l’attribution de la gestion de ce nom de domaine. Le panel avait donné son point de vue sur la situation et avait demandé à l’ICANN de réétudier la requête de la partie adverse. L’évaluation avait été faite et il y a eu un critère clé défini : il fallait avoir le soutien de 60% des pays. Le plaignant a eu 35% des pays (…). On avait donné trois mois au plaignant d’accepter le verdict qui estime qu’il n’a pas rempli ce critère. Le plaignant avait jusqu’à la fin du mois de janvier 2016 pour dire s’il était d’accord ou pas.

Donc, pour le .africa, les choses ont bien avancé avec la décision finale du panel géographique qui a estimé que la candidature de DCA (Dot Connect Africa, Ndlr) n’a pas satisfait le critère des 60% de soutien et donc ne passe pas. Nous nous attendons donc à ce que le conseil d’administration statue sur le sujet dans les prochains jours. Probablement, avant le 04 mars pour une décision à annoncer durant la rencontre internationale ICANN 55 à Marrakech. Car, à Marrakech, nous avons également prévu le forum africain du DNS du 04 au 06 Mars. Le 06 mars suivra avec la rencontre des ministres africains sur l’économie numérique.

TIC Mag : Pour vous le problème que traverse le .africa n’est pas seulement spécifique à l’Afrique…

Pierre Dandjinou : C’est dommage, pour le .africa, ce problème qu’il y a eu. Mais, ce n’est pas seulement le cas de l’Afrique. Beaucoup de noms de domaine sont passés par ces conflits, comme par exemple le .vin.  C’est vrai que cela prend beaucoup de temps pour les gérer, mais pour l’ICANN c’est important, parce que nous sommes en train de mettre en place une gouvernance. On doit travailler par rapport aux règles inscrites dans le Guide Book. Cela doit se faire, même si cela prend du temps.

Propos recueillis par Beaugas-Orain DJOYUM

 


En rappel, Pierre Dandjinou invite toujours les pays africains à considérer le business des noms de domaine locaux comme une réelle opportunité de développement. Il leur recommande de mettre en place des stratégies pour que les Africains s’orientent de plus en plus vers la consommation des noms de domaine de premier niveau, c’est-à-dire les noms de domaine de leur pays respectif. Par exemple, le .ga pour le Gabon ou le .cm pour le Cameroun.

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