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Jérôme Bezzina : « Avoir des infrastructures n’est pas suffisant pour développer l’économie numérique »

(TIC Mag) – L’économiste principal de la régulation auprès de représentation camerounaise de la Banque mondiale répond aux questions de TIC Mag sur l’importance et les défis à relever dans le développement de l’économie numérique au Cameroun.

TIC Mag : Quel est l’impact de l’économie numérique pour un Etat comme le Cameroun?

Jérôme Bezzina: L’économie numérique a d’énormes impacts sur l’économie en général. D’une part, sur le produit intérieur brut (PIB) et sur la croissance des économies, elle peut contribuer jusqu’à hauteur, dans certains pays, de 15% du PIB. Au Cameroun, je pense qu’elle est entre 2 ou 4%. Et d’autre part, elle apporte la création de l’emploi et celle des valeurs notamment chez les jeunes.

TIC Mag : Parlant de l’économie numérique, quel est le plus grand défi auquel le Cameroun doit faire face ?

Jérôme Bezzina: Le grand défi aujourd’hui, c’est dans la 3G et la 4G. C’est-à-dire l’internet haut débit qui permet à tout le monde d’avoir accès à l’Internet à partir de son smartphone. Aujourd’hui malheureusement, le Cameroun est encore à la traîne. Je ne sais pas quels sont les chiffres exacts, mais ce que je sais, c’est qu’on est loin derrière les pays comme la Mauritanie qui est à 7%, ou la Tunisie qui est à 17%.

Donc, c’est vraiment le défi. Les utilisateurs doivent avoir l’Internet mobile, la 3G et la 4G. Encore faut-il qu’il y ait des ressources de fréquences et que les ressources de fréquences soient de capacité internationale afin de permettre à ces opérateurs de fournir des offres et services de qualité.

TIC Mag : Quels sont les préalables pour arriver à ce développement ?

Jérôme Bezzina: Parlant de préalable, ce qu’on essaie de démontrer dans le rapport 2016 de la Banque mondiale portant sur “Les dividendes numériques”, c’est qu’avoir des infrastructures c’est bien. C’est une condition nécessaire, mais pas suffisante.

Avoir des infrastructures ce n’est pas suffisant pour permettre à l’économie de se développer. Ce qu’on dit dans le rapport, c’est qu’il faut travailler sur ce qu’on appelle les piliers analogiques ou les compléments analogiques. Ces piliers sont au nombre de trois: les règlementations, les compétences, les institutions.

Pour la règlementation, il faut des organes de régulations. Ce qui existe déjà avec l’ART, l’ANTIC et le Minpostel quelque part déjà. Il faut renforcer la capacité et donner des outils à ces organes pour qu’ils puissent permettre de contrôler par exemple la qualité de service et le taux de pénétration.

Du côté de la régulation, il faut voir les compétences. Il ne sert à rien de donner un ordinateur ou de l’Internet à des enfants ou des étudiants, s’ils ne savent pas comment s’en servir. De même les travailleurs doivent être formés.

À côté de la régulation et de la formation, il faut des institutions fortes, un État fort. Une bonne démonstration a été faite avec l’allocution de Madame la ministre des Postes et des Télécommunications. Ce qui montre qu’on commence déjà à avoir des composantes essentielles analogiques avec la force des institutions qui a un cadre et qui régule le secteur.

TIC Mag : Quels sont les dangers si l’on ne s’oriente pas véritablement vers le développement de l’économie numérique au le Cameroun ? 

 

Jérôme Bezzina : Les inconvénients sont d’autant plus désastreux au regard de ce qu’on appelle coût d’opportunité. Nous sommes dans un environnement qui est global, régional.  Et aujourd’hui si le Cameroun ne le fait pas, d’autres pays le feront. Donc, il y a un risque pour le Cameroun de perdre à terme sa position de leader dans les pays de la CEMAC.

Puisqu’il a une position tout à fait confortable. Le Cameroun a des points d’atterrissage de la fibre optique au bord de la mer. Il peut donc prendre ces capacités pour les distribuer au niveau régional. C’est vraiment un coût d’opportunité important pour le Cameroun. Ce n’est pas seulement une recherche d’augmentation de la croissance, mais c’est aussi pour éviter qu’en ne le faisant pas, cela conduit à des pertes énormes des coûts d’opportunités.

Propos recueillis par Patricia Nya Njaounga (Stg)

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