[Digital Business Africa] – À l’initiative de l’Union de la Presse Francophone (UPF) – Point focal Littoral Cameroun, une formation inédite a été organisée ce 23 mai 2025 à Douala autour du thème de la Journée mondiale de la liberté de la presse 2025 : « Informer dans un monde complexe : l’impact de l’intelligence artificielle sur la liberté de la presse et les médias ».
Le 03 mai 2025, la communauté mondiale des journalistes a célébré la Journée internationale de la liberté de la presse. Cette année, l’intelligence artificielle (IA) et ses implications sur l’écosystème médiatique ont été au cœur des échanges.
À Douala, le point focal Littoral de l’UPF Cameroun a marqué l’événement par une formation stratégique animée par Beaugas-Orain Djoyum, président de Smart Click Africa, une association engagée pour un usage responsable du numérique. Et celui-ci a choisi de sensibiliser sur les risques de manipulation des journalistes et créateurs de contenus avec les deepfakes vocaux et vidéos. En cas pratique, il a utilisé le récent faux débat de RFI sur le mandat impératif au Cameroun largement partagé sur les réseaux sociaux.
Deepfakes, IA générative : vers une nouvelle menace pour la liberté d’informer ?
La révolution technologique en cours, portée par l’essor des modèles d’IA générative, transforme profondément la manière dont l’information est produite, relayée et reçue. Si ces technologies offrent des gains de productivité aux journalistes, elles posent, d’après Beaugas Orain, de nouveaux défis : éthique, fiabilité, responsabilité et protection contre la désinformation.
« Aujourd’hui, une simple vidéo ou un extrait vocal de 10 secondes peut être cloné et manipulé pour générer un faux débat, une fausse déclaration ou simuler un enlèvement », alerte Beaugas-Orain Djoyum, prenant pour exemple récent un faux contenu attribué à RFI sur le mandat impératif, généré par des outils d’IA et largement partagé sur les réseaux sociaux. Il a d’ailleurs montré de manière pratique comment découvrir que c’est un fake audio, mais également montré comment ce deepfake vocal a été créé.
« Désinformation, manipulation politique, perte de crédibilité… Les impacts sont majeurs, surtout à l’approche des élections présidentielles d’octobre 2025 », souligne le président de l’association Smart Click Africa, appelant à renforcer la culture de vérification numérique et la formation à l’intelligence artificielle appliquée au journalisme.
✅ 8 recommandations pratiques contre les deepfakes
Lors de la formation à Douala, Beaugas-Orain Djoyum a partagé 8 conseils clés pour lutter contre la désinformation générée par l’IA :
- Vérifiez vos sources – Jamais se fier à un seul canal, recoupez toujours.
- Soyez rigoureux – Comparez les contenus suspects à des sources officielles.
- Attention à la permutation de carte SIM (SIM swap) lors de la vérification des faits – Optez pour des appels longs et applications d’authentification (ex. : Google Authenticator) plutôt que les SMS.
- Analysez les incohérences visuelles – Expressions figées, lèvres désynchronisées…
- Écoutez les intonations – Les voix clonées manquent d’émotion ou sont trop mécaniques.
- Provoquez des émotions réelles lors des appels téléphoniques en vue de la vérification des infos – Criez, riez ou testez des réactions imprévues.
- Examinez les métadonnées – Elles révèlent l’origine d’un fichier multimédia.
- Utilisez des outils de détection IA à l’instar de :
- WhiSpeak pour l’audio,
- InVid WeVerify pour les vidéos et images,
- Deepware pour détecter les deepfakes.
Des solutions plus avancées comme Sensity AI ou Reality Defender permettent un filtrage renforcé des manipulations, mais nécessitent des abonnements payants.
Sensibiliser, c’est déjà protéger
La formation s’est achevée sur un appel fort : sensibiliser les journalistes, les créateurs de contenus et le grand public aux risques des technologies émergentes. Un engagement réaffirmé par l’UPF, à travers son point focal Littoral, qui entend multiplier ce type d’initiatives dans les régions.
« La meilleure défense collective face aux manipulations numériques reste l’éducation et la vigilance partagée », conclut Beaugas-Orain Djoyum.
Pour le point focal Littoral de l’UPF Cameroun cette formation vient à point nommé.
La représentante du ministère de la Communication à Douala a également salué cette initiative.
Digital Business Africa continuera de suivre ces initiatives en Afrique qui allient intelligence artificielle, cybersécurité et intégrité de l’information, au service d’une transformation numérique responsable.
Par Digital Business Africa