[DIGITAL Business Africa – Avis d’expert] – Le Cameroun, comme bien d’autres pays de la CEMAC, vivent un nouveau tournant vers le monde qui vient. Face aux défis réels de ce monde en mutation – crises de gouvernance, crises économiques, conflits divers, chômage des jeunes, perte de repères socio-culturels et des traditions …, – le numérique, dont les fondements sont pourtant africains, n’est plus une option. Il est une nécessité vitale, un outil de transformation et d’auto-émancipation. Mais il ne suffira pas de se digitaliser : il faut le faire à notre manière, avec notre identité et notre souveraineté.
Voici dix bonnes raisons de croire que la digitalisation, adossée à une intelligence artificielle conçue pour ses propres réalités, peut être le moteur d’un sursaut national… et d’un rayonnement régional au sein de la CEMAC :
1. Inclusion financière. La digitalisation ouvre la voie à des services financiers accessibles à tous. Couplée à une IA locale, elle pourrait donner aux petits commerçants et agriculteurs l’accès au microcrédit. Ce modèle, exportable, renforcerait l’intégration financière sous- régionale.
2. Administration moderne et transparente. Une administration digitalisée est plus simple, plus efficace et moins opaque. Si le Cameroun en fait une réussite, il peut inspirer ses voisins et favoriser l’harmonisation des pratiques publiques au sein de la CEMAC.
Les plateformes numériques camerounaises peuvent devenir des places de marché régionales.
3. Dynamisation de l’économie
Une IA d’analyse des marchés permettrait d’identifier les opportunités non seulement au Cameroun, mais aussi au Tchad, au Congo, en RCA ou au Gabon.
4. Nouvelles compétences et emplois. Former largement la population à la culture numérique , c’est aussi créer un vivier possible de talents pour toute la CEMAC. Des centres de formation et hubs technologiques partagés pourraient accélérer l’employabilité des jeunes à l’échelle sous- régionale.
5. Compétitivité internationale. Grâce au numérique, les produits camerounais gagnent en visibilité. Avec l’appui de l’IA, la traçabilité et la qualité des produits (cacao, café, coton, bois…) peuvent devenir un label régional, renforçant l’exportation collective de la CEMAC.
6. Éducation personnalisée. Une IA éducative multilingue, conçue au Cameroun, pourrait être déployée dans tous les pays de la sous-région, tenant compte des langues locales et réduisant les fractures éducatives communes.
7. Santé renforcée. Les outils numériques de santé développés au Cameroun pourraient être partagés avec les pays voisins. Une IA médicale adaptée aux réalités africaines aurait un impact bien au-delà des frontières nationales.
8. Agriculture optimisée. Le Cameroun, grenier de la sous-région, peut entraîner toute la CEMAC dans une révolution agricole numérique. Une IA agro-climatique partagée permettrait d’anticiper les aléas, d’améliorer la sécurité alimentaire et de réduire les importations.
9. Gouvernance participative. Les plateformes citoyennes peuvent inspirer un mouvement régional de gouvernance ouverte et de transparence. Une IA d’analyse des doléances renforcerait la redevabilité dans plusieurs États membres de la CEMAC.
10. Attractivité et souveraineté. Un Cameroun digital et souverain devient un pôle d’attraction pour les investisseurs. Par effet d’entraînement, c’est toute la CEMAC qui bénéficierait de ce rayonnement, renforçant sa souveraineté collective face aux géants mondiaux du numérique.
En somme, la digitalisation n’est pas seulement un outil de modernisation pour le Cameroun : c’est un levier de transformation pour l’ensemble de la CEMAC. Adossée à une intelligence artificielle pensée pour les réalités locales, elle peut devenir une chance commune, capable de dépasser les blocages hérités – colonisation, technocratie, chômage des jeunes, fragilité des gouvernances – pour ouvrir la voie à une prospérité inclusive et durable.
Le Cameroun a la responsabilité et l’opportunité d’entraîner ses voisins dans ce mouvement. Un sursaut national peut devenir une renaissance régionale. Depuis les « indépendances » on attend le déclic… mais la jeunesse actuelle, tout comme l’histoire, elles, n’attendent pas.
Par Pierre Ndjop POM
Conseil en stratégie de transformation numérique