[Digital Business Africa] – Grâce à l’atterrissement du câble sous-marin ACE, la Guinée a connu une baisse spectaculaire du coût de la bande passante et une augmentation massive de sa capacité internationale. Mais cette avancée masque un risque majeur : l’absence d’infrastructures de secours. Lors du séminaire FRATEL 2025 à Abidjan en Côte d’Ivoire du 20 au 22 mai 2025, l’ARPT a lancé un appel stratégique à la diversification de la connectivité internationale.
Un seul câble sous-marin pour toute la Guinée : un risque systémique
Avec ses 320 km de façade maritime, la Guinée ne dispose que d’un seul câble sous-marin international : le câble ACE, entré en service en 2013 après son atterrissement en novembre 2012. Avant son arrivée, le pays dépendait des liaisons satellites (V-sat) avec une capacité inférieure à 200 Mbps et un coût de 4 000 USD/Mbps, rendant l’accès Internet hors de portée pour la majorité des citoyens.
Le câble ACE a transformé le paysage numérique guinéen
Depuis l’exploitation du câble ACE, les indicateurs ont radicalement changé :
- Capacité internationale portée à près de 1 Tbps (540 Gbps au nord, 440 Gbps au sud)
- Coût du Mbps inférieur à 5 USD
- Explosion de la pénétration de l’Internet mobile (à 52% de nos jours)
- Multiplication des fournisseurs d’accès Internet (Huit FAI à ce jour)
Cette évolution a permis une meilleure inclusion numérique et a encouragé l’émergence d’un écosystème digital local.
Vers une connectivité résiliente : les recommandations de l’ARPT
Lors de son exposé, Mohamed KEITA, Directeur des Réseaux et Services à l’ARPT, a souligné la vulnérabilité critique du pays en cas de panne ou de sabotage du câble ACE. Il a plaidé pour une stratégie nationale axée sur :
- L’atterrissement de nouveaux câbles sous-marins
- L’interconnexion régionale via le backbone national
- La valorisation des câbles de garde des réseaux électriques
- La mise en place d’incitations fiscales et réglementaires pour attirer les investisseurs
Objectif : faire de la Guinée un hub numérique sous-régional
D’après Mohamed KEITA, la Guinée entend capitaliser sur sa position géostratégique pour devenir un nœud régional de connectivité, au service des pays enclavés comme le Mali ou le Burkina Faso. Des accords ont déjà été signés avec la Côte d’Ivoire, la Sierra Leone, LeonCom et SMTD, dans le cadre de l’opérationnalisation du backbone national géré par la SOGEB.
Une souveraineté numérique en construction
Si les progrès réalisés sont notables, l’heure est à la consolidation. La diversification des connexions internationales devient un impératif de souveraineté numérique. La Guinée, comme de nombreux pays africains, doit désormais sécuriser son avenir numérique à travers des infrastructures redondantes, régionales et résilientes.
Par Digital Business Africa