Téléphonie. Des entreprises du spectacle inondent des usagers de messages commerciaux, les exposant ainsi à des attaques de hackers.
Exaspérée. Cette jeune cadre d’une société de communication à Yaoundé ne contient pas sa colère ce 16 février 2012. Il est 2h45, la nuit, quand la sonnerie de son téléphone portable retentit. Quand elle se réveille, catastrophée par ce message qui présage une mauvaise nouvelle, elle tombe sur un Short message service (Sms) l’invitant à participer au « jeudi sexy », une soirée à thème qu’organise le Safari night club de Yaoundé. Pour sa part, le courtier en assurances Nasrou Gaba a connu « un véritable harcèlement » lors des dernières fêtes de fin d’année : « Un cabaret m’envoyait une dizaine de messages par jour, parfois tard dans la soirée. C’était d’autant plus ennuyeux que je
ne pouvais rien faire pour que cela s’arrête. Ces Sms occupaient l’espace où je reçois habituellement des messages de mes clients, j’étais agacé », se plaint-il.
Le Safari night club, selon Arnaud Youta, son chargé de la communication, a émis, le 16 février, 10.000 Sms à ses abonnés. « On dispose d’une base de données de 35 000 numéros de téléphone de nos clients désireux d’être au courant de nos activités. Nous mettons une fiche à leur disposition à l’entrée de la boîte. Ils peuvent y laisser leurs numéros de téléphone ainsi que ceux de personnes dont ils pensent qu’elles peuvent être intéressées », explique-t-il. Pour lui, que la dame ait reçu ce message aussi tard est un « accident ». « Nous envoyons nos messages au plus tard à 18h, mais ce jour-là, il y a eu des problèmes de connexion. Nous avons exceptionnellement lancé nos envois à 20h. Mais entre l’heure de l’émission du message et le moment où il arrive chez la personne à qui il est adressé, il peut se passer du temps, en fonction de la qualité du réseau des opérateurs et de l’encombrement même de la messagerie de l’abonné », justifie-t-il.
Fastidieux
Gervais Djimeli Lekpa, réalisateur et promoteur du site Cinémaducameroun.com, utilise souvent des Sms pour s’adresser aux 300 comédiens dont il promeut la carrière, aux producteurs de cinéma et aux journalistes. « Quand un quelconque événement peut concerner mes abonnés ou amis, soit qu’il y a un casting ou qu’ils sont sollicités pour un tournage, c’est fastidieux d’envoyer des messages à plus de 300 personnes. J’envoie donc des Sms à tout le monde », explique-t-il. Pour amoindrir le coût de l’opération, Djimeli Lekpa a découvert une parade. « Sur le site américain Dolvira.com, je paie 19 FCfa par Sms au lieu de 50 FCfa par les canaux des entreprises de téléphonie locales. Tout se passe en ligne, même le paiement. Je procède ainsi depuis deux ans et je n’ai pas à me plaindre », ajoute-t-il. Sur les horaires d’expédition de ces messages, le réalisateur évoque les réalités propres à la corporation des artistes qui, selon lui, sont des «noctambules ».
Des sites qui offrent de faire des Sms à des coûts modiques, voire gratuitement, foisonnent sur la toile. Armand Banlock est informaticien. Familier des attaques de pirates informatiques (hackers), il qualifie ces promoteurs qui envoient des Sms sur la toile de « bien naïfs ». Il prévient : « il faut se garder de s’aventurer sur des sites qui proposent des Sms à faible coût ou gratuitement. C’est une méthode que des hackers utilisent pour peaufiner leurs bases de données. Il leur suffit d’avoir des informations comme votre nom et votre numéro de téléphone pour faire des opérations sur votre compte bancaire, ou faire des achats en ligne à votre nom et à vos frais ». Sur la façon dont les hackers procèdent pour avoir les numéros de téléphone, il explique : « Ils procèdent de manière aléatoire pour expédier des Sms de masse. Il suffit d’aligner le numéro d’un abonné connu et le logiciel d’envoi massif fait des combinaisons de numéros possibles à partir de ce numéro-là »
Source : Le Jour