[Digital Business Africa] – À l’heure où plus de 99 % du trafic Internet mondial transite par les câbles sous-marins, les États africains s’accordent sur un impératif stratégique : diversifier et renforcer leurs infrastructures numériques pour garantir souveraineté, résilience et inclusion. C’est le cœur des échanges qui ont animé le 22e séminaire du réseau francophone de la régulation des télécommunications (FRATEL), tenu du 20 au 22 mai 2025 à Abidjan, à l’invitation de l’ARTCI (Côte d’Ivoire) et de l’Arcep France, présidente du réseau pour l’année.
Digital Business Africa vous présente les grandes lignes des discussions et recommandations de la rencontre d’Abidjan.
-
Des câbles sous-marins au cœur de la souveraineté numérique
Les discussions ont souligné l’importance d’un accès sécurisé, ouvert et compétitif aux câbles sous-marins pour les pays africains, qu’ils soient côtiers ou enclavés. La qualité de la connectivité internationale, condition sine qua non de la compétitivité numérique et économique, repose sur la capacité des États à participer aux projets d’atterrissement et à établir un cadre réglementaire attractif pour les investisseurs. Une infrastructure sous-marine résiliente est considérée comme un pilier de la souveraineté numérique, garantissant la continuité des services même en cas d’incident.
-
La fibre terrestre transnationale pour désenclaver les États
Au-delà des côtes, le trafic Internet doit circuler à l’intérieur du continent par des dorsales terrestres interconnectées. Ces infrastructures, encore fragmentées ou inégalement développées, sont essentielles pour désenclaver les pays sans façade maritime et améliorer la qualité de service globale. Le séminaire a mis en lumière les freins persistants : disparités réglementaires, manque de coordination, défis techniques ou encore faibles incitations à l’investissement. Les participants ont partagé des bonnes pratiques sur la coopération régionale, les mécanismes de financement, et la planification d’interconnexions transfrontalières.
-
Les constellations satellitaires en orbite basse, une alternative complémentaire
L’émergence d’acteurs satellitaires opérant des constellations en orbite basse, tels que Starlink, Eutelsat OneWeb ou Amazon Kuiper, ouvre de nouvelles perspectives, notamment pour les zones rurales, isolées ou difficilement accessibles. Les participants ont reconnu le potentiel de ces solutions pour compléter les réseaux terrestres, mais ont également évoqué les défis réglementaires, économiques et concurrentiels qu’elles posent. Une réunion à huis clos entre régulateurs a permis d’échanger sur les conditions d’autorisation de ces services et sur la nécessité d’une régulation concertée à l’échelle régionale.
Une vision commune portée par la formation et la coopération
Le séminaire a également été l’occasion de faire le point sur l’initiative D4D (Digital for Development), soutenue par la Commission européenne, la Suède et le Luxembourg, en partenariat avec Télécom Paris. L’objectif : renforcer les capacités des régulateurs africains à travers des formations en français sur la régulation des TIC, la couverture mobile, et la représentation de la qualité de service.
Les 150 participants présents, représentant 15 autorités membres de FRATEL, ont également visité la station d’atterrissement de MTN Bayobab, du câble 2Africa, l’un des projets les plus ambitieux en matière de connectivité sous-marine à l’échelle continentale.
Rendez-vous en octobre au Luxembourg
La prochaine réunion annuelle de FRATEL se tiendra les 9 et 10 octobre 2025 à Luxembourg, autour du thème : « Grands acteurs internationaux du numérique : quels impacts au niveau local ? »
Par Digital Business Africa
Lire aussi:
Connectivité au Tchad : entre vulnérabilité et ambitions de transformation numérique