spot_img

Numérique au Cameroun : il est urgent d’impliquer la diaspora dans la stratégie nationale

C’est une évidence que beaucoup feignent encore d’ignorer. Le Cameroun regorge de talents du numérique — ingénieurs, chefs de projet, experts en cybersécurité, data scientists, développeurs — dont une grande partie exerce aujourd’hui à l’étranger, dans des entreprises et institutions de premier plan. Cette diaspora compétente, disponible et patriote, aspire à contribuer activement au développement du pays.
Pourtant, elle reste rarement associée aux décisions stratégiques, notamment celles qui concernent la transformation numérique du Cameroun.
Et c’est là une erreur fondamentale. Essayons de comprendre pourquoi :
Le numérique n’est pas une affaire de technologie, mais de vision.
Le numérique n’est pas qu’un ensemble d’outils : c’est un levier de transformation, de coordination et d’émancipation. Une stratégie numérique claire permet à l’État de mieux piloter la délivrance de ses services, d’améliorer la cohérence des politiques publiques, et d’offrir à la jeunesse un véritable accès aux opportunités d’emploi, d’auto-entrepreneuriat et de formation. Le Cameroun numérique ne peut se construire sans une vision globale et des compétences éprouvées capables d’en assurer la mise en œuvre.

Des décisions trop politiques, pas assez stratégiques

Aujourd’hui, les grandes orientations du numérique national se décident souvent dans des cercles restreints, composés de responsables plus administratifs que stratèges.
Ils assistent volontiers à des conférences internationales, mais consultent rarement leurs propres experts — notamment ceux de la diaspora, pourtant porteurs d’expériences concrètes acquises dans les meilleurs écosystèmes mondiaux.
Résultat : des programmes qui peinent à aboutir, des projets redondants ou sans impact mesurable, et une dépendance accrue vis-à-vis de prestataires étrangers et de bailleurs prescripteurs.
Ce verrou institutionnel — volontaire ou non — prive le Cameroun d’un atout majeur : l’intelligence collective de sa diaspora.
Une diaspora enracinée, compétente et prête
On peut débattre de tout, sauf d’un fait : les Camerounais de la diaspora restent des Camerounais.
Et parmi eux, des milliers sont des professionnels du numérique.
Ils ne viennent pas “donner des leçons”, mais partager un savoir-faire, transférer des compétences et co-construire des solutions adaptées au contexte local.
Leur expérience internationale permettrait d’éviter des erreurs coûteuses, d’accélérer les projets et de bâtir des infrastructures numériques durables.
Écarter cette expertise reviendrait à vouloir construire un avion sans les ingénieurs qui savent déjà le faire voler.

Des exemples à suivre…

Des pays comme le Rwanda, le Maroc ou le Ghana ont compris l’enjeu. Ils ont intégré leurs diasporas dans leurs politiques numériques en créant de conseils stratégiques nationaux du numérique associant experts locaux et expatriés, en tissant des partenariats public-diaspora sur des projets structurants, en donnant un rôle consultatif et exécutif des experts de la diaspora dans les comités de pilotage. Les résultats sont tangibles : amélioration de la gouvernance numérique, réduction des coûts d’expertise, montée en compétence locale etc.
Le Cameroun dispose de talents équivalents, souvent supérieurs. Il est grand temps de leur faire confiance, de leur donner une place dans la gouvernance et le leadership stratégique du numérique national.
Pour un leadership ouvert et visionnaire
L’erreur fondamentale ne réside pas dans le manque de moyens ou dans la cohérence les débats sur la « double nationalité », mais dans la confusion entre origine et contribution. Être un expert camerounais vivant à l’étranger ne fait pas de vous un étranger. Cela fait de vous un atout stratégique unique.
La réussite du Cameroun numérique ne dépendra pas seulement des infrastructures ou des budgets, mais avant tout des femmes et des hommes qui conduiront cette transformation.
La diaspora ne demande ni privilèges ni postes politiques : elle propose un partenariat exigeant, patriote et constructif au service du pays.
Il serait dommage — et contre-productif — de laisser cette richesse collective en marge de l’avenir numérique du Cameroun… et, au-delà, de la CEMAC tout entière.
Par Pierre Ndjop POM, Conseil en stratégie et transformation numérique

Avez-vous aimé ce texte? Vous aimerez sans doute bien d'autres. Rejoignez notre canal Telegram et notre chaîne WhatsApp pour ne rien manquer de nos infos stratégiques et de nos exclusivités. Aussi, merci de nous laisser un petit commentaire au bas de cet article.

Vous souhaitez nous envoyer une info ou vous souhaitez publier une info sur Digital Business Africa ? Ecrivez-nous via mail [email protected] ou encore via WhatsApp +237 674 61 01 68

Par ailleurs, ne manquez pas la première édition du Salon de l’e-Gouvernance et de l’innovation digitale en Afrique (E-Gov’A), qui se tiendra du 14 au 16 mai 2026 à Yaoundé, sous le haut patronage du Ministère camerounais des Postes et Télécommunications.

Organisé par l’association Smart Click Africa et Digital Business Africa, cet événement réunira décideurs publics, organismes de développement, institutions publiques, entreprises, experts et acteurs privés de l’Afrique autour du thème : « Intelligence artificielle et e-gouvernance : bâtir des services publics efficaces dans une Afrique cashless et paperless ».

Plus d’infos sur www.e-gov.africa et via mail [email protected].

Bonne navigation !

spot_img

LAISSER UNE RÉPONSE

SVP, entrez votre commentaire!
Veuillez saisir votre nom ici

Agenda des events sur le numérique et les TIC

Régulation

CMDT-25 : Le Sénégal en campagne pour sa réélection au Conseil de l’UIT

CMDT-25 : Le Sénégal en campagne pour sa réélection au Conseil de l’UIT

Cameroun : paradoxal ! « Facebook mort » opposé aux « villes mortes » 

Cameroun : paradoxal ! « Facebook mort » opposé aux « villes mortes » 

Identification/Congo : L’ARPCE donne 2 mois aux opérateurs pour améliorer leurs processus de conformité

Identification/Congo : L'ARPCE donne 2 mois aux opérateurs pour améliorer leurs processus de conformité

Tchad : Le point sur l’audit historique de la qualité de service mené par l’ARCEP

Tchad : Le point sur l’audit historique de la qualité de service mené par l'ARCEP

PUB

spot_img
spot_img

Articles similaires

Catégories populaires

spot_imgspot_img