[DIGITAL Business Africa] – Meta vient de franchir une étape historique dans son déploiement en Afrique : l’infrastructure centrale du câble sous-marin 2Africa est désormais achevée. Avec ses 45 000 kilomètres de fibre optique une fois l’extension Pearls finalisée en 2026 – soit plus que la circonférence de la Terre –, 2Africa devient le plus long système de câble sous-marin en accès ouvert au monde, une prouesse technique qui redéfinit les fondations de la connectivité entre l’Afrique, l’Europe, le Moyen-Orient et l’Asie.
Dans un billet officiel publié le 17 novembre 2025, Gaya Nagarajan et Alex-Handrah Aimé, responsables du programme chez Meta, soulignent que ce projet est le fruit d’« années de collaboration, d’innovation et d’une vision partagée pour connecter les communautés, accélérer la croissance économique et permettre des expériences numériques transformatrices à travers l’Afrique et au-delà ». Digital Business Africa revient en profondeur sur les éléments clefs de ce projet hors norme, son architecture technique, ses défis d’ingénierie, ses impacts économiques et les perspectives qu’il ouvre pour la transformation numérique africaine.
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Un réseau de connectivité sans équivalent dans l’histoire numérique africaine
Le câble 2Africa se distingue par son ambition : relier de manière continue l’Afrique de l’Est et de l’Ouest tout en connectant le continent à l’Europe, au Moyen-Orient et à l’Asie du Sud. Avec 33 pays desservis et plus de 3 milliards de personnes potentiellement connectées, il couvre à lui seul plus de 30 % de la population mondiale.
Les équipes de Meta décrivent 2Africa comme « un système qui établit une nouvelle norme pour la connectivité mondiale ». Cette échelle est jugée « sans précédent », soulignent les responsables du projet.
L’approche choisie est celle de l’accès ouvert, un modèle largement salué par l’écosystème numérique africain, car il permet aux fournisseurs d’accès, opérateurs, startups, institutions publiques, clouds et services numériques de se connecter à l’infrastructure dans des conditions équitables.
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Un consortium stratégique pour bâtir l’infrastructure la plus avancée du continent
2Africa résulte d’un vaste partenariat impliquant Meta et plusieurs géants technologiques et télécoms : Bayobab (MTN Group), center3 (stc), CMI, Orange, Telecom Egypt, Vodafone Group, WIOCC, rejoints plus tard par Bharti Airtel et MainOne (Equinix).
Un consortium hétérogène, mais fédéré par une même ambition : créer une colonne vertébrale numérique robuste, compétitive et durable pour l’Afrique. Selon Meta, l’objectif est clair : « développer un réseau ouvert, inclusif, qui stimule la concurrence, soutienne l’innovation et ouvre de nouvelles opportunités pour des millions de personnes ».
Les opérations du projet ont traversé 50 juridictions, mobilisé les régulateurs nationaux, les autorités portuaires, les agences de sécurité maritime, les opérateurs télécoms nationaux et les gouvernements. Six années de coordination ont été nécessaires pour synchroniser les atterrissements, les autorisations, la construction et l’intégration au sein des différents écosystèmes numériques locaux.
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Une prouesse technologique qui repousse les limites du génie maritime mondial
3.1 Adoption du SDM : une première sur un système totalement africain
2Africa est le premier câble entièrement africain à déployer la technologie SDM (Spatial Division Multiplexing), permettant d’héberger jusqu’à 16 paires de fibres par câble, soit deux fois plus que les systèmes précédents. Les ingénieurs ont intégré un système de commutation optique sous-marine, permettant de gérer dynamiquement la bande passante en fonction des évolutions du trafic, notamment celles liées à l’IA, au cloud computing et aux services à très haut débit.
3.2 Sécurisation maximale du réseau : profondeur d’enfouissement en hausse
Le câble est enterré 50 % plus profondément que les systèmes antérieurs, réduisant drastiquement les risques liés aux ancres, aux activités de pêche, ou aux phénomènes naturels. Son tracé a été conçu pour éviter les monts sous-marins, les zones de fortes perturbations géologiques, les bassins de saumure chaude ou le canyon du Congo, connu pour ses courants de turbidité extrêmement destructeurs.
3.3 Une architecture électrique redondante et résiliente
Les segments Ouest, Est et Méditerranéen disposent de deux architectures d’alimentation indépendantes, renforçant la robustesse du réseau face aux pannes électriques et incidents techniques.
Plus de 60 pipelines pétroliers et gaziers ont dû être traversés via des solutions d’ingénierie spécialisées.
3.4 Un chantier maritime colossal
Au total :
- 35 navires offshore mobilisés
- 32 années cumulées d’opérations en mer
- utilisation de chambres de décompression, outillages spécialisés, plongeurs professionnels
- mobilisation de petites embarcations locales dans les zones côtières pour la sécurité et l’exécution des atterrissements
- Une logistique impressionnante qui illustre la complexité du projet.
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Une capacité phénoménale : jusqu’à 180 Tb/s sur le segment Ouest
Le segment reliant l’Angleterre à l’Afrique du Sud, desservant notamment le Sénégal, la Côte d’Ivoire, le Nigeria, le Gabon, le Congo, la RDC et l’Angola, offre :
- 21 Tb/s par paire de fibres
- 8 paires sur le tronc principal
- capacité totale pouvant atteindre 180 Tb/s
Les équipes de Meta expliquent ce que représentent ces chiffres :
- 180 Tb/s permettent de streamer 36 millions de films HD simultanément
- un internaute pourrait télécharger 15 000 films Nollywood chaque seconde
- une ville comme Lagos pourrait connecter des millions d’utilisateurs simultanément sans congestion
Cette capacité quasi illimitée permet aux opérateurs africains d’acquérir des capacités internationales à des prix de gros nettement réduits, stimulant la baisse des coûts internet domestiques, l’expansion des data centers, le déploiement de la 5G et l’émergence massive des services cloud.
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Un impact économique estimé à 36,9 milliards de dollars sur le PIB africain
Selon les projections de Meta, 2Africa pourrait contribuer jusqu’à 36,9 milliards de dollars au PIB continental dans les deux à trois premières années d’exploitation. Les bénéfices attendus incluent :
- création d’emplois qualifiés
- dynamisation de l’économie numérique
- multiplication des startups et hubs d’innovation
- modernisation des services publics et financiers
- croissance de la productivité et montée en compétence des travailleurs
Les données internationales montrent qu’un accès à un internet rapide stimule l’emploi, augmente les salaires, favorise les métiers à haute valeur ajoutée et accélère l’intégration économique régionale.
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2Africa : fondation stratégique pour l’IA et les services numériques de prochaine génération
La structure du câble a été pensée pour répondre aux besoins des infrastructures d’intelligence artificielle, de cloud computing, d’edge computing, d’IoT industriel et de cybersécurité distribuée.
« Ce câble sous-marin permettra un internet plus rapide, plus fiable et soutiendra les services alimentés par l’IA grâce à un accès numérique élargi », expliquent les auteurs du blog.
2Africa devient ainsi un pilier pour les plateformes africaines d’IA, les centres de données hyperscale, les services critiques (santé, finance, éducation) et les grandes plateformes de diffusion audiovisuelle.
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Une vision stratégique portée par Meta et ses partenaires
Pour Meta, ce projet s’inscrit dans une stratégie globale : construire l’infrastructure mondiale des connexions humaines de demain.
« Nous posons les bases des futures expériences numériques, stimulons la croissance économique et connectons des milliards de personnes », écrivent les responsables.
La mission affichée : permettre aux communautés africaines de jouer un rôle central dans la prochaine ère de l’économie numérique mondiale.
Une infrastructure stratégique dans la connectivité numérique
L’achèvement de 2Africa marque un jalon historique pour l’Afrique. Le continent dispose désormais de l’un des réseaux les plus performants de la planète, capable de soutenir sa trajectoire vers une économie numérique compétitive, innovante et résiliente.
À l’heure où les enjeux de souveraineté numérique, d’intégration des marchés, d’IA et de cybersécurité deviennent centraux, 2Africa apparaît comme l’infrastructure stratégique la plus structurante de ces vingt dernières années. La question n’est plus de savoir si ce câble transformera l’Afrique : il est déjà en train de redessiner son futur numérique.
Par Digital Business Africa








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