Dans sa dernière édition de septembre 2025, MINCOM News, le magazine officiel du ministère de la Communication du Cameroun, met en lumière les initiatives d’ICT Media STRATEGIES. Une reconnaissance du rôle que joue le cabinet dans la transformation numérique du paysage médiatique et institutionnel au Cameroun. Retrouvez ici l’interview de DJOYUM Beaugas Orain, expert en e-réputation, en veille stratégique et en Personal branding et par ailleurs président de l’association Smart Click Africa.
MINCOM NEWS : On entend beaucoup parler de l’IA ces temps-ci. Qu’est-ce que c’est ?
Beaugas-Orain DJOYUM : Aujourd’hui, l’intelligence artificielle est mangée à toutes les sauces. Il faut préciser que l’IA en elle-même existe depuis longtemps. Nos ordinateurs de l’époque était déjà dotés d’IA. C’est le qualificatif « générative » qui apporte une nouveauté avec les capacités de génération des réponses aux requêtes en temps réel. Cette l’IA générative est récente. Popularisée par OpenAI en 2023 avec ChatGPT.
L’intelligence artificielle en elle-même désigne l’ensemble des technologies capables de simuler certaines capacités humaines : compréhension du langage, reconnaissance d’images, prise de décision, génération de contenu, etc. L’IA permet à des machines ou logiciels d’analyser des données, d’apprendre et de produire des résultats de plus en plus pertinents.
MINCOM NEWS : En quoi consiste votre expertise ?
Beaugas-Orain DJOYUM : Je travaille depuis plusieurs années dans la définition et la mise en place des stratégies d’e-réputation, de Personal branding, de Nation branding et de veille stratégique dans plusieurs domaines avec un accent dans le domaine des TIC, télécoms et numérique.
Nous aidons les entreprises, les organisations, les départements ministériels et particuliers à mieux communiquer sur le web et les réseaux sociaux.
Par ailleurs, pour les décideurs, nous offrons des services de veille stratégique pour qu’ils soient informés en temps réel sur les sujets qui les tiennent à cœur et qu’ils disposent des notes de veille régulières qui sont en effet des outils d’aide à la décision.
Pour cela, nous utilisons des outils d’IA de pointe de veille, d’analyse de tendances, mais aussi des outils de détection de deepfakes et de manipulation d’images. Le tout associé à notre système de veille révolutionnaire qui vous transmet directement et en temps réel sur votre numéro WhatsApp et Telegram les liens URL des noms, mots clés, marques ou expressions postées sur le web et sur les réseaux sociaux. Ce qui nous permet par la suite de faire, dans nos notes de veille, des recommandations pertinentes aux personnes ressources, aux dirigeants et aux décideurs.
Pour le cas de la désinformation, ce système d’alerte permet de montrer aux responsables concernés comment réagir à temps et efficacement, car les fake news circulent malheureusement plus vite que les infos vérifiées.
Nous travaillons sur l’intégration de l’IA dans les métiers de l’information et de la communication.
En résumé, mon expertise porte sur la veille stratégique avec des outils de pointe, la détection et l’anticipation des risques informationnels, l’identification des opportunités, la lutte contre la désinformation et l’accompagnement des médias, des communicants et des entreprises dans l’usage éthique et productif des outils IA. Ce qui passe par les formations que nous dispensons régulièrement à l’attention de ces cibles principales.
MINCOM NEWS : En quoi l’IA constitue-t-elle un atout pour les métiers de la communication ?
Beaugas-Orain DJOYUM : Nous vivons une révolution technologique où l’intelligence artificielle transforme tous les secteurs, y compris ceux de l’information et de la communication. En tant qu’expert des usages numériques et de la veille stratégique, je considère essentiel d’accompagner nos professionnels de la communication dans l’appropriation maîtrisée et éthique de ces nouveaux outils.
Car, l’IA est un formidable levier de productivité. Elle permet aux communicants et aux journalistes de gagner du temps dans la rédaction et l’illustration de contenus, d’automatiser certaines tâches répétitives, d’enrichir l’expérience utilisateur grâce à des contenus personnalisés.
Le temps où il fallait décrypter et retranscrire manuellement les interviews est révolu. Une IA comme Go Transcribe le fait rapidement pour vous. Vous pouvez efficacement enrichir vos textes, les corriger, les publier et les partager en utilisant les outils IA appropriés. Mais, l’IA ne remplace pas la réflexion éditoriale ni l’éthique professionnelle. Il faut rester maître du jeu. Il faut questionner les choix et les réponses que vous donne l’IA. Questionner ses sources, car l’IA peut vous rendre nul et ridicule. Si vous l’utilisez mal. Mais, si vous êtes formé.e, l’IA générative peut décupler votre productivité.
MINCOM NEWS : Grâce aux atouts technologiques de l’IA et à leur marge de manipulation des données informatives, le professionnel ne sera-t-il pas tenté de céder à la paresse sur le plan déontologique ?
Beaugas-Orain DJOYUM : C’est un vrai risque. Les outils IA peuvent faciliter la tentation du copier-coller ou de la génération de contenus sans vérification. Il est donc crucial d’accompagner cette transition avec une formation éthique. C’est le sens des formations que nous dispensons régulièrement avec l’association Smart Click Africa en direction des journalistes, communicants et influenceurs. Dans le cadre de la journée mondiale de la liberté de la presse, nous avons renforcé les capacités des journalistes de l’UPF à Douala dans ces problématiques.
J’ai insisté à l’occasion sur la nécessité des journalistes à s’approprier et respecter la charte de Paris sur l’usage de l’IA dans le journalisme. Cette charte oblige par exemple les journalistes à signaler au public les contenus générés ou améliorés par les systèmes d’IA.
De manière générale, le journaliste ou le communicant qui utilise une IA générative doit rester maître du processus éditorial et garantir la fiabilité et l’humanité du message.
MINCOM NEWS : Citez-nous quelques outils de l’IA utiles à un professionnel des médias.
Beaugas-Orain DJOYUM : Il y en a plusieurs. Je peux vous citer mon Top 10 des outils IA utiles aux professionnels des médias et aux communicants.
- ChatGPT, Gemini, Meta AI, Copilot et Grok pour la correction, la traduction et la génération d’articles ou de synthèses.
- InVID-WeVerify et Deepware.AI pour la vérification de l’authenticité des vidéos et photos.
- io pour la vérification de l’authenticité d’une audio
- GPTZero et ai pour vérifier si un contenu a été produit par une IA.
MINCOM NEWS : Quel type de formation est nécessaire au journaliste pour être qualifié dans ce domaine ?
Beaugas-Orain DJOYUM : Il est essentiel que les journalistes acquièrent une culture générale de l’IA. Il faut comprendre son fonctionnement et ses limites. Le journaliste doit développer des compétences pratiques sur les outils adaptés à leur métier. En fin, une formation en éthique numérique et en détection des deepfakes et de la désinformation est plus que nécessaire. Notamment en cette période pré-électorale où l’on assiste à une prolifération des Fake news et deepfakes vocaux et vidéos. Le récent faux débat de RFI sur le mandat impératif au Cameroun avec des voix des journalistes et experts clonées en est une illustration.
Avec l’association Smart Click Africa et en collaboration avec le ministère de la Communication et d’autres partenaires, nous comptons organiser dans les semaines qui arrivent d’autres formations à l’intention des journalistes et influenceurs, afin qu’ils ne soient plus des relais sur les réseaux sociaux des Fake news et deepfakes, mais des phares et étoiles qui décortiquent et dévoilent les manœuvres des manipulateurs et agents propagateurs de fausses informations avant, pendant et après les différents échéances électorales prévues au Cameroun en 2025 et en 2026. Ce sera notre manière de participer à la lutte contre la désinformation au Cameroun.
MINCOM NEWS : À contrario, quel est le mauvais côté de cette efficacité ?
Beaugas-Orain DJOYUM : Le danger, c’est la perte de l’esprit critique. Trop de journalistes utilisent les outils IA comme des boîtes noires, sans vérifier les résultats. L’autre risque c’est la banalisation des contenus standardisés. Ce qui affaiblit la créativité et la singularité éditoriale. Comme je l’ai indiqué plus haut, le journaliste ou le communicant doit rester le maître du jeu.
L’intelligence artificielle ne doit pas être perçue comme une menace pour nos métiers, mais comme un levier d’excellence et de créativité, à condition d’en comprendre les limites et d’en maîtriser l’usage. C’est dans cet esprit que nous, à ICT Media STRATEGIES et à Smart Click Africa, nous œuvrons pour accompagner les professionnels de la communication et des médias vers un numérique plus éthique, plus souverain et plus humain.
MINCOM NEWS : Pour ce qui est du journalisme, l’IA peut-elle remplacer la créativité du journaliste ?
Beaugas-Orain DJOYUM : Non. L’IA ne produit que ce qu’elle a appris des humains. Elle ne génère pas d’idées nouvelles, de lignes éditoriales audacieuses ou de récits profondément humains. Une IA ne peut faire un bon reportage sur le terrain. Or, un reportage c’est choses vues, choses entendues, choses vécues, choses senties et choses ressenties. Impossible pour l’instant à l’IA de raconter tout cela. Elle est un outil d’assistance, pas un substitut à la créativité, au terrain ni à l’analyse.
MINCOM NEWS : Quelle est votre perception du droit d’auteur vis-à-vis de l’IA ?
Beaugas-Orain DJOYUM : Le débat est complexe. Les œuvres produites par IA posent des questions de propriété intellectuelle, car elles se nourrissent souvent de bases de données d’œuvres existantes.
Je plaide pour une régulation claire qui protège le travail des créateurs humains, assure la transparence des outils IA, et oblige à déclarer quand un contenu est généré ou coproduit par IA.
Par ailleurs, j’invite le ministère de la Communication et le ministère des Postes et Télécommunications à joindre leur voix pour demander ou exiger aux Gafam et autres grands acteurs de l’économie numérique qui utilisent les contenus des médias camerounais et des médias africains pour entraîner leur modèle d’IA de participer à la subvention des médias camerounais. Ou encore, dans une moindre mesure, de financer la formation des journalistes des médias camerounais qui participent, avec les contenus qu’ils produisent, à améliorer les performances de leur IA.
Propos recueillis par Mvodo Nnama Michelle / OMOP
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