[DIGITAL Business Africa] – Un nouveau mécanisme financier majeur vient d’être lancé pour soutenir la transformation numérique dans les pays en développement, en particulier en Afrique. La Finlande et l’Union européenne ont officiellement lancé un programme stratégique destiné à mobiliser jusqu’à 2 milliards d’euros – soit près de 1 311 milliards de francs CFA– pour accélérer la digitalisation en Afrique, en Asie et en Amérique latine. Cette initiative, baptisée EU Finnfund Global Connected Guarantee, constitue à ce jour le plus grand programme de garanties de l’UE dédié au secteur numérique.
Comme indiqué sur la page LinkedIn de Finnfund, cette initiative s’inscrit dans le contexte géopolitique actuel où l’UE cherche à renforcer sa présence dans les infrastructures numériques mondiales face à la montée en puissance des investissements chinois (via la Belt and Road Initiative) et américains (via les géants du cloud et de la tech).
Selon le Premier ministre finlandais Petteri Orpo, « pour les entreprises finlandaises, il s’agit d’une excellente et tangible opportunité d’entrer sur de nouveaux marchés », soulignant que ce mécanisme financier n’est pas seulement un instrument économique, mais aussi un levier d’influence stratégique visant à positionner l’Europe comme partenaire clé de la transformation numérique du continent africain. C’est du moins ce qu’il a annoncé cette semaine lors du sommet UE – UA tenu en Angola.
Lancé en partenariat avec la société finlandaise d’investissement à impact Finnfund, ce dispositif prévoit que l’Union européenne apporte 222 millions d’euros de garanties destinées à sécuriser les investissements de Finnfund dans des projets numériques innovants. En complément, l’UE financera la préparation des futurs investissements à hauteur de 13 millions d’euros. L’objectif : déployer des infrastructures numériques robustes, soutenir l’innovation technologique et renforcer l’accès aux services digitaux dans les régions qui accusent encore un retard structurel.
Ce levier financier ouvre des perspectives majeures pour le continent africain, où les besoins en connectivité haut débit, data centers, infrastructures de paiement mobile et solutions d’intelligence artificielle sont croissants. Pour les bailleurs internationaux, il s’agit également d’un outil stratégique pour réduire la fracture numérique mondiale.
Un programme tourné vers l’Afrique et les infrastructures numériques critiques
Selon Finnfund, ce mécanisme permettra de financer des projets structurants tels que les câbles sous-marins, les centres de données, les solutions de paiement mobile, les plateformes d’intelligence artificielle ou encore des innovations numériques à forte valeur ajoutée pour les services publics et les entreprises.
« Ce programme crée des voies d’accès inédites aux marchés internationaux pour l’expertise numérique finlandaise. Réduire la fracture numérique est à la fois une opportunité commerciale majeure et un vecteur d’impact. Les investissements peuvent inclure des câbles sous-marins, des data centers, des solutions de paiement mobile, de l’intelligence artificielle et d’autres innovations numériques », explique Jaakko Kangasniemi, Directeur général de Finnfund.
Pour l’Afrique, cette orientation représente un signal fort, car elle cible des secteurs où le déficit d’infrastructures ralentit encore l’adoption du numérique : backbone international, réseaux haut débit, cloud computing, cybersécurité, bancarisation digitale et services publics connectés.
Un alignement total avec la stratégie Global Gateway de l’Union européenne
L’initiative EU Finnfund Global Connected Guarantee constitue l’une des contributions les plus importantes de la Finlande à la stratégie Global Gateway de l’Union européenne, qui vise à mobiliser 300 milliards d’euros pour moderniser des infrastructures critiques dans les pays partenaires, avec une priorité affirmée pour l’Afrique.
Pour la Finlande, il s’agit d’un engagement stratégique, comme le souligne le Premier ministre Petteri Orpo :
« Le nouveau programme de Finnfund représente la contribution la plus significative de la Finlande à la stratégie Global Gateway de l’UE. Il s’agit également d’une reconnaissance commune du rôle essentiel du secteur numérique dans le développement durable. Pour les entreprises finlandaises, c’est une opportunité tangible d’entrer sur de nouveaux marchés. »
L’annonce a été faite lors du sommet UE–UA à Luanda, en Angola, en présence de Ursula von der Leyen, Présidente de la Commission européenne.
Les entreprises africaines directement concernées
Dans la pratique, le programme ouvre la voie à trois dynamiques majeures pour l’Afrique :
- Un accès élargi au financement international pour les opérateurs télécoms, fournisseurs d’infrastructures numériques, startups technologiques et plateformes digitales.
- Des opportunités de co-développement entre entreprises africaines et finlandaises dans les domaines clés : fibre optique, data centers, solutions de paiement, IA, cybersécurité.
- Une accélération de la connectivité et de la transformation digitale, particulièrement dans les zones encore peu desservies.
La réaction du cabinet ICT Media STRATEGIES
Beaugas-Orain DJOYUM, directeur général du cabinet de veille stratégique et d’e-réputation ICT Media STRATEGIES, estime que ce programme constitue un levier stratégique majeur pour le continent :
« L’initiative lancée par l’Union européenne et la Finlande représente une avancée majeure pour le financement de la transformation numérique sur le continent africain. En mobilisant jusqu’à 2 milliards d’euros (soit environ 1 312 milliards de francs CFA), ce programme ouvre de nouvelles perspectives pour moderniser nos infrastructures, soutenir l’innovation et renforcer notre souveraineté numérique ».
Le DG du cabinet basé à Yaoundé au Cameroun fixe néanmoins quelques préalables :
« Il est toutefois essentiel que les mécanismes d’accès, les critères d’éligibilité et les conditions de participation soient présentés de manière claire, accessible et adaptée aux réalités des États africains et de nos entreprises technologiques. C’est à cette condition que les acteurs intéressés pourront pleinement saisir ces opportunités et contribuer à l’essor d’un écosystème numérique africain solide et compétitif avec la collaboration des partenaires européens », propose BEAUGAS ORAIN DJOYUM.
Un impact économique massif
Selon la Banque mondiale, une hausse de 10 % de la connectivité numérique peut générer jusqu’à 2,5 % de croissance du PIB. Pour les pays africains, souvent freinés par un coût élevé de l’internet et des infrastructures limitées, l’accès à de nouveaux mécanismes financiers constitue un levier déterminant.
Le programme annoncé double le volume d’investissement déjà engagé via Africa Connected, lancé en 2023 dans le cadre de l’EFSD+. L’élargissement à l’Asie et à l’Amérique latine n’enlève en rien la place centrale de l’Afrique dans les priorités de Finnfund et de l’Union européenne.
Vers une nouvelle ère de coopération numérique UE–Afrique
L’initiative positionne l’Union européenne comme l’un des acteurs clés du financement de la transformation digitale en Afrique. Elle intervient à un moment critique : montée en puissance de l’IA, besoins croissants en data centers, enjeux de cybersécurité, demande en connectivité internationale, pression démographique sur les infrastructures numériques.
Avec ce programme, l’Afrique bénéficie d’un nouveau cadre robuste et ambitieux pour accélérer son virage numérique, attirer des investissements structurants et renforcer sa participation à l’économie digitale mondiale. Cette initiative sera sans doute abordée avec plus de détails lors de E-Gov’A (e-Gov Africa Summit, Expo & Awards) 2026, le salon sur l’e-Gov et innovation digitale en Afrique qu’organisent Smart Click Africa et Smart Click Africa du 14 au 16 mai 2026, à Yaoundé au Cameroun, sous le haut patronage du ministère des Postes et Télécommunications.
Par Digital Business Africa







