[Digital Business Africa] – À l’heure où l’intelligence artificielle redessine les contours de l’économie mondiale, l’université camerounaise se place au cœur d’une mutation décisive : former non plus seulement des diplômés, mais des entrepreneurs de l’innovation, capables de transformer le savoir en valeur et la technologie en opportunité.
La quatorzième édition du Forum des étudiants des universités du
Cameroun s’est ouverte ce 18 novembre 2025 à l’École normale supérieure de Yaoundé, sous la présidence du
Pr. Wilfred Nyongbet Gabsa, secrétaire général du ministère de l’Enseignement supérieur. Placée sous le thème : « Université entrepreneuriale, statut étudiant-entrepreneur et intelligence artificielle : enjeux, défis et opportunités », cette rencontre de trois jours réunit les étudiants des onze universités d’État, des instituts privés ainsi que des enseignants-chercheurs, dans une dynamique de réflexion sur l’intégration de l’intelligence artificielle (IA) dans l’enseignement supérieur.
L’université comme incubateur de talents
Selon le Pr. Patricia Bissa Enama, directrice de l’École normale supérieure de Yaoundé, « l’université a un rôle-clé à jouer pour développer les compétences des étudiants et leur esprit d’entrepreneuriat, malgré les défis qui existent. Dès lors, l’intégration de l’IA dans l’éducation peut ouvrir de nouvelles perspectives et créer de nouvelles opportunités ».
Les débats ont mis en exergue la nécessité de passer de l’université de la connaissance à l’université de la compétence, en érigeant les institutions académiques en véritables laboratoires d’innovation et incubateurs de talents. Les participants ont insisté sur l’importance d’une gouvernance universitaire adaptée aux défis des TIC, et sur l’émergence d’un écosystème où chaque idée peut se transformer en projet, et chaque projet en entreprise.
Le Pr. Wilfred Nyongbet Gabsa a, pour sa part, souligné que « l’intégration progressive de l’IA dans les curriculums universitaires, la création de laboratoires de recherche en intelligence artificielle appliquée et la promotion de start-ups technologiques issues de l’enseignement supérieur sont nécessaires. Car elles peuvent former des entrepreneurs intelligents capables de transformer les défis en opportunités de croissance inclusive et durable ».
La voix des étudiants
Au-delà des interventions institutionnelles, les étudiants eux-mêmes ont exprimé leur vision de l’apport de l’intelligence artificielle dans leur parcours académique et entrepreneurial. Le quotidien Cameroon Tribune rapporte leurs propos.
– Sorelle Lipot, étudiante à l’Université de Yaoundé I, confie :
« Un étudiant étant une personne qui fait des recherches, l’IA est très utile. C’est un gros appui à mon avis. Il y a des choses qu’on n’apprend pas en cours et que je peux découvrir en cherchant sur des moteurs d’intelligence artificielle. En tant qu’étudiant-entrepreneur, l’IA peut me permettre d’avancer sur mes projets tout en allant en cours : elle nous fait gagner énormément en temps. »
– Bernardine Nguele, étudiante à l’Université d’Ebolowa, ajoute :
« Étant étudiant en Arts numériques, l’intelligence artificielle peut m’aider à mettre sur pied un projet du cahier de charges jusqu’à la réalisation. Par exemple, si j’ai une idée en tête, je peux demander à l’IA de chercher sur le marché qui sont mes potentiels concurrents dans la ville où je me trouve. Et s’il y en a, quelles seront les choses à faire pour me démarquer d’eux. À côté, cet outil pourrait aussi m’aider dans le sens de mener à bien mon projet avec des technologies déjà disponibles. »
Vers une nouvelle gouvernance universitaire
Les travaux ont également insisté sur la formation d’une génération d’étudiants autonomes et sur le renforcement du lien université-entreprise afin d’assurer une meilleure adéquation entre formation et emploi. Les institutions ont été invitées à surmonter les défis du financement et à favoriser l’émergence d’un environnement universitaire propice à l’innovation.
Au terme de cette rencontre, des rapports détaillés seront soumis par chaque groupe d’étudiants à leurs universités d’origine, afin que leurs propositions soient prises en compte dans l’évaluation académique.
Une promesse pour l’avenir
De Yaoundé à Ebolowa, les voix étudiantes traduisent une conviction commune : l’IA n’est pas une menace, mais un levier. Si les universités parviennent à conjuguer recherche, entrepreneuriat et technologies émergentes, elles ouvriront la voie à une génération d’étudiants autonomes, créatifs et compétitifs, prêts à inscrire le Cameroun et l’Afrique dans la dynamique mondiale de l’économie numérique. L’avenir de la formation en IA se dessine ainsi comme une promesse : celle d’un enseignement supérieur qui ne se contente plus d’accompagner, mais qui propulse vers l’excellence et la transformation durable.
Par Digital Business Africa