[DIGITAL Business Africa] – Lors de l’Assemblée générale du Réseau des Professionnels des TIC du Cameroun (REPTIC) le 12 juillet 2025 à Yaoundé, le président de la Fédération des Technologies de l’Information, Télécommunication et de l’Offshoring (APEBI), Rédouane El Haloui, est intervenu par visioconférence. Il est revenu sur la collaboration fructueuse entre l’APEBI et le REPTIC, un partenariat qui a conduit à la création en 2024 de la Fédération africaine des entreprises du numérique (FAEN).
Qui est Rédouane El Haloui ?
Rédouane El Haloui est une figure de référence de l’écosystème numérique marocain. Fort de plus de vingt-cinq ans d’expérience dans les technologies de l’information, les télécommunications et l’offshoring, il s’est imposé comme l’un des porte-voix les plus influents du secteur.
Président de l’Apebi, il défend une vision intégrant aussi bien les grands opérateurs que les startups et surtout les PME technologiques. Parallèlement, il est le fondateur et directeur général de RED TIC, une entreprise spécialisée dans les services numériques.
Réélu à la tête de l’APEBI en juillet 2024, Rédouane El Haloui bénéficie de la confiance renouvelée des professionnels du secteur de son pays. Sous son leadership, la fédération a lancé des initiatives structurantes, comme le Village de la Tech au GITEX Africa, destiné à valoriser l’innovation marocaine et à promouvoir l’export des PME technologiques.

Visionnaire, il porte également la stratégie nationale Maroc Digital 2030, qui vise à faire du Maroc un hub numérique régional. Pour lui, l’avenir du continent repose sur la capacité des pays africains à développer leurs propres solutions, à mettre en avant les PME et à coopérer dans le cadre d’instances fortes, capables de peser sur les décisions internationales.
Au-delà du Maroc, Rédouane El Haloui se positionne comme un artisan de l’intégration numérique africaine. Il milite pour une Afrique numérique forte, unie et indépendante, où les talents locaux construisent les solutions de demain.
Dans cet entretien, mené par Beaugas-Orain DJOYUM, président de l’Assemblée générale du REPTIC, Rédouane El Haloui met en lumière la structuration de l’APEBI, les ambitions de la FAEN, et insiste sur la nécessité pour l’Afrique de bâtir ses propres solutions technologiques et de parler d’une seule voix sur la scène internationale.
L’Afrique au cœur de la révolution numérique
Digital Business Africa : Rappelez-nous quelle est la nature du partenariat entre le REPTIC et l’APEBI ?
Rédouane El Haloui : À l’origine, une convention a été signée en 2017 avec la présidente de l’APEBI de l’époque, Saloua Karkri Belkeziz. Plus récemment, en 2022, j’ai présenté au Gitex Africa 2023 l’idée de créer une fédération africaine. Compte tenu de la relation historique que nous entretenons avec le REPTIC, c’était une suite logique. Le Dr Ing. Pierre-François Kamanou (Président du REPTIC, ndlr), que j’ai connu dans une autre vie, a été la pièce maîtresse de cette fédération.
Au-delà d’une simple convention, notre collaboration a abouti à des actions concrètes. Aujourd’hui, je peux fièrement dire que nous avons le statut officiel, reconnu par les Affaires étrangères marocaines, avec un courrier du ministre, M. Nasser Bourita, officialisant cette reconnaissance. Pour nous, c’est la preuve que sans attendre l’aide occidentale, nous, Africains, pouvons accomplir de grandes choses.
La Fédération africaine est un véritable outil de lobbying pour résoudre des problèmes comme celui d’Afrinic ou pour saisir des opportunités économiques, comme notre récent partenariat avec Smart Africa.
Plus encore, après la création de la fédération africaine, nous avons été contactés par les Russes et avons rejoint les BRICS et la AI Alliance. J’ai rencontré le président Vladimir Poutine en décembre dernier, et j’étais là en tant que président de la Fédération africaine des entreprises du numérique (FAEN). Donc, le Cameroun était représenté.
J’ai bien fait comprendre aux instances du BRICS que si chacun d’eux représente un pays, la Fédération africaine représente huit pays membres fondateurs, dont le Cameroun est partie prenante. Je pense que nous avons parcouru un long chemin et nous sommes vraiment reconnaissants de collaborer avec le REPTIC.
Digital Business Africa : L’APEBI est une grande fédération. Comment l’APEBI est-elle structurée, car d’autres peuvent s’inspirer des bonnes pratiques du Maroc ?
Rédouane El Haloui : Effectivement, l’APEBI a 36 ans. Elle a été créée en 1989 et a été à l’initiative de grands projets, comme le lancement des Technoparcs au Maroc en 2001, du GSM dans les années 90, et de l’Internet par satellite au début des années 2000. Aujourd’hui, nous employons plus de 130 000 personnes dans le secteur des technologies de l’information et générons plus de 5 milliards de dollars de revenus annuels. Notre structure est très solide.
Nous regroupons les trois opérateurs de télécommunications (Maroc Télécom, Inwi, Orange), les multinationales, les éditeurs de solutions comme Microsoft, SAP ou IBM, ainsi que les startups. Mais la particularité que nous avons développée, et dont nous avons longuement discuté avec Pierre-François Kamanou, c’est la place donnée aux PME tech.
Nous nous sommes rendu compte que ces entreprises, souvent là depuis longtemps, façonnent le paysage numérique sans être ni des multinationales, ni de jeunes startups. Ce sont de véritables bâtisseurs du numérique. Nous avons d’ailleurs lancé un “Village de la Tech” et nous travaillons à la création d’un label pour les PME tech.
Ce label est en cours d’institutionnalisation avec le gouvernement et les parlementaires pour qu’il soit reconnu par les instances publiques et privées, les banques et les bailleurs de fonds. Nous espérons qu’il sera opérationnel en janvier 2026 et nous voulons partager cette expérience avec nos pays frères africains, notamment le Cameroun.
Digital Business Africa : Quel est votre message aux membres du REPTIC ?
Rédouane El Haloui : Mon message est simple : l’Afrique est aux Africains. C’est un principe fondamental que je partage entièrement avec Pierre-François Kamanou. Vous avez la chance d’avoir un leader formidable. Pierre-François a joué un très, très grand rôle dans la fédération. Parfois, c’est nous qui lui demandons conseil. Nous ne sommes pas juste des donneurs d’ordres, nous sommes aussi preneurs de conseils. J’ai beaucoup appris de lui.
C’est une personne très sage et mature qui nous a beaucoup aidés, notamment dans nos échanges avec la Côte d’Ivoire et le Congo-Brazzaville.
J’ai beaucoup appris de vous avant de vous dire ce que nous pouvons apporter. Nous pouvons partager nos bonnes pratiques en termes d’organisation et de gouvernance. Nous avons des mécanismes financiers pour la fédération que nous sommes prêts à partager. Pour nous, vous êtes un partenaire incontournable au Cameroun. Il est important que vous soyez forts pour que notre continent soit fort.
Propos recueillis par Beaugas Orain DJOYUM