[Digital Business Africa] – Titulaire de deux Masters en International Business Management et en Tourisme, Linda FARAJ, née d’un métissage culturel bénino-palestinien, est une amoureuse des expériences inédites. Fortement attachée à la culture, cette aventurière au féminin crée en 2017, « Benin Trip », une plateforme digitale qui promeut, à travers une série de voyages, la découverte du Bénin.
Convaincue
que la promotion du tourisme intérieur et de la culture béninoise reste la clé
de voûte pour mieux révéler le Bénin au Béninois et au monde, Linda et son
équipe organisent périodiquement des voyages à travers le Bénin.
Depuis
son lancement, « Benin Trip » a déjà organisé plus d’une quinzaine de voyages
sur Avlo, Lokoli, Ouidah, etc. avec à chaque fois, un focus sur la promotion de
la culture locale (culinaire, vestimentaire, ethnique…).
Un
prochain voyage à la découverte de la Pendjari, plus grand parc animalier de
l’Afrique de l’ouest est prévu du 03 au 06 mai 2019 dans le Nord du Bénin.
En
appui aux voyages organisés, « Benin trip » a lancé il y a quelques mois «
Trésors révélés », une web émission qui promeut la consommation locale et
reçoit périodiquement des influenceurs, ou personnalités béninoises qui
viennent faire découvrir ou apprécier à la communauté, un produit, un service,
“Made in Benin”.
A la suite de ce texte tiré de l’initiative FemmeDigitale.BJ lancée par le ministère de la Communication et de l’Economie numérique et la Direction de la Communication de la Présidence de la République du Bénin, Digital Business Africa a choisi de donner la parole Linda Faraj qui précise ses projets, explique ses ambitions et interpelle, à sa manière, le président de la République, Patrice Talon.
Digital Business Africa : Benin Trip est une initiative qui permet
de découvrir le Bénin autrement. Pouvez-vous nous présenter en détails ce
qu’est Benin Trip ?
Linda Faraj : Benin Trip a pour but est de mettre
en lumière les villages et régions du Bénin. Cela se fait par trois moyens :
Premièrement, par la création de circuits touristiques. Nous organisons des
micro-aventures privées, mais également des trips publics de façon périodique.
Le prochain sera un safari au parc Pendjari du 03 au 06 mai 2019. Les béninois
sont notre cible principale, mais nous avons la plupart du temps un mix entre Béninois
et étrangers sur nos trips.
Deuxièmement, par la valorisation des
produits locaux faits par les villageois. Ceci s’opère à-travers la marque
“Trésors de nos régions”. Ces produits respectent des critères bien
définis: ils doivent être bruts, faits avec les matières premières de la région
par les villageois et obtenus suivant un procédé traditionnel. Le premier
produit choisi a été l’huile de coco vierge du village Avlo à Grand-Popo. Le
packaging est conçu de telle sorte que l’acheteur ait envie de découvrir le
village, sa culture et ses habitants. Acheter les produits “Trésors de nos régions”, c’est
contribuer au développement de l’économie des villages, découvrir les villages
et régions du Bénin, puis apprendre sur les cultures béninoises et les hommes
et femmes qui perpétuent les traditions.
Digital Business Africa : Vous avez également une web-émission qui
va également dans le même sens…
Linda Faraj : Effectivement, c’est notre troisième moyen de mettre en lumière les villages et régions du Bénin. La web émission « Trésors Révélés » promeut les produits fabriqués au Bénin et le tourisme. L’idée est de mettre en lumière les villages et localités du Bénin, mais également les lieux à connaître à Cotonou et dans les autres villes dans un premier temps. Puis, de faire tester des produits « made in Benin » et “Made in Africa”.
Deux invités présents à chaque émission ont la possibilité de toucher, sentir, goûter les produits et donner leur avis et coup de cœur. Le format de l’émission comporte trois rubriques : Un quizz sur les régions du Bénin : les invités tirent au hasard un nom de village/ville et donnent deux informations intéressantes sur la localité tirée. Destination préférée : les invités disent chacun à leur tour leur endroit favori au Bénin et donnent les raisons de ce choix. Test et dégustation : dans cette rubrique les invités testent des produits faits au Bénin ou ailleurs en Afrique et donnent leur avis et coup de cœur.
Digital Business Africa : Quelle est la petite histoire qui se cache
derrière cette initiative Benin Trip ? Comment est-elle née ?
Linda Faraj : C’est une longue histoire due à un
heureux concours de circonstances ! Je devais faire mon stage de fin
d’études de tourisme en 2017 pour valider ce Master. Alors que j’étais sensée
le faire au Vietnam avec une camarade de classe, j’ai trouvé un stage par
hasard au Bénin, à l’ANPT (Agence Nationale de Promotion des Patrimoines et de
développement du Tourisme), agence de la Présidence qui s’occupe des projets
touristiques du PAG. J’ai donc fait le choix d’aller au Bénin finalement.
Le stage s’est déroulé de février à août 2017 (six mois) et j’ai eu la chance d’effectuer plusieurs missions sur le terrain. J’allais en mission avec « les chargés de …» et nous allions rencontrer les maires. Nous avons également rencontré des préfets pour vulgariser les projets touristiques du PAG. J’ai découvert beaucoup de villages et zones que je ne connaissais pas. J’ai alors réalisé que je ne connaissais pas vraiment le Bénin. Donc, quand j’allais en mission, je prenais plein de photos et vidéos que je postais sur les réseaux sociaux. Mes amis voyaient tout cela et s’étonnaient : « Mais, ça c’est le Bénin ? C’est super beau ! Je voudrais venir avec toi ! »
Vu que j’étais en mission, je ne
pouvais pas les emmener avec moi ! Je me suis dit pourquoi ne pas
organiser des trips ou des micro-aventures en une journée ? Pour aller
découvrir avec des gens, parce que je ne voulais pas y aller toute seule…
C’est de là que ça a commencé… Le premier trip a eu lieu en juin 2017. Cela m’a
permis de rencontrer des personnes formidables au fil des trips. Des personnes que
je ne connaissais que virtuellement pour la plupart. Outre le fait de découvrir
le Bénin, les trips sont également l’occasion pour nos touristes de rencontrer
des gens et d’élargir leur réseau.
Digital Business Africa : Pourquoi avoir choisi l’univers du web
pour mieux faire connaître Benin Trip ?
Linda Faraj : L’utilisation des réseaux sociaux est
indispensable aujourd’hui pour se faire connaître et créer une communauté. De
plus, étant de la génération Y, c’était déjà une habitude quotidienne pour moi
d’utiliser Facebook ou Instagram.
Digital Business Africa : Quel est votre parcours personnel ?
Linda Faraj : J’ai un Master en Tourisme avec
spécialité développement responsable et Marketing des Territoires. J’ai un
autre Master en International Business Management, du marketing classique avec une
orientation Branding. Mon travail consiste à coordonner les projets de création
de packaging pour de grands groupes. J’ai travaillé pour des entreprises telles
que Candia, Sanofi, Kingfisher (le groupe de Castorama) et dans une agence
internationale de branding. J’ai également effectué une formation en tatouage
au henné naturel et jagua l’année dernière. Je n’hésite pas à investir en
moi-même pour nourrir mes passions.
Digital Business Africa : Quels sont les plus grands succès de Benin
Trip?
Linda Faraj : Les plus grands succès de Benin Trip
sont les trips que ne faisons à Avlo, c’est la destination préférée de nos
touristes ! Très peu de gens connaissaient ce village et nous pouvons dire
humblement que nous avons contribué à le faire connaître aux Béninois.
Le safari sera certainement un succès
aussi !

Digital Business Africa : Quel est à présent le projet réalisé qui
fait votre fierté ?
Linda Faraj : L’huile de coco d’Avlo est notre premier produit brut valorisé et nous en sommes fiers. Ce qui nous différencie des autres est notre façon de vendre les villages et régions du Bénin. Nous misons sur les villageois et ce qu’ils ont à offrir au monde. Nous nous chargeons de sublimer leurs produits et grâce à ces derniers nous attirerons le monde à eux.
La web émission « Trésors
Révélés » fait également notre fierté, nous avons déjà produit 9 épisodes sur
fonds propres.
Digital Business Africa : Sur quel projet précis travaillez-vous en
ce moment ?
Linda Faraj : En ce moment nous travaillons sur la
réalisation de notre site internet, sur l’organisation du safari et sur le
packaging du prochain produit de village.
Digital Business Africa : Quelles sont vos ambitions ?
Linda Faraj : A travers Benin Trip, nous impactons
déjà notre communauté en mettant en valeur le Bénin touristiquement parlant.
Nous le faisons aussi en insistant sur la préservation de nos cultures et de
notre environnement. Nous contribuons déjà à la création d’emplois dans nos
villages, ce qui réduira à court terme les inégalités et la pauvreté, puis
considérablement à long terme l’exode rural. L’impact majeur est la mise en
lumière des zones reculées de notre pays. Le modèle de Benin Trip pourra être
repris dans d’autres pays d’Afrique.
Digital Business Africa : Comment le gouvernement devrait-il venir
en aide aux jeunes entrepreneurs et innovateurs du pays ?
Linda Faraj : En répondant déjà à leurs
besoins fondamentaux : l’accès à l’internet haut débit à prix
correct, une fiscalité favorable, un réseau d’accompagnement et de financement.
Mais, on peut déjà saluer le début d’initiative qu’est Sèmè City en terme d’accompagnement.

Digital Business Africa : Quel est votre conseil aux jeunes
entrepreneurs et aux innovateurs ?
Linda Faraj : Je ne suis pas la personne indiquée
pour donner des conseils, mais je dirai quelque chose que j’applique envers
moi-même au quotidien : il faut investir en soi pour mieux investir dans
son entreprise. J’investis par exemple quotidiennement du temps en lecture sur
diverses thématiques pour avoir de la matière à transmettre lors des trips et
de la création de contenu sur les réseaux sociaux.
Digital Business Africa : En cinq phrases maximum, s’il vous était
donné de rencontrer le président de la République, Patrice Talon, que lui
diriez-vous ?
Linda Faraj : Mr le Président, la présentation de
votre impressionnant PAG en Décembre 2016 a créé un déclic en moi. J’y ai cru
et ai même participé à la vulgarisation des projets touristiques durant mon
stage à l’ANPT. Mais, à deux ans de la date estimée de fin des projets, nous ne
voyons toujours pas ces musées et infrastructures touristiques sortir de terre.
Nous sommes impatients de voir comment sera conduite la stratégie de
communication touristique du Bénin à l’international et enfin de ne plus avoir
à systématiquement situer le Bénin par rapport au Nigéria à l’étranger. Si vous
avez besoin d’un coup de main je suis disponible (rires).
Propos recueillis par Laurent ADJOVI,
Digital Business Africa.