Jean-Marc BOUEYRIE : « Chez Jway, nous innovons sans cesse pour simplifier les choses complexes »

(TIC Mag) – Spécialisé dans les solutions e-gov, J-Way vient de lancer une filiale africaine : J-way Africa. Pour cet acteur du numérique, l’homme est devenu depuis quelques années l’esclave consentant des nouvelles technologies dont il ne maîtrise que la face visible. J-Way se propose donc d’accompagner les acteurs et gouvernements africains dans leur processus de digitalisation. Jean-Marc Boueyrie, CEO de J-Way et Joseph Nana, directeur de J-way Africa Sarl, expliquent comment.

TIC Mag : J-Way vient de lancer une filiale africaine. Qu’est-ce qui explique ce choix et quelle est la vision qu’elle se donne en Afrique ?

Jean-Marc Boueyrie : L’Afrique est le continent de l’avenir et détient un fort potentiel que Jway s’engage à développer pour accompagner le continent dans la mise en place de son économie numérique. L’Afrique pour des raisons multiples a raté la marche de la révolution industrielle elle ne doit pas rater celle de la révolution numérique dont les ingrédients de base se conjuguent assez naturellement avec les talents naturels africains.

Notre approche combinera la fourniture d’outils et de services pour la dématérialisation des démarches administratives et la simplification des processus d’affaires pour permettre aux africains de rattraper la fracture numérique sans cesse grandissante entre le Nord et le Sud.

Bref, nous rêvons de favoriser le « Doing Business » et le « Doing Wealthness » pour voir chaque citoyen Africain se servir de son smartphone pour effectuer ses démarches sans subir ni provoquer les dysfonctionnement d’une administration engluée dans la paperasserie administrative.

Nous avons la conviction que l’approche Jway qui place l’homme et la recherche du bien commun au centre de sa stratégie peut mieux contribuer au développement de l’Afrique que celle des grands groupes dont l’objectif essentiel est la recherche d’un profit à terme de plus en plus court.

TIC Mag : Pourquoi le choix du Cameroun en Afrique centrale comme première installation en Afrique?

J-M.B. : Le Cameroun est au cœur de l’Afrique centrale, mais les belles histoires commencent toujours par une rencontre et c’est avec celle de vaillants Camerounais à l’instar de Christian Nguekeng et de Joseph Nana que nous avons mis en œuvre notre approche auprès de l’Etat de Genève. Nous n’avons jamais perdu contact et la providence a voulu que nos chemins se rencontrent à nouveau pour écrire ensemble une nouvelle histoire et c’est pourquoi Joseph Nana est maintenant le dirigeant de notre activité « As A Service » et de « Jway Africa ». J’ai la conviction que sa connaissance approfondie de notre approche et de nos valeurs, conjuguée avec notre vision commune d’une société digitale au service du bien commun et du développement, permettra de faire du Cameroun le socle d’une Afrique digitale plus efficace.

En Afrique centrale, le Cameroun offre un grand vivier de ressources humaines. Ce constat, je l’ai fait en travaillant à plusieurs reprises avec des Camerounais venus étudier en Europe et qui, devenus Ingénieurs, ont contribué au développement numérique du vieux continent. Avec l’aide et le coaching de Joseph Nana, j’ai bon espoir de trouver et de former ici sur place des jeunes calés dans le numérique et appelés à devenir des experts de la dématérialisation et de la digitalisation. Ils contribueront à faire de Jway Cameroun le hub du développement de Jway Africa pour générer des emplois locaux et répondre à la demande du marché africain en matière de dématérialisation et de digitalisation.

TIC Mag : L’un de vos services est FormPublisher, une solution de dématérialisation e-gouvernement et e-business. Vous revendiquez d’ailleurs plus de 20 000 000 d’utilisateurs sur 4 000 démarches disponibles en 23 langues dans le monde. Comment ce service peut-il intéresser le marché africain ?

J-M.B. : FormPublisher est un logiciel, dont le noyau est subdivisé en 4 parties :

  • la première c’est notre studio de développement des formulaires, qui permet à un Business Analyste sans connaissance IT pointue de formuler, sous forme de questionnaire intelligent, la démarche à mettre en ligne (guichet citoyen) ;
  • la deuxième c’est notre moteur de développement de processus (FormFlow), qui permet de programmer les échanges entre l’usager et le préposé (back-office) ;
  • la troisième c’est notre compilateur expert (Engine), que nous améliorons depuis bientôt 17 ans, il interprète le « design »  du Business Analyste pour le transformer en un service Web complet, didactique et utilisable par tous sur tout type de postes (smartphone, tablettes, pc, laptop,…).
  • la quatrième composante, c’est FormPublisher Solution, notre plateforme d’administration des démarches (Guichet On line), que nous mettons à disposition de nos clients sur le Cloud Jway ou sur leurs Cloud privé

Notre service servira le continent africain car il porte en lui tous les ingrédients Front Office qui permettent de s’inscrire dans la révolution numérique. Nous avons la conviction que notre approche qui a permis aux 4 000 démarches précitées d’être créées souvent en quelques jours (20% du coût d’un développement spécifique) permettra au continent africain de dématérialiser plus rapidement, au moindre coût et sans risque d’échec technique de nombreuses démarches.

Il sera par exemple possible pour une commune de mettre en ligne un formulaire de déclaration de naissance, sans réellement avoir besoin d’un développement spécifique.

TIC Mag : Parmi vos services, vous proposez aussi J-Business Plan, un service qui vous permet de générer rapidement des business plan en ligne. A quel besoin répond ce service ?

J-M.B. : Vous savez, nous vivons aujourd’hui dans un monde où le numérique impose son rythme ; l’homme est devenu depuis quelques années l’esclave consentant des nouvelles technologies dont il ne maîtrise que la face visible. Chez Jway, nous innovons sans cesse pour simplifier les choses complexes et c’est dans cette logique que s’inscrit la plateforme JBusiness Plan.  Ce service va permettre aux intermédiaires financiers, institutions et bailleurs de fonds d’aide au développement, de standardiser la manière de présenter un projet pour faciliter la compréhension commune de ce dernier par les parties prenantes. En effet, les promoteurs et innovateurs ne sont pour la plupart pas des spécialistes de Business et ce didacticiel en ligne répond clairement à leur besoin ; il permet d’optimiser tant la présentation du projet que le temps à consacrer son analyse pour fournir un résultat pertinent.

TIC Mag : Qui sont les potentiels clients de J-Business au Cameroun en Afrique centrale ?

J-M.B. : Notre segment de marché inclut établissements de micro-finance, banques commerciales, les incubateurs d’entreprises, les institutions d’aide au développement (FMI, Banque mondiale, AFD, Coface, KFW, BAD, BID, Etc…). Dans la plupart des pays, mais particulièrement au Cameroun, il y a des structures étatiques qui accompagnent les entreprises, telles la Banque des PME, le Guichet de création d’entreprises, le Bureau de mise à niveau des entreprises, Etc. Toutes ces entités peuvent disposer en quelques mois, d’un guichet intelligent en ligne qui leur soit parfaitement adapté pour générer les business plan.

TIC Mag : En zone Cémac, en dehors du Gabon, ils sont rares les pays qui offrent la possibilité de solliciter un visa en ligne. Parmi vos solutions, vous proposez e-Visa. Quels sont les avantages de cette solution pour les Etats d’une part et pour les utilisateurs d’autre part ?

J-M.B. : Vous savez, à l’ère du numérique, les frontières géographiques s’estompent. Cela entraîne un réel changement de paradigme sur la mobilité des personnes à travers le monde ; les Etats ont maintenant accès à des alternatives aux contraintes issues du passé:

  • engorgement des représentations diplomatique à l’étranger pour octroyer les Visas qui justifient des effectifs pléthoriques ;
  • nécessité de délivrer les Visas à l’arrivée sans avoir étudié la demande du requérant ;
  • difficulté de retrouver dans les caisses de l’Etat les recettes de Visa encaissées de manière disparate dans les services consulaires ;

De même, les usagers peuvent gagner énormément en temps et bien d’autres aspects :

  • Ne plus chercher la représentation diplomatique d’un pays pour des besoins de Visa d’entrée ;
  • Ne plus retourner dans leurs pays de résidence pour être en droit de demander un Visa ;
  • Ne plus envoyer leurs passeports par la poste et attendre 1 semaine à 10 jours pour enfin être en droit de prendre un vol ;
  • Ne plus s’absenter du travail pendant deux jours et faire un voir plusieurs aller/retour dans un consulat pour une simple question administrative de Visa.

A l’ère du numérique, tout cela peut et doit être simplifié, sécurisé et fiabilisé. Du fait des avantages de notre technologie, Jway a conçu une approche qui permet à un Etat de proposer des visas en ligne pour une fraction des délais nécessités par les approches traditionnelles et sans investissement lourd ni révolution des services à l’aéroport.

Il suffit de se connecter à INTERNET, d’accéder au site gouvernemental de l’Etat, de remplir les formulaires nécessaires pour une demande de Visa, de présenter son autorisation d’embarquer à la frontière de départ et enfin d’obtenir en toute sécurité un VISA d’entrée à la frontière d’arrivée.

TIC Mag : Vous avez déjà sans doute proposé cette solution e-visa aux pays de la sous-région Afrique centrale. Comment les décideurs institutionnels de ces différents pays de l’Afrique centrale ont accueilli vos propositions ?

J-M.B. : Les retours sont très positifs ; nous n’avons pas encore eu de réticence quant à l’acceptation de l’idée ; le principal défi dans ce projet se situe au niveau de la machine gouvernementale qui est complexe et sollicite beaucoup de parties prenantes ; vous savez la question de visa est quasi transversale dans un Etat. Elle implique les Affaires étrangères, les Finances, l’Immigration, les Postes et Télécoms.

Mettre en place une Commission E-Visa devient donc du ressort de la Primature et prend un temps considérable ; implémenter la solution en soi est la partie la plus facile de l’équation car, techniquement, nous avons intégré tous les aspects dans notre solution.

TIC Mag : C’est quoi MaCommune.Online et MyGuichet ?

J-M.B. : MaCommune.online est une solution sur le Cloud prête à l’emploi. Elle permet aux petites communes (actuellement en France) d’offrir à leurs citoyens une vingtaine de démarches en ligne sur un espace Cloud personnalisé et dédié. Notre approche est révolutionnaire car en moins de 24 heures après avoir opté pour le service MaCommune.online, toute commune française pourra offrir un service en ligne à ses citoyens et employés sans investissements et pour un coût annuel minime. Ce service innovant conçu avec un partenaire spécialiste des communes sera commercialisé à partir d’octobre 2017. Nous cherchons maintenant d’autres partenaires pour appliquer ce modèle à d’autres pays, voire d’autres applications métiers.

MyGuichet.online est la plateforme Cloud à vocation internationale qui permettra à Jway de proposer la création de services en ligne spécifiques avec le meilleur ratio qualité/coût.  Ce nouveau service (Jway As A Service) sera proposé dans tous les pays où Jway est présent et sera dirigé à partir du Cameroun par Joseph Nana.

TIC Mag : A votre avis, comment évaluez-vous le niveau de développement de l’e-gov en Afrique ?

J-M.B. : D’après les Nations Unies, l’indice 2016 de Développement de l’e-Gouvernement place seulement cinq pays africains dans la catégorie haute (entre 0.5 et 0.75), à savoir l’île Maurice (58ème mondial et 1er africain), le Maroc, la Tunisie, l’Afrique du Sud et les Seychelles, 23 au rang desquels le Cameroun, affichent un indice moyen (entre 0.25 et 0.5) et 26 un indice faible (inférieur à 0.25). Aucun pays d’Afrique et même d’Asie d’ailleurs (hors Moyen-Orient) ne figure parmi les pays à très fort index (supérieur à 0.75).

C’est ainsi dire qu’il y’a vraiment du travail à faire et je puis vous rassurer qu’il existe un corollaire direct entre l’indice de développement de l’e-Gouvernement et celui de la corruption, en effet la dématérialisation des services impose simplification et transparence, la hausse du e-gouvernement entraine la chute de la corruption. Il revient aux administrations de choisir le bon vecteur sur lequel s’accrocher pour prendre le train des ODD (Objectifs de Développement Durable).

La bonne nouvelle, c’est que nous faisons face à une situation qui peut être abordée selon deux approches à priori contradictoires qui sont l’approche bottom-up (administration décentralisée) et l’approche Top-down (administration centrale). Avec l’approche bottom-up, une petite commune isolée peut mettre en place sa stratégie de dématérialisation partielle ou totale, sans attendre les directives d’une administration centrale. C’est ce que la Mairie de Bonanjo à Douala a fait par exemple pour les actes de naissance (e-Acte de naissance).

L’approche Top-down voudrait dans ce cas que l’arrêté sorte du ministère de l’Administration territoriale et s’applique à l’ensemble des Mairie du pays. Ma recommandation aux acteurs de l’administration et même des affaires est de simplifier leurs processus pour le plus grand bien des citoyens.

TIC Mag : Quels sont les défis qui se posent aujourd’hui en Afrique centrale en matière de gouvernance électronique ?

J-M.B. : Sur ce point je préfère passer la parole à Joseph Nana notre responsable pour l’Afrique.

Jean-Marc Boueyerie : « Chez Jway, nous innovons sans cesse pour simplifier les choses complexes »Joseph Nana : A mon humble avis, l’Afrique centrale fait face aux mêmes défis que le reste du continent, car on y dénombre comme partout ailleurs un certain nombre de pays sans accès direct à la mer. Ce qui rend déjà l’accès à Internet problématique tant sur le plan financier que matériel. A cela, il faut ajouter le taux de pénétration des infrastructures TIC dans les administrations. Un taux qui malheureusement demeure très faible. Les habitudes culturelles qui privilégient plus le relationnel (contact humain) au transactionnel (traitement automatique de l’information par des machines).

Une nouvelle génération dite connectée est en train de prendre progressivement le relais dans la couche active de la population et c’est pour cela qu’il faut miser sur le capital humain, car 60% de la population africaine est jeune. Il faut donc miser sur ce capital humain pour rattraper l’écart qui continue de se creuser même déjà entre certains pays du Sud.

TIC Mag : Quels sont les faits d’armes de Jway dans le monde et en Afrique en matière de mise en place des solutions e-Gov ?

Joseph Nana : Jway a construit son approche et sa solution pour l’e-gouvernement. Et c’est plus récemment que nous avons compris que notre concept était parfaitement adapté à l’e-business. Toute l’équipe Jway pense e-gouvernement, respire e-gouvernement, c’est cette spécialisation qui permet à notre PME d’offrir un produit pertinent capable de rivaliser avec succès face aux géants mondiaux pour la plus grande satisfaction de nos clients. Ma plus grande satisfaction c’est qu’à ce jour aucun de nos clients n’ont pas abandonné notre technologie. Ce sont eux qui affirment qu’aucune démarche administrative n’est irréalisable avec la solution Jway.

La plupart de nos clients sont des grandes administrations francophones, mais seulement une vingtaine à ce jour a créé entre 20 à 500 démarches avec notre technologie. Nous estimons à ce jour que 20 millions de citoyens ont accès à près de 5 000 démarches en ligne réalisées avec notre produit en 23 langues.

TIC Mag : D’après vous, qui sont vos compétiteurs en Afrique centrale et comment comptez-vous les challenger ?

Joseph Nana : Je pourrais vous citer Adobe qui est bien plus présent que nous sur les grands marchés et que nous avons remplacé chez la plupart de nos clients. Cependant, sa capacité à noyauter les marchés en amont et notre approche qui est tellement différente fait que nous ne le considérons pas vraiment comme un compétiteur.

Nos vrais concurrents sont toutes ces sociétés de services informatiques, voire les services internes aux administrations qui, face à une problématique d’e-gouvernement, appliqueront leur recette « Projet Informatique » et pourront quelquefois atteindre le même résultat que nous, mais avec des coûts, risques et délais beaucoup plus élevés et une agilité quasi inexistante.

Propos recueillis par TIC Mag

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